lundi 22 décembre 2025

La Caraïbe et Trump en pacificateur ou en pirate, alors qu’il glorifie le meurtre en haute mer ?




par Dan Dinello


Alors que des pêcheurs vénézuéliens sans défense sont massacrés par des militaires exécutant aveuglément ses ordres illégaux, le président Trump, arborant une parodie de médaille de la paix, se pavane devant le monde entier en appelant à «donner une chance à la paix». Ce cocktail de folie et de déni, entre l’horreur de ses crimes de guerre et son discours moralisateur sur la paix, est si caricatural et imprégné du double langage orwellien qu’il fait à la fois rire et froid dans le dos.

Les États-Unis ont tué 87 personnes lors d’une série de 22 raids aériens illégaux sur des prétendus «navires de la drogue» dans la Caraïbe et dans l’est du Pacifique. Ces exécutions sommaires, filmées et célébrées dans des vidéos montrant de petits bateaux réduits en boules de feu, n’ont suscité que peu ou pas d’indignation au Congrès et dans l’opinion publique.

Elle ne s’est manifestée que récemment, après une enquête du Washington Post sur la première de ces attaques, le 2 septembre. L’armée américaine a d’abord frappé l’embarcation, puis l’a frappée une seconde fois, pulvérisant deux naufragés qui s’accrochaient à l’épave. Selon le rapport, le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, aurait donné l’ordre verbal suivant : «Tuez-les tous».

Hegseth, qui a observé l’opération, a rejeté la responsabilité sur l’amiral Frank Bradley, le commandant en chef de l’opération.

«Je n’ai pas vu le moindre survivant. Le bateau était en feu. C’est ce qu’on appelle «le brouillard de guerre»», a déclaré Hegseth, qui croit visiblement que l’expression fait référence à de la fumée ou à du brouillard au sens littéral, alors qu’en fait, elle désigne la confusion née du chaos du champ de bataille.

Échappant à l’accusation de crimes de guerre, il a déclaré :

«Au ministère de la Guerre, nous sommes très occupés. Je n’y ai donc pas consacré plus d’une heure ou deux».

Hegseth a préféré publier ce qui s’apparente à une couverture de livre pour enfants, représentant le personnage de bande dessinée Franklin la tortue en train de faire exploser un bateau avec un lance-roquettes, sous le titre décalé «Franklin attaque les narco-terroristes». Pour Hegseth, tuer des gens n’est qu’un jeu d’enfant.

Hegseth, foncièrement dépourvu de repères moraux, a pourtant commis un crime de guerre en tuant les civils survivants de l’attaque du bateau. Le manuel du droit de la guerre du ministère de la Défense interdit précisément ce type de pratique, comme l’indique clairement la page 448 :

«Les membres des forces armées et les autres blessés, malades ou naufragés doivent être traités avec respect et protégés en toutes circonstances».




Malgré les tentatives des Républicains de minimiser ce crime de guerre, le meurtre de deux survivants sans défense a provoqué un tollé politique temporaire qui a éclipsé la nature illégale de cette offensive militaire dans son ensemble.

«Se concentrer sur les naufragés fait diversion, en suggérant que ce qui a précédé et suivi cette frappe serait légitime», a déclaré Ryan Goodman, professeur de droit à l’université de New York et ancien avocat du Pentagone. «Même en vertu du droit des conflits armés, tous étaient des civils, et nous ne sommes pas en conflit armé. C’était indubitablement un meurtre».

L’administration Trump n’a pas hésité à déformer la réalité en affirmant que les bateaux ciblés transportaient de la drogue du Venezuela vers les États-Unis et que les «trafiquants» feraient partie d’une «entité terroriste désignée». Les États-Unis ont en effet fait valoir que la «guerre contre la drogue» est une véritable «guerre» dont Trump peut se prévaloir pour justifier ses actions.

Or, il n’y a pas eu de déclaration de guerre et un petit bateau de pêche non armé n’est pas un navire de guerre. Cela relève tout au plus d’une opération de police : le trafic de drogue n’est pas passible de la peine de mort extrajudiciaire par missile. En temps de paix, cibler un civil constitue un meurtre, et dans un conflit armé, c’est un crime de guerre.

La semaine dernière, Trump a répondu en substance : «Et alors ?» Il s’est autoproclamé juge, jury et bourreau, estimant qu’il est en droit de lancer des frappes contre des trafiquants de drogue présumés sans que le Congrès n’adopte au préalable une déclaration de guerre officielle.

«Nous allons simplement tuer ceux qui font entrer de la drogue dans notre pays», a-t-il déclaré. «Ok ? Ils mourront, point barre».

Cette déclaration l’aligne sur la politique antidrogue meurtrière mise en œuvre par le président philippin Rodrigo Duterte. Au cours de son mandat (2016-2022), Duterte a déclenché une «guerre contre la drogue» à l’échelle nationale qui a donné lieu à des milliers d’exécutions extrajudiciaires perpétrées par la police et des milices, avec l’aval de facto de l’État. Selon Human Rights Watch, cette «guerre contre la drogue» a coûté la vie à plus de 12 000 Philippins, pour la plupart des habitants des zones urbaines défavorisées.

Le livre de Patricia Evangelista, «Some People Need Killing», documente l’extrême barbarie de Duterte.

«Voici le message que j’adresse à l’armée», a déclaré Duterte. «Trouvez ces trafiquants de drogue et tuez-les, un point c’est tout. Je me fais une joie de les éliminer. Nous allons avoir besoin de nouveaux salons funéraires, car nous les tuerons tous».

Trump a fait l’éloge de la guerre contre la drogue de Duterte lors d’un appel téléphonique en 2017 :

«Je tiens vraiment à vous féliciter, car j’ai entendu parler de l’incroyable combat que vous menez contre le fléau de la drogue».

La semaine dernière, lors d’une réunion du cabinet au cours de laquelle il s’est assoupi à plusieurs reprises, Trump s’est réveillé en sursaut pour imiter Duterte :

«Pour chaque bateau qui saute, nous sauvons 25 000 vies en moyenne. Ils ont acheminé suffisamment de ce terrible fentanyl et autres substances comme la cocaïne. Mais le fentanyl est actuellement le principal responsable de la mort de nombreux Américains».

Ces chiffres, même s’ils sont fantaisistes, comptent beaucoup pour Trump et Duterte. Selon Evangelista, Duterte a largement exagéré le nombre de trafiquants et de consommateurs de drogue, affirmant qu’ils étaient plus de 4 millions, car les chiffres confirmaient l’ampleur du problème : une prétendue armée de zombies sans cervelle, trafiquants de drogue, dont l’extermination requérait toutes les ressources du gouvernement national.

Selon Trump, ce chiffre «justifie» le massacre de civils dans de petits bateaux en bois. Or, ces embarcations ne transportent pas de fentanyl, car l’essentiel de cette drogue entre aux États-Unis par la frontière mexicaine, introduite clandestinement par des citoyens américains. Historiquement, la drogue trafiquée dans la Caraïbe est la cocaïne, dont la majeure partie est destinée à l’Afrique du Nord et l’Europe. Enfin, ces bateaux sont beaucoup trop petits et mal équipés pour atteindre les États-Unis. Mais les faits n’ont aucun intérêt pour Trump, ce menteur invétéré.

En réalité, Trump encourage même le trafic de drogue. Il a notamment gracié un baron de la drogue condamné, l’ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernández. Après avoir purgé un an d’une peine de quarante-cinq ans pour trafic de drogue à grande échelle, blanchiment d’argent et trafic d’armes, Hernández a été reconnu responsable de l’acheminement de plus de quatre cents tonnes de cocaïne vers les États-Unis. Choqué par cette remise en liberté, le procureur général du Honduras a émis un mandat d’arrêt international contre le criminel Hernández.

Cette grâce n’a pourtant suscité aucune polémique au Capitole ni dans les médias, alors que la lutte contre le trafic de drogue vers les États-Unis est la principale justification avancée par Trump pour attaquer des bateaux étrangers, en violation flagrante du droit national et international.

Ces exécutions extrajudiciaires traduisent l’obsession du secrétaire d’État, Marco Rubio et de Trump de renverser le président vénézuélien, Nicolás Maduro, peut-être pour faire main basse sur les plus grandes réserves de pétrole au monde. La destitution de Maduro est emblématique des tendances les plus dangereuses de Trump, dont son intolérance xénophobe et la banalisation des crimes de guerre.

Rubio milite depuis longtemps pour un changement de régime au Venezuela, espérant ainsi provoquer un bouleversement similaire à Cuba et au Nicaragua. Affirmant à tort que le gang vénézuélien Tren de Aragua constitue une menace terroriste, il prétend que le gouvernement de Maduro lui aurait ordonné d’envahir les États-Unis par le biais d’une vague de migrants. Il présente la guerre illégale contre Maduro comme une lutte contre le «narcoterrorisme», l’accusant d’être le chef d’un cartel de la drogue – un prétexte douteux pour justifier une frappe aérienne sur Maduro lui-même.

Trump a unilatéralement ordonné la fermeture de l’espace aérien vénézuélien, le plus important déploiement militaire dans la région depuis la crise des missiles cubains, et averti que des frappes terrestres seraient sur le point de commencer. Hier, les États-Unis ont saisi un pétrolier vénézuélien sans aucune justification. Bien que les agissements des États-Unis en Amérique latine aient déjà été dévastateurs, l’administration Trump fait toujours pire. Trump et Rubio orchestrent ouvertement une guerre rappelant le déploiement des troupes américaines en Irak.

La probabilité élevée d’une invasion catastrophique s’explique par la convergence de diverses normalisations. La démission soudaine et inexpliquée du commandant des forces armées, l’amiral Alvin Holsey, en pleine préparation militaire, aurait autrefois été largement médiatisée et fait l’objet d’une enquête du Congrès. Mais aujourd’hui, plus personne n’en parle. Après l’échec du vote sur la fin des frappes navales, les Démocrates du Congrès (et Rand Paul) se plaignent de ne pas avoir accès au dossier au lieu de bloquer tout financement des renforts militaires.

Alors qu’il multiplie les crimes de guerre à l’étranger, menace le régime vénézuélien de coup d’État et mène une guerre anti-immigration aux États-Unis, le «président pour la paix» autoproclamé se félicite d’avoir mis fin à une autre guerre.

