En mars 2011, j’avais publié un post sur l’affaire Jeffrey Epstein, du nom de cet homme d’affaires (?), financier (?) américain qui se livrait à l’exploitation sexuelle de jeunes femmes à son profit mais surtout à celui de ses amis, des personnalités du monde des affaires ou de la politique, la plus remarquable (mais pas la plus importante) étant l’ex-Prince Andrew d’Angleterre.
Dans le post de 2011 comme dans celui de 2015, je n’avais pas fait mention du rôle de la France dans le réseau Epstein sauf pour mentionner que sa compagne et complice Ghislaine Maxwell avait entre autres nationalités la nationalité française.
Il était apparu pourtant qu’un certain Jean-Luc Brunel était un élément important du dispositif Epstein et il apparaît désormais nettement que Paris, où Epstein possédait une résidence luxueuse, était une plaque tournante du trafic d’êtres humains piloté par Epstein.
Brunel a été arrêté en 2020 par la police française pour une affaire de viols apparemment sans lien avec le réseau Epstein. Quelques mois après son arrestation il était inculpé une nouvelle fois pour traite d’êtres humains. Brunel se pendra en prison en février 2022 un peu moins de trois ans après son ami lui aussi retrouvé «suicidé» par pendaison dans sa cellule.
Ce qui est certain, c’est que depuis la mort de Brunel, médias et politiciens français font comme si l’affaire Epstein ne concernait pas et n’avait jamais concerné la France.
Or, outre le fait que Ghislaine Maxwell est de nationalité française, certains aux États Unis parlent de French Connection.
Mounadil al Djazaïri
*******
La French Connection
Le nœud parisien du réseau de Monsieur Epstein
par Nina Burleigh
Ce chiffre est tiré directement d’un communiqué de presse du ministère de la Justice de Trump daté du 7 juillet, indiquant qu’un examen interne de plus de 300 gigaoctets de «données et de preuves matérielles» suggérait qu’«Epstein avait fait plus de mille victimes». Abstraction faite du fait que Pam Bondi et Kash Patel sont des menteuses avérées et des domestiques de Trump, nous pouvons prendre leur évaluation pour argent comptant, car l’inventer ne semblerait pas offrir une protection supplémentaire à leur cher leader.
La question reste posée : comment un seul voyou a-t-il pu accomplir une telle prouesse ?
Nous savons qu’Epstein appartenait à cette élite sans frontières ni nationalité, dont la seule allégeance va aux banquiers. Il possédait plusieurs passeports (un autrichien avec une adresse saoudienne et deux américains). Il pouvait ainsi franchir les douanes sans attirer l’attention en transitant avec son jet par les aéroports – civils et militaires – en compagnie de personnalités telles que Bill Clinton et l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak.
Beaucoup d’éléments sont déjà publics, mais en attendant que le ministère de la Justice dévoile ses archives compromettantes, les communications connues d’Epstein avec ses amis, ses carnets de vol et ses courriels de planification avec son personnel suggèrent comment il a pu faire un millier de victimes.
Entre 2013 et 2019, Epstein a fréquemment transporté par avion des femmes non identifiées à destination et en provenance d’aéroports d’Europe de l’Est – Kiev, Moscou, Ekaterinbourg et Varsovie – ainsi que de Stockholm et d’Helsinki par des vols commerciaux via Paris.
Ces voyages incluaient presque toujours des passagers [censuré] – des individus anonymes dont le tri dans les documents suggère qu’il s’agit de victimes de la traite dont les noms sont délibérément protégés.
Nous savons qu’en tant qu’«agent de mannequins», Epstein était de mèche avec le trafiquant Jean-Luc Brunel pour transporter et rendre apatrides des femmes et des jeunes filles qu’il hébergeait ensuite dans son immeuble de l’Upper East Side à New York – souvent après avoir confisqué leurs passeports, visas et autres documents. Sa très grande implication dans le milieu des beautés d’Europe de l’Est explique en partie pourquoi, comme je l’ai récemment écrit ici même, il n’est pas impossible qu’il ait également connu l’ex-Melania Knav [aujourd’hui Melania Trump].
Une plainte déposée en 2021 par Gloria Allred et d’autres avocats au nom d’une ressortissante russe anonyme contre l’avocat d’Epstein, Darren Indyke, exécuteur testamentaire, a exposé le déroulement des événements à Paris.
