mardi 30 décembre 2025

Affiches pour l’olivier de l’exil




Du 15 au 30 janvier 2026, la P21 Gallery à Londres accueille Posters to the Olive Tree of Exile ("Affiches pour l’olivier de l’exil"), une exposition personnelle de l’artiste turc Yusuf Aygeç. À travers une série de dessins d’une grande sobriété formelle, l’artiste inscrit son travail dans une démarche de mémoire, de témoignage et de résistance, en écho direct à la destruction de Gaza depuis octobre 2023, largement qualifiée par des organisations internationales de défense des droits humains comme étant de nature génocidaire.

Un art du témoignage contre l’effacement

Sous le commissariat de Samed Karagöz, l’exposition met en lumière la capacité de l’art à préserver la mémoire et à témoigner, en particulier dans le contexte des attaques incessantes menées par Israël contre Gaza depuis octobre 2023. Cette destruction, décrite par de nombreux acteurs internationaux comme un crime contre l’humanité, constitue le cadre politique et moral dans lequel s’inscrit le travail de Yusuf Aygeç.

L’artiste ne cherche pas à représenter frontalement la violence. Ses œuvres n’illustrent ni les bombardements ni les ruines spectaculaires. Elles donnent à voir ce que la guerre laisse dans les corps et les esprits : le deuil, l’exil, la perte, mais aussi une forme de résistance silencieuse. Le dessin devient ici un espace de retenue, presque de recueillement, face à un monde saturé d’images brutales.

L’olivier de l’exil, symbole central

Chaque œuvre de Posters to the Olive Tree of Exile se présente comme une lettre adressée à l’olivier, symbole profondément ancré dans l’histoire de la Palestine et du bassin méditerranéen. Arbre de la terre, de la continuité et de l’enracinement, l’olivier incarne aussi la dépossession, l’arrachement et l’exil lorsqu’il est détruit ou abandonné.

Chez Aygeç, ce symbole structure l’ensemble de l’exposition. Le trait, fragile mais précis, agit comme un lien entre mémoire individuelle et mémoire collective. L’exposition se construit ainsi comme une archive visuelle contre l’oubli, rappelant que l’effacement de la mémoire est aussi un instrument politique.
Gaza, mémoire empêchée et résistance esthétique

Depuis octobre 2023, Gaza a connu la destruction de quartiers entiers, le déplacement massif de populations civiles et le ciblage systématique d’infrastructures vitales. Face à cette réalité, l’exposition ne se contente pas de proposer une lecture esthétique. Elle interroge la manière dont l’histoire est écrite, racontée ou volontairement effacée.

Les dessins de Yusuf Aygeç rendent visibles les répercussions psychologiques et émotionnelles de cette violence. Ils s’opposent à la normalisation du désastre et rappellent que se souvenir devient, dans certains contextes, un acte de résistance. L’art ne se substitue pas au politique, mais il refuse de se taire lorsque le silence devient complice.

Mahmoud Darwich, la poésie comme fil de mémoire

L’exposition dialogue également avec l’œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich. Plusieurs dessins font écho à ses vers, qui traversent l’espace de la galerie comme un souffle discret. Cette présence poétique ne relève pas de l’illustration, mais d’une continuité symbolique.

Les mots de Darwich et les images d’Aygeç se répondent pour construire une mémoire partagée de l’exil, de la terre perdue et de l’attachement irréductible à ce qui demeure. La poésie devient ainsi une autre forme d’archive, aussi essentielle que le dessin pour lutter contre l’effacement.

Une exposition au moment décisif

Les organisateurs estiment que cette exposition revêt une importance particulière, tant par son contenu que par son calendrier. Dans un contexte international marqué par l’épuisement des récits humanitaires et la banalisation de la violence à Gaza, Posters to the Olive Tree of Exile rappelle que l’art peut encore être un espace de conscience, de mémoire et de responsabilité.

Yusuf Aygeç et Samed Karagöz

Né en 1989 à Istanbul, Yusuf Aygeç est diplômé du département de peinture de la faculté des beaux-arts de l’université de Marmara. Son travail se concentre sur les notions de mémoire, d’espace et d’identité. Il a présenté des expositions personnelles à la C.A.M Gallery et à la Merkur Gallery, et participé à des événements internationaux tels que Contemporary Istanbul et Christie’s Dubai.





lundi 29 décembre 2025

Jeffey Epstein et sa French Connection






En mars 2011, j’avais publié un post sur l’affaire Jeffrey Epstein, du nom de cet homme d’affaires (?), financier (?) américain qui se livrait à l’exploitation sexuelle de jeunes femmes à son profit mais surtout à celui de ses amis, des personnalités du monde des affaires ou de la politique, la plus remarquable (mais pas la plus importante) étant l’ex-Prince Andrew d’Angleterre.

Dans le post de 2011 comme dans celui de 2015, je n’avais pas fait mention du rôle de la France dans le réseau Epstein sauf pour mentionner que sa compagne et complice Ghislaine Maxwell avait entre autres nationalités la nationalité française.

Il était apparu pourtant qu’un certain Jean-Luc Brunel était un élément important du dispositif Epstein et il apparaît désormais nettement que Paris, où Epstein possédait une résidence luxueuse, était une plaque tournante du trafic d’êtres humains piloté par Epstein.

Brunel a été arrêté en 2020 par la police française pour une affaire de viols apparemment sans lien avec le réseau Epstein. Quelques mois après son arrestation il était inculpé une nouvelle fois pour traite d’êtres humains. Brunel se pendra en prison en février 2022 un peu moins de trois ans après son ami lui aussi retrouvé «suicidé» par pendaison dans sa cellule.

Ce qui est certain, c’est que depuis la mort de Brunel, médias et politiciens français font comme si l’affaire Epstein ne concernait pas et n’avait jamais concerné la France.

Or, outre le fait que Ghislaine Maxwell est de nationalité française, certains aux États Unis parlent de French Connection.

Mounadil al Djazaïri

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La French Connection 
Le nœud parisien du réseau de Monsieur Epstein


par Nina Burleigh

Un de mes amis journaliste à Washington DC et moins engagé dans le dossier Epstein, m’a récemment demandé d’où venait l’idée qu’Epstein aurait fait le trafic de «plus d’un millier» d’êtres humains (jeunes filles, femmes et, selon certaines sources, garçons) durant son règne sinistre de proxénète pour l’élite. Il trouvait ce chiffre incroyablement élevé.

Ce chiffre est tiré directement d’un communiqué de presse du ministère de la Justice de Trump daté du 7 juillet, indiquant qu’un examen interne de plus de 300 gigaoctets de «données et de preuves matérielles» suggérait qu’«Epstein avait fait plus de mille victimes». Abstraction faite du fait que Pam Bondi et Kash Patel sont des menteuses avérées et des domestiques de Trump, nous pouvons prendre leur évaluation pour argent comptant, car l’inventer ne semblerait pas offrir une protection supplémentaire à leur cher leader.

La question reste posée : comment un seul voyou a-t-il pu accomplir une telle prouesse ?

Nous savons qu’Epstein appartenait à cette élite sans frontières ni nationalité, dont la seule allégeance va aux banquiers. Il possédait plusieurs passeports (un autrichien avec une adresse saoudienne et deux américains). Il pouvait ainsi franchir les douanes sans attirer l’attention en transitant avec son jet par les aéroports – civils et militaires – en compagnie de personnalités telles que Bill Clinton et l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak.

Beaucoup d’éléments sont déjà publics, mais en attendant que le ministère de la Justice dévoile ses archives compromettantes, les communications connues d’Epstein avec ses amis, ses carnets de vol et ses courriels de planification avec son personnel suggèrent comment il a pu faire un millier de victimes.

Entre 2013 et 2019, Epstein a fréquemment transporté par avion des femmes non identifiées à destination et en provenance d’aéroports d’Europe de l’Est – Kiev, Moscou, Ekaterinbourg et Varsovie – ainsi que de Stockholm et d’Helsinki par des vols commerciaux via Paris.

Ces voyages incluaient presque toujours des passagers [censuré] – des individus anonymes dont le tri dans les documents suggère qu’il s’agit de victimes de la traite dont les noms sont délibérément protégés.

Nous savons qu’en tant qu’«agent de mannequins», Epstein était de mèche avec le trafiquant Jean-Luc Brunel pour transporter et rendre apatrides des femmes et des jeunes filles qu’il hébergeait ensuite dans son immeuble de l’Upper East Side à New York – souvent après avoir confisqué leurs passeports, visas et autres documents. Sa très grande implication dans le milieu des beautés d’Europe de l’Est explique en partie pourquoi, comme je l’ai récemment écrit ici même, il n’est pas impossible qu’il ait également connu l’ex-Melania Knav [aujourd’hui Melania Trump].

Une plainte déposée en 2021 par Gloria Allred et d’autres avocats au nom d’une ressortissante russe anonyme contre l’avocat d’Epstein, Darren Indyke, exécuteur testamentaire, a exposé le déroulement des événements à Paris.

En 2017, selon ces documents, Jane, alors âgée d’une vingtaine d’années, vivait à Moscou et cherchait du travail. Elle avait répondu à une offre d’emploi d’une société financière qui recherchait un assistant personnel multilingue. Elle avait rapidement rencontré la représentante d’Epstein en Russie, qui lui avait indiqué que le poste consistait à être assistante personnelle d’un homme. On ne lui avait pas précisé le nom de cet homme ni celui de l’entreprise. Les assistants d’Epstein à New York lui avaient envoyé des billets d’avion pour Paris.