«Nous venons de résoudre un autre conflit, avec le Rwanda et le Congo», a-t-il déclaré, débordant d’enthousiasme. «Nous l’avons réglé aujourd’hui. Une guerre majeure».

Outre un sentiment de toute-puissance lui permettant de décider seul de la légitimité d’une intervention militaire, Trump aime s’attribuer le mérite d’avoir mis fin à des guerres toujours en cours, et de déclencher de nouveaux conflits illégaux.

Il s’est rendu jeudi dernier au «Donald J. Trump Institute of Peace», récemment rebaptisé, pour présider une cérémonie de signature avec les présidents du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC). Il y a quelques mois, Trump et son acolyte mégalomane Elon Musk ont fait fermer l’Institute for Peace, un think tank indépendant créé par le Congrès consacré à la promotion de la paix dans le monde. Musk a licencié le personnel de l’institut, orchestrant une opération menée par la police de Washington, qui a ensuite été qualifiée de «grave abus de pouvoir» par un juge fédéral.

Les agents du département d’État ont récemment été chargés par Rubio, cet opportuniste patenté, de transporter d’énormes lettres argentées «Donald J. Trump» jusqu’au bâtiment vide et de les apposer sur sa façade à des fins propagandistes.

Trump s’est félicité, lors de la cérémonie, d’avoir «réussi là où tant d’autres ont échoué» en négociant un accord entre le Rwanda et la RDC. À l’issue du discours, un journaliste a suggéré, conformément aux informations provenant du terrain, que les combats dans l’est de la RDC s’étaient intensifiés depuis l’annonce du sommet et que la paix ne serait envisageable qu’une fois les troupes évacuées. «Pas de souci», a répondu le président, «nous allons faire des miracles».

Cette stupéfiante mascarade passe sous silence les nombreuses invectives racistes du président à l’encontre des pays africains, qualifiant les nations africaines de «pays de merde», alors qu’il accueille des dirigeants du continent, non seulement du Rwanda, de la RDC et du Kenya, mais aussi d’Angola, du Burundi, quelques jours seulement après avoir traité les immigrants somaliens de «déchets», et déclaré haut et fort son intention de ne pas les tolérer sur le sol américain.

Depuis des mois, animé par son désir immature et vain de recevoir le prix Nobel de la paix, Trump se présente de manière absurde comme l’incarnation même du pacificateur mondial, vantant une liste fluctuante de conflits internationaux prétendument résolus, comme le pseudo cessez-le-feu entre Gaza et Israël.

Or, depuis sa proclamation, le 10 octobre, l’armée israélienne a tué plus de 360 Palestiniens à Gaza. Comme l’a écrit la rapporteure spéciale des Nations unies, Francesca Albanese :

«Pour Israël, le cessez-le-feu signifie : vous ne tirez plus, nous continuons. Qualifier ces événements de «paix» n’est qu’une ’insulte, et surtout une diversion. Israël doit répondre de ses actes devant la justice, être sanctionné, faire l’objet d’un désinvestissement et d’un boycott total jusqu’à l’arrêt de l’occupation, de l’apartheid et du génocide, et puni pour tous ses crimes».

Amnesty International affirme d’ailleurs qu’Israël poursuit un génocide à Gaza et que le terme «cessez-le-feu» n’est qu’une ruse pour faire croire que la vie à Gaza reprend son cours normal.

L’opération de propagande faisant de Trump un pacificateur mondial poursuit son cours. Alors que des milliards de fans du monde entier se sont connectés pour assister au tirage au sort de la Coupe du monde au Kennedy Center for the Performing Arts, réquisitionné par Trump, une séquence promotionnelle dérangeante vantant les mérites du président américain a perturbé l’événement. Le président de la FIFA, l’instance dirigeante du football, Gianni Infantino, a décerné à Trump le «Prix FIFA de la paix», tout juste créé pour l’occasion.

Ce prix relève non seulement de la pantalonnade, un trophée en carton, un titre sans valeur et une médaille bling-bling. Après avoir brandi ce macabre trophée représentant des mains de morts-vivants sortant de leur tombe pour étreindre le globe, Infantino a tenté d’aider Trump à passer la médaille autour du cou, mais ce dernier, dans un pathétique élan d’enthousiasme, l’a ignoré et s’est empressé de se décorer tout seul. Puis les Village People ont interprété YMCA et Trump a exécuté son ridicule «dance move», tandis que l’événement dérapait en un rassemblement à la gloire de Trump.

Cette «cérémonie de remise du prix de la paix», marquée par diverses manœuvres politiques, est l’un des épisodes les plus embarrassants de la longue et honteuse histoire de la FIFA, une organisation tristement célèbre pour ses scandales de fraude et de corruption. Peu avant la remise du prix, le secrétaire à la Sécurité intérieure a annoncé que l’interdiction d’entrée sur le territoire américain, qui concerne déjà Haïti et l’Iran, pays qualifiés pour la Coupe du monde, sera étendue à plus de trente autres pays.

On ignore si les supporters de ces pays seront concernés, mais la confusion semble être la principale stratégie de Trump. Infantino, en subalterne dévoué à Trump, compte sur ce dernier pour accorder des exemptions à l’interdiction d’entrée sur le territoire américain en échange des droits de diffusion de la Coupe du monde, un simple coup de propagande à la gloire de Trump.

Mussolini a lui-même utilisé la Coupe du monde en 1934, et l’exploitation de l’événement du fasciste américain fait écho à la manœuvre. La Coupe du monde de 1934 en Italie n’a été orchestré par Mussolini que pour promouvoir la renaissance de l’empire romain. Les médias et les différents supports promotionnels gérés par le gouvernement étaient saturés de symboles fascistes : affiches, timbres et souvenirs produits en masse, liant la Coupe du monde aux idéaux du régime et au Duce en tant que grand leader. Exploitant la popularité du football pour légitimer et glorifier le régime, la Coupe du monde de 1934 n’était rien d’autre qu’une vitrine propagandiste de l’État fasciste en plein essor.

La «célébration de la paix» de Trump contraste outrageusement avec sa glorification du meurtre, de la barbarie et du sadisme. Quand le ministère de la Défense publie des snuff movies montrant des personnes de couleur brûlées vives, quand le ministère de la Sécurité intérieure accompagne ses vidéos de musique pop pour illustrer la brutalité des agents fédéraux envers des migrants latino-américains, ou quand le secrétaire à la Défense publie des mèmes faisant l’apologie du meurtre de Vénézuéliens, c’est toute une idéologie nationaliste blanche et raciste qui imprègne la politique américaine. Un spectacle écœurant.

Nous sommes noyés sous une avalanche de propos dignes d’un film gore à destination de la base MAGA, sans la moindre allusion à la légalité (ou l’illégalité) du comportement de l’administration. Jesse Watters, de Fox News, s’est dit totalement choqué à l’idée que les États-Unis fassent preuve de clémence envers un ennemi, comme l’exige la loi.

«Nous faisons exploser des terroristes dans les Caraïbes», a-t-il déclaré, «mais nous serions censés les sauver s’ils survivent ?»

Mais d’autres sont allés encore plus loin.

«Non seulement je veux les voir couler, qu’ils soient sur le bateau ou dans l’eau», a déclaré Megyn Kelly, la podcasteuse MAGA, «mais j’aimerais surtout les voir souffrir. J’aimerais que Trump et Hegseth prolongent leur agonie, et qu’ils se vident de leur sang».

En faisant l’apologie de la barbarie, les médias de l’administration raciste de Trump banalisent les pratiques terroristes, cautionnent la déshumanisation des personnes non blanches et légitiment les meurtres extrajudiciaires. Et Donald Trump en «président de la paix» n’est qu’une obscénité de plus.

Source : Juan Cole via Spirit of Free Speech via RI

dimanche 21 décembre 2025

Merz – Starmer – Macron, trois leaders en perdition, trois échecs complets




Jeffrey Sachs, verdict sans pitié : Merz – Starmer – Macron, trois leaders en perdition, trois échecs complets. L’Union européenne, totalement déconnectée de la réalité.

Jeffrey Sachs a tenu ces derniers jours des propos très durs (et très justes selon moi) dans le podcast Judging Freedom, sous le titre « Le dangereux mauvais calcul mortellement dangereux de l’Occident : pourquoi la sous-estimation de la Russie prolonge la guerre en Ukraine ».

Voici quelques-unes de ses déclarations :

• Les États-Unis auraient tout simplement dû dissoudre l’OTAN. L’Union soviétique n’a pas « quitté » le Pacte de Varsovie : elle l’a purement et simplement dissous. Gorbatchev l’avait dit clairement : « La guerre froide est finie. Il doit y avoir une maison européenne commune, de Rotterdam à Vladivostok. » Ni le Pacte de Varsovie ni l’OTAN n’avaient plus de raison d’être.

On avait promis, de manière explicite et répétée, que l’OTAN ne s’étendrait « pas d’un seul centimètre vers l’est » pour ne pas profiter du geste unilatéral de l’Union soviétique. Finalement, les États-Unis ont rompu cette promesse. Voilà toute l’histoire de la guerre actuelle.

• L’OTAN avait été créée pour défendre l’Europe de l’Ouest contre une invasion soviétique – une hypothèse qui n’était même plus théoriquement envisageable après 1991. En décembre 1991, l’Union soviétique elle-même s’est dissoute en 15 États indépendants. La Russie n’avait ni l’intention, ni l’intérêt, ni les moyens d’envahir l’Europe – et elle n’a toujours pas l’intention d’envahir l’Union européenne aujourd’hui. Depuis 1990, la Russie répète une chose très simple : « Nous ne voulons pas de troupes américaines à nos frontières. » Or l’OTAN aux portes de la Russie, c’est un détonateur de guerre nucléaire. Les États-Unis refusent la réciprocité, la justice et l’honnêteté. Ils trichent. C’est toute l’histoire. C’est pour ça que nous avons cette guerre.

• L’économie russe est vaste, sophistiquée et diversifiée. Depuis quatorze ans, depuis le coup d’État soutenu par les États-Unis en Ukraine en 2014, elle a été progressivement coupée de ses marchés tout à fait naturels avec l’Europe – des marchés naturels, car les pays commercent d’abord avec leurs voisins (il y a même un concept économique pour ça : la « théorie gravitationnelle du commerce »). La Russie s’est réorientée vers la Chine, l’Inde, l’Asie du Sud-Est, l’Asie centrale, l’Afrique et le reste du monde. C’est pourquoi Poutine a aujourd’hui des amis partout.

