mercredi 3 décembre 2025

Le Pape au Liban, beaucoup de chrétiens libanais se sentent oubliés par l’Église


L'Orient-Le Jour :

Le Pape au Liban, l’absence du Sud dans son programme suscite incompréhension et déception dans les villages frontaliers, où les destructions de la guerre israélienne restent omniprésentes.

À Alma el-Chaab, dont plus de la moitié des habitants ont fui et où même l’église a été frappée, beaucoup se sentent oubliés par l’Église et espéraient un geste symbolique : la présence du Pape, perçue comme un signe de paix au milieu des tensions croissantes et des frappes qui se poursuivent malgré le cessez-le-feu.





Un saint guérisseur libanais pour oublier l'incurie de l'Eglise 



Pour la toute première fois dans l’histoire papale, le pape Léon XIV a prié sur le tombeau de Saint Charbel (Youssef Makhlouf), au monastère de Saint-Maron, à Annaya. Saint Charbel est célèbre pour les miracles qui lui sont attribués, avec plus de 29 000 guérisons recensées.




Youssef Makhlouf naît le 8 mai 1828 dans le village maronite de Bekaakafra, le village le plus élevé du Liban, à 1800 mètres d’altitude. Il est le fils d’une modeste famille de paysans, son père meurt alors qu’il a trois ans, Youssef est élevé par sa mère et hérite d’elle une foi profonde. 

A sept ans il est berger et tandis que son troupeau se repose il se réfugie souvent dans une grotte pour prier. Il va à l’école du village ou il étudie l’arabe et le syriaque. 

Très jeune, il est attiré par la vie monastique. A vingt ans, il se rend souvent au monastère de Notre-Dame de Mayfouk de l’ordre libanais maronite, et décide d’y entrer. Youssef prend l’habit et choisit le nom de Charbel, illustre martyr de l’Eglise d’Antioche. 

Dès le début de sa vie religieuse, sa générosité dépasse toute obligation, aucun travail manuel ne le rebute, on le charge de nettoyer les couloirs, collecter les ordures, défricher les terres incultes. Il est ordonné prêtre en 1859 à Bkerke, Charbel va alors passer 16 ans dans le monastère Saint Maron d’Annaya. 

A l’âge de 47 ans, le Seigneur lui inspire de se retirer dans un ermitage. Les supérieurs n’acceptent pas facilement et demandent un signe au Seigneur. Ce signe sera que la lampe de saint Charbel, remplie d’eau à la place de l’huile, brûlera normalement. Dès le lendemain, 15 février 1875, le père Charbel obtient de son supérieur la permission de se retirer dans l’ermitage saint Pierre et saint Paul voisin du monastère. 

Pendant 23 ans, jusqu’à sa mort, il va mener une vie de prière et de pénitence dans le dénuement et l’obéissance, guérissant de nombreux malades et délivrant le monastère de nombreux fléaux sur ordre de ses frères moines. 

Charbel meurt le 24 décembre, pendant la vigile de Noël. En 1950, sa tombe est ouverte et son corps non corrompu, exsudant de manière surnaturelle du plasma, est exposé aux visiteurs. Cette année est marquée par le grand nombre de miracles qui ont lieu autour du tombeau de saint Charbel.

"Saint Charbel Makhlouf, biographie et paroles", PDF.




Sarkozy ressuscité par Bolloré : le plan de l’oligarchie



Onze jours après sa sortie de prison, Nicolas Sarkozy déclenche une opération de réhabilitation politique menée avec une précision d’horlogerie. Son livre n’est pas un témoignage sincère mais un outil destiné à remodeler son image, effacer ses responsabilités et activer les réseaux qui le protègent depuis vingt ans. Vincent Bolloré lui ouvre un couloir médiatique intégral, preuve que l’ancien président ne revient pas par sa propre force mais grâce à un appareil oligarchique qui refuse d’abandonner l’un de ses piliers. Ce retour scénarisé relève d’une démonstration de puissance d’un réseau intact, décidé à imposer son récit malgré les condamnations successives.

Nicolas Sarkozy utilise la machine Bolloré pour camoufler sa vulnérabilité politique. Privé de véritable base électorale, il s’accroche à un empire médiatique conçu pour sauver l’image de l’élite dont il est l’une des figures les plus exposées. L’alliance restaurée lui garantit un espace où les questions dérangeantes disparaissent et où son rôle est présenté sous un jour héroïque. Ce dispositif vise à saturer l’opinion et à imposer un récit émotionnel destiné à remplacer les faits. Sarkozy transforme sa propre déchéance judiciaire en instrument d’autorité feinte, exploitant l’appui d’un milliardaire pour réoccuper un terrain que le verdict populaire lui avait retiré.

La surexposition médiatique confirme la réalité de son affaiblissement. Le livre n’est pas l’expression d’un courage, mais la première étape d’une stratégie de survie politique. Sans Bolloré, Sarkozy serait déjà relégué à l’arrière-plan ; avec Bolloré, il s’invente une posture de martyr pour masquer un effondrement de crédibilité. Cette manœuvre cherche à ressusciter son influence au sein d’une droite fragmentée, en imposant artificiellement une centralité qui n’existe plus. Sarkozy n’éclaire rien : il se protège, il se recycle, il se reconstruit à l’abri d’une machine médiatique docile.

La stratégie de Bolloré pour préserver sa sphère d’influence

Vincent Bolloré réactive son arsenal médiatique non par fidélité personnelle, mais par nécessité stratégique. Sauver Sarkozy revient à préserver un acteur docile, un relais historique capable de défendre un modèle de pouvoir concentré, vertical et hostile à toute transparence. Son empire médiatique devient l’outil principal de cette protection, offrant à Sarkozy une tribune sans contradiction où la réalité disparaît sous les artifices narratifs. Bolloré ne soutient pas un homme : il soutient un système qui assure sa propre domination.

Cette opération s’appuie sur la persistance d’un État profond français composé de hauts fonctionnaires, de cabinets d’affaires, de magistrats influents et de réseaux économiques qui continuent de tenir Sarkozy à l’abri. Le soutien de Bolloré amplifie cette protection en lui offrant une capacité d’imposition du récit que peu d’acteurs possèdent. Cette coalition médiatico-politique maintient un ordre ancien, immunisé contre le contrôle citoyen. Elle neutralise les contre-pouvoirs, façonne les perceptions et préserve les privilèges de ceux qui profitent du système depuis des décennies. Ce retour orchestré dévoile la résistance acharnée d’une oligarchie qui refuse toute remise en cause.

La logique économique et l’offensive de communication

La publication du livre relève d’une stratégie commerciale autant que politique. Cette opération garantit à Sarkozy une rémunération conséquente, portée par une exposition médiatique massive et un battage organisé. Mais l’enjeu majeur n’est pas l’argent : c’est la reconstruction d’une légitimité perdue. Le livre devient un prétexte pour réapparaître, pour occuper le terrain et pour transformer une condamnation pénale en récit instrumentalisé. Le calcul est froid : convertir une faiblesse en opportunité, faire de la prison un argument d’autorité, exploiter l’émotion pour relancer une influence moribonde.

La communication déployée s’appuie sur une mécanique implacable : saturation de l’espace médiatique via les chaînes amies, dramatisation de la détention, puis transformation de Sarkozy en figure de résilience. Cette stratégie impose un récit unique, élimine toute critique sérieuse et neutralise le débat public par une mise en scène parfaitement huilée. Bolloré verrouille l’environnement informationnel afin de présenter son allié comme une victime exemplaire plutôt que comme un responsable politique rattrapé par la justice. À travers cette opération, Sarkozy et Bolloré tentent d’imposer une fiction : celle d’un ancien président racheté par l’adversité, alors qu’il ne fait que confirmer la puissance persistante d’une oligarchie qui façonne la France selon ses propres intérêts.

Mike Borowski décrypte le retour politique de Nicolas Sarkozy, en direct sur Géopolitique Profonde :




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Le journal d'un prisonnier 
par  Nicolas Sarkozy


Il y eut Nelson Mandela : vingt-sept ans de prison pour avoir défié l’apartheid, et en sortir avec une stature de géant moral.

Il y eut Luiz Inácio Lula da Silva : dix-neuf mois d’enfermement, fruit d’une véritable persécution politique, avant de revenir plus fort et de redresser un pays.

Il y eut José Mujica : quatorze ans de geôle sous la dictature militaire, avant de devenir le président le plus humble — et le plus respecté — du monde.

Il y eut Václav Havel : emprisonné pour ses convictions, transformant sa détention en manifeste universel pour la liberté.

Tous ces ex ou futurs présidents affrontèrent la prison avec courage, vision et profondeur historique.

Et puis il y a Nicolas Sarkozy. Vingt jours à la Santé — pour des affaires judiciaires — puis la libération polie d’un « aménagement de peine ». 

Vingt jours ! À peine le temps de repérer la cantine, de s’ennuyer un peu, de constater que les murs sont gris… et déjà l’ancien président en tire Le journal d’un prisonnier, convertissant cette halte éclair en tragédie existentielle, comme si Sisyphe avait trébuché sur un gravillon.

Mandela forgeait en prison un héritage moral. Lula, un combat politique. Mujica, une leçon de vie. Havel, une pensée universelle. Sarkozy, lui, un contrat d’édition, et la conviction que vingt jours de cellule suffisent à mériter un chapitre dans l’histoire de l’héroïsme moderne.

S’il y avait passé une semaine de plus, il se serait peut-être cru autorisé à réécrire La Condition humaine. Deux semaines de plus et il nous livrait Lettre à ma prison, expliquant que la postérité lui doit au moins une statue, fût-elle en résine. Mais vingt jours : juste ce qu’il faut pour se fabriquer une posture de martyr low-cost, un souffle épique de poche.

D’autres ont fait de leur détention un message pour l’humanité. Sarkozy en a fait… un produit dérivé. (A Fahdel)

Patrick Champagnac



mardi 2 décembre 2025

Non, les pyramides de Gizeh n’ont pas été construites par d’anciens esclaves hébreux




par Juan Cole


Le mythe tenace véhiculé par les Israéliens sur les questions historiques devient un véritable danger géopolitique, tout autant que les affabulations des sionistes chrétiens, comme l’actuel ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou affirme que le juriste musulman ou mufti Amin al-Husseini aurait incité Hitler à commettre l’Holocauste, probablement l’une des déclarations les plus provocatrices et islamophobes qui soient, et un mensonge absolu.