À l’aéroport Charles de Gaulle, Jane a été prise en charge par un chauffeur et conduite à l’appartement d’Epstein, avenue Foch. Epstein a emmené Jane et trois autres jeunes femmes dîner dans un restaurant près du Louvre. «Jane a cru qu’il s’agissait d’un entretien d’embauche», selon la plainte. Epstein lui a posé des questions typiques d’un entretien d’embauche et lui a remis 500 euros en espèces. Après le dîner, ils sont rentrés à l’appartement. L’assistante russe qui avait fait passer l’entretien à Jane à Moscou était présente (sa photo était affichée dans l’appartement). L’assistante russe a ensuite conduit Jane dans la chambre et lui a demandé de mettre un pyjama. Les autres jeunes femmes avaient déjà enfilé des pyjamas similaires.

Jane voulait dormir, mais on lui a ordonné de rester éveillée. Finalement, l’assistante russe l’a emmenée dans la «salle de massage» où elle a subi le «massage» et l’agression sexuelle que d’innombrables filles et femmes ont depuis décrits comme le mode opératoire d’Epstein. Selon la plainte, Epstein l’a violée et exploitée sexuellement à plusieurs reprises pendant deux ans à Paris, New York, en Floride et dans les îles Vierges américaines.

Le mode opératoire parisien est suggéré dans les courriels de planification : pour l’une d’entre elles [nom masqué], ils se sont arrêtés à Stockholm pour récupérer «son amie» (il s’agissait d’une sorte de système pyramidal, où des filles étaient payées pour en recruter d’autres). Dans un autre courriel de planification, une jeune femme [nom masqué] a été placée dans un train de Paris à Genève, puis emmenée «en voiture jusqu’à l’école hôtelière Glion à Montreux» – très probablement l’une des promesses de formation professionnelle qu’Epstein utilisait pour attirer de jeunes femmes sans défense dans son réseau.

En septembre de cette année, une autre plainte anonyme en relation avec Paris a été déposée, cette fois par une femme originaire d’un «pays à majorité musulmane d’Asie centrale», alléguant qu’Epstein lui avait obtenu un visa français d’étudiant, puis l’avait séquestrée dans son appartement parisien et avait fait en sorte que son personnel lui apporte à manger.

Ce nouveau lot d’emails de planification suggère qu’il s’est livré à un trafic via Paris avec des passagères [censuré] jusqu’à son arrestation à Teterboro – sur un vol de retour de France – en 2019.

Ils montrent également comment les déplacements de voyageuses présumées sans défense, bientôt victimes de trafic, à travers Paris, étaient mêlés aux fréquentations mondaines d’Epstein avec des milliardaires de la haute société européenne et des dignitaires politiques européens qui, pour une raison inexplicable, sont restés ses amis tout au long des années qui ont suivi sa sortie de prison.

Parmi les fréquentations parisiennes d’Epstein figuraient l’héritier de Fiat et magnat de l’industrie Eduardo Teodorani, ainsi que le milliardaire Axel Dumas, propriétaire d’Hermès. Epstein a dîné avec le diplomate norvégien Terje Rod-Larsen, figure emblématique des accords d’Oslo (qui a bénéficié de fonds d’Epstein pour l’acquisition d’une résidence sur une île grecque et s’est rendu à plusieurs reprises dans son manoir new-yorkais), et a même accueilli pendant trois jours, avec nuitée, dans son appartement de l’avenue Foch le secrétaire général du Conseil de l’Europe, l’homme politique norvégien Thorbjörn Jagland, lors de la Fashion Week parisienne de 2015.

Nous savons qu’Epstein considérait la Fashion Week de Paris comme les chasseurs de cerfs attendent l’ouverture de la saison de la chasse en Pennsylvanie. En témoigne cet échange de SMS de 2018 avec Steve Bannon [où il est question de poussière dans les testicules, NdT] :




La semaine dernière, j’ai reçu un appel d’une émission de radio londonienne qui me demande parfois de commenter l’affaire Epstein. Le présentateur voulait savoir si la publication de dizaines de milliers de pages de communications d’Epstein constituait «la preuve irréfutable».

La question faisait sans doute référence à une preuve accablante et irréfutable – photos ou vidéo d’un viol – qui pourrait lier Donald Trump, l’allié d’Epstein, à quelque chose de plus odieux que ce que l’on sait incontestablement d’un prédateur en série et futur président des États-Unis fréquentant depuis des années un trafiquant sexuel à grande échelle.

En réalité, nous en savons déjà beaucoup. Et ce que nous pensons ne pas être connu est en fait bien connu de beaucoup de gens : les avocats d’Epstein, assurément ; certains agents du FBI et d’anciens et actuels procureurs fédéraux ; les complices rémunérés d’Epstein ; ses amis et fréquentations au sein de l’élite sans frontières et bien sûr les femmes victimes de la traite. Les courriels d’organisation désormais publics sont presque toujours expédiés par Lesley Groff, la fidèle assistante blonde d’Epstein, aujourd’hui femme au foyer du Connecticut, arborant une respectabilité typiquement WASP de New Canaan, et qui a jusqu’à présent échappé aux poursuites. Dans un courriel datant de la période où elle organisait également [informations confidentielles], elle mentionne qu’elle emmène ses propres enfants à Disneyland.

Que Groff ou les autres complices et les participants/témoins masculins soient un jour forcés de parler ou non, à mon avis cette «preuve irréfutable» est déjà là, sous nos yeux, à la vue de tous.


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BONUS

L'enquête contre Clinton dans l'affaire Epstein n'est-elle qu'un spectacle ? Trump & Clinton - The Show must go on !


Lors de sa dernière campagne présidentielle, Donald Trump avait promis de rendre public le dossier de l'affaire Jeffrey Epstein. Epstein avait géré un réseau de commerce sexuel d'enfants et il existe des indices selon lesquels de nombreuses célébrités étaient impliquées. Cependant, après l'élection, Trump s'est opposé à la publication des dossiers Epstein, ce qui a suscité beaucoup de critiques et d'opposition au sein de son propre parti et de sa base, le mouvement MAGA [MAGA : d'après le slogan de la campagne électorale de Trump en 2015/16 : "Make America Great Again"]. Après que la pression est devenue trop forte, y compris en ce qui concerne ses propres liens avec Jeffrey Epstein, il s'est ravisé au dernier moment et a finalement accepté de divulguer d'autres dossiers. En outre, peu avant l'adoption de la loi sur la déclassification des dossiers dans l'affaire Epstein, il a annoncé que sa ministre de la Justice, Pam Bondi, allait désormais ouvrir une enquête sur l'affaire Epstein contre l'ancien président Bill Clinton, l'ancien secrétaire au Trésor Larry Summers, la banque J. P. Morgan et le cofondateur de Linkedin Reid Hoffman. 

Bondi a alors fait appel à Jay Clayton pour mener à bien cette enquête. Ce dernier siégeait auparavant au conseil d'administration d'"Apollo Global" - une entreprise du milliardaire Leon Black. Leon Black était quant à lui un bon partenaire commercial de Jeffrey Epstein, à qui il avait versé 158 millions de dollars pour ses services. Il n'est pas certain que quelqu'un de ce milieu puisse enquêter avec l'impartialité nécessaire. 

Le fait que Bill Clinton fasse l'objet d'une enquête est toutefois fondamentalement juste.Dans les années 1990 déjà, des accusations d'abus sexuels ont été portées contre lui. À l'époque, Brice Taylor et Cathy O'Brien ont tous deux décrit en détail dans leurs livres comment ils ont été torturés et soumis à des sévices rituels à des fins de conditionnement sous l'égide des agences de renseignement dans le cadre des programmes MK-Ultra. Ils ont décrit comment ils ont ensuite été utilisés par les services secrets, notamment auprès de Bill Clinton, pour lui faire passer des messages ou lui soutirer des informations et comment, dans ce cadre, ils ont également été abusés sexuellement par ce dernier. 

Maria Farmer accuse également Clinton. Farmer et sa sœur avaient déjà été victimes du réseau de commerce sexuel d'Epstein en 1996. Maria devait également travailler à la réception de l'une des maisons d'hôtes d'Epstein et avait donc un aperçu explicite des personnes qui allaient et venaient. Bill et Hillary Clinton ont été vus par elle à plusieurs reprises. Elle a même qualifié les Clinton, tout comme le président américain Trump, de complices d'Epstein : 

"J'ai nommé tout le monde, j'ai nommé Donald Trump. J'ai nommé tous ceux que je considérais comme des complices. [...] Donald Trump, absolument les Clinton. Ce sont des gens que j'ai vus entrer et sortir. Je savais qu'ils faisaient partie d'un tout." En juin 2025, l'administration Trump avait encore déclaré qu'il n'existait aucune preuve pouvant justifier une enquête sur des personnes non encore inculpées. Pourquoi ce soudain changement d'attitude avec l'inculpation de Clinton et des autres personnes ?

Eh bien, le jeu "Trump contre Clinton" a déjà été joué à plusieurs reprises.

Comme nous l'avons montré dans l'émission "Dossier Trump - Sauveur ou partie du Deep State", Trump et Hillary Clinton - en tant que candidats à la présidence - se sont violemment attaqués lors de la campagne présidentielle de 2016. Là encore, Trump a promis, en cas de succès de l'élection, d'ouvrir une enquête sur Clinton, ce qui n'a jamais eu lieu. Toutes les enquêtes sur Hillary Clinton ont été abandonnées sous Trump. Cela n'a rien d'étonnant, car les deux familles sont liées par une longue amitié. Ainsi, lors de la cérémonie de mariage de Donald et Melania Trump en 2005, Hillary Clinton était assise au premier rang. Trump a fait des dons à la Clinton Foundation et à la campagne sénatoriale d'Hillary Clinton.

Alors pourquoi cette attaque surprise contre le vieil ami, sans raison apparente ?