• L’Europe s’est isolée toute seule de la Russie, et nous voyons maintenant la désindustrialisation de l’Allemagne, parce que le lien commercial avec la Russie – notamment le gaz russe bon marché – était vital pour la compétitivité allemande. Les États-Unis n’ont jamais voulu que l’Europe et la Russie entretiennent des relations commerciales normales. Quand les gazoducs Nord Stream ont été proposés, Washington s’y est farouchement opposé, car cela aurait renforcé les liens Europe–Russie et réduit l’influence américaine.

• Pendant des années, les États-Unis ont donc œuvré activement à la rupture des relations russo-européennes. Résultat : l’Europe est aujourd’hui très mal gouvernée, très mal dirigée. Elle est dirigée par des responsables politiques qui, pendant des décennies, ont été soigneusement cultivés, formés et promus par la CIA précisément parce qu’ils suivaient la ligne américaine. Et c’est ainsi qu’ils ont infligé d’énormes dégâts à l’Europe en répétant : « Oui, nous allons obéir au diktat américain et couper tous les liens avec la Russie. »

• Et le plus aberrant dans tout ça : Trump propose une véritable sortie de crise parce qu’il veut faire des affaires, et l’Europe répond : « Non, nous voulons rester définitivement séparés de la Russie. » Résultat : l’économie européenne ne stagne pas seulement, elle est en net déclin – un déclin qu’elle s’est infligé elle-même. C’est complètement absurde.

• Derniers sondages : Merz à 29 %, Starmer à 23 %, Macron à 11 %.

Trois leaders en perdition qui passent leur temps à aller serrer la main de Zelensky. Tous les trois sont confrontés à de graves crises économiques internes qu’ils refusent de traiter à cause de leur bellicisme. Leur dernier grand plan ? Saisir les avoirs russes gelés chez Euroclear en Belgique pour acheter avec cet argent des armes américaines et permettre aux Ukrainiens de continuer à mourir encore un ou deux ans, le temps que la Russie finisse d’écraser tout résistance.

Si Trump dit simplement : « Les États-Unis ne vendront plus d’armes et ne participeront plus à cette guerre », la guerre s’arrête net. Point barre.

• Les Européens sont totalement déconnectés de la réalité s’ils pensent qu’ils aident le peuple ukrainien. Zelensky ne représente pas le peuple ukrainien : il dirige sous régime de loi martiale un pouvoir corrompu, sans élections. L’écrasante majorité des Ukrainiens veut une paix négociée.

• Si Trump tient bon, la guerre s’arrête de toute façon. L’Ukraine peut accepter la neutralité et déclarer : « Nous considérons ces territoires comme nôtres, mais nous n’emploierons pas la force pour les récupérer » – cela devient une situation de facto, même si ce n’est pas reconnu de jure. L’important, c’est qu’aucun dirigeant européen et que Zelensky lui-même n’ait été capable de formuler ne serait-ce qu’une seule phrase constructive sur la façon d’arrêter réellement les combats.

• Si l’Europe continue d’exiger l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, l’Alliance atlantique finira par se disloquer complètement, car le peuple américain ne veut pas d’une hostilité permanente avec la Russie. Si les Européens sont si belliqueux, ils détruiront l’OTAN de leurs propres mains. Les Américains se demanderont : « Pourquoi irions-nous faire la guerre pour une Europe qui refuse la paix avec son voisin ? »

• Poutine est très pragmatique et veut arrêter les combats. Personne ne veut poursuivre cette guerre. La Russie dit simplement : « Nous continuerons jusqu’à ce qu’un accord négocié soit trouvé. » Je ne suis absolument pas surpris qu’il ait discuté avec l’émissaire de Trump. Ce qui me sidère, c’est qu’aucun dirigeant européen n’ait envoyé le moindre émissaire. Ils se contentent de geindre : « Il faut nous inclure dans les négociations ! » Eh bien prenez votre téléphone, organisez un Zoom, invitez vos homologues à la table ! Ce n’est pas sorcier. »

Péonia.



Le christianisme est-il la prostituée d'Israël ?



Qui témoigne de qui ?

Avec l'avènement du christianisme comme religion officielle et exclusive de l'Empire romain sous les successeurs de Constantin, tandis que tous les cultes traditionnels étaient interdits et les temples expropriés ou détruits, les Romains ne purent ignorer qu'une seule religion non chrétienne demeurait légale et protégée : le judaïsme, religion de ceux tenus pour responsables de la mort du Christ. Quelle situation étrange ! Augustin la justifia par sa "théorie du témoin".

Les Juifs qui l’ont tué et qui ont refusé de croire en lui… furent dispersés à travers le monde… et ainsi, par le témoignage de leurs propres Écritures, ils attestent pour nous que nous n’avons pas inventé les prophéties concernant le Christ… Il s’ensuit que lorsque les Juifs ne croient pas en nos Écritures, leurs propres Écritures s’accomplissent en eux, tandis qu’ils les lisent d’un œil aveugle… C’est afin de rendre ce témoignage qu’ils nous apportent malgré eux par la possession et la conservation de ces livres, qu’ils se dispersent parmi toutes les nations, partout où l’Église chrétienne se répand. (La Cité de Dieu 18,46)



À l’instar de Caïn qui assassina son frère Abel, ajouta Augustin, les Juifs sont sous la protection de Dieu, qui promet une vengeance sept fois plus sévère contre leurs meurtriers. Ainsi, jusqu’à la fin des temps, « la préservation continue des Juifs sera une preuve pour les chrétiens croyants de la soumission méritée par ceux qui, dans l’orgueil de leur royaume, ont mis le Seigneur à mort » (xii,12). [1]

La « théorie du témoignage » d'Augustin est complexe. On comprend aisément l'argument selon lequel les Écritures juives témoignent de la vérité du christianisme. Mais comment le peuple juif peut-il témoigner de la vérité chrétienne s'il la rejette en se fondant sur ses propres Écritures ? La disparition du peuple juif en tant que nation ne constituerait-elle pas une preuve plus convaincante que Dieu a désormais confié sa providence au « Nouvel Israël » ?

Augustin est un sophiste de formation. Ce qu'il fait ici, c'est obscurcir une réalité pourtant évidente : c'est le christianisme qui atteste la prétention extravagante des Juifs d'avoir été choisis par Dieu comme instruments du salut du monde. Aucun Romain instruit n'a jamais pris cette prétention au sérieux avant que le christianisme ne la cautionne. Que les Juifs, par leur existence même, témoignent de la vérité du christianisme est pour le moins discutable. Que les chrétiens témoignent de la vérité du judaïsme biblique est plus qu'une affirmation indiscutable : c'est un fondement du christianisme. Christ signifie Messie et présuppose le rôle particulier d'Israël dans le plan divin. Ainsi, tandis que les Juifs affirment aux chrétiens qu'ils ont tort, les chrétiens affirment aux Juifs qu'ils avaient raison.
L'essor du pouvoir juif dans la chrétienté

Seul peuple autorisé à pratiquer une religion non chrétienne dans l'Empire romain depuis l'époque de Théodose (379-395), les Juifs ont survécu et se sont multipliés, formant une nation dispersée à travers le monde romain, malgré l'hostilité chrétienne mais sous la protection du gouvernement. Les lois interdisant aux chrétiens de les épouser ou même de manger à leur table (Concile d'Elvira au début du IVe siècle) ont renforcé l'identité et la cohésion juives, car l'endogamie et la pureté rituelle sont les commandements les plus importants de la Torah. En retour, l'hostilité envers le Christ et le christianisme était un principe fondamental du judaïsme rabbinique dès le IIIe siècle, et cet antagonisme entre les deux seules religions licites au sein de la chrétienté est devenu une caractéristique structurelle des deux. Le grand érudit juif Jacob Neusner va jusqu'à affirmer que « le judaïsme tel que nous le connaissons est né de la rencontre avec le christianisme triomphant » (le terme « rencontre » étant un euphémisme) et suggère que l'identité juive aurait probablement disparu sans son rival chrétien. [2] La chrétienté mérite donc pleinement d'être qualifiée de judéo-chrétienne, en ce sens que le judaïsme et le christianisme étaient les deux seules religions reconnues et existaient dans une sorte d'opposition dialectique nécessaire aux deux : les Juifs étaient le peuple témoin pour les chrétiens, et les chrétiens étaient le peuple témoin pour les Juifs, ainsi que la nouvelle incarnation d'Haman. L'islam n'a jamais été admis en Europe occidentale avant le XVIIIe siècle : synagogues oui, mosquées non.

Le baptême forcé des Juifs était théoriquement interdit, bien qu'il ait eu lieu en temps de crise. Gratien de Bologne, dans son recueil de droit canonique compilé dans les années 1140 (le Décret ) , cite une lettre du pape Grégoire le Grand (590-604) et un décret du quatrième concile de Tolède (633), confirmant que les Juifs ne devaient pas être convertis de force, mais seulement persuadés « par des moyens doux plutôt que par des moyens durs, de peur que l'adversité n'éloigne l'esprit de ceux qu'un argument raisonnable aurait pu convaincre » [3] . La conversion volontaire des Juifs au christianisme se produisait au cas par cas, mais restait rare.

Contrairement aux hérétiques chrétiens, les Juifs n'ont jamais été persécutés par l'Inquisition, ni torturés ou brûlés vifs, sauf s'ils avaient reçu le baptême et étaient soupçonnés de continuer à « judaïser » en secret. Cela arrivait, bien sûr, car les Juifs qui se convertissaient (généralement pour éviter l'exil) étaient invités à renoncer à leur judaïsme, mais pas à cesser de lire la Bible. Ils intégraient l'Église avec leur héritage culturel juif, tout en étant exemptés des restrictions civiles imposées à leurs coreligionnaires non convertis. Et lorsqu'ils gravissaient les échelons de la hiérarchie ecclésiastique, comme l'évêque de Burgos, Alonso Carthagène (1384-1456), fils du grand rabbin de la même ville, ils se vantaient d'être de meilleurs chrétiens que les païens car ils partageaient le sang juif de Jésus, et prétendaient ne pas s'être réellement convertis, mais avoir seulement approfondi leur foi juive. [4]

La sanctification chrétienne du Tanakh juif a dissuadé les Juifs de remettre en question leurs Écritures et de se libérer de leur conditionnement mental. Tout Juif qui rejetait l'inspiration divine de la Torah était non seulement banni de sa communauté juive, mais ne trouvait aucun refuge auprès des chrétiens : ce fut le cas de Baruch Spinoza et de bien d'autres. Les chrétiens ont prié pour que les Juifs ouvrent leur cœur au Christ, mais ils n'ont rien fait pour les libérer de Yahvé.