Parmi les nombreuses fausses allégations historiques persistantes, il faut citer celle selon laquelle les pyramides de Gizeh auraient été construites par des esclaves juifs, pyramides qui font l’actualité avec l’inauguration du superbe nouveau musée égyptien. Cette affirmation a été largement diffusée par le Premier ministre israélien Menahem Begin en 1977, à la stupéfaction de son interlocuteur dans les négociations, le président égyptien Anwar El Sadat.

Egypt Independent rapporte que Magdy Shaker, archéologue en chef au ministère du Tourisme et des Antiquités, «a fustigé les déclarations du journaliste israélien Eddy Cohen sur le rôle d’Israël dans la construction des pyramides», concluant : «On se demande comment on peut prétendre avoir participé à la construction d’un édifice aussi monumental que la pyramide de Khéops sans même exister à l’époque».

Les Hébreux ou «juifs» n’ont pas participé à la construction des pyramides, car il n’y avait pas encore de juifs à cette époque. Les trois pyramides de Gizeh ont été construites pendant la IVe dynastie (vers 2575-2465 avant notre ère). Moïse est un personnage mythique imaginé par les scribes juifs de l’Iran achéménide dans les années 500 avant notre ère et plus tard, d’après des récits populaires circulant au sujet d’une branche des Cananéens, et on ignore s’il a réellement existé et à quelle époque. Si l’on en croit la tradition, il aurait vécu entre 1391 et 1271 avant notre ère, soit quelque 11 siècles après la construction des pyramides.

Les archéologues ne trouvent pas en Palestine de preuves de ce qu’on considère comme des pratiques juives typiques, telles que l’absence de porc et de certains fruits de mer dans l’alimentation, ou le refus d’adorer plusieurs dieux, avant les années 200 avant notre ère. Il est donc difficile de déterminer à partir de quand les juifs ont commencé à être identifiables, par opposition à une branche des Cananéens qui vouaient un culte particulier à l’une des anciennes divinités cananéennes.

Non seulement les esclaves juifs n’ont pas construit les pyramides, mais on sait désormais avec certitude que les ouvriers n’étaient nullement des esclaves. Comme l’écrit Natalie Martin, «les dernières découvertes révèlent une main d’œuvre permanente d’environ 10 000 ouvriers qualifiés et saisonniers, dont la plupart étaient bien nourris, logés à proximité dans des villes éphémères et travaillaient par équipes».

Nous savons depuis longtemps que les ouvriers étaient bien logés et bien nourris, avec des rations de viande et de bière, même si les manœuvres consommaient probablement plus de viande maigre de chèvre que d’aloyau. Des inscriptions récemment découvertes dans les pyramides mentionnent des équipes d’ouvriers et font référence à des contremaîtres et des artisans, poursuit Martin. Ces inscriptions confirment l’existence d’une main-d’œuvre hiérarchisée et bien organisée. Les équipes provenaient de nombreuses provinces de l’empire de la IVe dynastie et travaillaient probablement par roulement. À l’époque, Gizeh se situait sur un bras du Nil aujourd’hui disparu, et était donc un port florissant.

Les tombes de certains ouvriers ou contremaîtres subsistent dans la région, et comme le souligne le doyen des égyptologues Zaki Hawas, les esclaves n’avaient pas droit aux tombes dans l’Égypte antique.

Si vous souhaitez en savoir plus, consultez le livre de Mark Lehner, à partir de la page 397, dans cet ouvrage sur le travail dans le monde antique.

Mark Lehner émet d’ailleurs l’hypothèse intéressante que certains artisans étrangers auraient travaillé sur les pyramides, non pas comme esclaves, mais comme ouvriers doués de compétences spécifiques, notamment dans le travail du granit ou du cuivre. Cette expertise pourrait être issue de la cité-État phénicienne de Byblos. Des Nubiens d’Égypte supérieure et des Libyens auraient également participé à ces travaux. Bien qu’il s’agisse principalement d’un projet égyptien, plusieurs peuples de la région de l’époque ont peut-être apporté une contribution mineure, d’où le caractère cosmopolite du projet.

Quant aux Israélites, il n’existe aucune trace archéologique de leur passage en Égypte, et encore moins de leur asservissement. Les évènements de l’Exode sont souvent associés au règne de Ramsès II (qui régna de 1279 à 1213 avant notre ère), mais une grande stèle à Louxor détaillant les événements de son règne, où je suis allé une fois, ne mentionne pas d’esclaves hébreux, ni de révolte d’esclaves, ni de traque jusqu’à la mer Rouge, et Ramsès II ne s’est pas noyé dans ses eaux. Ramsès II a vécu jusqu’à l’âge de 90 ans et est mort dans son lit. Sa momie révèle qu’il souffrait de problèmes dentaires, d’arthrite et d’artériosclérose.

L’histoire, comme tout le reste dans la société contemporaine, est politique, et les falsifications historiques sont souvent exploitées pour rallier les populations à des intérêts bien précis ou revendiquer une prétendue gloire passée. Ces dérives sont inacceptables pour tout individu sain d’esprit. Au lieu de tirer gloire de ses ancêtres, nous devrions plutôt agir en êtres humains bienveillants, éthiques, créatifs et généreux. Agiter les vieilles rancœurs remontant à des lustres devient même inquiétant, surtout sans la moindre preuve archéologique ou scientifique.

Source : Informed Comment via Spirit of Free Speech via RI



lundi 1 décembre 2025

"Le rôle du souverain était de chasser les usuriers"


Etienne Chouard :

"Avant le 18ème siècle, un jubilé effaçait les dettes tous les 50 ans. Le rôle du souverain était de chasser les usuriers. Aujourd'hui, les usuriers sont devenus les souverains… et la dette ne cesse de gonfler."




Commentaire :

"(...) la démocratie représentative reprise des Anglo-Saxons est le régime politique qui permet cet assujettissement à la finance : le peuple ayant délégué sa souveraineté perd le contrôle de l’Etat, sauf s’il peut utiliser le mandat impératif et les procédures référendaires."

Pascal Gannat




dimanche 30 novembre 2025

Le discours de Macron sur le service militaire volontaire a-t-il indisposé un soldat ?

 




Pendant l'allocution de Macron à la nation, un jeune militaire posté juste derrière lui a soudainement enfreint le protocole.

Il s'agite, jette des regards nerveux autour de lui, puis se retourne brusquement et quitte la scène sous l'œil des caméras, tandis que Macron imperturbable continue de parler du service militaire volontaire.

Etait-ce le stress, un problème de santé (l
es symptômes avant-coureurs d'un malaise vagal) ou un signe du destin augurant la chute du régime oligarchique français* ?


Le hasard n'existe pas



"Le Hasard n'existe pas" de Karl Otto Schmidt est un bouquin qui te fait vraiment réfléchir sur les fameuses “coïncidences” de la vie. Et si ces petits événements qu'on pense aléatoires avaient en réalité un sens caché ? C'est exactement ce que Schmidt explore, avec une approche qui mélange science, spiritualité et introspection.



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Oligarchie et scandales : de Georges Pompidou à Emmanuel Macron


par Laurent Brayard

Depuis la fin des années 60, la République française a été frappée de nombreux scandales politiques avec une accélération notable à partir de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, mais surtout des deux septennats de François Mitterrand. Après une légère baisse sous les deux mandats de Jacques Chirac, ils sont repartis à la hausse pour battre des records sous les mandats actuels d’Emmanuel Macron.  Dans un autre article que j’avais rédigé sur cette thématique, l’explosion est même notable depuis l’arrivée au pouvoir du président actuel, un niveau de corruption que la France n’avait pas même connue dans les heures sombres de la présidence Mitterrand. Le curseur de corruption est hélas à son paroxysme et il pose de légitimes questions.

Une corruption transversale touchant le plus haut niveau de l’État, jusqu’aux administrations des régions, des départements et des mairies

Depuis 1969, c’est un total de 205 scandales politiques, mais leur nombre est beaucoup plus important en réalité, car cette liste ne concerne que ceux touchant des présidents, des ministres, des sénateurs ou des députés. D’autres comme ceux touchant des institutions françaises devraient être ajoutés à cette liste, comme ceux ayant frappé depuis les années 90, la Safer. (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural), ou encore d’importantes associations liées à l’État français et dont les causes ont été ou sont financées par de l’argent public (car reconnues d’utilité publique). L’un des plus tristes exemples fut celui de la Fondation pour la recherche sur le cancer (ARC), qui défraya la chronique avec son président, Crozemarie qui détourna plus de 20 millions de francs et trempait dans des magouilles multiples. Au niveau régional, des témoignages que j’ai relevé dans le passé, notamment autour de la Sécurité Sociale, montrent également une corruption généralisée dans certaines administrations françaises. Les pratiques sont souvent celles tournant autour des passe-droits durant les appels d’offres publics, qui en réalité sont biaisés, de juteux contrats étant ensuite confiés à des «amis» proches des dirigeants, moyennant des services et des enveloppes qui se glissent sous la table. L’un des faits les plus graves que j’ai eu à relever, fut le vol à une startup de trois jeunes entrepreneurs, une entreprise de graphisme, qui fut écartée et dépossédée de son projet, par de hauts fonctionnaires de la Mairie de Dijon, au tout début des années 2000, à propos d’un projet culturel sur le château de Dijon, une petite sœur de la Bastille qui fut rasée à la fin du XIXe siècle.

Une société malade qui n’a pas de phare pour la guider

La raison de cette corruption endémique est avant tout dans la faiblesse justement du pouvoir politique, lui-même impliqué au premier chef. Les phares ne fonctionnent plus depuis longtemps et faute d’exemples venus du plus haut niveau de l’État, les pratiques se sont démocratisées et répandues à tous les niveaux de l’appareil d’État et administratif. Les importants scandales politiques qui font surface dans les médias, ne sont d’ailleurs souvent que des «coups» organisés par des franges politiques adverses, dans des luttes où l’information est utilisée comme une arme. Sans cela, il serait d’ailleurs difficile d’avoir accès aux principaux scandales. Mais les affaires, même sorties et révélées au grand public, sombrent ensuite souvent dans des procédures judiciaires interminables. Elles ne mènent pas toujours à de justes condamnations et font alors également l’objet de nouveaux scandales. Car la volonté des politiques n’est pas de punir les mauvaises pratiques, mais plutôt, dans une république électoraliste, de provoquer des gênes, voir la défaite d’un candidat adverse, de faire chuter un gouvernement, ou tout simplement de se venger d’ennemis politiques. C’est ici la rançon d’une «démocratie» qui pose des questionnements à son tour. Est-ce normal en effet que ces différents scandales ne soient en réalité que des armes politiques, de vendetta politique et de règlements de compte ? Évidemment non. Étrangement, l’opinion publique semble s’arranger de la situation, car du point de vue médiatique, il existe un effet de «show».