Il faut savoir que même après cette décision législative de déclassifier les dossiers Epstein, ceux-ci ne seront pas mis à la disposition du public de manière ouverte et complète. Là aussi, il y aura des caviardages, et pour les réaliser la ministre de la Justice Pam Bondi et son équipe disposent de 30 jours. Ces caviardages visent d'une part à protéger les victimes et les informateurs. Par ailleurs, il est désormais possible de retenir ou de caviarder du matériel qui "mettrait en danger une enquête fédérale active ou une poursuite pénale en cours". Cela concernerait alors également Bill Clinton. Comme il fait l'objet d'une enquête, tout ce qui le concerne devrait être retenu.

L'enquête sur Clinton, annoncée à grand renfort de publicité, présente donc un triple avantage pour Trump : 

1) Il peut ainsi détourner l'attention de son propre rôle dans l'affaire Epstein.

2) Il peut jouer au héros pour ses partisans dans la lutte pour le spectacle entre la gauche et la droite, qui ouvre enfin l'enquête tant réclamée contre Clinton.

3) En même temps, il a ainsi la possibilité de mettre son vieil ami Clinton hors de la ligne de mire lors de la publication des dossiers Epstein, puisque rien ne peut être publié à son sujet en raison de la procédure en cours.

Conclusion : Le célèbre lanceur d'alerte et auteur britannique David Icke, dont les analyses et les prédictions ont régulièrement fait mouche, n'a cessé de souligner que le grand spectacle de la lutte politique entre la gauche et la droite, ou entre les démocrates et les républicains, est une vaste escroquerie. "Vous voyez, c'est la grande arnaque. En politique, il y a la "gauche" contre la "droite".

Et en arrière-plan, ils sont tous amis. Je veux dire, certains d'entre eux peuvent être vraiment en désaccord, mais beaucoup d'entre eux, les personnes clés, sont des amis.

Ce que nous voyons donc en termes de politique, "gauche" et "droite", c'est du théâtre. C'est du théâtre de divertissement, non ? ... Mais si l'on fait un pas en arrière dans ce jeu de marionnettes où il y a la gauche et la droite, et que l'on va dans l'ombre, on voit que les deux sont contrôlés par les mêmes mains. C'est pourquoi peu importe qui est au pouvoir, "gauche" ou "droite", le même agenda pour l'humanité se révèle." C'est sur cette toile de fond que s'éclaircit la pièce de théâtre Trump-Clinton proposée ici : Aucun des acteurs de ce "show" qui se produisent ici n'a intérêt à révéler publiquement des noms importants dans le dossier Epstein, et le public continuera donc à être aveuglé par de tels spectacles de diversion. The Show must go on - jusqu'à ce que les peuples voient clair dans ce théâtre gauche/droite et ne se laissent plus berner.



dimanche 28 décembre 2025

Le monde marche à l’envers depuis un bon moment



J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le nouveau livre de Christian Combaz (Campagnol). Dans un style allégorique et enlevé, l'auteur parvient en 160 pages à décrire le changement de paradigme qu'est en train de vivre notre époque en dévoilant son mécanisme central: la volonté perverse du mal à se faire passer pour le bien.

Là où certains prélats hésitent désormais à parler du diable, Christian Combaz n'hésite pas à désigner l'Adversaire et la logique d'inversion totale qu'il cherche à imposer à tous les aspects de nos sociétés. L'auteur ne manque pas de rappeler que cette tentative de subversion va de pair avec une guerre totale menée au christianisme et à l’Église et que la figure du Christ constitue la seule force capable d'opposer une résistance efficace au démon.

A bien des égards, le traitement que subit le travail de Christian Combaz illustre parfaitement la thèse du livre. Dans une France "à l'endroit", M. Combaz serait reçu sur tous les plateaux et son talent recevrait l'hommage qu'il mérite. La France "à l'envers" préfère l'ignorer et montre ainsi qu'elle est incapable de reconnaître l'un des rares vrais écrivains français.

Stanislas Berton.




À l'endroit
de Christian Combaz

« Notre hôte m’a dit qu’il voulait écrire un petit livre cet été et qu’il voulait l’appeler À l’endroit. Son idée est que le monde marche à l’envers depuis un bon moment, et il veut montrer à quel point ça va changer. L’envers ce n’est pas seulement ce qui est caché, c’est le miroir, c’est ce qui est renversé. Dans le monde qu’on a inventé, il est de plus en plus utile d’être un salaud, ça rapporte de plus en plus, donc quand monsieur l’écrivain parle d’un retour à l’endroit je ne peux m’empêcher d’appliquer la métaphore au renversement magnétique des pôles, je trouve que tout est cohérent. Le nord magnétique de l’histoire occidentale est en train de se déplacer à toute allure et la planète humaine va inverser ses polarités morales. Je ne blâme pas en fait l’inversion des valeurs, mais leur effacement, leur confusion la disparition du nord magnétique. Je blâme une tentative de fabriquer un monde monopolaire, un monde qui n’a plus besoin de l’autre pôle, un monde où l’envers et le signe moins ont pris toute la place de l’endroit et du signe plus. – Il a raison a dit Léon, c’est la définition du diable. Le diable dit qu’il n’a pas besoin de la dualité, il veut prendre toute la place, il veut occuper l’estrade , le diable n’admet pas la contradiction du divin, il refuse le débat, il repousse toute négociation avec l’autre versant de la morale , le diable essaie de se déguiser en son contradicteur pour avoir raison, il essaie de noyauter ses opposants, il dit finalement : tout le monde est d’accord, alors que c’est un mensonge, et c’est exactement ce qui se passe dans la démocratie moderne ».


Satanisme et abattage du vivant


Par Thierry Theller


Il est clair, aujourd’hui, que le Mondialisme n’est que le cache-sexe démoniaque du Satanisme. D’autant que, depuis la nuit des temps, ses méthodes et ses motivations profondes ont toujours été les mêmes. À savoir, la désarticulation de la Foi du plus grand nombre : vecteur de courage et de résistance, notamment, en ce temps où règne la primauté planétaire de la mort. Mais aussi, in fine, la planification meurtrière de la mise sous tutelle mortifère de la Souveraineté universelle du Vivant.

À cet égard, Il va de soi que l’instrumentalisation préalable de l’opinion publique, au contraire du hasard, relève de la plus étroite connivence politico-médiatique entre les forces esclavagistes d’oppression citoyenne et les menées diaboliques des Ténèbres.

Autrement dit, en ces temps de malédiction, conduite sous la férule d’une cabale luciférienne aux arrière-pensées génocidaires, une embuscade tendue par les puissances noires de l’anti vie, vise essentiellement, à empoisonner ou à abattre sans état d’âme tout ce qui bouge…

À l’instar du genre humain et du monde animal ???

Dans ces conditions, à défaut de Foi, de confiance en soi et de discernement, c’est-à-dire, sans conscience : seule en capacité d’anticiper la nature réelle d’évènements futurs, comment se mettre au diapason de la violente réalité des débordements, qui s’apprêtent désormais à laminer le tout dernier sursis de nos légitimes aspirations sociales… Hélas, toujours saturées d’illusions ?

Aussi, est-il fort probable que, en ces temps de chaos, l’ancienne habitude prise d’aller à la ‟Va-comme-je-te-pousseˮ, ou d’obéir aveuglément à la tyrannie suintante de la peur – subordonnée à une hiérarchie malfaisante (FDO), ne suffira pas à désamorcer la détermination machiavélique des pendards génocidaires aux ordres, d’en finir avec la soi-disant foultitude de prétendus ‟Inutilesˮ…

En d’autres termes, des ‟Riensˮ ! Des ‟Sans objetˮ rentables qui, du point de vue de l’appât du gain et de la soif de profits, sont évidemment réputés êtres des rebuts, définitivement inconciliables avec la simple superstition chrétienne du droit de vivre. À moins que, comble du comble, on ne leur accorde inconsidérément, un droit d’accès à on ne sait quel ‟élixir d’immortalitéˮ !

Pour conclure, à l’adresse de tous les sceptiques et de tous les allergiques à l’obligeance altruiste des prétendus maîtres du monde, il convient ici de leur rendre l’hommage en bonne et due forme qui leur revient de droit.

En effet, nul besoin de troisième œil ni de boule de cristal pour annoncer sans crainte d’être contredit, que la véritable fin de la triste histoire du monde, en dépit des coups politiques tordus, des seringues, de la maltraitance animale et du sang versé, est en train, – pour les Chevaliers de la droiture, de s’écrire en lettres majuscules.

Étant donné que, d’aussi loin que l’on sache, la voix universelle de la conscience ne saurait mentir.

En revanche, pour ce qui est des prédateurs de toute nature, savent-ils que l’heure de sonner le glas avance pour eux à grands tours de cadran ?

En outre, l’heure de rendre des comptes, comme celle de compter leurs abattis, aussi !


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Vladimir Poutine déclare que la Russie mène une lutte contre le satanisme, l'occultisme et la sorcellerie.

Selon lui, ces phénomènes visent à désorienter les individus, à les plonger dans les ténèbres, et finalement à anéantir leur psyché ainsi que leur moral.

On peut détester Poutine de tout son cœur mais c’est impossible de ne pas être d’accord avec son constat. Fact !





samedi 27 décembre 2025

Mensonge du judéo-christianisme : les véritables racines de l’Occident



Notre civilisation n’est pas “judéo-chrétienne” par essence : elle est d’abord helléno-romaine, façonnée par le droit, la cité, la phronèsis, le goût de l’ordre et de la mesure. Le slogan “judéo-christianisme” sert aujourd’hui d’écran idéologique : il gomme l’héritage romain pour imposer un récit moral, culpabilisant et désarmant. Eric Zemmour s’y accroche par calcul politique ; c’est un contournement de la question fondamentale : d’où tirons-nous nos critères de souveraineté, de liberté et de puissance ? Le catholicisme s’étant affaibli, l’Occident s’est offert aux ingénieries morales, à l’UE technocratique et au juridisme sans peuple. Retrouver la colonne vertébrale romaine, c’est réarmer l’État, la famille, la responsabilité civique, la primauté du bien commun sur les caprices du marché et des clergés médiatiques. L’esprit européen n’a jamais été un catéchisme : c’est une architecture politique enracinée, hiérarchique, virile.