Jean Chrysostome (vers 346-407), le théologien grec le plus influent de son temps (aussi important pour les orthodoxes qu'Augustin pour les catholiques), reprochait aux Juifs de ne pas avoir suffisamment suivi leur Torah quand ils auraient dû, et de la suivre maintenant qu'ils ne le devraient plus :

Quand il était nécessaire d'observer la Loi, ils la foulaient aux pieds. Maintenant qu'elle n'est plus contraignante, ils s'obstinent à l'observer. Quoi de plus pitoyable que ceux qui provoquent Dieu non seulement en transgressant la Loi, mais aussi en l'observant ? (Première Homélie contre les Juifs ii,3)

Ce genre de raisonnement insoluble ne fait que confirmer aux Juifs l'absurdité du christianisme. Plus grave encore, il s'agit d'une grande tromperie envers les chrétiens, les empêchant ainsi de comprendre l'origine des comportements antisociaux juifs. D'un côté, on affirme aux Juifs que leur Yahvé est le vrai Dieu et que leur Bible est sainte, mais de l'autre, on les critique pour des comportements qu'ils ont précisément appris de Yahvé et de leur Bible. On les accuse de comploter pour dominer le monde, alors que c'est précisément la promesse que Yahvé leur a faite : « L'Éternel, ton Dieu, t'élèvera au-dessus de toutes les nations de la terre » (Deutéronome 28:1). On les perçoit comme méprisant les autres nationalités, mais ce mépris leur vient de leur dieu : « Toutes les nations ne sont rien devant lui ; elles sont pour lui néant et vide » (Isaïe 40:17). On leur reproche leur matérialisme et leur avidité, mais en cela aussi ils imitent Yahvé, qui ne rêve que de butin : « Je ferai trembler toutes les nations, et les trésors de toutes les nations afflueront » (Aggée 2,7). Surtout, on les réprimande pour leur séparatisme, alors même que c’est là l’essence même du message que Yahvé leur adresse : « Je vous séparerai de tous ces peuples, afin que vous m’apparteniez » (Lévitique 20,26).

Pire encore, la sanctification de l'Ancien Testament et de l'ancien Israël a conduit les chrétiens à considérer les Juifs comme une race métaphysiquement supérieure et le judaïsme comme la religion originelle de Dieu. Jean Chrysostome lui-même déplorait que de nombreux chrétiens « se joignent aux Juifs pour célébrer leurs fêtes et observer leurs jeûnes » ( Première Homélie i,5).

N’est-il pas étrange que ceux qui adorent le Crucifié célèbrent les mêmes fêtes que ceux qui l’ont crucifié ? N’est-ce pas un signe de folie et de démence extrême ? … Car lorsqu’ils voient que vous, qui adorez le Christ qu’ils ont crucifié, suivez avec révérence leurs rituels, comment ne pas penser que les rites qu’ils accomplissent sont les meilleurs et que nos cérémonies sont vaines ? ( Première Homélie v,1-7).

À la grande horreur de Jean, certains chrétiens se font même circoncire. « Ne me dites pas », les avertit-il, « que la circoncision n'est qu'un commandement isolé ; c'est ce commandement même qui vous impose tout le joug de la Loi » ( Deuxième Homélie ii,4).

Le christianisme a conféré aux Juifs un pouvoir symbolique extraordinaire, qu'ils ont transformé en pouvoir effectif. À certaines périodes, le prestige juif était très élevé au sein de l'élite dirigeante, et le lobby juif exerçait une grande influence politique. Au milieu du IXe siècle, l'évêque de Lyon, Agobard, se plaignait à l'empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, que les Juifs produisaient des « ordonnances signées de votre nom et scellées de sceaux d'or » leur garantissant des avantages exorbitants, et que les envoyés de l'empereur étaient « terribles envers les chrétiens et indulgents envers les Juifs » ( De l'insolence des Juifs ). Agobard s'indignait même d'un édit impérial imposant le dimanche comme jour de marché plutôt que le samedi, afin de plaire aux Juifs. Dans une autre lettre, il dénonçait un édit interdisant de baptiser les esclaves juifs sans l'autorisation de leurs maîtres. Les Juifs étaient si respectés à la cour de Louis le Pieux que certains, comme le diacre Bodo, se convertirent au judaïsme. [5]

Certes, au cours des siècles suivants, les Juifs furent expulsés d'un royaume chrétien après l'autre. Mais chacune de ces expulsions était une réaction à une situation inconnue dans l'Antiquité préchrétienne : des communautés juives acquérant un pouvoir économique démesuré, sous la protection d'une administration royale (les Juifs servaient de collecteurs d'impôts et de prêteurs d'argent pour le roi en temps de guerre), jusqu'à ce que ce pouvoir économique, engendrant un pouvoir politique et social, atteigne un point de saturation, provoque des pogroms et oblige le roi à prendre des mesures. Les Juifs d'Angleterre, amenés comme administrateurs et usuriers par Guillaume de Normandie, étaient devenus très puissants au XIIe siècle, l'un d'eux en particulier, Aaron de Lincoln, étant « peut-être l'homme le plus riche d'Angleterre », jusqu'à ce que le roi Édouard Ier, ne parvenant pas à les contraindre à abandonner l'usure, les expulse en 1290. [6] Les Juifs revinrent en force au XVIIe siècle, d'abord sous la forme de marranes, lorsque, selon l'historien juif Cecil Roth, « le puritanisme représentait avant tout un retour à la Bible, ce qui favorisa automatiquement une attitude plus favorable envers les peuples de l'Ancien Testament ». [7]

Parce que cela est inscrit sous leurs yeux dans leur Livre Saint, les chrétiens n'ont jamais réalisé que le contrat mosaïque n'est rien d'autre qu'un programme de domination mondiale orchestré par la nation juive, présenté frauduleusement comme une autorisation divine de voler et de tuer.

La vulnérabilité des sociétés chrétiennes face au pouvoir juif est directement liée à cet aveuglement que leur impose l'Église.

En 1236, le pape Grégoire IX condamna publiquement le Talmud, le qualifiant de « cause première de l'obstination des Juifs dans leur perfidie », comme le rappelle E. Michael Jones. [8] Le Talmud fut alors brûlé. Or, le Talmud n'est qu'un recueil de commentaires sur le Tanakh. Nombre de chrétiens continuent d'imputer au Talmud la misanthropie juive, alors qu'en réalité, son influence est aujourd'hui limitée aux cercles juifs orthodoxes. Le sionisme s'est fondé sur le rejet du Talmud et un retour au projet biblique. Les dirigeants israéliens, de Ben Gourion à Netanyahou, justifient explicitement leur mépris du droit international par la Bible, et non par le Talmud. C’est une erreur fatale et impardonnable que de ne pas reconnaître que le Tanakh juif, l’Ancien Testament chrétien, est le manuel du comportement démoniaque d’Israël sur la scène internationale. Comme l’écrivait H.G. Wells, la Bible expose clairement « un complot contre le reste du monde ». Dans la Bible, « le complot est décrit sans détour, […] un complot agressif et vindicatif… Fermer les yeux sur sa nature relève non de la tolérance, mais de la stupidité. » [9]

Pourquoi les sionistes chrétiens ont raison

Quand des chrétiens antisionistes affirment que le terme « judéo-christianisme » est inapproprié, je ne partage pas leur avis. Dans « Le mythe d'un Occident « judéo-chrétien » : pourquoi cette étiquette ne tient pas la route » , Lorenzo Maria Pacini déplore que ce terme « soit une contradiction théologique ». Le christianisme, dit-il, « repose sur la croyance que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et le sauveur de l'humanité. Le judaïsme rejette explicitement Jésus comme Messie, le considère comme un faux prophète et, dans de nombreux textes rabbiniques, le dénigre sévèrement. » Il passe à côté de l'essentiel : la notion même de Messie est juive et présuppose qu'Israël est le peuple élu de Dieu. Du point de vue juif, le christianisme est un judaïsme hérétique. Les chrétiens s'accordent avec les juifs sur le fait que Dieu s'est révélé exclusivement à Abraham, Jacob et Moïse – tandis que toutes les autres civilisations, y compris les Romains, étaient des adorateurs du diable – et que Dieu avait prévu d'envoyer le Messie en Israël. Le seul point de désaccord concerne le Messie. Si Jésus-Christ, outre le fait d'être le Fils de Dieu, est le Messie d'Israël, alors véritablement, « le salut vient des Juifs » (Jean 4:22).

Ne vous méprenez pas : je ne partage pas l’idée que notre civilisation soit judéo-chrétienne, et encore moins que « tout ait commencé au mont Sinaï », comme l’écrit Josh Hammer dans son ouvrage grotesque "Israël et la civilisation : le destin de la nation juive et la destinée de l’Occident". Au contraire, j’ai soutenu ( ici et ici ) que le véritable génie de notre civilisation en art, en science et en philosophie est helléno-romain et qu’il a prospéré malgré le christianisme, et non grâce à lui. Je refuse même d’attribuer la construction des cathédrales au christianisme, car elles ont été bâties par des corporations de francs-maçons dont la foi chrétienne n’a rien à voir avec leur métier. Ce que je veux dire, c’est que, dans la mesure où nous sommes chrétiens, nous sommes judéo-chrétiens. Les seuls chrétiens qui n’étaient pas judéo-chrétiens étaient ceux qui rejetaient l’Ancien Testament, comme le Faust manichéen qui qualifiait Augustin de demi-chrétien parce qu’il vénérait le dieu juif (Augustin, Contre Faust, I, 2).