La politique spectacle, une conséquence de l’ère des médias fast food de l’image

Depuis l’émergence de la presse et la loi de 1790, les combats politiques se sont toujours exprimés par le biais de la diffusion médiatique. Au départ réservée à une élite en capacité de lire et écrire, soit environ 20% de la population de cette époque, l’alphabétisation massive des citoyens français, via les politiques de l’instruction publique, des écoles de la IIIe république, avec les fameux «Hussards Noirs», les combats politiques se sont massivement répandus dans la société française, avec l’apparition des rotatives et de progrès techniques dans le sillage de la Révolution industrielle. Depuis, la presse a fait du chemin, avec la propagande de masse qui s’invita dès le début du XXe siècle, puis avec l’arrivée de nouvelles révolutions technologiques : la radio, la télévision, internet et le numérique. De fait, les médias sont devenus un puissant instrument de pouvoir, très vite courtisés par les puissants, puis même placés sous des contrôles étatiques, créés par l’État, ou même achetés par des familles oligarchiques ou de grands groupes financiers. C’est la raison d’une chute vertigineuse de la liberté de la presse et d’expression, les enjeux étant majeurs, notamment dans un système électoral universel. Pour «amuser le peuple», la politique a elle-même besoin de se mettre en scène et parfois de faire des exemples, voulus ou non. Les populations, il faut le dire, sont friandes de ce spectacle, où des personnalités de premier plan sont lacérées dans des épisodes tragi-comiques. C’est une façon de garder une soupape de sécurité pour le système républicain français, en livrant en pâture quelques politiciens. Selon le pouvoir lui-même, il s’agirait même de «l’expression de la démocratie», de sa réalité, un standard rassurant pour l’opinion publique, s’imaginant que ces révélations induisent aussi une protection et une lutte contre les corruptions, quelles qu’elles soient.

Avec le temps, et la disparition d’une politique bienveillante et proche des populations, le cheminement du système français s’est enfoncé de plus en plus profondément dans les mauvaises pratiques, les cynismes, les mensonges et les manipulations. C’est un jeu où se sont parfois brûlés les ailes des personnages qui paraissaient honnêtes, l’exemple de Beregovoy et sa mort plus que suspecte restant l’un des plus frappants. Le scandale politique est donc devenu à la fois un instrument de gouvernance, partie intégrante des coulisses de l’État, des ministères et jusque dans les officines les plus modestes, des administrations, des régions ou des municipalités. C’est aussi surtout l’expression la plus sinistre du dévoiement des institutions, des tromperies et d’une dégradation très nette de la République Française, jusque dans son temple et son essence. Les devises deviennent alors désuètes, la Liberté étant menacée, l’Égalité remplacée par une république communautaire et d’élites endogames. Quant à la Fraternité, elle est abandonnée sur le pavé et même foulée au pied. Les derniers vernis républicains ne tiennent plus que par des mots, devenus vide de sens. Qui pourrait affirmer qu’aujourd’hui cette république serait un exemple pour le monde entier, à l’instar de ce qui fut martelé à propos de la Grande Révolution de 1789, montrée comme l’événement conduisant le Peuple français «au bonheur ultime», comme se trouvant arrivé au port ?

Source : International Reporters via RI



Mensonges du « roman national-républicain »

 

Au nom de la nécessité d’« unité de la nation » ressort en France le besoin de propager un « récit national-républicain » sur le modèle de celui forgé par la IIIe République. Quels en sont les caractères et la fonction ? Voilà les questions auxquelles répond le politiste et historien Olivier Le Cour Grandmaison dans son nouveau livre.

Paris, le 16 mai 1931. Inauguration du Musée permanent des colonies, dans le cadre de l’Exposition coloniale internationale de Paris. À gauche, Victor Beauregard souhaite la bienvenue à Paul Reynaud, ministre des colonies et à Marcel Olivier, ancien gouverneur général de Madagascar et co-organisateur de l’Exposition avec le Maréchal Hubert Lyautey.


Aux origines du roman « « national-républicain » se trouve un « amas de désastres » : la défaite de Sedan de 1870, la Commune de Paris en 1871, sans parler de la révolte d’El Mokrani en Algérie la même année. Le philosophe Ernest Renan appelle alors à « une réforme intellectuelle et morale » pour dépasser les divisions qui mettent la société en péril. Le réarmement mental de la France exige de reconnaître que « la régénération des races inférieures ou abâtardies par les races supérieures est dans l’ordre providentiel de l’humanité », et que « la colonisation en grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est irrévocablement vouée au socialisme, à la guerre du riche et du pauvre »

Le diagnostic ainsi établi, le remède est indiqué : écarter la guerre sociale par la colonisation. Celle-ci permet, en outre, de fourbir les armes de la revanche contre l’Allemagne « qui nous a volé l’Alsace-Moselle » et de se hisser, dans le concert des nations, à la hauteur du Royaume-Uni, qui s’est déjà taillé un immense empire mondial. On sait que Jules Ferry fut sensible à cet appel. Son discours à l’Assemblée nationale du 28 juillet 1885, sur le « devoir de civilisation » des « races supérieures » sur les « races inférieures », est resté célèbre.

« Terminer la révolution »

Comment se présente le « roman national-républicain » selon le dernier livre d’Olivier Lecour Grandmaison ? Comme « une somme bigarrée de fabulations diverses qui puisent dans un passé fantasmé et des traditions inventées un éclat prétendument remarquable » (p. 302). Il fallait, déjà à l’époque, « terminer la Révolution », et effacer de la mémoire des « classes dangereuses » le souvenir de leur révolution, la révolution populaire du 10 août 1792 pour ne garder que celle, libérale, du 14 juillet 1789, et sauter à Thermidor, continué par le Consulat et l’Empire.

Les tenants du « roman national-républicain » ont largement mis à contribution les historiens de l’époque précédente, comme Jules Michelet — déjà hanté par le déclin de la France… —, pour vanter la République qui a libéré les esclaves en 1848, mais en biffant le décret d’abolition de l’esclavage du 4 février 1794 et son rétablissement le 20 mai 1802 par Napoléon Bonaparte. Il fallait bien arracher le peuple turbulent à l’illusion de la « Sociale » pour cantonner son effervescence et éteindre sa violence dans l’exercice exclusif du « droit de vote ».

Faire de la colonisation un élément de la civilisation fut une rengaine de l’époque : on oublie trop souvent qu’un de ses chantres fut Victor Hugo, l’auteur des Misérables (p. 43), écouté dans la nation bien au-delà du cercle des élites républicaines. Mais les sommets de l’autosuggestion humanitaire ont été atteints avec le déni satisfait des réalités d’un Albert Sarraut, plusieurs fois ministre des colonies dans les années 1920 et 1930. Pour lui, si la colonisation anglaise fut mue par le besoin exclusif d’exploiter territoires et hommes, la France, dans son immense désintéressement, a uniquement cherché à élever les autres à la civilisation. Car la plus grande richesse et le plus grand privilège que l’histoire a octroyés à la « fille aînée » non plus de l’Église mais de l’Universel réside dans la rencontre des peuples : « [la colonisation française] a fait désormais la découverte la plus haute : l’Homme ! […], notre parent, le frère de couleur ! » (p. 244).

Cette France exceptionnelle, c’est celle des Lumières, mais de Lumières qui sont devenues une spécificité française, un trésor que la France a donné en cadeau au monde avec « les droits de l’Homme » que nul autre pays n’aurait pu espérer recevoir un jour…

Le rôle des « hussards noirs »

Tout cet arsenal idéologique, il fallait le faire adopter par les « élites républicaines », notamment grâce à l’enseignement supérieur. Il fallait également le répandre dans l’école primaire où institutrices et instituteurs avaient pour tâche de faire « aimer la France ». Ces « hussards noirs de la République » s’y sont attachés avec ardeur et efficacité de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe. Ils furent accompagnés dans leur tâche par les manuels scolaires d’Ernest Lavisse puis d’Albert Mallet et Jules Isaac, et par le succès fabuleux du Tour de France de deux enfants, de G. Bruno, nom de plume d’Augustine Fouillée-Tuilerie. Sous la prétexte invoqué d’apporter aux enfants l’« esprit critique » des Lumières, il s’agissait, à son rebours exact, de les édifier, de leur « apprendre à obéir », de « fabriquer » de « bons petits Français », de « bons petits-soldats » prêts à mourir sur la ligne bleue des Vosges. Ajoutons qu’à l’instar de Jules Michelet, ces manuels scolaires ont étendu le « roman national » à toute l’histoire de la France, plaçant Charlemagne, la Pucelle d’Orléans, Colbert et Napoléon sous l’égide bienveillante de la République… Cela a finalement assez bien fonctionné.

Ces manuels font naturellement la pédagogie de la hiérarchie des races, plaçant les Noirs en bas de l’échelle. Notons comme une curiosité à mettre au cabinet des merveilles coloniales le regard sur « la femme arabe » (pp. 115-116). Présentée comme ignorant toute pudeur, se livrant au premier venu, elle ne fait qu’assumer le cliché de sensualité et d’hyper-sexualité que l’anthropologie coloniale prêtait alors aux peuples destinés à être conquis pour les rapprocher de l’animalité. Le fait que l’idée actuellement propagée sur « la femme arabe » soit radicalement différente — notamment avec l’excès de pudeur qui lui est prêté par le port du foulard — confirme que les portraits des colonisés ne sont pas réels mais arbitraires et fantasmés.

Le roman national-républicain défend une véritable « exception française » à laquelle il attribue un caractère presque miraculeux : elle « immuniserait » la société contre les maux du racisme induit par l’esclavage et la domination coloniale. Cette « exception » protégerait également contre ceux résultant de l’infériorité institutionnelle imposée aux femmes par le Code civil de 1804. Déjà privées de droits politiques, les femmes l’étaient également de droits civils, au profit de leur père puis de leur mari.

Une fiction toujours d’actualité

Il ne faudrait pas croire que ce « roman national-républicain » se serait évanoui avec la fin de la IIIe République, ni même avec celle de la IVe et de l’empire colonial. En 1984, paraît une somme intitulée Lieux de mémoire sous la direction d’un notable de la Ve République, l’historien Pierre Nora. Elle met au goût du jour les grandes lignes de ce roman et réduit l’histoire de l’empire colonial à la portion congrue. On y trouve notamment une étonnante contribution sur l’histoire de la colonisation de l’Algérie de Charles-Robert Ageron qui oublie les zoos humains quand il parle de l’Exposition coloniale de 1931, et dont le panégyrique de l’« exceptionnalité française » en matière coloniale laisse pantois (pp. 246-248).