L’Occident contemporain se raconte à travers un mythe commode mais trompeur : celui d’une civilisation prétendument judéo-chrétienne. Ce récit occulte l’essentiel. Notre matrice politique, juridique et civilisationnelle est d’abord helléno-romaine.

La fragilisation du catholicisme comme structure d’ordre a ouvert la voie à un moralisme hors-sol, capturé par la technocratie européenne, le juridisme sans peuple et la gouvernance cachée. Le slogan judéo-chrétien sert désormais de paravent à une réinitialisation globale des repères : frontières délégitimées, droit dissous, cité neutralisée. Ce glissement n’est pas spirituel, il est politique.

L’histoire montre pourtant que l’Occident s’est bâti sur trois piliers concrets : la cité, le droit romain et l’armée. Cette matrice a permis la Renaissance, l’essor scientifique, la stabilité monétaire et la projection stratégique. À l’inverse, la sanctuarisation d’un empire moral a créé une brèche durable dans la souveraineté des peuples, en plaçant une cité idéale au-dessus de la cité réelle. La compassion sans frontières devient alors un outil de dissolution politique.

Revenir à la voie romaine, ce n’est ni nier la foi ni idolâtrer le passé. C’est rétablir la primauté du réel sur la morale punitive, redonner au politique sa dignité propre, restaurer la frontière comme institution, la propriété comme socle, et la responsabilité comme principe. La renaissance souveraine ne passera ni par la repentance ni par l’allégeance à des agendas extérieurs, mais par une refondation lucide, enracinée et hiérarchique de l’ordre européen.

Laurent Guyénot démonte le mythe judéo-chrétien et ses impasses politiques face à Raphaël Besliu, sur Géopolitique Profonde.





Détournement du christianisme


par Laurent Guyénot


« Les Juifs ne sont pas seulement en décalage avec la civilisation chrétienne, ils la méprisent totalement », explique Michael Wex dans son essai sur la culture yiddish, Born to Kvetch. Mais la stratégie de la Haskalah exige de rendre un respect obséquieux au christianisme. Elle consiste non seulement à imiter le christianisme pour jouir des mêmes droits et dignité qu'une religion universelle, mais aussi à affirmer la paternité pour l'absorber. « Ce qui a donné naissance à l’Évangile chrétien, affirme le rabbin Benamozegh, c’est cette foi en la religion universelle que les Juifs croyaient née de leur ancienne doctrine et dont ils devaient un jour établir le règne. » 

Mais le christianisme, comme l’islam, est une expression imparfaite de cet idéal, dont la véritable forme devrait être le noachisme, la loi universelle « que le judaïsme a précieusement préservée et qui fut le point de départ et l’élan de la prédication chrétienne dans le monde ». Exhorte donc le christianisme à reconnaître ses erreurs et à retourner à ses sources. La source est Jésus le Juif, tandis que la responsabilité de l'antisémitisme chrétien est imputée à saint Paul, le premier Juif qui se déteste, qui a écrit que les Juifs « ne plaisent pas à Dieu, ils sont les ennemis de tous les hommes » (1 Thessaloniciens 2 :1516).

 Heinrich Graetz écrit dans son Histoire des Juifs

« Jésus ne s’attaqua pas au judaïsme lui même, il n’avait aucune idée de devenir le réformateur de la doctrine juive ou le promoteur d’une nouvelle loi ; il cherchait simplement à racheter le pécheur, à l’appeler à une vie bonne et sainte, à lui apprendre qu’il est un enfant de Dieu et à le préparer pour le temps messianique qui approche. Ainsi, il « s’est senti victime d’un malentendu. Quel malheur a été causé par cette seule exécution ! Combien de morts et de souffrances de toutes sortes n'at il pas causé parmi les enfants d’Israël ! »


Ce processus peut être décrit comme une « christianisation du judaïsme » superficielle : le judaïsme imite non seulement le message universaliste du christianisme, mais revendique également Jésus comme l’un de ses honorables représentants. Mieux encore, la crucifixion du Christ devient le symbole du martyre des Juifs. En 1918, le rabbin Kaufmann Kohler, figure marquante du judaïsme réformé américain, écrivait dans sa Théologie juive

« Israël est le champion du Seigneur, choisi pour combattre et souffrir pour les valeurs suprêmes de l’humanité, pour la liberté et la justice, la vérité. et l'humanité ; l'homme de malheur et de chagrin, dont le sang doit fertiliser le sol avec les graines de justice et d'amour pour l'humanité. […] C'est pourquoi le judaïsme moderne proclame avec plus d'insistance que jamais que le peuple juif est le Serviteur du Seigneur, le Messie souffrant des nations, qui a offert sa vie comme sacrifice expiatoire pour l'humanité et a fourni son sang comme ciment pour édifier l'humanité divine, royaume de vérité et de justice. »

Cette singerie de la sotériologie chrétienne (doctrine du salut) culmine dans la religion de l’Holocauste, avec Auschwitz remplaçant le Calvaire. Et parce que le bien absolu a besoin de son ennemi le mal absolu, on comprend l'importance de transformer Hitler en un principe quasi métaphysique, avec des titres comme Explaining Hitler : The Search for the Origins of His Evil de Ron Rosenbaum (1998), devenu en français traduction : Pourquoi Hitler ? Enquête sur l'origine du mal. Le toupet et la moustache du Führer ont remplacé les cornes du diable dans l'iconographie populaire.

Tout en imitant le christianisme, le judaïsme cherche aussi à le transformer. La contrepartie de la christianisation du judaïsme est donc la judaïsation du christianisme. Selon l'historien du judaïsme Daniel Lindenberg : « la Réforme juive ne veut pas seulement s'assimiler unilatéralement au monde chrétien moderne. D'une certaine manière, il vise également à le « réformer ». […] Il s'agit bien de réveiller la « racine » hébraïque d'un christianisme réconcilié avec les droits de l'homme, faire du christianisme une religion judéophile, c'est-à-dire une branche du judaïsme. 

Jules Isaac, fondateur du groupe d'amitié judéo-chrétienne en 1948, a commencé cette tâche dans les années précédant Vatican II :

"J'ai appelé les catholiques à renoncer leur antijudaïsme et de reconnaître les Juifs comme leurs « frères aînés » sur la base d'une vision de Jésus identique à celle de Graetz : "L'originalité de Jésus ne consistait pas à innover en matière de foi et à rompre avec la religion de ses pères, mais simplement d’extraire de l’Écriture et de toute la tradition orale juive les éléments d’une foi véritablement pure et d’une morale universelle."

Le 15 décembre 1959, Isaac donne une conférence à la Sorbonne intitulée « La réparation nécessaire de l'enseignement chrétien sur Israël », publiée plus tard sous le titre L'Enseignement du mépris (« Enseigner le mépris »). Pour le satisfaire, Jean XXIII nomme le cardinal Bea à la tête du Secrétariat pour l'unité des religions chrétiennes, qui s'occupe également des relations avec le judaïsme.

Les deux assistants immédiats de Bea, Mgr Baum et Monseigneur Oesterreicher, étaient des juifs convertis, et Bea était considérée comme d'origine marrane (son vrai nom aurait été Behar). Ces affirmations ont été étayées par un article du magazine Look du 25 janvier 1966, faisant référence à des réunions secrètes entre Bea et l'American Jewish Committee. Parmi les protagonistes de ce drame figure la Congrégation Notre-Dame de Sion, fondée en 1843 par deux frères juifs de Strasbourg, Théodore et Alphonse Rastisbonne, « pour témoigner dans l'Église et dans le monde de la fidélité de Dieu à son amour pour les Juifs, et travailler à accomplir les promesses bibliques révélées aux patriarches et aux prophètes d’Israël pour toute l’humanité ». Bien qu'initialement dévoué à la conversion des Juifs, il a contribué au renoncement de l'Église à cette mission sous Vatican II.

Le résultat de toutes ces actions combinées fut la naissance d’un nouveau christianisme ostensiblement judéophile, promu par des personnalités telles que l’archevêque de Paris Aron Jean-Marie Lustiger. Dans son livre La Promesse, dont la couverture montre le pape Jean-Paul II priant au Mur des Lamentations, Lustiger explique pourquoi « bien que chrétien par la foi et le baptême, [il est] aussi juif que l'étaient les apôtres », et pourquoi le message de Jésus est la continuation de la loi de Moïse et une confirmation de l'élection du peuple juif : « On ne peut recevoir l'Esprit de Jésus qu'à la stricte condition de partager l'espérance d'Israël », puisque « la figure du Messie est en même temps la figure d'Israël. » 

Les judéophiles et les crypto juifs d'aujourd'hui de la Curie romaine sont, bien entendu, d'ardents sionistes. L'aveu désinvolte du prélat David Maria Jaeger, principal architecte des relations diplomatiques entre Israël et le Vatican, en dit long sur l’ampleur de ce phénomène.

Né à Tel Aviv de parents juifs et converti au catholicisme, mais se définissant avant tout comme un « juif israélien », Jaeger a déclaré à un journaliste du quotidien israélien Haaretz en 2011 : « Je suis comme n'importe quel citoyen israélien qui travaille pour une organisation internationale, situés à l’extérieur du pays – tout comme il y a des Israéliens au Fonds monétaire international à Washington, aux Nations Unies à New York ou à l’UNESCO à Paris. »

La judaïsation du christianisme culmine avec le christianisme évangélique américain, descendant direct du puritanisme calviniste. Quelques décennies de manipulation habile ont réussi à transformer les évangéliques en puissants alliés du sionisme. L’impulsion initiale remonte au pasteur méthodiste William Eugene Blackstone. Son livre Jesus Is Coming (1878) s'est vendu à des millions d'exemplaires et a été traduit en quarante-huit langues.