En 2017, selon ces documents, Jane, alors âgée d’une vingtaine d’années, vivait à Moscou et cherchait du travail. Elle avait répondu à une offre d’emploi d’une société financière qui recherchait un assistant personnel multilingue. Elle avait rapidement rencontré la représentante d’Epstein en Russie, qui lui avait indiqué que le poste consistait à être assistante personnelle d’un homme. On ne lui avait pas précisé le nom de cet homme ni celui de l’entreprise. Les assistants d’Epstein à New York lui avaient envoyé des billets d’avion pour Paris.
À l’aéroport Charles de Gaulle, Jane a été prise en charge par un chauffeur et conduite à l’appartement d’Epstein, avenue Foch. Epstein a emmené Jane et trois autres jeunes femmes dîner dans un restaurant près du Louvre. «Jane a cru qu’il s’agissait d’un entretien d’embauche», selon la plainte. Epstein lui a posé des questions typiques d’un entretien d’embauche et lui a remis 500 euros en espèces. Après le dîner, ils sont rentrés à l’appartement. L’assistante russe qui avait fait passer l’entretien à Jane à Moscou était présente (sa photo était affichée dans l’appartement). L’assistante russe a ensuite conduit Jane dans la chambre et lui a demandé de mettre un pyjama. Les autres jeunes femmes avaient déjà enfilé des pyjamas similaires.
Jane voulait dormir, mais on lui a ordonné de rester éveillée. Finalement, l’assistante russe l’a emmenée dans la «salle de massage» où elle a subi le «massage» et l’agression sexuelle que d’innombrables filles et femmes ont depuis décrits comme le mode opératoire d’Epstein. Selon la plainte, Epstein l’a violée et exploitée sexuellement à plusieurs reprises pendant deux ans à Paris, New York, en Floride et dans les îles Vierges américaines.
Le mode opératoire parisien est suggéré dans les courriels de planification : pour l’une d’entre elles [nom masqué], ils se sont arrêtés à Stockholm pour récupérer «son amie» (il s’agissait d’une sorte de système pyramidal, où des filles étaient payées pour en recruter d’autres). Dans un autre courriel de planification, une jeune femme [nom masqué] a été placée dans un train de Paris à Genève, puis emmenée «en voiture jusqu’à l’école hôtelière Glion à Montreux» – très probablement l’une des promesses de formation professionnelle qu’Epstein utilisait pour attirer de jeunes femmes sans défense dans son réseau.
En septembre de cette année, une autre plainte anonyme en relation avec Paris a été déposée, cette fois par une femme originaire d’un «pays à majorité musulmane d’Asie centrale», alléguant qu’Epstein lui avait obtenu un visa français d’étudiant, puis l’avait séquestrée dans son appartement parisien et avait fait en sorte que son personnel lui apporte à manger.
Ce nouveau lot d’emails de planification suggère qu’il s’est livré à un trafic via Paris avec des passagères [censuré] jusqu’à son arrestation à Teterboro – sur un vol de retour de France – en 2019.
Ils montrent également comment les déplacements de voyageuses présumées sans défense, bientôt victimes de trafic, à travers Paris, étaient mêlés aux fréquentations mondaines d’Epstein avec des milliardaires de la haute société européenne et des dignitaires politiques européens qui, pour une raison inexplicable, sont restés ses amis tout au long des années qui ont suivi sa sortie de prison.
Parmi les fréquentations parisiennes d’Epstein figuraient l’héritier de Fiat et magnat de l’industrie Eduardo Teodorani, ainsi que le milliardaire Axel Dumas, propriétaire d’Hermès. Epstein a dîné avec le diplomate norvégien Terje Rod-Larsen, figure emblématique des accords d’Oslo (qui a bénéficié de fonds d’Epstein pour l’acquisition d’une résidence sur une île grecque et s’est rendu à plusieurs reprises dans son manoir new-yorkais), et a même accueilli pendant trois jours, avec nuitée, dans son appartement de l’avenue Foch le secrétaire général du Conseil de l’Europe, l’homme politique norvégien Thorbjörn Jagland, lors de la Fashion Week parisienne de 2015.
Nous savons qu’Epstein considérait la Fashion Week de Paris comme les chasseurs de cerfs attendent l’ouverture de la saison de la chasse en Pennsylvanie. En témoigne cet échange de SMS de 2018 avec Steve Bannon [où il est question de poussière dans les testicules, NdT] :
La semaine dernière, j’ai reçu un appel d’une émission de radio londonienne qui me demande parfois de commenter l’affaire Epstein. Le présentateur voulait savoir si la publication de dizaines de milliers de pages de communications d’Epstein constituait «la preuve irréfutable».