Tandis que lors du centenaire du Code civil en 1904, le sénateur et avocat belge Edmond Picard ne craignait pas de faire de sa publication un événement aussi important pour l’humanité que « la découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb, le juriste et baron du gaullisme Jean-Louis Debré n’hésite pas, lors de son bicentenaire, à voir ce code comme « l’expression d’un modèle de civilisation », ayant inscrit dans la législation « l’égalité, la liberté individuelle » et, même « la laïcité » (pp. 225-226). Sacré Napoléon ! Outre que son code rogne sur bien des libertés conquises par la Révolution, notamment sur les droits de personnes (la famille, le mariage et le divorce, etc.) — et que l’on n’y trouve rien qui concerne la laïcité —, son succès tient moins d’un supposé « génie français », intemporel et invariant, qu’à la réponse qu’il apportait aux besoins nouveaux d’une société européenne bourgeoise en quête de stabilité au début du XIXᵉ siècle. Cette bourgeoisie fut quelque peu aidée dans cette entreprise, il faut le rappeler, par la force des baïonnettes.

Une langue que « tout le monde admire et nous envie »

On peut aussi penser à la déclaration du président Emmanuel Macron à Villers-Cotterêts du 30 octobre 2023 à l’occasion de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française. Le président y ressasse les lieux communs sur l’exceptionnalité du français, sur sa « clarté », sa « précision », sa « concision », etc. (p. 238), qui en font la langue de la Raison et de l’Universel, la langue que « tout le monde admire et nous envie »…

C’est bien son caractère présenté comme ontologiquement « universel » qui fait de la France « le pays le moins raciste du monde », selon l’énoncé de l’ethnologue et psychanalyste Octave Mannoni en 1950 (p. 263). C’est un pays où les conduites racistes et les « violences policières », pourtant rigidifiées par un long passé anti-ouvrier et colonial, ainsi qu’une longue discrimination masculiniste, sont considérées, bien au-delà des cercles de la droite politique, comme des conduites « purement individuelles » et « vraiment marginales ».

Et voilà que l’« immunité » inséparable de l’exceptionnalité française se transforme en inversion radicale de la réalité : ce seraient les gens qui, faisant écho à une « culture woke » — en particulier le mouvement Me too et les « islamo-gauchistes » —, cesseraient de « penser universel » et introduiraient dans le temple de la civilisation française des raisonnements racistes, ultraféministes, etc., attentatoires à l’« unité » et à la « sérénité » de la nation.

L’ouvrage d’Olivier Le Cour Grandmaison se termine par deux requêtes. La première est une invite pressante à regarder la réalité en face, à « démythologiser » la République. La seconde rappelle l’article 1382 du Code civil (ancien) selon lequel « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ». Une telle « réparation », transposée du domaine civil et individuel au domaine politique et collectif, la France de Georges Clemenceau n’a pas hésité à l’imposer durement à l’Allemagne vaincue en 1918. Mais elle rechigne à l’appliquer, même de façon minimale au plan moral comme l’y invitait Frantz Fanon, aux peuples colonisés par elle. Or, cette réparation est aussi nécessaire vis-à-vis de toutes les victimes de la « mésestime », notamment les populations issues des pays anciennement colonisés du Maghreb et d’Afrique subsaharienne. Considérées comme Arabes et Noirs, celles-ci sont aujourd’hui indistinctement victimes d’une islamophobie galopante et sont constamment soupçonnées de « séparatisme ». Cette réparation est aussi indispensable à l’égard de la moitié féminine du corps social dont l’égalité proclamée n’est toujours pas complète, et dont les ravageuses violences sexuelles qu’elle subit commencent seulement à être mesurées.



samedi 29 novembre 2025

Comment les sionistes ont conquis le christianisme aux États-Unis par la bible Scofield



La «bible» Scofield créée par les sionistes, la source du problème au Moyen-Orient, pourquoi les judéo-chrétiens soutiennent la guerre



par C. E. Carlson

Extraits

Les buts du sionisme mondial

Le mouvement sioniste mondial, comme l’appellent ses fondateurs juifs, avaient comme plans d’acquérir une patrie pour les juifs du monde, alors même que la vaste majorité d’entre eux n’étaient en rien à la rue ou sans foyer et ne voulaient pas changer de patrie. Toute terre n’aurait pas fait l’affaire. Les sionistes mondiaux voulaient une propriété bien spécifique que les chrétiens américains appelaient «La terre sainte». Mais si ces sionistes avaient lu «La démocratie en Amérique» ou n’importe lequel des journaux publiés par les églises américaines, ils ne pouvaient pas ne pas savoir que Jérusalem ne serait pas leur. En tant que juifs auto-proclamés, ils étaient selon le Nouveau Testament chrétien, les persécuteurs du Christ et de la plupart de ses premiers suiveurs, les responsables de sa crucifixion. Les églises traditionnelles des États-Unis au XIXe siècle n’auraient jamais soutenu une occupation juive de la patrie de Jésus.

Les stratégies sionistes pour changer le christianisme américain

Les leaders du mouvement sioniste mondial initièrent un programme pour changer l’orientation religieuse de l’Amérique. Un des outils utilisé pour accomplir ce but fut un obscur et flexible ancien combattant de la guerre de Sécession du nom de Cyrus I. Scofield. Un outil bien plus puissant fut une maison d’édition livresque vénérable et respectée en Europe et dans le monde : la maison d’édition Oxford University Press.

La création de la Bible Référence Scofield

Le plan était de changer la vision chrétienne sur le sionisme en créant et en faisant la promotion d’une sous-culture pro-sioniste au sein du christianisme. Le rôle de Scofield fut de réécrire la version de la bible de King James en y insérant des notes favorables au sionisme en marge, entre les vers et les chapitres ainsi qu’en notes de bas de pages. Les éditions Oxford University Press utilisèrent Scofield, alors ordonné pasteur, comme éditeur de l’ouvrage, probablement aussi parce qu’elles avaient besoin d’une personne publique en devanture (NdT : un homme de paille). La version révisée de King James Bible fut appelée la «Scofield Reference Bible» et avec une promotion et publicité sans limite, elle devint la plus grande vente de «Bibles» aux États-Unis et l’est demeurée depuis 90 ans.

La nature extrémiste de la bible Scofield

La Scofield Reference Bible ne devait pas être juste une autre traduction, subvertissant des passages mineurs petit à petit ; non, Scofield produisit un livre révolutionnaire qui changerait drastiquement le contexte de la version King James de la bible. La bible Scofield a été faite pour créer une sous-culture autour d’une nouvelle icône de vénération, l’État moderne d’Israël, un État qui n’existait alors pas encore, mais qui était déjà en cours de planification par ses auteurs motivés et très bien financés du sionisme mondial. (…)

Oxford University Press et le marketing de masse de Scofield

La maison d’édition Oxford University Press possédait les droits de la «Scofield Reference Bible» depuis le départ, comme indiqué par le copyright et Scofield déclara qu’il touchait de très bons droits de la part d’Oxford. Les publicitaires et promoteurs d’Oxford UP réussirent à faire de cette bible Scofield avec ses notes de bas de pages sionistes chrétiennes, un standard pour l’interprétation des écritures saintes dans les églises judéo-chrétiennes, les séminaires et dans les groupes d’étude de la bible. Cette bible a été publiée en au moins 4 éditions depuis la première datant de 1908 et elle demeure une des bibles les plus vendues de l’histoire. (…)

L’édition d’Oxford de 1967 ou la déification de l’État d’Israël



La réédition de 1967 (guerre des 6 jours) est plus sioniste que jamais…


Ce n’est pas exagérer que de dire que la 4ème édition de la bible Scofield de 1967 déifie, idolâtre et vénère l’État d’Israël comme un dieu, un État qui n’existait pas même encore lorsque Scofield écrivit la première mouture de sa bible en 1908. L’auteur de ces lignes pensent que, sans la haine raciale anti-arabe fourvoyant les chrétiens américains promue par les leaders chrétiens sionistes aux États-Unis, ni la guerre du Golfe, ni la guerre israélienne contre les Palestiniens n’auraient pu avoir lieu, et plus d’un million de personnes mortes dans ces guerres seraient en vie aujourd’hui.

Les mises à jour posthumes d’Oxford UP et les insertions pro-sionistes

Cette connexion aurait pu demeurer cachée sans le travail de fond de Joseph Canfield, le chercheur et auteur qui découvrit les indices du fil de connexion dans les papiers de famille de Scofield. Mais même si le fil des connexions entre Scofield et Untermeyer et le sionisme n’avait jamais été découvert et exposé, il serait de toute façon évident que la connexion existait. Il est significatif que ce soit Oxford UP et non pas Scofield, qui détienne la propriété du livre et qu’après la mort de Scofield, Oxford UP a accéléré les changements à y faire. Depuis le décès de son auteur original dont elle porte le nom, la Scofield Reference Bible a été rééditée à plusieurs reprises.

Un très grand volume de notes pro-sionistes furent ajoutées à l’édition de 1967 et quelques notes des plus significatives de Scofield des éditions originales furent retirées si elles manquaient au processus d’accélération du projet sioniste. Et pourtant cette édition garde le titre de «The New Scofield Reference Bible, Holy Bible, Editor C.I Scofield». Ce livre est anti-arabe, la sous-culture théologique chrétienne a grandement contribué à la guerre, transformant les chrétiens en participants au génocide contre les Arabes à la fin de la seconde moitié du XXe siècle. (…)
Les promesses et prophéties de l’édition 1967 d’Oxford UP

The Oxford 1967 Edition en page 19 :

«(2) DIEU À FAIT UNE PROMESSE INCONDITIONNELLE DE BENEDICTION PAR LA DESCENDANCE D’ABRAHAM (a) À LA NATION D’ISRAEL POUR QU’ELLE HERITE D’UN TERRITOIRE SPECIFIQUE À TOUT JAMAIS».