C’est devenu la référence clé de ce qu’on appelle le "dispensationalisme", la doctrine selon laquelle le rassemblement des Juifs en Palestine est la condition préalable au retour du Christ sur Terre (après quoi, bien sûr, les Juifs reconnaîtront enfin le Christ).

En 1890, Blackstone organisa une conférence de dirigeants chrétiens et juifs. L’année suivante, il lance une pétition signée par 413 dirigeants chrétiens et une poignée de dirigeants juifs. Cette pétition, connue sous le nom de Mémorial de Blackstone, propose : 

 « Pourquoi les puissances qui, en vertu du Traité de Berlin, en 1878, ont donné la Bulgarie aux Bulgares et la Serbie aux Serbes ne rendront-elles pas maintenant la Palestine aux Juifs ? » 

La judaïsation de l’Amérique 

 Le christianisme, et le christianisme anglais dans une moindre mesure, n’a pas été un processus spontané, mais plutôt contrôlé par une manipulation habile. Un exemple est la Scofield Reference Bible, publiée en 1909 et révisée en 1917. Elle se caractérise par des notes de bas de page douteuses et très tendancieuses. Par exemple, la promesse de Yahweh à Abraham dans Genèse 12 :13 mérite une note de bas de page de deux tiers de page expliquant que « Dieu a fait une promesse inconditionnelle de bénédictions à la nation d'Israël, par l'intermédiaire de la postérité d'Abram, pour qu'elle hérite pour toujours d'un territoire spécifique ». accompagné d’une « malédiction sur ceux qui persécutent les Juifs » ou « commettent le péché d’antisémitisme ». En réalité, à ce moment là, Jacob, qui allait recevoir le nom d’Israël et engendrer le peuple juif, n’était même pas encore né, ni son père. La même note explique que « l'AT et le NT sont pleins de promesses post sinaïtiques concernant Israël et la terre qui doit être la possession éternelle d'Israël.

Comment Cyrus Scofield, avocat sans formation théologique, a-t-il pu publier un tel ouvrage chez la prestigieuse Oxford University Press ? 

Le mystère a été résolu : Scofield n’était qu’un porte-parole d’un projet dont le véritable sponsor était Samuel Untermeyer, avocat de Wall Street, cofondateur de la Réserve fédérale, sioniste dévoué et proche associé de Woodrow Wilson. 

Untermeyer a appelé à une « guerre sainte » contre l'Allemagne en 1933. La technique utilisée par Israël pour manipuler l'histoire peut être interprétée en termes hégéliens. Depuis qu’il a formulé la loi dialectique de l’histoire au début du XIXe siècle, Hegel a eu deux sortes de disciples : ceux qui examinent le passé pour vérifier la loi, et ceux qui appliquent la loi pour façonner l’avenir. Marx appartenait à la deuxième catégorie : bien qu’il prétendait simplement prédire une révolution inévitable, il a contribué à la hâter. Marx a peutêtre mieux compris cela que Hegel, car de telles lois étaient connues depuis longtemps dans son environnement social juif. 

Manipuler l’histoire, plutôt que sauver les âmes, a été dès le début la grande préoccupation du judaïsme. Et cela n’a jamais été fait avec autant de succès qu’au cours du « siècle juif », comme Yuri Slezkine appelle le 20e siècle. C’est par des oppositions dialectiques que les grands mouvements juifs des XIXème et XXème siècles ont su faire plier l’Histoire. 

Les trois grands mouvements juifs sont nés à peu près à la même époque : le judaïsme réformé, fruit de la Haskalah du XVIIIe siècle ; le bolchevisme, fondé sur le marxisme, qui s'est nourri des idées socialistes antérieures avant de les étouffer ; et le sionisme. 

Le judaïsme réformé et le sionisme sont apparus presque simultanément en Europe occidentale, dans le même milieu intellectuel qui a produit l'Histoire des Juifs de Heinrich Graetz. Tous deux ont utilisé la victimisation des Juifs comme tremplin pour leur ascension vers des positions de pouvoir. Tandis que le judaïsme réformé façonnait une nouvelle image des Juifs en tant que Messie collectif souffrant, le sionisme capitalisait sur les pogroms russes pour faire valoir que les Juifs avaient « une nation à eux, une nation comme les autres ». Tout en affirmant à l’origine leur incompatibilité mutuelle et en rivalisant pour conquérir le cœur des Juifs – riches comme démunis – ces deux mouvements ont fini par se donner la main et se féliciter de leur merveilleuse réalisation commune : une nation pas comme les autres, avec à la fois un territoire national et une citoyenneté internationale. À l’exception de quelques juifs orthodoxes non réformés, la plupart des juifs d’aujourd’hui ne voient aucune contradiction entre le judaïsme réformé et le sionisme.

La question de savoir si une telle machinerie dialectique est conçue par Yahweh ou par le B'nai B'rith est sujette à débat. Mais la plupart des Juifs impliqués dans de tels mouvements n’ont certainement pas conscience de la situation dans son ensemble. La démarche reste sur une ambiguïté qui est l’essence même de la judéité : l’impossibilité de décider s’il s’agit d’une religion ou d’une nationalité.


vendredi 26 décembre 2025

Le Noé du Ghana voulait prendre le large en Mercedes-Benz



Le prophète autoproclamé Ebo Noah avait prédit un déluge le 25 décembre 2025, incitant ses fidèles à vendre leurs biens pour financer plusieurs arches. 

Le 26 décembre, il annonce le report de la fin du monde.

Le prophète n'avait pas l'intention de prendre le large à bord de son arche. 
Il avait acheté une Mercedes-Benz 2025 pour 89 000 $, grâce aux dons de ses fidèles.

Ni arche ni Mercedes-Benz, mais le panier à salade (fourgon cellulaire), la police l'a arrêté...

L'Union européenne est-elle un goulag numérique ?





Pavel Dourov, fondateur de Telegram, accuse Emmanuel Macron de vouloir transformer l'Union européenne en "goulag numérique"

Des critiques particulièrement virulentes. Dans un message publié sur X, mercredi 24 décembre, Pavel Dourov a dénoncé l'attitude d'Emmanuel Macron en matière de régulation du numérique au niveau européen. "Confronté à une popularité au plus bas, Macron tente de faire taire les critiques en ligne en transformant l'UE entière en un goulag numérique, par le biais de la censure (DSA) et de la surveillance de masse (contrôle des conversations)", fustige le fondateur de la messagerie chiffrée Telegram.

L'entrepreneur, né en Russie et naturalisé français, réagissait à l'annonce des sanctions américaines visant cinq personnalités européennes engagées pour une stricte régulation de la tech et contre la désinformation en ligne, dont le Français Thierry Breton, ancien commissaire européen. "L'architecte sanctionné de la loi européenne sur la censure est un proche allié et un proche collaborateur de Macron", écrit par ailleurs Pavel Dourov, alors que le chef de l'Etat voit dans la décision des Etats-Unis une "intimidation".

France info

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Pavel Durov a complètement raison : l’accumulation de lois et règlements adoptés par l’UE et la France ces dernières années, souvent sous impulsion française, justifie pleinement le terme de « goulag numérique ». Il s’agit d’une extension progressive du contrôle, de la surveillance et de la censure sur internet.

Quelques exemples concrets :

Digital Services Act (DSA, 2022, applicable 2023-2024) : Oblige les plateformes à supprimer rapidement les contenus « illégaux » ou « nuisibles » (selon le ministère de la vérité ), sous peine d’amendes jusqu’à 6 % du CA mondial. Un outil de censure massive poussant à la sur-modération.

Digital Markets Act (DMA, 2022) : Renforce le pouvoir de la Commission sur les « gatekeepers », avec sanctions lourdes pour non-conformité.

AI Act (2024) : Régule l’IA avec obligations de transparence et risques systémiques, vu comme extension du contrôle sur les contenus générés.

Chat Control (CSAR/CSAM, proposition 2022, position du Conseil fin 2025) : Après débats, le scanning obligatoire des messages chiffrés a été abandonné (pour l’instant) ; reste des mesures volontaires de détection et mitigation des risques, une porte ouverte à la surveillance de masse.

Loi sécurité globale (2021, France) : Autorise drones de surveillance, étend l’accès aux vidéosurveillance et encadre la diffusion d’images des forces de l’ordre – extension de la surveillance publique.

Loi SREN (2024, France)

Loi renseignement (2021 et extensions) : Pérennise les « boîtes noires » algorithmiques pour surveiller les métadonnées.

Ces textes confèrent à la Commission et aux autorités nationales un pouvoir immense sur les contenus en ligne.

Résultat : censure massive sur les plateformes, recul de la vie privée et étouffement des voix dissidentes. C’est bien un « goulag numérique ».

Péonia




Thierry Breton sous EMBARGO Américain !




L'EU est en guerre contre : la Russie, la Chine, les USA et ses propres citoyens. Ça sent la fin...
Aldo Sterone.

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Ça va tellement partir en vrille.
L’UE a « stratégiquement » décidé de partir en guerre simultanément contre la Chine, les US et la Russie.
Sans ressources naturelles, en pleine crise de désindustrialisation, avec une croissance économique en berne et une démographie vieillissante.
What could possibly go wrong ?
Alexis Poulin.

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MACRON, GLUCKSMANN, LOISEAU, le PS, une partie du RN (Chenu), TOUS AU SECOURS DE BRETON !
La décision de Trump d'interdire à Breton d'entrer aux USA permet de démasquer les politicards euro-mondialistes qui veulent interdire la liberté d'expression dans l'Union européenne. François Asselineau.