Affirmer, comme je l'entends souvent, que le problème vient d'une infiltration juive du christianisme (par le biais du calvinisme, des jésuites, de la Bible de Scofield, du concile Vatican II ou autre) est absurde. Ou plutôt, c'est une tautologie : le christianisme est une infiltration juive de la civilisation romaine depuis ses origines. Les chrétiens antisionistes prétendent que le sionisme chrétien repose sur la fausse doctrine du dispensationalisme, qui affirme que la promesse de Dieu à Israël est toujours valable. C'est partiellement vrai (seulement partiellement, car tous les chrétiens sionistes ne sont pas dispensationalistes). Mais voyons si cela est contraire à l'esprit chrétien.

Dans son Épître aux Romains, sans doute l'un des textes les plus influents du Nouveau Testament, Paul affirme que la promesse de Dieu à Israël est éternelle et que les Juifs « sont toujours aimés à cause de leurs ancêtres. Dieu ne change pas d'avis quant aux dons qu'il a faits ni quant à son choix » (11, 28-29). Ce que Paul dit aux non-Juifs, en substance, c'est que les Israélites sont toujours le peuple élu de Dieu. Le pacte est toujours valable. Les Juifs n'ont pas été déchus de leur élection. Dieu a dû agir par l'intermédiaire des non-Juifs à cause du rejet du Christ par les Juifs, explique Paul, mais à la fin, « tout leur sera rendu » (11, 12). « Une partie d'Israël a endurci son cœur, mais seulement jusqu'à ce que tous les non-Juifs soient entrés ; et c'est ainsi que tout Israël sera sauvé » (11, 25-26). Dans la célèbre métaphore de la greffe employée par Paul, Israël est comparé à un bel olivier planté par Dieu, et les chrétiens non juifs à des branches coupées d'oliviers sauvages et greffées sur Israël (11,17). Paul met ensuite en garde ces convertis contre tout sentiment de supériorité : « Si vous vous enorgueillissez, rappelez-vous : ce n’est pas vous qui portez la racine, mais la racine qui vous porte » (11,18). Les branches greffées peuvent être coupées si elles ne prospèrent pas, tandis qu’il sera facile pour « les branches qui y sont naturellement implantées de se greffer sur l’olivier qui leur appartient » (11,24).

Paul était un Juif cosmopolite qui cherchait à guider sa nation vers son destin ultime au sein de l'Empire romain, et non contre lui. Sa pensée est très proche de celle de Flavius ​​Josèphe qui, dans La Guerre des Juifs (VI, 5), réinterprète les prophéties messianiques juives en les attribuant à Vespasien. Ce qui a poussé les Judéens à se révolter contre Rome, écrit-il, « fut une prophétie ambiguë de leurs Écritures annonçant qu'“un enfant du pays régnerait sur le monde entier” ». Mais leur interprétation de cette prophétie était erronée, car elle s'appliquait en réalité à Vespasien, « qui fut nommé empereur de Judée ». En renversant le sens des prophéties juives, Josèphe ne renonçait pas à la destinée des Juifs de dominer le monde ; il élaborait un plan B, fondé sur l'utilisation de la puissance de l'Empire romain plutôt que sur l'opposition. À l'instar de Philon d'Alexandrie avant lui, mais d'une manière différente, il s'efforçait de convertir Rome à la vision juive du monde. En reconnaissant Vespasien comme le Messie, il considérait Rome comme l'instrument de la conquête juive du monde, tout comme le Second Isaïe avait considéré la Perse en qualifiant Cyrus le Grand de Messie (Isaïe 45:1). La réinterprétation des prophéties juives par Josèphe n'a pas donné naissance à une religion, contrairement à celle de Paul, qui a finalement permis la conquête de Rome.

L'irrésistible sionisme du christianisme

C'est une illusion de croire que la responsabilité chrétienne dans l'emprise juive sur l'Occident se limite au sionisme chrétien, et que les sionistes chrétiens peuvent être vaincus par des chrétiens antisionistes. Lorsque Tucker Carlson réfute l'idée que « Dieu préfère certains peuples en fonction de leur ADN » comme une « hérésie chrétienne » car « le fondement même du christianisme est qu'il n'est plus vrai », force est de constater que le christianisme se trouve du mauvais côté de l'histoire. Ce qui est sous-entendu, c'est que cela était vrai autrefois. Le Dieu chrétien a littéralement choisi un peuple en fonction de son ADN (Abraham, puis Isaac, puis Jacob, autrement dit Israël). Carlson ne peut le nier sans s'éloigner du christianisme. Le christianisme est irrationnel sous toutes ses formes, mais soyons objectifs : entre « Dieu a choisi les Juifs, mais plus maintenant » (Carlson) et « Dieu a choisi les Juifs pour toujours » (Huckabee), la seconde proposition est loin d'être la moins rationnelle.

La question de savoir si l'Ancienne Alliance est obsolète ou toujours valide fait débat entre chrétiens, et je ne prends pas part à cette controverse. Chaque chrétien croit que sa version du christianisme est la véritable, celle que Jésus a voulue. Mais pour un observateur extérieur, il n'existe pas de christianisme véritable et éternel : le christianisme est ce qu'il est à un moment donné. Et si l'on considère le débat entre chrétiens sionistes et chrétiens antisionistes d'un point de vue extérieur à la chrétienté, comme je le fais, il est loin d'être évident que ces derniers puissent l'emporter. Je pense plutôt que de plus en plus de chrétiens antisionistes se trouveront contraints de choisir entre être antisionistes ou être chrétiens, réalisant qu'on ne peut vaincre le pouvoir juif en disant aux Juifs qu'ils étaient « autrefois » choisis par leur ADN, mais « plus maintenant ».

En revanche, le sionisme chrétien continuera de croître, car de plus en plus de Juifs influents y investiront. Le sionisme chrétien gagne du terrain, et Israël met tout en œuvre pour cela. Le catholicisme lui-même se sionise depuis Vatican II, et ce n'était que le début. De Sinaï à Rome : L'identité juive dans l'Église catholique est un ouvrage récent destiné aux catholiques, « soucieux de redécouvrir la dimension juive de l'Évangile et de l'Église afin que le catholicisme retrouve toute sa dimension ecclésiale, composée de Juifs et de non-Juifs sous l'autorité du Messie d'Israël ». Les auteurs, parmi lesquels des prêtres catholiques comme Elias Friedman et Antoine Levy, « affirment que c'est seulement en prenant au sérieux le contexte juif de Jésus, de ses disciples et de ses enseignements que nous pouvons comprendre la véritable nature de l'Église : une communauté d'alliance juive établie en Abraham et accueillant les non-Juifs, les nations, pour partager cette grande promesse et ce don de Dieu ». Faisant écho à l'Épître de Paul aux Romains, l'hébraïste catholique Angela Costley affirme que « nous devrions considérer l'Église des Gentils comme une insertion en Israël », et qu'« Israël n'est pas rejeté pour ne pas avoir accepté Jésus comme le Messie comme on le pensait auparavant, mais que les Gentils sont au contraire incorporés à Israël ».

Je ne dis pas que le sionisme chrétien est une bonne chose, je dis que le christianisme a une faille, un mécanisme caché destiné à permettre au judaïsme de s'en emparer. L'Ancien Testament est un cheval de Troie juif introduit dans la cité romaine. Bien qu'il subsistera toujours des chrétiens antisionistes, le christianisme traditionnel est de plus en plus infiltré par les juifs. En France, le défenseur le plus médiatisé de la foi catholique est Éric Zemmour , un juif qui fréquente en privé les sionistes antichrétiens les plus abjects après avoir débattu avec eux à la télévision. Les catholiques sont-ils dupés ? Oui, massivement.

La meilleure métaphore de ce qui se passe se trouve dans le livre de Josué. Alors que les Israélites assiègent Jéricho, deux espions israéliens pénètrent dans la ville et passent la nuit chez une prostituée nommée Rahab. Celle-ci les cache en échange de sa vie et de celle de sa famille, lors de la prise de la ville par les Israélites. Elle fournit ensuite aux guerriers israélites les moyens d'entrer dans la ville et de massacrer tous ses habitants, « hommes et femmes, jeunes et vieux » (6:21). Pour justifier sa trahison, elle déclare aux Israélites que « Yahvé, votre Dieu, est Dieu en haut dans les cieux et en bas sur la terre » (2:11), une affirmation que ni le narrateur, ni Yahvé, ni aucun Israélite du livre de Josué ne font jamais (Yahvé est systématiquement désigné comme « le Dieu d'Israël » dans ce livre). Ma Bible catholique française ( La Bible de Jérusalem, publiée par l'École Biblique dominicaine) ajoute une note de bas de page à la « profession de foi au Dieu d'Israël » de Rahab, indiquant qu'elle « fit d'elle, aux yeux de plusieurs Pères de l'Église, une figure de l'Église des Gentils, sauvée par sa foi ». Je trouve cette note, qui compare l'Église à la prostituée de Jéricho, emblématique du véritable rôle du christianisme. Car c'est bien l'Église qui, en reconnaissant le Dieu d'Israël comme le Dieu universel, a introduit les Juifs au cœur de la ville des Gentils et, au fil des siècles, leur a permis de s'emparer du pouvoir.


[1] Paula Fredriksen, Augustin et les Juifs : une défense chrétienne des Juifs et du judaïsme , Yale UP, 2010.

[2] Jacob Neusner, Judaïsme et christianisme à l'époque de Constantin, University of Chicago Press, 1987 , p. ix.

[3] Richard Huscroft, Expulsion : la solution juive de l'Angleterre, The History Press, 2006, p. 29.

[4] Yirmiyahu Yovel, L'Autre Intérieur : Les Marranes : Identité divisée et modernité émergente, Princeton UP, 2018, pp. 76, 122.

[5] On disait que Louis le Pieux était sous l'influence de sa femme Judith, dont le nom signifie « Juive ». Elle était si amicale envers les Juifs que l'historien juif Heinrich Graetz émet l'hypothèse qu'elle était une Juive secrète, à l'instar d'Esther dans la Bible (Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Jewish Publication Society of America, 1891, vol. III, chap. VI, p. 162).

[6] Richard Huscroft, Expulsion : la solution juive en Angleterre, The History Press, 2006, p. 41-45

[7] Cecil Roth, Une histoire des Juifs en Angleterre (1941), Clarendon Press, 1964, p. 148.

[8] E. Michael Jones, L'esprit révolutionnaire juif et son impact sur l'histoire mondiale, Fidelity Press, 2008, pp. 118–123.

[9] Herbert George Wells, Le destin de l'Homo sapiens , 1939 (archive.org), p. 128.