«(3)IL Y À UNE PROMESSE DE BENEDICTION POUR LES PERSONNES ET LES NATIONS QUI BENISSENT LES DESCENDANTS D’ABRAHAM ET UNE MALEDICTION SUR CEUX QUI PERSECUTENT LES JUIFS». (Page 19, 1967 Edition Genesis 12 :1-3)

Cet héritage est combiné à une prophétie d’Oxford UP qui n’a jamais été mentionnée dans la bible elle-même :

«CELA S’EST TOUJOURS MAL PASSE POUR LES GENS QUI ONT PERSECUTE LE JUIF ET BIEN POUR CEUX QUI L’ONT PROTEGE». et «LE FUTUR PROUVERA ENCORE CE PRINCIPE DE MANIERE PLUS REMARQUABLE (note de bas de page (3) page 19-20 Genesis 12 :3)

Aucune de ces notes n’apparait dans la Scofield Reference Bible originale, ni dans les éditions de 1917 et 1945. L’État d’Israël N’EXISTAIT PAS EN 1945 et en accord avec les dictionnaires de cette époque, le mot «Israël» ne se référait qu’à un homme particulier d’une tribu ancienne, ce qui est consistant avec le texte de la bible. Voir le mot «Israel» dans la seconde édition de 1950 du Webster’s New International Dictionary. (…)

L’influence intrusive des interprétations sionistes

Ceci ne constitue que quelques exemples des perversions sionistes des écritures qui ont façonné la doctrine de la sous-culture politique la plus puissante aux États-Unis, les «sionistes chrétiens» comme les appelle Ariel Sharon ou les «dispensationnalistes» comme leurs suiveurs intellectuels se nomment eux-mêmes ou les judéo-chrétiens comme nos politiciens du politiquement correct se décrivent eux-mêmes. Les guerres actuelles du Moyen-Orient ne sont pas provoquées par les prédispositions des peuples, qui ne sont pas plus va-t-en-guerre que n’importe quelle autre tribu humaine. Sans le larbinisme envers les intérêts juifs et sionistes colporté par cette sous-culture, les plus vocaux de ces larbins étant les prêcheurs évangélistes chrétiens renommés aux États-Unis, il n’y aurait pas de telles guerres, car elles n’ont pas assez de soutien en dehors du christianisme sioniste organisé et institutionnalisé. (NdT : savoir que cette pourriture a totalement noyauté les institutions yankees du congrès au Pentagone en passant par les administrations clef, en plus de la propagande quotidienne de ces escrocs de la bible dans tous les médias de masse… La chaîne Fox News est un gros nid de ces parasites, c’est de là que provient l’actuel ministre de la guerre de Trump Pete Hegseth qui est un de ces guignols évangélistes, prêchant et élucubrant à des années lumière du message du Christ du «Sermon sur la montagne», seul message chrétien valide et hautement respectable…) (…)

Le sionisme chrétien comme apostasie et appel à l’action

Le sionisme chrétien est l’apostasie la plus assoiffée de sang de l’histoire du christianisme ou de toute autre religion. Honte à ses leaders : ils ont déjà versé le sang d’innombrables victimes innocentes qui retombe sur les chapelles et les bancs de prière des églises américaines.

Partagez ceci avec les chrétiens, musulmans et juifs autour de vous. Refusez de financer les associations et paroisses de ces escrocs de la bible. Ne soutenez plus ces promoteurs de la haine raciale, qu’ils prêchent sous couvert de la parole de Jésus, ce qui est totalement à l’opposé de son enseignement. Refusez de soutenir ces traîtres ! (…)

Source : Sallie Borrink via Resistance71 envoyé par Amar Djerrad

via RI


vendredi 28 novembre 2025

Pourquoi les pédophiles sont-ils devenus les capitalistes les plus prospères ?

 


Les mêmes traits psychologiques qui permettent aux milliardaires de détruire des millions de vies pour le profit leur permettent également de violer des enfants – et le capitalisme récompense ces deux formes de prédation.

La question hante tout observateur honnête du pouvoir : pourquoi les prédateurs sexuels parviennent-ils aux sommets de la société capitaliste avec une telle régularité inquiétante ? Pourquoi le même système qui récompense le pédophile Jeffrey Epstein, l’agresseur sexuel présumé Woody Allen, le violeur Harvey Weinstein et d’innombrables autres monstres les élève-t-il également à des postes où ils peuvent causer un maximum de dégâts ? La réponse révèle la vérité la plus terrifiante de notre système économique : le capitalisme ne se contente pas de tolérer la prédation sexuelle, il la favorise activement.



L'affaire Epstein révèle un schéma terrifiant qui dépasse largement le cadre de l'île de l'horreur d'un milliardaire. Les mécanismes psychologiques qui poussent les hommes puissants à abuser sexuellement d'enfants – l'exploitation ultime, le besoin de domination absolue, la déshumanisation totale d'autrui, la perte d'empathie – sont précisément les mêmes mécanismes que le capitalisme favorise chez ses acteurs les plus performants. Ce n'est pas un hasard. C'est la pression de la sélection naturelle.

L'avantage du prédateur

Considérons le profil psychologique du pédophile accompli : il doit être un manipulateur hors pair, capable d’identifier et d’exploiter les vulnérabilités. Il doit posséder une capacité quasi surnaturelle à compartimenter sa vie, cultivant une image publique impeccable tout en commettant des actes innommables en privé. Il doit être expert dans l’analyse des rapports de force, comprenant instinctivement qui peut être victime et qui doit être courtisé. Il doit se complaire dans l’objectification totale d’autrui, le considérant comme une ressource à consommer plutôt que comme une personne digne de respect.

Considérons maintenant le profil psychologique du capitaliste prospère : il doit être un manipulateur hors pair, capable d’identifier et d’exploiter les failles du marché. Il doit posséder une capacité quasi surnaturelle à compartimenter ses actions, en menant une politique philanthropique publique tout en ruinant des communautés en secret. Il doit être expert dans l’analyse des rapports de force, sachant instinctivement qui exploiter et qui courtiser. Il doit accepter sans réserve l’objectification totale d’autrui, considérant les travailleurs comme des ressources à consommer plutôt que comme des personnes dignes de respect.

Ce chevauchement n'est pas fortuit, il est systémique. Le capitalisme récompense la psychopathie car celle-ci est utile à l'accumulation du capital. La même structure émotionnelle qui permet à un homme de violer un enfant lui permet aussi de saisir la maison d'une famille, de déverser des déchets toxiques dans des quartiers défavorisés, de faire pression contre le financement des traitements contre le cancer tout en profitant de produits cancérigènes. La capacité de déshumanisation n'est pas un dysfonctionnement du système capitaliste, elle en est la caractéristique essentielle.

«Les pédophiles se sont enrichis précisément parce que, sous le capitalisme, les traits psychologiques qui permettent la prédation sexuelle permettent également la prédation économique . Et parce que c'est le pouvoir économique qui permet le pouvoir sexuel sur les enfants. »

Le réseau Epstein comme laboratoire capitaliste

Les agissements de Jeffrey Epstein n'étaient pas une aberration, mais l'expression parfaite de la logique capitaliste. Son île servait à la fois de laboratoire pour la domination sexuelle et de plaque tournante pour la domination économique. Les mêmes hommes qui violaient des enfants à bord des avions d'Epstein pillaient simultanément des économies entières grâce à leurs fonds spéculatifs et leurs sociétés de capital-investissement. Bill Clinton, qui a voyagé à de nombreuses reprises à bord du « Lolita Express », a également défendu la déréglementation financière qui a permis la crise économique de 2008. Donald Trump, qui aurait violé une jeune fille de 13 ans dans la résidence d'Epstein à Manhattan , a bâti son empire immobilier grâce à l'exploitation systématique des entrepreneurs et des ouvriers.

Le lien est plus profond qu'une simple faillite morale partagée. La prédation sexuelle et la prédation économique requièrent les mêmes outils psychologiques : la capacité à identifier les personnes vulnérables, l'habileté à les isoler de leurs réseaux de soutien, la faculté d'exploiter les rapports de force et la volonté de détruire des vies pour sa propre satisfaction. Le génie d'Epstein résidait dans sa compréhension que les hommes qui avaient perfectionné ces compétences dans le domaine économique les appliqueraient avec empressement dans le domaine sexuel.

Cela explique pourquoi la liste des clients d'Epstein ressemble à un bottin mondain du capitalisme mondial : gestionnaires de fonds spéculatifs, banquiers d'affaires, magnats de l'immobilier, dirigeants de médias et leurs soutiens politiques. Il ne s'agissait pas d'hommes riches qui se trouvaient être pédophiles ; il s'agissait de pédophiles devenus riches précisément parce que les traits psychologiques qui permettent la prédation sexuelle permettent également la prédation économique sous le capitalisme. Et parce que le pouvoir économique permet le pouvoir sexuel sur les enfants.

Le lien israélien : quand l'impérialisme rencontre la violence sexuelle

Les tentacules du réseau Epstein ramènent inévitablement à Israël, ce laboratoire de brutalité capitaliste raciste déguisé en « démocratie ». De nombreuses sources indiquent qu'Epstein agissait comme agent du Mossad, utilisant le chantage sexuel pour contrôler les élites politiques et économiques au service des intérêts israéliens. Ce lien n'est pas surprenant ; il est inévitable. Israël représente la quintessence du capitalisme prédateur allié à la violence coloniale, un système qui exige la déshumanisation complète de ses victimes palestiniennes.

Le profil psychologique du colon qui brûle vifs des enfants palestiniens dans leurs maisons, enlève et fait disparaître des fillettes palestiniennes de huit ans et bat des vieilles dames palestiniennes en riant est identique à celui du milliardaire qui profite du travail des enfants dans ses usines : tous deux sont incapables d’empathie, réduisent leurs victimes à l’état d’objet et sont capables de justifier n’importe quelle atrocité au service de leurs désirs. L’État israélien, qui gère la plus grande prison à ciel ouvert du monde à Gaza tout en se prétendant un modèle de civilisation, fonctionne selon la même logique que le capitaliste qui impose des salaires de misère tout en donnant des leçons de « liberté économique ».

BettBeat Media




jeudi 27 novembre 2025

Maître Eckhart



Du Détachement


Par Patrick


En cette fin du cycle d'un âge sombre, l'éthique fonctionnelle en tant que garde-fou est piétinée suite à la disparition des données éveillantes métaphysiques traditionnelles si essentielles. La médiocratie règne, les équilibres fragiles se fissurent, s'effritent et se rompent. Est-ce le signe avant-coureur de la fin d'un monde ? Cette fin a t-elle pour objet de secouer les endormis pour les réveiller de leur torpeur existentielle, réfugiés dans le déni, immergés et anesthésiés dans les conforts sécuritaires vains et utopiques ? Nous voici spectateurs, à vitesse vertigineuse, d'un spectacle qui dépasse toute science-fiction. Le vice glorifié, les vertus sont moquées et considérées comme un handicap. L'abrutissement et l'ignominie sont réunis entre amis pervertis, invertis, dégénérés, menteurs, corrompus. Leurs promoteurs propagandistes politiques et religieux gouvernent et les peuples déboussolés, désorientés, ne savent plus vers qui ou à quel saint se vouer.