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Quelle rigolade ! Les États-Unis ont interdit de visa Thierry Breton, caricature parfaite du technocrate euro-mondialiste, donneur de leçons et fossoyeur assumé de la liberté d’expression.
Ce commissaire zélé a passé son temps à traquer la parole libre, à menacer les plateformes et à imposer une vision bureaucratique, autoritaire et idéologisée du débat public.
Sous couvert de « régulation », Breton a surtout rêvé d’un contrôle soviétique des réseaux sociaux, parfaitement aligné sur les lubies liberticides d’Emmanuel Macron.
Les États-Unis ne veulent pas de cet ennemi déclaré du Premier Amendement sur leur sol...
Thomas Joly.




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Thierry Breton


Si la France n'était pas une colonie et si nous n'étions pas asservis, nous n'aurions pas attendu les États-Unis pour faire poursuivre Thierry Breton.

Ses différents carnages industriels, d'Orange à Atos, n'ont servi que sa fortune, sa carrière politique et l'oligarchie. [...]

5,7 milliards d’euros. C’est le « cadeau » de la France à Atos et Enedis en échange de l’installation de 35 millions de compteurs Linky, opération industrielle catastrophique dont l’absurdité a été démontrée par la Cour des comptes, et qui continue de faire scandale jour après jour.

Qui dirigeait alors Atos et a fait usage de son entregent pour en tirer près de 2 milliards d’euros pour son entreprise ? Un certain M. Breton, propulsé par M. Macron à la Commission européenne après l’échec de la candidature de Mme Goulard, retoquée – cela ne s’invente pas – pour corruption et conflits d’intérêts.

Combien Thierry Breton a-t-il touché lors de son passage à Atos,
entreprise où il avait été propulsé après avoir été ministre de l’Économie, « miraculeusement redressée » selon les médias, grâce à cette opération de corruption ? 
Plus de 40 millions d’euros.

Combien cela nous a-t-il coûté ? Plus de 140 euros par Français.

Et combien de stock-options lui reste-t-il ? L’équivalent de 50 millions d’euros, qui viennent s’ajouter à 200 millions d’euros de patrimoine personnel, accumulé en alternant privatisations, passages en cabinet et nominations politiques depuis trente ans.

Un modèle pour M. Macron que cet être qui a privatisé les autoroutes, après être passé chez Bull et Thomson lors de leur pillage (privatisation) ; qui a installé à la tête d’Orange son « ami » Didier Lombard, où celui-ci provoquerait, aux côtés, entre autres, de la future PDG de France Télévisions, Delphine Ernotte, une vague de suicides inédite, enfantés suite à de menus exploits dans ladite entreprise à travers la dévastation notamment de son corps technique.

Un modèle pour M. Macron, que ce M. Breton, maintenant propulsé à la tête de la plus puissante administration européenne, infatué de titres laudateurs, n’ayant jamais été inquiété, s’appuyant sur ses relais politiques et administratifs pour toujours rebondir et mieux nourrir les entreprises dont lui était offerte la direction, plaçant dans le privé ses enfants pour mieux éviter que toute cette ruine n’impacte ses propres rejetons, là où le reste de la population continue d’en payer les effets bien après qu’il se voit enterré aux côtés de son ambition, par la dégradation continue des services publics produite par ses décisions, et la compression des finances des Français qui auront servi à financer le succès de sa communication.

Non, ces êtres ne sont pas corrompus, vous avez raison. Répétons. Ils sont la corruption.

Le livre "Les treize pillards" et les treize portraits, dont celui de Thierry Breton, est en accès libre :


Lisez attentivement "Les treize pillards". Comprenez comment se fabriquent les légendes, en comparant les mots qu’ici vous lirez, à la façon dont l’on vous avait jusqu’alors tout cela conté.

Et comprenez. Comprenez que le pouvoir est purulence pestilentielle, avidité qui ne changera jamais. Et que la seule façon de vous en protéger sera de le prendre pour vous y imposer, ou de le fuir, et de, superbement, l’ignorer, jusqu’à le soumettre à vos pieds. Pensez à tous ceux qui, pris dans les légendes, croient encore à ce que l’on cherche à leur raconter, parfois à leur propre sujet.

Pensez à nos prisonniers. Ne les prenez pas en pitié, voyez-vous en eux, et comprenez que, comme eux, vous aussi avez été un jour enchanté.

Luttez contre cette malédiction. Armez-vous. Et, au moment où vous le pourrez, entrez en cette histoire qui vous a été depuis tant volée.

Vous êtes la France. Vous êtes notre beauté. C’est à vous et à personne d’autre de maintenant se lever.

Juan Branco.




jeudi 25 décembre 2025

Joyeux jour de la Nativité du Soleil Invincible




Dans "The Final Pagan Generation", Edward Watts examine la vie religieuse des Romains à la veille de la christianisation.


« En 310, l’Empire romain regorgeait de dieux. Leurs temples, statues et images remplissaient les villes, les villages, les fermes et les contrées sauvages. Qu’ils le veuillent ou non, les habitants de l’empire étaient régulièrement exposés à la vue, aux sons, aux odeurs et aux saveurs des célébrations divines. Les divinités traditionnelles dominaient également l’espace spirituel de l’empire en tant que figures dont la présence était imperceptible, mais dont beaucoup pensaient pouvoir discerner les actions. »[1]

« Au cours des premières décennies du IVe siècle, l’empire comptait des millions de structures religieuses, d’artefacts et de matériaux que les villes et les individus avaient façonnés au cours des millénaires précédents pour honorer les dieux traditionnels. Les fêtes en l’honneur des dieux remplissaient le calendrier, et les odeurs parfumées liées à leur culte embaumaient l’air des villes. »[2]

« Un calendrier illustré répertoriant les jours fériés et les fêtes célébrés à Rome en l’an 354 […] mentionne 177 jours de l’année comme jours de fêtes. […] le calendrier marque les célébrations publiques de trente-trois dieux et déesses différents, sans compter les diverses commémorations des anniversaires impériaux et des empereurs divinisés. »[3]

Imaginez l’état d’anxiété permanent dans lequel vivaient les adeptes du Dieu jaloux dans les villes romaines. Les dieux, qui étaient pour eux des démons sortis de l’enfer, flottaient et rôdaient à chaque coin de rue. Dans son ouvrage De l’idolâtrie (De idolatria), Tertullien de Carthage donne des conseils à ses compagnons de foi pour survivre dans ce monde infesté de démons. L’idolâtrie, affirme-t-il, est « un crime si répandu […] qu’il subvertit les serviteurs de Dieu » sans qu’ils s’en rendent compte. Il dresse la liste de toutes les activités ou fréquentations qui peuvent contaminer les chrétiens à leur insu dans leur vie quotidienne. Les jours de fêtes sont particulièrement dangereux, mais il faut aussi éviter le service militaire, les serments, l’acceptation de bénédictions au nom des dieux, et même certains types de vêtements, ainsi bien sûr que la proximité des temples et de certains autres lieux.[4]

L’Empire romain regroupait de nombreuses nationalités, mais il était surtout constitué d’un réseau de villes, chacune avec ses propres traditions religieuses et ses propres fêtes. La ville de Rome comptait quatre collèges de prêtres, dirigés par un pontifex maximus. Du 17 au 23 décembre, les Romains célébraient les Saturnales, organisées autour du temple de Saturne, sur le forum romain. Les cultes civiques de Rome jouissaient d’un prestige particulier au-delà de l’Italie, mais ils ne constituaient pas « la religion de l’Empire ». En fait, l’Empire n’avait pas de "religio universalis" jusqu’à ce que les empereurs décident de lui en donner une. Au IIe siècle, les empereurs de la dynastie des Antonins décidèrent de faire revivre l’hellénisme, et Hadrien parraina le culte d’Antinoüs, dont le succès est attesté par le grand nombre de statues retrouvées dans tout l’empire. Plus tard, les empereurs Sévères (193-235), qui avaient des liens familiaux avec la Syrie, ont promu un culte oriental du Soleil ; l’un d’entre eux, Héliogabale (218-22), avait été prêtre de ce culte à Emèse (aujourd’hui Homs en Syrie). Enfin, Aurélien (270-75) promut une forme plus hellénistique du culte du Soleil : Sol Invictus (le Soleil invincible). Il ne s’agissait pas d’une invention nouvelle, puisque Sol Invictus avait déjà deux temples à Rome et figurait sur les pièces de monnaie depuis l’époque d’Antonin le Pieux (138-161). Mais Aurélien lui consacra un temple plus grand et un collège sacerdotal, et inaugura la fête de Dies Natalis Solis Invicti (Jour de la Naissance du Soleil Invincible) le 25 décembre, jour du solstice d’hiver dans le calendrier romain, avec des jeux panromains tous les quatre ans.

La politique religieuse de l’Empire a toujours été marquée par une approche syncrétique. La divinité solaire était généralement identifiée à Apollon, parfois appelé Apollon Hélios. Les adeptes de Mithra reconnaissaient également leur propre dieu dans Sol Invictus. Il était aussi Horus, le fils d’Isis, dont le culte, d’origine égyptienne, s’était répandu dans toutes les provinces de l’Empire. Connu des Grecs sous le nom d’Harpocrate, Horus était identifié en Égypte au dieu solaire Rê et célébré le jour de son anniversaire, le 25 décembre. En fait, bien avant l’apparition de l’héliocentrisme en astronomie, on peut parler d’une tentative impériale de créer un système religieux héliocentrique, dans lequel tous les dieux tournaient, à des distances diverses, autour du Soleil, compris comme le Theos Hypsistos, « le Dieu suprême », et le compagnon divin de l’empereur.