LAURENT GUYÉNOT

 Source 

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samedi 20 décembre 2025

Gaza hosts the largest group of child amputees in modern history

 



UNRWA chief Philippe Lazzarini says nearly 42,000 Palestinians in Gaza have suffered life-changing wounds in Israel’s war – and almost one-quarter of those are children.


Connaissance et action chez Guénon



Dans ses livres "La crise du monde moderne" et "Autorité spirituelle et pouvoir temporel", René Guénon développe ses vues sur les rapports entre la connaissance et l'action. Slimane Rezki, fondateur de la plateforme Eliksir, nous en livre la teneur.



Depuis plus de vingt ans, Slimane Rezki fréquente (en France et en Algérie) ces confréries mystiques appelées "tariqa". Lui-même appartient à l’un des courants du soufisme insufflé à la suite du métaphysicien français René Guénon.

Slimane Rezki né à Saint-Ouen en 1962 réside en région parisienne. Auteur, traducteur et conférencier, il traite essentiellement des questions se rapportant au soufisme et à l’œuvre de René Guénon.

Il tient une chaîne Youtube : sawt24, où se trouvent des vidéos abordant les multiples facettes de l’islam. Il fait également partie de la Fondation René Guénon dont le but est la préservation et la diffusion de l’œuvre de René Guénon. Il est l’un des membres fondateurs de la Fondation Conscience Soufie visant à offrir la sagesse soufie au public le plus large.

Engagé dans le discours interreligieux, il participe à l’organisation de plusieurs événements annuels.




vendredi 19 décembre 2025

La chronique désobéissante d’AuBonTouite

 


A quel moment est-on devenu un peuple de débiles ?

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Le livre de Sarkozy vendu à près de 100.000 exemplaires

"Le journal d'un prisonnier" raconte les trois semaines de détention de l'ancien président de la République après sa condamnation dans le procès libyen.

Le livre de Nicolas Sarkozy, Le Journal d'un prisonnier, s'est vendu à près de 100.000 exemplaires en moins d'une semaine, a annoncé le 16 décembre son éditeur Fayard, qui qualifie de "phénoménal" ce succès.


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Pourquoi aimons-nous nos oppresseurs ?


Imaginez un instant l’avenir. Que voyez-vous ? Une botte écrasant un visage humain pour l’éternité, comme Orwell nous l’avait prédit ? Des uniformes gris, des caméras de surveillance partout, la dissidence réduite au silence et les livres interdits ? Quand nous imaginons une dystopie, la plupart d’entre nous se représentent cette vision sombre et autoritaire.

Mais si les chaînes n’étaient pas d’acier, mais de rire ? Si les oppresseurs n’étaient pas des brutes en bottes cloutées, mais des animateurs sympathiques qui nous fournissent sans relâche ce que nous désirons ? Si nos peurs les plus profondes se réalisaient non par ce que nous haïssons, mais par ce que nous aimons ?

Telle est la proposition glaçante avancée par Neil Postman dans son ouvrage majeur de 1985, Amusing Ourselves to Death : Public Discourse in the Age of Show Business (en français : Se distraire à en mourir). Il n’a pas seulement lancé un avertissement ; il a disséqué le mécanisme par lequel nous pourrions abandonner volontairement notre capacité à penser sérieusement – non à un dictateur, mais à un écran de télévision, à un sujet tendance, à un flux incessant de distractions agréables. Selon lui, la vraie menace n’est pas la censure, mais l’irrélevance. Non un silence imposé, mais une surdité consentie, provoquée par une cacophonie écrasante de futilités.
Postman ne voyait pas Big Brother s’emparer de nos esprits par la force. Il nous voyait les lui offrir avec le sourire, captivés par le spectacle.

Les deux dystopies : la peur d’Orwell contre la vision de Huxley

Postman commence par opposer radicalement deux géants de la littérature dystopique : 1984 de George Orwell et Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Nous avons tendance à nous focaliser sur la vision d’Orwell : un monde où la vérité est réprimée, les livres brûlés et l’information contrôlée par un État omniprésent.

Mais Postman estime que nous avons complètement méconnu le danger le plus pertinent. La vision de Huxley lui semble bien plus prophétique. Dans Le Meilleur des mondes, la vérité n’est pas interdite ; elle est noyée dans un océan de plaisir.

Les livres ne sont pas prohibés ; personne n’en voit l’utilité. Les individus sont contrôlés non par la douleur, mais par le plaisir – une dose constante de soma et de divertissements superficiels conçus pour les maintenir dociles, heureux et totalement dépourvus de pensée critique.

Ce qu’Orwell craignait, c’étaient ceux qui interdiraient les livres.
Ce que Huxley craignait, c’est qu’il n’y ait plus aucune raison d’en interdire un, car plus personne ne voudrait en lire
. — Neil Postman

Voilà le cœur de la thèse de Postman : une forme entièrement nouvelle d’oppression culturelle, que nous embrassons non par contrainte, mais par désir. Nous devenons les captifs volontaires de notre propre divertissement.

Quand la vérité devient spectacle

Postman soutient que le médium façonne le message, et que certains médias sont intrinsèquement mieux adaptés au discours sérieux et rationnel que d’autres. Pendant des siècles, la culture occidentale a été dominée par l’imprimé. Livres, pamphlets et journaux ont favorisé une culture de lsud l’attention soutenue, de l’argumentation logique et de la pensée complexe. La lecture exige effort, réflexion et une progression linéaire des idées.

Puis est venue l’ère de la télévision. Avec son recours aux images, aux appels émotionnels et à la nouveauté permanente, elle a transformé le discours public sérieux en divertissement. Les informations sont devenues de l’« infodivertissement », la politique un spectacle, et même la religion a été emballée pour faire de l’audience. L’important n’était plus le fond, mais qui savait raconter l’histoire la plus captivante, qui livrait le « soundbite » le plus percutant visuellement.

Considérez les conséquences :

• La trivialisation des enjeux sérieux : les crises mondiales complexes ou les politiques économiques subtiles sont réduites à des titres accrocheurs et des visuels chargés d’émotion, dépouillés de toute nuance.

• L’avènement du monde « coucou » : l’information surgit puis disparaît, déconnectée de tout contexte ou conséquence, comme dans un jeu de coucou. Rien ne retient notre attention assez longtemps pour un engagement profond.

• Le brouillage des frontières : divertissement et information deviennent indiscernables. Nous attendons de nos informations qu’elles soient aussi excitantes que nos séries, de nos politiciens qu’ils soient aussi charismatiques que nos célébrités.

Dans un tel environnement, la vérité n’a même pas besoin d’être réprimée ; elle devient tout simplement hors sujet. À quoi bon les faits quand un récit plus amusant existe ? Qui recherche la profondeur quand la surface est si facile d’accès ?

Notre captivité consentie : pourquoi aimons-nous le spectacle ?

C’est là que l’analyse de Postman devient particulièrement troublante : nous ne sommes pas les victimes d’une force extérieure, mais les complices volontaires de notre propre déclin intellectuel. Pourquoi embrassons-nous ce spectacle ?

Parce qu’il est plus facile. Plus confortable. Il nous demande moins. Penser de manière critique, analyser des problèmes complexes, participer à un débat intellectuel soutenu : voilà des tâches ardues. Elles exigent de l’effort et peuvent engendrer inconfort ou désaccord. Le divertissement, lui, est sans effort. Il promet gratification instantanée, stimulation émotionnelle et évasion permanente des pesanteurs du réel.

Quand une population se laisse distraire par des futilités, quand la vie culturelle se redéfinit comme une ronde perpétuelle de divertissements, quand la conversation publique sérieuse devient une forme de babillage infantile, quand, en somme, un peuple se transforme en public et que ses affaires publiques deviennent un spectacle de vaudeville, alors une nation est en danger ; la mort de la culture devient une possibilité claire. — Neil Postman

La forme d’oppression la plus efficace n’est pas la botte sur la nuque, mais l’oreiller moelleux sous la tête, qui nous endort dans un état où la liberté ne nous préoccupe plus. Nous nous immergeons tellement dans le spectacle que nous oublions qu’il existe un monde au-delà de la scène – un monde qui exige notre participation réfléchie.

Un appel à l’attention : reconquérir nos esprits

Postman n’était pas un luddite qui dénonçait rageusement la technologie. Il était un écologiste des médias, nous invitant à comprendre comment les différents environnements médiatiques façonnent notre cognition et notre culture. Il nous exhortait à rester conscients, critiques, et à résister à l’attrait séducteur d’un divertissement sans fin. Alors, que pouvons-nous faire ?

• Cultiver un regard critique : Apprendre à distinguer l’information authentique du simple divertissement, même lorsqu’ils sont présentés ensemble.

• Privilégier la profondeur à la largeur : Rechercher des sources qui favorisent une attention soutenue et une analyse critique, plutôt qu’un flux incessant de fragments déconnectés.

• S’engager dans une citoyenneté active : Se rappeler que le discours public n’est pas un sport de spectateur. Il exige participation, débat réfléchi et volonté d’affronter des vérités inconfortables.

• Accueillir l’ennui : Laisser place à la contemplation silencieuse, à la lecture et à la réflexion, plutôt que de saisir immédiatement la prochaine distraction.

À une époque où les algorithmes des réseaux sociaux sont conçus pour maximiser notre engagement en nous servant ce que nous « aimons », et où les cycles d’information produisent du sensationnalisme à la chaîne, les analyses de Postman sont plus pertinentes que jamais. Son œuvre nous oblige à affronter une vérité dérangeante : la plus grande menace pour notre capacité à nous gouverner nous-mêmes n’est peut-être pas un régime tyrannique, mais notre propre appétit insatiable de diversion.

Le choix nous appartient encore : nous laisser divertir jusqu’à l’irrélevance, ou nous éveiller à la profonde responsabilité d’une existence réfléchie. Quel chemin choisirons-nous ?

La soumission nous détruira tous



par le Dr Vernon Coleman


La soumission nous détruira tous. Votre vie, vos espoirs, notre culture et notre civilisation sont en jeu.

Depuis bien plus longtemps qu’on ne le croit, les conspirateurs conditionnent les masses à obéir et à se soumettre. Ils ont usé de menaces incessantes (comme le réchauffement climatique et la fausse pandémie de Covid) pour terroriser les populations du monde entier.

Nous ne pouvons riposter par la force car l’ennemi contrôle nos armées.