Maître Eckhart ouvre la porte transcendante d'une sortie verticale et universelle par les informations qu'il transmet. Ses Sermons et ses Traités révèlent une profonde connaissance de la psychologie humaine nécessairement éclairée par une Connaissance métaphysique aussi retrouvée dans le Dharma du Bouddha et l'Advaïta-Vedânta. Certains comparent Maître Eckhart à un Maître ZEN. Sa façon de parler d'humilité est si subtile qu'elle n'a strictement rien à voir avec les affirmations hypocrites du commun des mortels qui ne comprennent déjà pas leur exotérisme tout au plus polarisant. En ces moments-mêmes, tout est remis en cause. Cette épreuve incontournable que l'humanité va devoir traverser est une chose parfaite. Ce document est surtout réservé à ceux qui, correctement informés de l'universel, libérés des contradictions, munis de l'évidence, comprennent qu'il faut dépasser la mesure pour atteindre le niveau des irréversibilités. Il offre une perspective originale et inattendue, sans aucune exclusion. L'énigme dualiste de l'espoir et de l'espérance doit être dépassée. Le non-duel est de comprendre à la lumière de ce dépassement que le détachement total est la Libération totale de l'avidité, de la haine et de l'ignorance.

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Maître Eckhart naît à Thuringe en 1260. Il entre très jeune chez les Dominicains d'Erfurt, poursuit ses études à Paris (1293-1294) et devient peu après son retour en Allemagne, prieur de son couvent d'Erfurt.

En 1302, il fait un second séjour à Paris, pour acquérir son titre de Maître en théologie. Il enseigne à la Sorbonne (1302-1303).

De retour en Allemagne, il est élu provincial de Saxonie (1303), puis vicaire général de Bohème en 1307 : “Sa responsabilité s'étend sur un territoire qui va des Pays-bas au Nord-Est Allemand et à Prague, comprenant 47 couvents d'hommes et 9 de femmes”.

En 1311, il repart à Paris pour la troisième fois, où il enseigne pendant deux ans (magister actu regens) : “Lorsque je prêchais à Paris, je disais, et j'étais bien en droit de le dire, que tous ceux de Paris, avec toute leur science, ne pouvaient comprendre ce qu'est Dieu … Rien de ce que l'on peut penser de Dieu n'est Dieu … ”.

A partir de 1314 il s'installe à Strasbourg, avec juridiction sur les couvents de femmes. Il enseigne aussi à Cologne. C'est durant cette période jusqu'en 1326 qu'il rédige la plupart de ses sermons.

On arrive alors à l'époque du procès. Au cours de l'année 1326, l'archevêque de Cologne, Henri II de Virnebourg s'attaque à Maître Eckhart, pour des raisons plus politiques que doctrinales, et fait dresser une liste de 49 propositions jugées suspectes par l'archevêque jaloux aidé par deux moines dominicains stupides.

Il y aura deux procès, le premier à Cologne, au cours duquel Maître Eckhart déclare : “Je peux me tromper, je ne puis pas être un hérétique, car l'hérésie est affaire d'intelligence, l'hérésie est affaire de la volonté.” (subtil !). Comme ce sont des propositions examinées hors de leur contexte qui sont jugées, et dont certaines sont même des transcriptions erronées de ses sermons, il sera facile à Maître Eckhart d'argumenter, tout en se soumettant à la décision de l'église.

Le second procès se déroule en Avignon. Mais, là, Maître Eckhart ne se défendra pas, acceptant la sentence, tout en demeurant intransigeant sur l'authenticité de son expérience. Comment ses juges pourraient-ils avoir la moindre idée de la richesse d'oeuvres qu'ils n'ont ni lues ni chercher à investiguer …? (c'est toujours la même chose … partout !).

L'inquisition le condamne enfin pour 26 articles (au final, 17 sont retenus) puis Maître Eckhart meurt une semaine après, sans doute en Avignon vers la fin 1327 ou en début 1328 … Nul ne sait s'il est mort de mort naturelle après son procès ou s'il a été assassiné.

Traités (un seul ouvrage) et Sermons (trois ouvrages séparés) sont édités aux Editions du Seuil, Paris. Introduction et traduction par Jeanne Ancelet-Hustache.

Les Traités de Maître Eckhart donnent l'essentiel de ses enseignements en 4 chapitres :

- Instructions spirituelles

- Le livre de la consolation divine

- De l'homme Noble

- Du détachement

86 de ses Sermons connus furent traduits en français. Il y en aurait d'autres non traduits.

Il est de fortes présomptions que Maître Eckhart était Nirvâné. Ne soyons jamais dérangés par le mot Dieu retrouvé dans ce texte. Maître Eckhart usera toujours de son habileté de sémanticien pour conduire ses élèves moines et moniales. La racine sanskrite “DYU” signifie “ce qui Brille” et ce qui brille ici est la lumière du Coeur libéré de tous les attachements. C'est tout et c'est puissant.

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J'ai lu beaucoup d'écrits tant de maîtres païens que de prophètes … et lorsque je pénètre tous ces écrits autant que le peut ma raison et qu'elle est capable de le reconnaître, je ne trouve rien que ceci : le pur détachement est au-dessus de toutes choses, car les vertus ont quelque peu en vue la créature, alors que le détachement est affranchi de toutes les créatures.

Les maîtres louent grandement l'amour … Quant à moi, je loue le détachement plus que tout amour. Et d'abord pour cette raison :

Ce que l'amour a de meilleur, c'est qu'il me force à aimer Dieu, alors que le détachement force Dieu à m'aimer. Or il est bien plus noble de forcer Dieu à venir à moi que de me forcer à aller à Dieu, parce que Dieu peut plus intimement s'insérer en moi et s'unir à moi que je ne puis m'unir à Dieu.

Que le détachement force Dieu à venir à moi, je le prouve ainsi : toute chose aime à être dans le lieu qui lui est propre et naturel. Or le lieu naturel et propre à Dieu est l'unité et la pureté, et c'est ce qui produit le détachement. Il faut donc nécessairement que Dieu se donne à un cœur détaché.

En second lieu, je loue le détachement plus que l'amour parce que le détachement me porte à n'être accessible qu'à Dieu. Or il est beaucoup plus noble d'être accessible à Dieu seulement que de souffrir toutes choses pour Dieu parce que, dans la souffrance, l'homme a quelque peu en vue la créature qui cause à l'homme la souffrance, alors que le détachement est complètement affranchi de toute créature.

Or, que le détachement ne soit accessible qu'à Dieu, je le prouve ainsi : ce qui doit être accueilli doit être accueilli dans quelque chose. Or le détachement est si proche du “néant” que rien n'est assez subtil pour trouver place dans le détachement, sinon Dieu seul. Seul, il est simple et si subtil qu'il peut bien trouver sa place dans le cœur détaché. C'est pourquoi le détachement n'est accessible qu'à Dieu.

Les maîtres louent aussi “l'humilité” plus que beaucoup d'autres vertus. Mais je loue le détachement plus que toute humilité et voici pourquoi : l'humilité peut exister sans le détachement, alors que le parfait détachement ne peut pas exister sans parfaite humilité, car la parfaite humilité tend à un anéantissement de soi-même.

Or le détachement est si proche du “néant” qu'il ne peut rien y avoir entre le parfait détachement et le néant. C'est pourquoi il ne peut y avoir de détachement sans parfaite humilité.

Or deux vertus ont toujours valu mieux qu'une.

La seconde raison pour laquelle je loue le détachement plus que l'humilité, c'est que la parfaite (!) humilité se courbe au-dessous de toutes les créatures et que, se courbant ainsi, l'homme sort de lui-même pour aller vers les créatures, alors que détachement demeure en lui-même.

Or sortir de soi ne peut jamais être assez noble pour que demeurer en soi-même ne soit pas beaucoup plus noble.

Le détachement parfait ne considère nullement qu'il doit se courber au-dessous de quelque créature ; il ne veut être ni au-dessous, ni au-dessus, il veut être là, de lui-même, sans considérer l'amour ou la souffrance de qui que ce soit, il ne veut ni l'égalité ni l'inégalité avec quelque créature, il ne veut ni ceci ni cela ; il veut être et rien d'autre.

Mais vouloir être ceci ou cela, il ne le veut pas, car celui qui veut être ceci ou cela veut être quelque chose, alors que le détachement ne veut être rien (pas les choses).

C'est pourquoi toutes choses sont devant lui sans être importunées …

Or tu dois savoir que l'aimable humilité fit que Dieu se pencha sur la nature humaine, alors que le détachement demeurait immobile …

Ou, aucune sortie, si petite qu'elle soit, ne peut rester sans dommage pour le détachement.

Je loue aussi le détachement plus que toute miséricorde, car la miséricorde consiste en ce que l'homme sort de lui-même pour aller vers les misères de son prochain et que son cœur en est troublé. Le détachement en est exempt, demeure en lui-même et ne se laisse troublé par rien. Car tout le temps que quelque chose peut troubler l'homme, il n'est pas tel qu'il doit être. Bref, quand je considère toutes les vertus, je n'en trouve aucune qui soit absolument sans défaut et qui unisse autant à Dieu que le détachement.

Un maître nommé Avicenne dit que la noblesse du cœur qui demeure détaché est si grande que tout ce qu'il contemple est vrai, que tout ce qu'il désire lui est accordé et que, quoi qu'il commande, il faut qu'on lui obéisse. Et tu dois savoir en vérité : quand le cœur libre demeure dans un véritable détachement, il contraint Dieu à venir vers lui et s'il pouvait demeurer “sans forme“ et sans aucun accident, il prendrait l'être propre de Dieu.

Or Dieu ne peut donner celui-ci à personne qu'à lui-même. C'est pourquoi Dieu ne peut rien faire de plus pour le cœur détaché que de se donner lui-même à lui. Et l'homme qui demeure ainsi dans un total détachement est tellement emporté dans l'éternité que rien d'éphémère ne peut l'émouvoir, qu'il n'éprouve rien de ce qui est charnel, et il est mort au monde car il n'a de goût pour rien de terrestre.

Or tu demanderas ce qu'est le détachement puisqu'il est si noble en lui-même ?

Tu dois savoir ici que le véritable détachement consiste seulement en ce que le cœur demeure insensible à toutes les vicissitudes de la joie et de la souffrance, de l'honneur, du préjudice et du mépris qu'une montagne de plomb est insensible à un vent léger.