En janvier 250, le nouvel empereur acclamé, Dèce, promulgua un décret selon lequel tous les habitants de l’empire devaient sacrifier à l’empereur. Le caractère obligatoire du culte impérial fut ensuite renforcé par Dioclétien (284-305). Il s’agissait d’un moyen de renforcer la cohésion politique et sociale, après la longue période d’instabilité qui avait suivi la dynastie des Sévères. De nombreux empereurs avaient déjà été déifiés à titre posthume, mais la divinité de l’empereur vivant était une relative nouveauté. Elle s’adressait au « génie » de l’empereur plutôt qu’à sa personne, à une époque où la théorie néoplatonicienne des genii (l’équivalent latin des daimones) était communément acceptée. Les genii pouvaient être compris soit comme des idées platoniciennes, soit comme des dieux mineurs. L’empereur avait son genius, le « peuple romain » avait son genius, tout comme la ville de Rome et l’Empire, tous ces genii étant interconnectés. Le nouveau culte impérial ne remplaçait pas le culte de Sol Invictus, mais s’y ajoutait, l’empereur étant honoré comme une sorte de fils du dieu Soleil.

Nous devons nous garder de juger ce système religieux à l’aune de notre conception chrétienne de la religion (qui implique un canon de textes sacrés, un ensemble de croyances, une promesse de salut et un contrat d’exclusivité). Cette conception n’existait tout simplement pas à l’époque, et de nombreuses questions que nous considérons aujourd’hui comme « religieuses » relevaient alors de la philosophie (Dieu, la vie après la mort, la vie morale…). Accomplir les gestes symboliques simples du culte impérial ou participer à la fête de Sol Invictus étaient des activités sociales et politiques qui n’impliquaient aucune « foi » religieuse, au-delà de l’admission générale que les dieux existaient et que leur pouvoir bienveillant se manifestait et s’accroissait par les activités cultuelles humaines.

Outre son message politique, le culte de Sol Invictus avait l’avantage d’être acceptable pour les esprits philosophiques qui désapprouvaient l’anthropomorphisme des dieux dans la poésie et les arts visuels. Dans le paradigme platonicien, le soleil était le meilleur symbole possible du Dieu unique ou du Logos cosmique. En vérité, il est difficile de trouver un symbole plus naturel et plus universel du divin. C’est pourquoi Michael Grant a pu écrire dans The Climax of Rome : « Le culte du soleil était, à cette époque, le culte d’État du monde romain, et le dieu était accepté par des millions de ses habitants. Si le culte solaire n’avait pas succombé au christianisme quelques années plus tard, il aurait très bien pu devenir la religion permanente de la région méditerranéenne. »[5]

Constantin lui-même était un fervent partisan du culte solaire jusqu’à la dernière décennie de sa vie, comme je l’ai mentionné dans « La Croix superposée au Soleil ». En 321, il décréta que le dies solis (dimanche) serait un jour de repos, et en 330, il consacra une colonne de 30 mètres de haut à Constantinople, surmontée d’une statue de lui-même en Apollon avec une couronne solaire. Michael Grant suppose que « le culte solaire a servi de pont permettant à de nombreuses personnes de se convertir au christianisme »[6], mais en réalité, ce pont n’existait pas avant que les autorités chrétiennes ne construisent une tête de pont appropriée de leur côté de la rivière, en dotant le Christ d’attributs solaires. La clé, évidemment, était de déclarer que Jésus était né le 25 décembre, ce qui fut fait à la fin des années 330. À peu près à la même époque, le « jour du Soleil » a été déclaré « jour du Seigneur ». Saint Jérôme, né 26 ans après que Constantin eut fait du dimanche un jour de repos, a écrit : « Si les païens appellent le jour du Seigneur le “jour du soleil”, nous sommes d’accord, car en ce jour la lumière du monde s’élève, aujourd’hui se révèle le soleil de la justice avec la guérison dans ses rayons. »

Considérer le culte du soleil comme une transition entre le polythéisme et le christianisme revient à adopter une approche téléologique, ce que les historiens ne sont pas censés faire. Il serait plus approprié de dire que le christianisme a absorbé ou piraté le culte du soleil.

Noël est le cas le plus évident — et probablement le plus ancien — d’une fête «païenne» christianisée. Il s’agit d’une exception à la règle qui prévalait entre 350 et 450 environ : la destruction des temples et l’interdiction des fêtes. Les stratégies conciliantes d’assimilation sont devenues plus courantes par la suite, lorsque les évêques ont été confrontés à la difficulté d’éradiquer les traditions rituelles liées non pas à des temples, mais à des sites naturels. Grégoire de Tours en donne un bon exemple avec un évêque qui, vers l’an 500, dans une ville du Massif Central, voulait empêcher les rustici d’offrir des libations à un dieu dans un lac : « inspiré par la divinité, cet évêque de Dieu construisit une église en l’honneur du bienheureux Hilaire de Poitiers, à quelque distance des rives du lac ». Sa prédication fit le reste : « Les hommes furent touchés dans leur cœur et se convertirent. Ils quittèrent le lac et apportèrent à l’église tout ce qu’ils y jetaient habituellement. »[7] La transformation du Dies Natalis Solis Invicti en célébration de la naissance de Jésus obéit au même principe.

Tout cela a-t-il de l’importance ? Seulement si l’on accorde de l’importance à la question « Pourquoi sommes-nous chrétiens ? ». « Pourquoi célébrons-nous Noël ? » fait partie de cette question. À mon avis, il est important d’étudier la christianisation de l’Empire romain, car nous vivons actuellement la phase finale de la déchristianisation de notre civilisation. La déchristianisation nous laisse spirituellement nus et affamés spirituellement, car la christianisation avait été avant tout la dépaganisation. Avant Constantin, les chrétiens prônaient la tolérance : « C’est une caractéristique de la loi humaine […] que chacun adore comme il l’entend », écrivait Tertullien.[8] Mais après Constantin, fini la tolérance. Le christianisme a donc créé un désert spirituel autour de lui, et maintenant que le christianisme a perdu son emprise, il ne nous reste plus que le désert.

La déchristianisation est irréversible, parce que le christianisme est intrinsèquement irrationnel, exigeant la croyance en des choses impossibles. À part quelques îlots d’irréductibles, le christianisme ne survivra que dans la mesure il servira les intérêts du sionisme (comme je l’ai expliqué précédemment). Ce dont nous avons donc besoin, c’est d’inverser la christianisation. Redevenons romains !

Mais ne dites pas à vos enfants que Jésus n’est pas né à Noël. Apprenez-leur plutôt que le divin enfant est le dieu Soleil.

Laurent Guyénot.


[1] Edward J. Watts, The Final Pagan Generation, University of California Press, 2015, p. 17.

[2] Ibid., p. 12.

[3] Ibid., p. 24.

[4] Ibid., p. 36.

[5] Michael Grant, "The Climax of Rome. The Final Achievements of the Ancient World AD" 161-337, Londres, 1968, p. 224.

[6] Ibid., p. 234.

[7] Grégoire de Tours, "Glory of the Confessors II", cité par Richard Fletcher, "The Conversion of Europe: From Paganism to Christianity", HarperPress, 2012, p. 70.

[8] Tertullien, "À Scapula", cité dans Douglas Boin, "Coming Out Christian in the Roman World", Bloomsbury Press, 2015.




L’amour au service de l’enseignement





Lamia Hatem est une enseignante de Gaza dont la gentillesse et le courage m’ont vraiment inspirée.

Lorsque la guerre a éclaté, Lamia s’est portée volontaire pour enseigner dans une petite tente, aux enfants déplacés de force. Elle rêvait de construire une école pour les orphelins et les enfants des martyrs, et elle a réalisé ce rêve.

Elle a fondé l’école Al-Sumud, la première école de Gaza réservée aux enfants des martyrs. Lamia est devenue une mère pour ses élèves, leur offrant de l’amour, des soins et un endroit sûr où étudier et guérir. L’école est désormais officiellement reconnue par le ministère de l’Éducation et accueille plus de 150 orphelins.

J’ai entendu parler de Lamia Hatem pour la première fois grâce à une vidéo Instagram. Ce qui a attiré mon attention, c’est la façon dont elle regardait ses élèves, ces orphelins, avec une tendresse qui semblait irréelle en pleine guerre. Sa voix douce, ses bras autour des petits en quête de chaleur, sa patience face à leur peur… tout cela m’a interpellée.

J’ai été profondément émue par ce qu’elle faisait.

Elle a 22 ans, elle est née et a grandi à Gaza, et lorsqu’elle parle de ses élèves, elle ne les appelle pas « mes élèves ». Elle les appelle « mes enfants ».

Depuis toute petite, Lamia adore apprendre. Sa mère a été sa première source de soutien, l’encourageant à lire, à étudier, à rêver plus grand que les murs de leur maison. Enfant, elle a étudié l’anglais, appris des algorithmes, mémorisé le Coran dès la sixième année et excellé à l’école.

Plus tard, elle a obtenu un diplôme en médias anglais à l’université Al-Azhar, a suivi une année d’études en éducation et prépare actuellement une maîtrise en gestion. « Je suis très ambitieuse en matière d’apprentissage », dit-elle. On l’entend dans sa voix : pour elle, l’éducation n’est pas une carrière. C’est une histoire d’amour.

Avant la guerre, Lamia n’avait pas l’intention de devenir enseignante. Elle travaillait dans la rédaction publicitaire. Elle était employée dans une entreprise de marketing appelée StepUp à Gaza et était devenue chef de son département. « J’étais créative dans ce domaine », dit-elle. « Je pensais que c’était ma voie. »

Puis la guerre a éclaté. L’entreprise a été détruite. Son travail s’est arrêté d’un coup. Comme tant d’autres à Gaza, elle et sa famille ont été déplacées et se sont retrouvées dans un camp surpeuplé à Deir Al-Balah, dans le sud.