Lancer de la tarte aux pommes et de la crème anglaise sur les joyaux de la Couronne, bloquer la circulation, perturber les événements sportifs et asperger de teinture les pierres de Stonehenge ne fait qu’agacer ou susciter le mépris. (Toutes ces actions ont été tentées.) Ces pitoyables manœuvres ne changeront rien.

Nous ne pouvons pas riposter par les urnes car les élections sont truquées et les partis politiques interchangeables.

Alors, que faire ? La situation évolue très vite, surtout en Grande-Bretagne, où la forte hausse des impôts fonciers locaux donne aux banques un prétexte pour fermer leurs dernières agences, rendant ainsi les services bancaires en ligne inévitables.

Un programme de désobéissance civile est notre seul choix, notre seule voie vers la victoire.

Voici comment le défenseur moderne de la liberté se soustrait au système créé par les conspirateurs :

Il ne vote pour aucun parti politique. Il préfère toujours voter pour un candidat totalement indépendant, en dehors du système.

Il refuse les services bancaires en ligne. Il insiste pour utiliser autant que possible les espèces et les chèques papier.

Il refuse d’avoir une identité numérique.

Il n’a jamais porté de masque, ni en privé ni en public.

Il a refusé le vaccin contre la Covid-19 (et les autres vaccins qui lui sont proposés).

Il écrit régulièrement aux politiciens pour leur expliquer pourquoi ils devraient s’opposer à la législation sur l’euthanasie. (Je leur envoie gratuitement mon livre «The Kill Bill», disponible sur mon site web).

Il ne participe pas aux programmes de recyclage absurdement coûteux mis en place par les collectivités locales.

Il n’a pas de compteur intelligent pour l’électricité ou l’eau. (Si vous avez un compteur intelligent, vous êtes vulnérable. Si vous agacez les autorités, elles peuvent vous couper l’électricité instantanément.)

Il n’a pas de sonnette avec caméra (la plupart de ces sonnettes ne font qu’offrir aux autorités des caméras de surveillance supplémentaires).

Il n’aura jamais de caméra embarquée et, s’il se déplace à vélo, il n’aura pas de caméra sur son casque (ces dispositifs font partie de la surveillance des citoyens).

Il n’a pas de redevance télévisuelle et, si quelqu’un se présente de la BBC («si vous ne nous donnez pas d’argent pour quelque chose dont vous n’avez pas besoin, nous vous harcèlerons jusqu’à la mort»), il refusera de le laisser entrer (ce qui est son droit).

Il paie en espèces dès qu’il le peut.

Il refuse toute identité numérique.

Il ne possède pas de smartphone et ne l’utilise donc pas pour régler ses achats. (Les gens qui achètent un café avec leur téléphone m’exaspèrent, surtout quand ils mettent dix minutes à finaliser la transaction !)

Il n’a pas d’application de stationnement et ne paie pas par carte bancaire. Il paie en espèces. Et si l’horodateur n’accepte pas les espèces, il râle.

Il n’achète pas de voiture électrique. Il n’en possède ni n’en conduit. En fait, il conduit une voiture du XXe siècle. Les voitures construites après le début du XXIe siècle sont généralement connectées à Internet. On pourrait penser que c’est bien d’avoir une voiture équipée de caméras et d’un GPS, mais si votre voiture peut vous géolocaliser, elle transmet aussi votre position aux autorités, votre vitesse, etc. Votre voiture vous dénoncera à chaque instant. Et lorsque le gouvernement instaurera une tarification au kilomètre, votre voiture transmettra aux autorités la distance parcourue afin qu’elles puissent calculer votre facture. Les voitures plus anciennes sont généralement plus fiables et plus faciles (et bien moins coûteuses) à entretenir et à réparer. De plus, si vous achetez une voiture de plus de 40 ans, vous êtes exempté de taxe routière et de contrôle technique annuel.

Il n’investit pas dans les cryptomonnaies (qui constituent la porte d’entrée vers les monnaies numériques).

S’il passe devant un système de reconnaissance faciale, il se couvre le visage autant que possible. Personnellement, j’utilise un chapeau rabattu sur les yeux et une écharpe pour me dissimuler le visage.

Il refuse de communiquer son empreinte vocale à toute banque, etc.

Il n’achète ni ne s’abonne à aucun journal d’entreprise.

Et ainsi de suite. Je suis sûr que vous pouvez en trouver d’autres.

Je suis certain que nombre de lecteurs riront de mon programme de désobéissance – le monde regorge de râleurs et de pleurnichards qui se complaisent à critiquer sans réfléchir, mais qui sont trop lâches pour agir eux-mêmes et qui n’osent jamais prendre position. Pourtant, c’est notre seul moyen de lutter contre un système qui s’acharne à éroder notre liberté et à contrôler chaque aspect de nos vies.

Que feront-ils si nous refusons tous de coopérer à leur programme de «formation» et de contrôle ?

Le fait est que nous sommes la majorité et que nous avons le pouvoir.

Vous pouvez choisir de ne rien faire.

Ou vous pouvez agir : refuser de vous soumettre. Vous pouvez partager ces idées avec tous vos proches. Que feront-ils si nous refusons tous, en silence, d’obéir ?

source : Vernon Coleman via Marie-Claire Tellier via RI



jeudi 18 décembre 2025

Occult Theocracy

 



Occult Theocracy is a massive two-volume work (over 700 pages total) written by Edith Starr Miller (1887-1933), an American-born British socialite who became Lady Queenborough through marriage.

The book was published posthumously in 1933, shortly after her death following surgery. It is presented as a work of research and documentation rather than literary writing, compiling historical accounts, quotations, and allegations about secret societies and occult groups.

Structure and Content

The book is encyclopedic in style, with short-to-medium chapters dedicated to individual organizations, sects, or traditions. It spans from ancient mystery religions (e.g., Babylonian, Egyptian, Brahminism, Mazdeism, Jainism) to medieval and modern groups (e.g., Knights Templar, Rosicrucians, Freemasonry and its many rites, Illuminati, Carbonari, Theosophy, Anthroposophy, Martinists, Satanism, and even political-revolutionary societies like the Jesuits or certain Masonic offshoots).

Each chapter typically provides: A brief historical overview.

Key figures. Rituals or symbols (where known or alleged). Supposed connections to other groups.

The book includes a glossary of occult terms, a bibliography (mostly secondary sources popular in anti-Masonic/anti-occult circles of the time), and an index.

It explicitly states it is incomplete and intended as a warning rather than a definitive scholarly treatise.

Central Thesis and Message

Miller defines "occult theocracy" as rule over the masses by a hidden hierarchy of priests, adepts, or initiates who possess secret (esoteric) knowledge while feeding the public simplified or deceptive (exoteric) teachings.

She claims virtually all secret societies and occult traditions -- regardless of their apparent differences or rivalries -- are interconnected branches of a single subterranean network ultimately rooted in ancient mystery cults and serving anti-Christian (often explicitly Satanic or Luciferian) purposes.

The core message is alarmist and apocalyptic: This invisible occult government has infiltrated and manipulated politics, finance, religion, and culture for centuries, orchestrating revolutions, wars, and moral decay with the goal of destroying Christian civilization and establishing a global synarchic (hidden joint-rule) theocracy under its control.

Miller portrays this force as the root cause of "present-day subversive upheavals" (Communism, modernism, etc.) and urges readers to recognize and resist it to preserve traditional (Christian-monarchist) order.

The book is deeply conspiratorial, strongly anti-Masonic, anti-Jesuit, and contains pronounced antisemitic elements (repeatedly linking Judaism, the Cabala, and "Judeo-Masonic" plots).

It reflects the far-right, pro-fascist sympathies of the author and her circle in the interwar period and has since become a foundational reference in certain conspiracy, traditionalist, and extreme-right literatures.

Critics (Freemasons) universally regard it as unreliable propaganda rather than serious history, but it remains influential in those niche spheres as a vast "sourcebook" of alleged occult connections.





Satanisme et transgression de masse

 




Satanisme et transgression de masse


par Laurent Guyénot


D’après les commentaires que suscitent certains de mes articles ou entretiens récents, je constate qu’il y a un malentendu autour de la notion de satanisme. Il me semble donc utile d’apporter la précision suivante.

Si l’on croit à l’existence de Satan, on peut juger certains individus ou groupes d’individus « sataniques », c’est-à-dire considérer qu’ils agissent contre Dieu, donc au service de l’ennemi de Dieu. Cela ne signifie évidemment pas que ces individus se considèrent comme tels, c’est-à-dire qu’ils agissent sciemment au service du diable, encore moins qu’ils lui vouent un culte dans des réunions secrètes. Autrement dit, accuser quelqu’un d’être « satanique » n’est pas la même chose que l’accuser d’être « sataniste ». Lorsque je prétends qu’il n’y a aucune raison objective de considérer qu’untel est un « sataniste », je ne nie pas qu’on puisse le considérer comme « satanique », ou possédé par des pulsions perverses, ou même criminel et méritant d’être abattu comme un chien. Je ne nie même pas l’existence de Satan. Je dis simplement qu’il est déraisonnable de supposer, sans aucune preuve, qu’il se livre à un culte rituel de Satan (Lucifer, Belzébuth, Baphomet, etc.), avec ou sans sacrifice humain.

Par ailleurs, dans aucun de mes articles ou entretiens, je ne nie la réalité ni ne minimise la gravité de la pédocriminalité de réseau. Mon argumentaire porte sur une « théorie du complot » qui, à mon avis, nuit précisément à la recherche et à la réflexion sur la pédocriminalité. Cette théorie du complot affirme, de façon plus ou moins explicite, que les adorateurs de Satan gouvernent l’Occident dans l’ombre (thèse radicale), ou qu’un nombre important de nos élites occidentales vouent un culte à Satan (thèse modérée). Plus qu’une « théorie du complot », c’est une « mythologie du complot », car elle ne s’appuie sur aucun fait établi.

Je pense que cette mythologie, si elle n’est pas nouvelle, est aujourd’hui alimentée et exploitée dans un but d’infiltration cognitive ou d’opposition contrôlée. L’objectif n’est pas d’entraver notre découverte qu’« on nous ment », mais au contraire de nous y pousser jusqu’au délire paranoïaque, tout en détournant notre attention du vrai problème et des vrais ennemis. C’est ce que j’ai appelé dans une conférence récente, la « pilule noire ».