Ce détachement immuable conduit l'homme à la plus grande ressemblance avec Dieu. Car Dieu est Dieu du fait de son détachement immuable, et c'est aussi du détachement qu'il tient sa pureté et sa simplicité et son immuabilité. Et c'est pourquoi si l'homme doit devenir semblable à Dieu, dans la mesure ou une créature peut avoir une ressemblance avec Dieu, ce sera par le détachement. Celui-ci conduit l'homme à la pureté, de la pureté à la simplicité, de la simplicité à l'immuabilité.

Et sache-le, être vide de toutes les créatures, c'est être rempli de Dieu, et être rempli de toutes les créatures, c'est être vide de Dieu.

Je dis en outre : toutes les prières et les bonnes œuvres que l'homme peut accomplir dans le temps troublent aussi peu le détachement de Dieu que si jamais prières et bonnes œuvres n'avaient pas été accomplies dans le temps, et Dieu n'en est pas moins généreux ni bien disposé envers l'homme que si celui-ci n'avait jamais prié ou accompli de bonnes œuvres.

… Dieu ne veut pas exaucer demain ton invocation et ta prière, car il l'a exaucée dans son éternité “avant que tu sois un être humain”. Mais si ta prière n'est pas instante et sérieuse, Dieu ne veut pas maintenant refuser de t'exaucer, car il a déjà refusé dans son éternité. Et ainsi Dieu a vu toutes choses dans son premier regard éternel et Dieu ne crée rien de nouveau, toutes choses étant déjà accomplies d'avance. Et ainsi Dieu demeure en tout temps dans son immuable détachement.

Cependant, la prière et les bonnes œuvres des hommes ne sont pas pour autant perdues, car celui qui fait le bien est rémunéré, et celui qui fait le mal est rémunéré en conséquence.

Dieu nous garde de dire qu'il aime quelqu'un dans le temps, car pour lui rien n'est passé ni à venir …

Ici, tu dois savoir ce que disent les maîtres : dans chaque être humain demeure deux hommes différents ; l'un se nomme l'homme extérieur, c'est l'homme sensitif ; les 5 sens le servent, et pourtant l'homme extérieur agit par la puissance de l'âme. L'autre homme se nomme l'homme intérieur, c'est l'intériorité de l'homme.

Or tu dois savoir qu'un homme spirituel qui aime Dieu ne fait pas appel aux puissances de l'âme dans l'homme extérieur, sinon quand les cinq sens en ont absolument besoin, et l'intériorité ne se tourne vers les sens que dans la mesure où elle est un chef et un guide des cinq sens et veille sur eux pour qu'ils ne se livrent pas à leur objet selon l'animalité, comme le font les animaux sans raison, et de telles gens se nomment plus véritablement des animaux que des hommes. Et toutes les puissances que possède l'âme au-delà de ce qu'elle donne aux cinq sens, ces puissances, l'âme les donne entièrement à l'homme intérieur, et quand cet homme se tourne vers quelque chose de haut et de noble, elle tire à soi toutes les puissances qu'elle a prêtées aux cinq sens, et l'homme est privé de ses sens et ravi, car son objet est une image intellectuelle ou quelque chose d'intellectuel sans image.

Or certaines personnes consument absolument toutes les puissances de l'âme dans l'homme extérieur. Ce sont celles qui tournent tous leurs sens et leur raison vers les biens passagers et qui ne savent rien de l'homme intérieur.

Or tu dois savoir que l'homme extérieur peut avoir une activité, alors que l'homme intérieur demeure totalement libre et insensible.

Voici une comparaison

Une porte s'ouvre et se ferme sur un gond. Or je compare la planche extérieure de la porte à l'homme extérieur et je compare le gond à l'homme intérieur. Or selon que la porte s'ouvre et se ferme, la planche extérieure se tourne ici et là ; cependant le gond demeure “immobile” à sa place et ne change jamais pour autant. Il en est de même ici, si tu comprends bien.

Or je demande ici quel est l'objet du pur détachement. Je réponds ainsi : NI ceci NI cela n'est l'objet du pur détachement. Il repose sur le néant absolu et voici pourquoi il en est ainsi : Le pur détachement se situe au sommet. Or celui-là est au sommet en qui Dieu peut agir selon son absolue volonté.

Or Dieu ne peut agir dans tous les cœurs selon son absolue volonté, car bien que Dieu soit tout-puissant, il ne peut cependant agir que s'il trouve ou opère la “disponibilité”.

Nous en trouvons une comparaison dans la nature

Quand on chauffe un four et qu'on y met une pâte d'avoine, une d'orge, une de seigle et une de froment, c'est une même chaleur dans le four et pourtant elle n'agit pas de la même façon sur les pâtes ; car l'une devient du beau pain, l'autre est plus grossière, la troisième plus grossière encore. Et ce n'est pas la faute de la chaleur, c'est la faute de la matière qui est différente.

De même Dieu n'opère pas semblablement dans tous les cœurs ; il opère selon la disponibilité et la réceptivité qu'il trouve. Si un tel cœur contient ceci ou cela, il peut y avoir en “ceci ou cela” quelque chose qui fait que Dieu ne peut agir selon le mode le plus élevé.

Pour que le cœur soit disponible au plus élevé, il faut donc qu'il repose sur le PUR NEANT, et c'est là la plus grande possibilité qui puisse être. Comme le cœur se trouve au sommet, il faut qu'il repose sur le néant, car c'est là que se trouve la plus grande réceptivité.

Voici une autre comparaison dans la nature

Quand je veux écrire sur une tablette de cire, si noble que soit ce qui est inscrit sur la tablette, elle ne peut faire que je n'en sois gêné, en sorte que je ne peux pas y écrire, et si cependant je veux écrire, il faut que j'efface et supprime ce qui est sur la tablette. Et la tablette n'est jamais plus propre à l'écriture que s'il n'y a rien sur elle. De même, si Dieu doit écrire dans mon cœur selon le mode le plus élevé, il faut que sorte du cœur tout ce qui peut se nommer ceci ou cela, et tel est le cœur détaché. C'est pourquoi l'objet du cœur détaché n'est ni ceci ni cela.

Notez-le bien, gens de raison. Nul n'est plus joyeux que celui qui se trouve dans le plus grand détachement. C'est pourquoi le détachement est préférable à tout car il purifie… clarifie … enflamme … éveille … accélère (le développement de la connaissance) … fait connaître …

Notez le bien, vous tous, gens de raison

L'animal le plus rapide qui nous conduise à cette perfection, c'est l'insatisfaction …




mercredi 26 novembre 2025

Les États-Unis sont une république bananière






El Presidente Donald Trump est la version gringo des dictateurs brutaux et corrompus imposés aux pays d’Amérique latine par leurs oligarques et les impérialistes yankees.

Le président Trump est issu du même moule que tous les despotes latino-américains sans envergure qui terrorisent leur population, s’entourent de flagorneurs, de voyous et d’escrocs, et s’enrichissent – Trump et sa famille ont amassé plus de 1,8 milliard de dollars en espèces et en cadeaux en tirant parti de la présidence – tout en érigeant des monuments clinquants à leur propre gloire.

« Trujillo en la tierra, Dios en el cielo » [Trujillo sur terre, Dieu au ciel — était affiché par ordre de l’État dans les églises pendant les 31 ans du règne de Rafael Leónidas Trujillo en République dominicaine.

Ses partisans, comme ceux de Trump, l’ont nominé pour le prix Nobel de la paix. La pasteure escroc de Trump, Paula White-Cain, a proposé une version actualisée de l’autodéification de Trujillo lorsqu’elle a averti : « Dire non au président Trump reviendrait à dire non à Dieu. »

Trump est la version gringo d’Anastasio « Tachito » Somoza au Nicaragua ou de François « Papa Doc » Duvalier en Haïti, qui a modifié la constitution pour se faire consacrer « président à vie ». L’une des images les plus célèbres du long règne du dictateur haïtien montre Jésus-Christ posant la main sur l’épaule de Papa Doc assis, avec la légende « Je l’ai choisi ».

Les voyous de l’ICE sont la nouvelle version des redoutables 15 000 Tonton Macoute de Papa Doc, sa police secrète qui a arbitrairement arrêté, battu, torturé, emprisonné ou tué entre 30 000 et 60 000 opposants à Duvalier et qui, avec la garde présidentielle, a consommé la moitié du budget de l’État.

El Presidente Trump est le Juan Vicente Gómez du Venezuela, qui a pillé la nation pour devenir l’homme le plus riche du pays et a méprisé l’éducation publique afin de — selon les termes de la chercheuse Paloma Griffero Pedemonte — « maintenir le peuple dans l’ignorance et la docilité ».

El Presidente — dans toutes les dictatures — suit le même scénario. C’est une grotesque opéra bouffe. Aucun éloge n’est trop outrancier. Aucun pot-de-vin n’est trop gros. Aucune violation des libertés civiles n’est trop extrême. Aucune stupidité n’est trop absurde. Toute dissidence, aussi tiède soit-elle, est considérée comme une trahison.

Les décrets présidentiels, les coupes budgétaires, le découpage électoral, la saisie des bureaux de vote et des machines à voter, la suppression du vote par correspondance, la supervision du dépouillement des votes et la purge des listes électorales garantissent des résultats électoraux truqués.

Les institutions, de la presse aux universités, s’agenouillent devant la bêtise crasse d’El Presidente. Les législatures sont des caisses de résonance obséquieuses pour les caprices et les illusions d’El Presidente.

C’est un monde de réalisme magique, où la fantaisie remplace la réalité, la mythologie remplace l’histoire, l’immoralité est morale, la tyrannie est la démocratie et les mensonges sont la vérité.

Ce ne sont pas seulement la violence et l’intimidation qui maintiennent El Presidente au pouvoir. C’est l’inversion stupéfiante de la réalité, le déni quotidien de ce que nous percevons et son remplacement par des fictions désorientantes qui nous déséquilibrent.

Ceci, combiné à la peur induite par l’État, transforme les pays en prisons à ciel ouvert. La conscience humaine est bombardée jusqu’à ce qu’elle soit brisée et devienne un rouage bien huilé dans la vaste machine carcérale.

La psychologie tordue du président Trump est décrite par Miguel Ángel Asturias dans son roman « El Señor Presidente », inspiré de la dictature de Manuel Estrada Cabrera qui a dirigé le Guatemala pendant 22 ans ; « L’Automne du patriarche » de Gabriel García Márquez, « Au temps des papillons » de Julia Alvarez et « La Fête au bouc » et « Conversation à la cathédrale » de Mario Vargas Llosa.