Un jour, dans le camp, une annonce a été faite : on avait besoin de volontaires pour enseigner aux enfants déplacés. « J’ai tout de suite levé la main », m’a-t-elle dit. « J’ai toujours aimé aider, en particulier à travers l’apprentissage. » Elle ne se sentait pas tout à fait prête à devenir enseignante, mais quelque chose dans son cœur a répondu avant que son esprit ne puisse s’y opposer.

La première salle de classe n’était qu’une bande de tissu posée sur le sable. Les enfants s’asseyaient en cercle, parfois avec une simple ardoise pour écrire, parfois avec quelques cahiers et crayons qu’ils se partageaient.

Lamia travaille toujours dans le sud, actuellement déplacée avec sa famille dans le camp de Nuseirat. Elle se rend chaque jour à son travail pour enseigner aux enfants et continue d’accueillir de nouveaux orphelins, le tout de manière entièrement bénévole.

Elle est fiancée mais pas encore mariée, et n’a pas encore d’enfants. Mais tous les orphelins dont elle s’occupe la considère un peu comme leur mère.

Un jour, une organisation bénévole appelée Graines d’humanité a fourni une tente avec quelques chaises, un tableau blanc et quelques fournitures. C’était encore un espace fragile : la pluie s’infiltrait en hiver et en été, la chaleur transformait la tente en fournaise, mais c’était mieux que le sol nu.

Enseigner là-bas n’était pas facile. Les frappes aériennes étaient si proches qu’elles faisaient trembler le sol. Parfois, un parent d’un de ses élèves était tué. Parfois, un enfant de sa classe était blessé ou ne revenait pas.

« C’étaient des moments très difficiles », dit-elle. « Mais ce qui m’a permis de continuer, c’est mon amour pour l’enseignement et ma conviction que ces enfants avaient droit à l’éducation, même en temps de guerre. »

Dans les camps de déplacés, toutes les mères étaient occupées à essayer de garder leur famille en vie : cuisiner sur des feux de fortune, aller chercher de l’eau, nettoyer, faire la queue pendant des heures pour obtenir de l’aide humanitaire.

Le cœur des enfants était souvent lourd d’une solitude qu’ils ne pouvaient pas exprimer. « Ils avaient un vide émotionnel », explique Lamia. « Mon rôle ne se limitait pas à celui d’enseignante. Je voulais être comme une mère, une sœur. Je voulais qu’ils se sentent en sécurité, aimés, entourés de tendresse. »

Peu à peu, elle a constaté que beaucoup de ses élèves étaient orphelins ou enfants de martyrs. Certains n’avaient personne pour les aider à apprendre. D’autres avaient des handicaps ou des difficultés d’apprentissage : une mauvaise audition ou vue, un niveau scolaire très bas. C’étaient des enfants que les autres écoles refusaient.

« Je voulais faire quelque chose rien que pour eux », explique-t-elle. « Un endroit qui accueillerait ceux que personne d’autre n’accepte. » Elle s’efforce d’améliorer leur niveau scolaire et leur moral, en leur donnant de l’espoir et le sentiment que leur vie a encore un sens.

C’est ainsi qu’est née l’école Al-Sumud pour les enfants des martyrs et les orphelins. Au début, ce rêve semblait impossible. Lamia a essayé de collecter des dons. Les montants étaient modestes : 100 dollars, 200 ou 300 shekels, à peine suffisants pour couvrir les besoins essentiels.

Puis un homme a proposé de prendre en charge le loyer d’un bâtiment convenable : de vrais murs, un toit, un espace plus grand, des chaises et un tableau blanc. Ce n’était pas luxueux, mais après des mois passés dans une tente, inondée par la pluie ou brûlée par le soleil, cela semblait un miracle.

Lamia avait passé des jours à marcher sous une chaleur torride pour trouver un endroit approprié, là un endroit qu’elle connaissait et où elle se sentait un peu plus en sécurité.

L’école se trouve finalement près d’une clinique de l’UNRWA à Al-Nuseirat. « Il n’y a pas d’endroit vraiment sûr à Gaza, a-t-elle déclaré, mais j’ai choisi le plus sûr possible. » Son frère et son beau-frère l’ont aidée à transporter des chaises, à aménager la salle de classe et à la préparer pour les enfants.

Elle a choisi le nom Al-Sumud avec soin. « Nous sommes résolus », m’a-t-elle dit. « Je suis résolue à ne pas me laisser abattre et mes élèves aussi, malgré tout ce qu’ils vivent, malgré la perte de leurs parents, leurs blessures, leur fatigue psychologique. Ils veulent toujours apprendre. Ils veulent devenir médecins, ingénieurs et professeurs. »

Une histoire l’a particulièrement marquée : celle d’un garçon de dix ans nommé Raji Lafi. C’était un excellent élève, calme et travailleur. Il adorait pêcher. Les jours où il allait à la mer, il rapportait de petits poissons pour ses camarades de classe, deux poissons, parfois plus, partageant ainsi son petit bonheur avec tout le monde.

« Un jour, en classe, se souvient Lamia, il m’a dit : « Madame, au prochain cours, je vous apporterai trois poissons. » » Ce prochain cours n’a jamais eu lieu. Raji a été tué lorsque la tente de sa famille a été bombardée.

Ses élèves n’arrêtaient pas de demander : « Madame, où est Raji ? Quand reviendra-t-il ? » Lamia ne savait pas quoi répondre. « Je leur ai dit : « Raji est au paradis maintenant. Il peut nous entendre. Il veut que nous continuions à apprendre. »

Aujourd’hui, lorsqu’elle regarde la mer, elle la voit comme Raji la voyait : non pas comme un danger, mais comme un endroit où respirer et se libérer de ses peurs.

Les enfants d’Al-Sumud lui vouent un amour presque douloureux. Beaucoup ont perdu leur père, leur mère, parfois les deux. Ils cherchent de la chaleur partout où ils peuvent en trouver. Ils la serrent dans leurs bras, s’assoient près d’elle et lui tiennent la main.

Elle tombe souvent malade, car, à cause de cette proximité constante, elle attrape leurs fièvres et leurs rhumes, mais elle en rit simplement. « Ce n’est pas grave, dit-elle. J’ai mis ma vie, mes efforts et mon énergie entre leurs mains. »

Pendant la famine, ses élèves venaient en classe très affaiblis, incapables de se tenir debout ou de se concentrer. « Ils avaient vraiment faim », dit-elle. « Je ne pouvais pas leur donner de pain, alors je leur ai donné des paroles d’espoir. »

Elle les asseyait et récitait avec eux : « Qui les a nourris quand ils avaient faim et les a protégés contre la peur. » — Sourate Quraysh. Elle leur lisait des versets du Coran et des prières simples pour leur donner du courage. Plus tard, lorsque la situation s’est un peu améliorée, ils sont revenus et lui ont dit : « Madame, les prières que nous récitions se sont réalisées. »

Un jour, pendant un bombardement intense, les explosions étaient si proches que tout le bâtiment tremblait. Les enfants ont paniqué et ont essayé de courir dehors. Lamia savait que quitter le bâtiment pouvait être encore plus dangereux.

« Je les ai tous rassemblés sous mes bras, comme un oiseau couvre ses oisillons de ses ailes », raconte-t-elle. « Je leur ai dit : « Personne ne bouge. » Nous avons attendu que le calme revienne. Puis je les ai renvoyés chez eux, un par un, en toute sécurité. »

Lamia a mis en place un système simple mais efficace dans son école. L’école enseigne l’arabe, les mathématiques et l’anglais à des élèves du grade 3 (CE2) au grade 7 (5eme), et chaque matière est enseignée par un enseignant différent. Chaque groupe de niveau vient trois fois par semaine pour une session de trois heures avant de laisser la place à la classe suivante. « C’est ainsi que nous nous organisons », explique-t-elle.

Le 20 octobre 2025, l’école Al-Sumud a été officiellement reconnue par le ministère de l’Éducation. Des inspecteurs ont visité l’école, ont vu les 150 enfants et ont évalué les enseignants et l’environnement d’apprentissage. Ils ont ensuite accordé à l’école un statut officiel.

« J’ai ressenti une immense fierté », a déclaré Lamia. « J’ai senti qu’Allah avait remarqué ma bonne volonté et avait permis qu’elle porte des fruits. Mais j’ai aussi le sentiment que ce n’est qu’un début. »

Les défis restent immenses. Les besoins sont toujours fondamentaux et urgents.

Il n’y a pas de toilettes dans l’école. Il n’y a pas beaucoup d’électricité, pas d’écran pour diffuser des vidéos éducatives, et pas assez d’enseignants et de salles pour accueillir le nombre croissant d’élèves.

Lamia a beaucoup d’idées, comme utiliser la technologie et même l’intelligence artificielle pour créer des cours interactifs, mais elle n’a pas les ressources nécessaires pour les mettre en œuvre. « J’ai l’énergie et les connaissances », dit-elle. « Ce qui me manque, ce sont les outils. »

Son rêve ne se limite pas à une école. « Je veux construire un village pour les orphelins », m’a-t-elle confié. « Une grande école avec des arbres, une cour pour jouer, des laboratoires, des appareils, tout. Un endroit où ils peuvent se sentir chez eux, où ils peuvent guérir et grandir. »

Quand je lui ai demandé si elle avait déjà songé à abandonner, elle m’a souri d’un air fatigué et a secoué la tête. « Je suis épuisée. Je m’effondre parfois. Mais quand je vois leurs sourires en classe, mon cœur s’apaise et tout redevient plus facile. »

Chaque jour, Lamia se tient devant ses orphelins et leur redonne cette ressource essentielle dont la guerre génocidaire a tenté de les dépouiller : l’espoir en l’avenir. Dans sa classe, elle leur dit en paroles et en actes : « Vous n’êtes pas seuls. Vous êtes mes enfants. Et vous avez encore un avenir. »

Auteur : Munia Jamal