Un peu de logique : pour vouer un culte à Satan, il faut croire à Satan, et donc croire aussi à Dieu et décider d’agir contre Dieu ; en fait, adorer Satan signifie croire que Dieu et Satan se livrent un combat cosmique et décider de se rallier au perdant annoncé par les prophéties. La personnification du Mal en Satan est le pendant de l’anthropomorphisation de Dieu dans la tradition chrétienne. Ce n’est pas à l’intérieur de ce paradigme que pensent la majorité des hyper-riches et des hyper-puissants qui nous gouvernent.

Ceux qui, comme nos Young Global Leaders, font la promotion du transhumanisme, de l’homosexualisme ou du transgenrisme, le font au nom d’une conception du Progrès, pas de Satan. On peut qualifier leur projet de satanique, mais il n’implique pas nécessairement, de la part de ses concepteurs, un culte de Satan. On peut en dire autant de tous les artistes dégénérés et de leurs mécènes, ou encore de tous ceux qui font de l’inversion des valeurs la valeur suprême. Ils se croient progressistes, pas satanistes.

Par ailleurs, soyons sérieux, si l’on analyse la loyauté des élites politiques américaines – celles qui se retrouvent au Bohemian Grove par exemple – on constate aisément que, s’ils ont juré allégeance à une entité, ce n’est pas à Satan ou Moloch, mais à Israël, et très ostensiblement. D’où le soupçon que le mythe de leur rites sataniques sert à détourner l’attention des simples d’esprits de leur soumission réelle à Israël.

Le satanisme culturel comme transgression de masse

Je pense que l’expression « transgression de masse » introduite par Alain Soral permet de sortir de la confusion. Appelons donc « transgressisme » l’idéologie ou le paradigme caractéristique de l’Occident collectif décadent. Il existe bien une composante proprement satanique dans ce transgressisme. Il y a depuis longtemps du satanisme dans le rock heavy metal (black metal, etc.), et plus récemment, on a vu apparaître une esthétique explicitement satanique dans la musique pop grand-public, par exemple à l’Eurovision, devenue depuis la prestation de Madonna en 2019 un haut lieu de ce satanisme culturel. Certes. Mais ce satanisme culturel n’est qu’une forme de transgression parmi d’autres : la transgression du sacré et du religieux.

Et je n’ai pas besoin de vous dire QUI est derrière tout cela. Ce ne sont pas des adorateurs de Satan, mais des adorateurs de Yahvé qui injectent du satanisme dans l’art et dans l’industrie du divertissement, pour la même raison qu’ils promeuvent la pornographie, la pédophilie, l’homosexualisme, le transgenrisme et toutes les formes possibles de transgression pour détruire spirituellement et démographiquement la civilisation européenne.

En outre, il faut bien du spectacle de satanisme pour générer l’angoisse d’une menace civilisationnelle venant du satanisme. La relation entre le satanisme et la dénonciation du complot sataniste est la même qu’entre le racisme et l’anti-racisme. Cette opposition dialectique artificielle n’appelle aucune synthèse hégélienne, car elle est faite pour générer toujours plus de stress, de division et de confusion.

L’idéologie de la transgression de masse est propre à encourager la pédophilie : croire qu’il n’existe aucune morale transcendante et que les lois naturelles sont faites pour être transgressées, c’est en effet ce que pensent généralement les pédophiles, ceux du moins qui sont capables de conceptualiser leur perversion. La progression effrayante de la pédophilie n’est donc pas due à la montée du satanisme (inexistante), mais à la montée du transgressisme (incontestable). Encore une fois, ce transgressisme est peut-être satanique à nos yeux, mais il ne se confond pas avec le « satanisme », au sens d’un culte religieux de Satan. Certes, nul n’est tenu d’adopter cette distinction lexicale, et chacun est libre de continuer de parler de « pédo-satanisme » pour signifier que la pédophilie est satanique. Mais il n’existe aucune preuve sérieuse que la pédocriminalité est liée à un culte de Satan. Le lien entre les deux est mythologique et non pas historique.

Pour résumer, je distingue deux forces principales pour expliquer l’émergence du transgressisme comme idéologie civilisationnelle dominante : une force intérieure et une force extérieure.

D’une certaine manière, le transgressisme est une évolution presque inévitable du progressisme, qui est l’idéologie dominante de l’Occident depuis au moins le XIXe siècle. Le progressisme postule, plus ou moins ouvertement, que tout ce qui est possible techniquement est souhaitable (surtout s’il y a un marché potentiel : le progressisme et l’idéologie du capitalisme). Cela s’applique à la technologie médicale : la contraception chimique est bonne dès lors qu’elle est possible. C’est le progrès. Pareillement, le changement de sexe devient une bonne chose dès lors qu’il est possible et qu’on peut susciter une demande, donc un marché.

Cependant, cette logique interne n’explique pas tout : la promotion de la pédophilie, par exemple, ne repose pas sur une avancée technologique, et s’inscrit difficilement dans une logique progressiste. Il y a donc une force extérieure qui pousse notre civilisation dans la transgression de masse. Cette force provient d’une communauté parasitique et hostile, qui camoufle son action par différents stratagèmes. La mythologie des élites satanistes est l’un de ces stratagèmes. C’est un nuage de fumée, ou plutôt un nuage d’encre noire.

Les satanistes n’ont aucun pouvoir ; c’est pourquoi vous pouvez les dénoncer autant que vous le voulez sans conséquence. Jean-Dominique Michel a fait récemment une vidéo sur le thème « La pédo-criminalité et le pédo-satanisme gouvernent-il notre monde ? », et l’a postée sur YouTube avec le titre : « Celle-ci sera-t-elle censurée ? » Eh bien non ! Je lui propose de renouveler maintenant l’expérience avec une vidéo sur le thème « Les juifs gouvernent-ils le monde ? »

Ronald Bernard, le whistleblower bidon des banquiers lucifériens

Outre ma critique de la mythologie des élites satanistes, j’ai voulu, dans mes articles et entretiens récents, mettre en garde contre les pièges qui nous sont tendus sur le chemin de la réinformation. Nous avons trop tendance à croire les affirmations qui vont dans le sens de nos opinions, sans nous donner suffisamment la peine d’en chercher les preuves.

Si nous cherchons sincèrement la vérité, nous devons rester ancrés dans l’argumentation rationnelle. Cela demande un travail de recherche, de lecture et de réflexion. Si nous ne sommes pas prêts à faire ce travail, alors suspendons notre jugement. Et ne croyons pas telle ou telle autorité sur parole. Car outre l’infiltration cognitive organisée par certains réseaux, il y a, dans le climat de compétitivité des youtubeurs et autres faiseurs d’opinion, une tendance à en rajouter. Il faut toujours du nouveau, du scoop, des révélations fracassantes, et l’on gagne des vues facilement en flattant le goût des masses pour le morbide. La « psychologie des foules » et sa tendance à l’hystérie collective (Gustave Le Bon) peuvent être exploitées aussi bien par le Système que par les opportunistes ou les infiltrés de l’anti-Système.

En 2013 est apparue une interview d’un homme se présentant comme un financier néerlandais du nom de Ronald Bernard. La vidéo a rapidement été traduite en plusieurs langues et a attiré des dizaines de milliers de vues en Europe. En 2017 a circulé la nouvelle de sa mort mystérieuse (sur un site spécialisé dans les fausses nouvelles, thepeoplesvoice.tv), mais sa chaîne YouTube, qui compte maintenant 50 000 abonnés, a continué de poster de nouvelles interviews jusqu’en 2023. Bernard affirme avoir eu une connaissance directe des pratiques criminelles de l’élite financière mondialiste, ayant traité directement avec « des gouvernements, des multinationales, des services secrets et d’autres organisations terroristes », supervisant parfois le convoyage de camions remplis de billets de banques. « J’ai joué au plus haut niveau pendant environ cinq ans. » Il a découvert que ces gens étaient des lucifériens lorsqu’ils l’ont emmené « dans des endroits appelés Églises de Satan », où ils faisaient « leur sainte messe avec des femmes nues, de l’alcool et d’autres choses ». Cela l’a amusé jusqu’à ce qu’on lui demande de « participer à un sacrifice d’enfant ». Il a refusé. Il a ensuite étudié la Bible et Les Protocoles des Sages de Sion, a vécu une expérience de mort imminente et a réalisé que « le monde entier, tel que nous pensons le connaître, n’est qu’une illusion à laquelle nous croyons ». Ah, et avant qu’il quitte le monde satanique, « on m’a torturé physiquement […] afin de s’assurer que je ne romprais jamais le contrat du secret ». Il faut prendre cela, je suppose, comme explication suffisante du fait que, bien que sachant tout, il ne dit rien : pas un nom, pas un lieu, pas une date qui pourrait donner un peu de chair à son histoire purement abstraite. En fait, il est impossible de trouver le nom de la société qu’il prétend avoir dirigée. Ronald Bernard n’a aucun passé documentable, ce qui est tout simplement invraisemblable pour quelqu’un qui prétend avoir créé des entreprises et « gravité dans les plus hautes sphères de l’élite financière ». Ce type n’a pas de CV. Il n’a peut-être même pas d’acte de naissance. Vous trouverez ici le témoignage d’une personne qui prétend avoir travaillé avec lui, jusqu’à s’apercevoir que rien ne permettait de confirmer son récit autobiographique.

Ce qui renforce ma suspicion, c’est que son seul projet semble être la création d’une « plateforme financière » nommée B. of Joy, qui vous promet, en échange de votre argent, un « revenu émotionnel » (emotional return).

Si vous êtes plus chanceux que moi et trouvez une preuve, aussi mince soit-elle, de l’authenticité du personnage et de son témoignage, indiquez-le en commentaire. Sinon, réfléchissez bien : pourquoi lui feriez-vous confiance ? Est-ce parce qu’il a une bonne tête et verse une larme en évoquant ce moment crucial où il a vu un enfant sacrifié ? C’est troublant, j’en conviens. Mais ce n’est pas une preuve. Peut-être a-t-il pris des cours de théâtre. Le monde est plein d’acteurs prêts à se faire passer pour des experts ou des insiders et raconter n’importe quoi dans des documentaires bidons comme, par exemple, Above Majestic. Tiens, comme par hasard, Ronald Bernard apparaît dans ce film.