mercredi 10 décembre 2025

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire




Ukraine, la Paix est possible à condition d'avoir le courage de regarder en face les responsabilités de chacun dans l'origine de cette guerre.

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche , et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques (Jean Jaurès).

Voici ce que le Monde diplomatique du mois de février 2022, écrivait sur l’Ukraine, quelques jours avant son invasion par l’armée russe, sous le titre « Ukraine, pourquoi la crise ».

⁃ Le malentendu remonte à l’effondrement du bloc communiste en 1991. En toute logique , la disparition du pacte de Varsovie aurait dû conduire à la dissolution de l’OTAN, créée pour faire face à la "menace soviétique" (La France était d’accord). Mais les États-Unis ont poussé alors à l’élargissement vers l’Est des structures de l’OTAN héritées de la guerre froide afin de consolider leur domination en Europe.

⁃ En 99, l’OTAN (toujours sous le commandement des Etats-Unis) effectue son premier élargissement en intégrant la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie et annonce la poursuite du processus jusqu’aux frontières russes. Dans le même temps, l’OTAN intervient militairement sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU en Yougoslavie, ce qui transforme l’OTAN (organisation jusque là défensive) en une alliance offensive, le tout en violation du droit international.

⁃ En 2003 , l’invasion de l’Irak par les troupes américaines (sur un mensonge - tout le monde se souvient de Colin Powell, secrétaire d’État du président Georges Bush, brandissant une fausse fiole d’anthrax, devant l’ONU), constitue une nouvelle violation du droit international, dénoncée de concert par Paris, Berlin et Moscou.

⁃ Dans les années qui suivent, les États-Unis annoncent leur intention d’installer des éléments de leur bouclier antimissile en Europe de l’Est, ce qui contrevient à l’acte fondateur Russie-OTAN (signé en 1997) garantissant à Moscou que les Occidentaux n’installeraient pas de nouvelles infrastructures militaires permanentes. ( commentaire : je ne pense pas que les américains soient prêts à accepter une base militaire russe proche de leurs frontières, au Mexique par exemple...).

⁃ En avril 2008, les États-Unis exercent une forte pression sur ses alliés européens afin d’entériner la vocation de la Géorgie et de l’Ukraine à intégrer l’OTAN, alors même que la grande majorité des Ukrainiens est alors opposée à une telle adhésion.

⁃ Dans le même temps, les États-Unis poussent à la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo (une province serbe de l’ex-Yougoslavie dépecée par l’intervention militaire de l’OTAN sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU), ce qui constitue une nouvelle violation du droit international puisqu’il s’agit alors juridiquement d’une province serbe. (commentaire : faut-il rappeler que la création de cet État artificiel qu’est le Kosovo, non reconnu par une grande partie de la communauté internationale, a permis aux États-Unis d’y installer une des plus grande base militaire d’Europe, proche de la Russie).

On connaît la suite, les Occidentaux ayant ouvert la boîte de Pandore de l’interventionnisme et de la remise en cause de l’intangibilité des frontières sur le continent européen, la Russie se sentant encerclée, répond en intervenant en Géorgie en 2008, puis en reconnaissant l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, etc.

Le temps est venu de comprendre ce que disent les belligérants de cette guerre, tous les belligérants, pour qu’elle s’arrête et ne se répète pas.

Lire ici la suite dans l’article du Monde diplomatique, signé par David Teurtrie, chercheur associé à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), auteur de "Russie. Le retour de la puissance" - éditeur Armand Colin, 2021.



Patrick Champagnac, journaliste à la retraite.


Six ans que je suis à la retraite. Avec le recul de mes 42 ans d’activités, je peux, avec légitimité, vous dire ce que j’ai détesté dans ma vie et ce qui me révolte plus que tout aujourd’hui encore :

D’abord, l’entre-soi qui rend con, aveugle et lâche. En particulier l’entre-soi politico-médiatique qui permet la cooptation et de se réfugier dans le déni et dans l’auto refoulement des vérités dérangeantes plutôt que d’essayer d’identifier ses propres habitus et biais cognitifs pour tenter d’analyser le monde.

Révolté de constater que 90 % des médias français nationaux, dont les plus influents, (télévision, radio, presse écrite) sont détenus par 8 milliardaires qui nomment des personnes de confiance aux fonctions de direction et de rédaction en chef ayant logiquement les mêmes orientations idéologiques qu’eux, sans même s’apercevoir que leurs médias sont en train de connaître le même sort que la Pravda sous le règne de l’URSS.

- L’obséquiosité de certains journalistes face aux puissants.

⁃ La servilité à l’égard des puissants.

⁃ Le mépris des puissants à l’égard des faibles.

⁃ L’usage du chantage à l’antisémitisme utilisé pour disqualifier celles et ceux qui osent dénoncer les massacres de civils à Gaza et l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Je suis pour le respect du droit international et des résolutions de l’ONU et donc pour l’existence de deux États, israélien et palestinien.

Révolté, plus que révolté, contre l’antisémitisme et l’islamophobie, révolté contre le racisme en général. Le monde n’est plus un monde de blancs et ne le sera plus ( James Baldwin) il sera pluriel, universel !

⁃ Révolté moi le chrétien anticlérical contre tous les intégrismes religieux, contre tous les fous de Dieu, ânes mitrés du Vatican et faux barbus des synagogues et des mosquées. Et c’est le croyant que je suis qui vous le dit ! La religion doit être de l’ordre de l’intime. Je n’aime pas qu’elle se transforme en dogme, qu’elle devienne totalitaire et violente. "La religion est pour moi un transport collectif que je ne prends pas. J’aime aller vers ce Dieu, à pied si il le faut, mais pas en voyage organisé" (Kamel Daoud, écrivain et journaliste algérien).

Et puis enfin ! Il n’est pas nécessaire d’avoir une religion pour avoir une morale et distinguer le bien du mal... Nous avons connu la guerre de cent ans, cent ans d’inquisition, marque déposée en 1233, sommet de la dégénérescence de l’Esprit. Cela ne nous a pas suffit ! Il y a encore des guerres de religions ...

Révolté contre la chasse à courre et les corridas. Ne pas interdire ces pratiques barbares qui consistent à jouir de la souffrance de l’animal doit nous interdire à nous prétendre civilisé.

Révolté contre le capitalisme financier, la forme la plus sauvage, la plus barbare du capitalisme, responsable de tant d’inégalités et de souffrance notamment chez les jeunes, frustrés par ce capitalisme mondialisé qui ne tient pas ses promesses ... C’est une guerre économique qui ne dit pas son nom, dont le théâtre des opérations est l’intérieur des entreprises et des services publics. Et où s’accumulent les "dommages collatéraux". Avec d’innombrables victimes chez les jeunes comme chez les plus âgés.

⁃ Révolté quand un jeune garçon ou une jeune fille dit que la vie est un cauchemar dont il a du mal à s’éveiller et que les raisons de mourir sont plus fortes que les raisons de vivre ... souvent par refus de "collaborer" à la banalisation du mal. Ce que Durkheim appelait les suicides anomiques dans des sociétés de chaos qui ne produisent plus ni de solidarité ni d’éthique.

Révolté devant la folie, une maladie que notre société ne soigne plus faute de moyens. Révolté parce que tous les fous, tous les maudits, tous les criminels, ont été des enfants, ont joué comme moi, comme toi, ont cru que quelque chose de beau les attendait ... Ce que dit Pavese dans "Le Métier de vivre".