Ces romans offrent un meilleur aperçu de la direction que nous prenons que la plupart des ouvrages sur la politique américaine.

« Tout est à vendre ici », écrit Julia Alvarez dans son roman, « tout sauf votre liberté ».

Les dictateurs, enfermés dans l’adulation écœurante de la vie de cour, perdent rapidement le contact avec la réalité. Les théories du complot, la science charlatanesque, les croyances bizarres et les superstitions remplacent les preuves et les faits.

Sociopathes, incapables d’empathie ou de remords et enclins à décrire le monde avec vulgarité et sentimentalisme enfantin, les dictateurs ne peuvent distinguer le bien du mal.

Ils exercent le pouvoir uniquement pour ce qu’il leur procure comme sensations. S’ils se sentent bien, c’est que tout va bien. S’ils se sentent mal, c’est que tout va mal. « L’État, c’est moi ».

« La principale qualité d’un leader de masse est devenue l’infaillibilité sans fin », écrit Hannah Arendt dans « Les Origines du totalitarisme », « il ne peut jamais admettre une erreur. Les leaders de masse au pouvoir ont une préoccupation qui prime sur toutes les considérations utilitaires : réaliser leurs prédictions. »

Le dictateur du Salvador dans les années 1930, le général Maximiliano Hernández Martínez, qui a adopté une série de lois restreignant l’immigration asiatique, arabe et noire et qui a ordonné le massacre de quelque 30 000 paysans à la suite d’un soulèvement avorté en janvier 1932, était convaincu que la lumière du soleil filtrée à travers des bouteilles colorées guérissait les maladies.

Au milieu d’une épidémie de variole, il ordonna donc que des lumières colorées soient suspendues dans toute la capitale, San Salvador.

Lorsque son plus jeune fils eut une appendicite, il écarta les médecins pour essayer son remède à base de lumières colorées, ce qui entraîna la mort de son fils. Il refusa un don de sandales en caoutchouc pour les écoliers du pays, déclarant : « Il est bon que les enfants marchent pieds nus. De cette façon, ils reçoivent mieux les effluves bénéfiques de la planète, les vibrations de la Terre. Les plantes et les animaux ne portent pas de chaussures. »

Le président Trump est issu de la même veine. Il ne fait pas d’exercice parce qu’il insiste sur le fait que le corps humain ressemble à une batterie dont l’énergie est limitée.

Il a exhorté le public, pendant la crise du COVID-19, à s’injecter du désinfectant et à s’irradier avec de la lumière ultraviolette. Il a averti les femmes enceintes de ne pas prendre de Tylenol lors d’une conférence de presse où il a divagué de manière incohérente, suggérant que ce médicament provoquait l’autisme. Il a nié la crise climatique, tweetant : « Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois afin de rendre l’industrie manufacturière américaine non compétitive », pour ensuite affirmer qu’il plaisantait en déclarant que « cela changera à nouveau ».

Il a suggéré que le bruit des éoliennes provoquait le cancer. Il a émis l’hypothèse que l’ancien Premier ministre canadien Justin Trudeau était peut-être le fils caché de Fidel Castro.

Les dictateurs se vautrent dans le kitsch. Le kitsch ne nécessite aucun investissement intellectuel. Il glorifie l’État et le chef de secte. Il célèbre un monde fantastique de dirigeants vertueux, une population heureuse et admirative et des portraits idéalisés des citoyens. Dans le cas de Trump, cela signifie les citoyens blancs.

Il brille et scintille, comme les trophées et les vases en or criards alignés sur la cheminée du bureau ovale, assortis à des sous-verres en or tout aussi vulgaires portant le nom de Trump.

Il étouffe la culture. L’Orchestre symphonique national du Kennedy Center ouvre désormais tous ses concerts par l’hymne national. Trump, qui s’est nommé lui-même nouveau président du centre, a écrit : « PLUS DE SPECTACLES DE DRAG QUEENS NI D’AUTRES FORMES DE PROPAGANDE ANTI-AMÉRICAINE ».

La saison de cette année au Kennedy Center, où le nom de Donald J. Trump a été gravé dans le marbre du Hall of States, s’est ouverte avec « The Sound of Music ». Le président par intérim du Kennedy Center nommé par Trump, Richard Grenell, espère rendre la programmation du centre plus « à l’image de Paula Abdul ».

Milan Kundera a décrit le kitsch comme une esthétique « dans laquelle la merde est niée et où tout le monde agit comme si elle n’existait pas », ajoutant qu’il s’agit d’un « paravent installé pour masquer la mort ».

Trujillo a violé les épouses de ses associés, ministres et généraux, ainsi que des courtisanes et des jeunes filles. Trump, qui était un ami proche du pédophile Jeffrey Epstein, a été accusé de viol, d’agression sexuelle et de harcèlement sexuel par au moins deux douzaines de femmes.

Julie Brown, dans son livre « Perversion of Justice: The Jeffrey Epstein Story », écrit qu’une femme anonyme, utilisant le pseudonyme « Kate Johnson », a déposé une plainte civile devant un tribunal fédéral de Californie en 2016, alléguant qu’elle avait été violée par Trump et Epstein — alors qu’elle avait 13 ans — pendant une période de quatre mois, de juin à septembre 1994.

« J’ai supplié à haute voix le défendeur Trump d’arrêter », a-t-elle déclaré dans le cadre du procès. « Trump a répondu à mes supplications en me frappant violemment au visage avec sa main ouverte et en criant qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait. »

Johnson a déclaré avoir rencontré Trump lors d’une des « soirées sexuelles avec des mineures » organisées par Epstein dans son manoir de New York. Elle affirme avoir été contrainte d’avoir des relations sexuelles avec Trump à plusieurs reprises, dont une fois avec une autre fille de 12 ans qu’elle a surnommée « Marie Doe ».

Trump a exigé une fellation, puis « a repoussé les deux mineures tout en les réprimandant avec colère pour la « mauvaise » qualité de leurs performances sexuelles », selon la plainte déposée le 26 avril 2016 devant la cour fédérale du district central de Californie.

Lorsque Epstein a appris que Trump avait pris la virginité de Johnson, il aurait « tenté de la frapper à la tête avec ses poings fermés », furieux d’avoir perdu cette opportunité.

Trump, a-t-elle déclaré, ne participait pas aux orgies d’Epstein. Il aimait regarder la jeune « Kate Johnson », âgée de 13 ans, lui faire une fellation.

Johnson a déclaré qu’Epstein et Trump avaient menacé de lui faire du mal, à elle et à sa famille, si elle parlait de leurs rencontres.

La plainte a été abandonnée, très probablement à la suite d’un accord financier avantageux. Elle a depuis disparu.

Les dictateurs ne se contentent pas de réduire au silence leurs détracteurs et leurs opposants. Ils prennent un malin plaisir à les humilier, à les ridiculiser et à les détruire. « Tout pour mes amis, la loi pour mes ennemis », a déclaré Óscar R. Benavides, le président autoritaire du Pérou, résumant ainsi le credo de tous les dictateurs.

La loi est utilisée comme une arme de vengeance. L’innocence et la culpabilité n’ont aucune importance.

L’inculpation par le ministère de la Justice de l’ancien conseiller de Trump, John Bolton, de la procureure générale de New York, Letitia James, et de l’ancien directeur du FBI, James Comey, ainsi que les citations à comparaître adressées à l’ancien directeur de la CIA, John Brennan, à l’ancien agent spécial du FBI, Peter Strzok, et à l’ancienne avocate du FBI, Lisa Page, transmettent le message fondamental de toutes les dictatures : collaborer ou être persécuté.

Cette culture de la vengeance sclérose la vie civique et politique.

Les dictateurs recherchent en vain ce qu’ils ne peuvent atteindre : l’immortalité. Ils inondent leur pays d’images d’eux-mêmes pour conjurer la mort. Trujillo a fait renommer la capitale Saint-Domingue en Ciudad Trujillo et la plus haute montagne de l’île, le Pico Duarte, en Pico Trujillo.

Trump voudrait que le stade de 3,7 milliards de dollars proposé pour les Washington Commanders porte son nom.

Le département du Trésor a publié les projets de conception d’une pièce commémorative d’un dollar, arborant le visage de Trump sur les deux faces, pour célébrer le 250e anniversaire de la nation.

Il est prévu de donner à l’opéra du Kennedy Center le nom de la première dame. Les 40 millions de dollars qu’Amazon a payés pour obtenir les droits de tourner un documentaire sur Melania Trump reproduiront sans doute la couverture médiatique obséquieuse accordée à Elena Ceaușescu, connue comme « la mère de la nation », par la télévision d’État roumaine pendant le règne de son mari, Nicolae Ceaușescu.

D’énormes bannières coûteuses à l’effigie du président Trump ornent l’extérieur des bâtiments fédéraux de la capitale.

Ceci, ajouté aux nombreuses Trump Towers à travers le monde, n’est qu’un début. Inonder le monde de portraits de Trump, afficher son nom sur les bâtiments et les places publiques, rendre sans cesse hommage à sa divinité et à son génie, et la mort sera tenue à distance.

Mario Vargas Llosa écrit dans « La Fête au bouc » comment les dictatures transforment tout le monde en complices :

Les riches aussi, s’ils voulaient continuer à être riches, devaient s’allier au Chef, lui vendre une partie de leurs entreprises ou acheter une partie des siennes, et contribuer ainsi à sa grandeur et à son pouvoir. Les yeux mi-clos, bercé par le doux bruit de la mer, il pensait au système pervers créé par Trujillo, un système auquel tous les Dominicains finissaient tôt ou tard par participer en tant que complices, un système auquel seuls les exilés (pas toujours) et les morts pouvaient échapper. Dans ce pays, d’une manière ou d’une autre, tout le monde avait fait, faisait ou ferait partie du régime. « La pire chose qui puisse arriver à un Dominicain, c’est d’être intelligent ou compétent », avait-il entendu Agustín Cabral dire un jour (« Un Dominicain très intelligent et compétent », se dit-il) et ces mots étaient restés gravés dans son esprit : « Car tôt ou tard, Trujillo fera appel à lui pour servir le régime, ou sa personne, et quand il l’appelle, on n’a pas le droit de dire non. » Il était la preuve de cette vérité. Il ne lui était jamais venu à l’esprit d’opposer la moindre résistance à ses nominations. Comme le disait toujours Estrella Sadhalá, la Chèvre avait privé les gens de l’attribut sacré que Dieu leur avait donné : leur libre arbitre.

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Source et traduction : Chronique de Palestine