La question faisait sans doute référence à une preuve accablante et irréfutable – photos ou vidéo d’un viol – qui pourrait lier Donald Trump, l’allié d’Epstein, à quelque chose de plus odieux que ce que l’on sait incontestablement d’un prédateur en série et futur président des États-Unis fréquentant depuis des années un trafiquant sexuel à grande échelle.
En réalité, nous en savons déjà beaucoup. Et ce que nous pensons ne pas être connu est en fait bien connu de beaucoup de gens : les avocats d’Epstein, assurément ; certains agents du FBI et d’anciens et actuels procureurs fédéraux ; les complices rémunérés d’Epstein ; ses amis et fréquentations au sein de l’élite sans frontières et bien sûr les femmes victimes de la traite. Les courriels d’organisation désormais publics sont presque toujours expédiés par Lesley Groff, la fidèle assistante blonde d’Epstein, aujourd’hui femme au foyer du Connecticut, arborant une respectabilité typiquement WASP de New Canaan, et qui a jusqu’à présent échappé aux poursuites. Dans un courriel datant de la période où elle organisait également [informations confidentielles], elle mentionne qu’elle emmène ses propres enfants à Disneyland.
Que Groff ou les autres complices et les participants/témoins masculins soient un jour forcés de parler ou non, à mon avis cette «preuve irréfutable» est déjà là, sous nos yeux, à la vue de tous.
*******
BONUS
L'enquête contre Clinton dans l'affaire Epstein n'est-elle qu'un spectacle ? Trump & Clinton - The Show must go on !
Lors de sa dernière campagne présidentielle, Donald Trump avait promis de rendre public le dossier de l'affaire Jeffrey Epstein. Epstein avait géré un réseau de commerce sexuel d'enfants et il existe des indices selon lesquels de nombreuses célébrités étaient impliquées. Cependant, après l'élection, Trump s'est opposé à la publication des dossiers Epstein, ce qui a suscité beaucoup de critiques et d'opposition au sein de son propre parti et de sa base, le mouvement MAGA [MAGA : d'après le slogan de la campagne électorale de Trump en 2015/16 : "Make America Great Again"]. Après que la pression est devenue trop forte, y compris en ce qui concerne ses propres liens avec Jeffrey Epstein, il s'est ravisé au dernier moment et a finalement accepté de divulguer d'autres dossiers. En outre, peu avant l'adoption de la loi sur la déclassification des dossiers dans l'affaire Epstein, il a annoncé que sa ministre de la Justice, Pam Bondi, allait désormais ouvrir une enquête sur l'affaire Epstein contre l'ancien président Bill Clinton, l'ancien secrétaire au Trésor Larry Summers, la banque J. P. Morgan et le cofondateur de Linkedin Reid Hoffman.
Bondi a alors fait appel à Jay Clayton pour mener à bien cette enquête. Ce dernier siégeait auparavant au conseil d'administration d'"Apollo Global" - une entreprise du milliardaire Leon Black. Leon Black était quant à lui un bon partenaire commercial de Jeffrey Epstein, à qui il avait versé 158 millions de dollars pour ses services. Il n'est pas certain que quelqu'un de ce milieu puisse enquêter avec l'impartialité nécessaire.
Le fait que Bill Clinton fasse l'objet d'une enquête est toutefois fondamentalement juste.Dans les années 1990 déjà, des accusations d'abus sexuels ont été portées contre lui. À l'époque, Brice Taylor et Cathy O'Brien ont tous deux décrit en détail dans leurs livres comment ils ont été torturés et soumis à des sévices rituels à des fins de conditionnement sous l'égide des agences de renseignement dans le cadre des programmes MK-Ultra. Ils ont décrit comment ils ont ensuite été utilisés par les services secrets, notamment auprès de Bill Clinton, pour lui faire passer des messages ou lui soutirer des informations et comment, dans ce cadre, ils ont également été abusés sexuellement par ce dernier.
Maria Farmer accuse également Clinton. Farmer et sa sœur avaient déjà été victimes du réseau de commerce sexuel d'Epstein en 1996. Maria devait également travailler à la réception de l'une des maisons d'hôtes d'Epstein et avait donc un aperçu explicite des personnes qui allaient et venaient. Bill et Hillary Clinton ont été vus par elle à plusieurs reprises. Elle a même qualifié les Clinton, tout comme le président américain Trump, de complices d'Epstein :
"J'ai nommé tout le monde, j'ai nommé Donald Trump. J'ai nommé tous ceux que je considérais comme des complices. [...] Donald Trump, absolument les Clinton. Ce sont des gens que j'ai vus entrer et sortir. Je savais qu'ils faisaient partie d'un tout." En juin 2025, l'administration Trump avait encore déclaré qu'il n'existait aucune preuve pouvant justifier une enquête sur des personnes non encore inculpées. Pourquoi ce soudain changement d'attitude avec l'inculpation de Clinton et des autres personnes ?
Eh bien, le jeu "Trump contre Clinton" a déjà été joué à plusieurs reprises.
Comme nous l'avons montré dans l'émission "Dossier Trump - Sauveur ou partie du Deep State", Trump et Hillary Clinton - en tant que candidats à la présidence - se sont violemment attaqués lors de la campagne présidentielle de 2016. Là encore, Trump a promis, en cas de succès de l'élection, d'ouvrir une enquête sur Clinton, ce qui n'a jamais eu lieu. Toutes les enquêtes sur Hillary Clinton ont été abandonnées sous Trump. Cela n'a rien d'étonnant, car les deux familles sont liées par une longue amitié. Ainsi, lors de la cérémonie de mariage de Donald et Melania Trump en 2005, Hillary Clinton était assise au premier rang. Trump a fait des dons à la Clinton Foundation et à la campagne sénatoriale d'Hillary Clinton.
Alors pourquoi cette attaque surprise contre le vieil ami, sans raison apparente ?
Il faut savoir que même après cette décision législative de déclassifier les dossiers Epstein, ceux-ci ne seront pas mis à la disposition du public de manière ouverte et complète. Là aussi, il y aura des caviardages, et pour les réaliser la ministre de la Justice Pam Bondi et son équipe disposent de 30 jours. Ces caviardages visent d'une part à protéger les victimes et les informateurs. Par ailleurs, il est désormais possible de retenir ou de caviarder du matériel qui "mettrait en danger une enquête fédérale active ou une poursuite pénale en cours". Cela concernerait alors également Bill Clinton. Comme il fait l'objet d'une enquête, tout ce qui le concerne devrait être retenu.
L'enquête sur Clinton, annoncée à grand renfort de publicité, présente donc un triple avantage pour Trump :
1) Il peut ainsi détourner l'attention de son propre rôle dans l'affaire Epstein.
2) Il peut jouer au héros pour ses partisans dans la lutte pour le spectacle entre la gauche et la droite, qui ouvre enfin l'enquête tant réclamée contre Clinton.
3) En même temps, il a ainsi la possibilité de mettre son vieil ami Clinton hors de la ligne de mire lors de la publication des dossiers Epstein, puisque rien ne peut être publié à son sujet en raison de la procédure en cours.
Conclusion : Le célèbre lanceur d'alerte et auteur britannique David Icke, dont les analyses et les prédictions ont régulièrement fait mouche, n'a cessé de souligner que le grand spectacle de la lutte politique entre la gauche et la droite, ou entre les démocrates et les républicains, est une vaste escroquerie. "Vous voyez, c'est la grande arnaque. En politique, il y a la "gauche" contre la "droite".
Et en arrière-plan, ils sont tous amis. Je veux dire, certains d'entre eux peuvent être vraiment en désaccord, mais beaucoup d'entre eux, les personnes clés, sont des amis.
Ce que nous voyons donc en termes de politique, "gauche" et "droite", c'est du théâtre. C'est du théâtre de divertissement, non ? ... Mais si l'on fait un pas en arrière dans ce jeu de marionnettes où il y a la gauche et la droite, et que l'on va dans l'ombre, on voit que les deux sont contrôlés par les mêmes mains. C'est pourquoi peu importe qui est au pouvoir, "gauche" ou "droite", le même agenda pour l'humanité se révèle." C'est sur cette toile de fond que s'éclaircit la pièce de théâtre Trump-Clinton proposée ici : Aucun des acteurs de ce "show" qui se produisent ici n'a intérêt à révéler publiquement des noms importants dans le dossier Epstein, et le public continuera donc à être aveuglé par de tels spectacles de diversion. The Show must go on - jusqu'à ce que les peuples voient clair dans ce théâtre gauche/droite et ne se laissent plus berner.

