Les « 80 000 » — cette néonoblesse administrative, politique, technocratique et médiatique qui capte environ 10 milliards d’euros de ressources publiques chaque année, souvent en toute opacité, et qui nous en coûte le décuple pour se maintenir en place.
En les classant par cercles d’influence, du Haut-Commandement aux clergés subventionnés, ce sont barons locaux, commissaires du Trésor pantouflards, startuppers d’État, « sages » à vie, influenceurs « sobres » sponsorisés et experts climat multi-casquettes qui composent cette néooblesse, on comprend comment ces élites se cooptent, se recyclent, s’opposent en façade mais se protègent mutuellement dans un écosystème fermé, imperméable à toute vraie responsabilité.
La Très-haute noblesse républicaine, ou les 3 000 décideurs suprêmes de la République.
L’ORDRE DES MINISTRES ET CABINETS
(sommet de la pyramide)
– 42 à 45 ministres et secrétaires d’État en fonction selon les gouvernements.
– Environ 800 membres de cabinets ministériels, dont directeurs, conseillers, chargés de mission.
Fonctions clés
Les Chefs du Politique fixent l’agenda législatif et réglementaire :
– Proposent et arbitrent les lois, décrets, ordonnances,
– Décident des priorités budgétaires et sectorielles,
– Supervisent l’administration centrale,
– Pilotent la communication gouvernementale.
Leurs décisions conditionnent l’action de l’État dans tous les domaines : fiscalité, énergie, santé, éducation, justice, sécurité…
Privilèges structurants
Double logement : un au ministère (souvent un hôtel particulier), un à Paris payé par l’État (ou par logement de fonction).
Chauffeur et véhicules officiels à disposition 7j/7, y compris pour la famille.
Rémunérations élevées : jusqu’à 10 000 € nets/mois pour un ministre, 6 000 à 12 000 € pour un directeur de cabinet.
Accès dérogatoire aux soins et à la sécurité (rangs prioritaires, escorte). Portes tournantes : à la sortie, nombreux ministres rejoignent les conseils d’administration de grands groupes privés (CAC 40, banques, conseil, énergie).
Accès dérogatoire aux soins et à la sécurité (rangs prioritaires, escorte). Portes tournantes : à la sortie, nombreux ministres rejoignent les conseils d’administration de grands groupes privés (CAC 40, banques, conseil, énergie).
Reproduction sociale
Réseaux partisans solides : insertion dans les fédérations locales de partis, cabinets d’élus, syndicats étudiants.
Filières dynastiques : fils/filles d’élus, de hauts fonctionnaires ou de magistrats. La politique comme patrimoine.
Recasages garantis : les ex-ministres deviennent souvent députés européens, membres d’autorités administratives, directeurs d’agences ou ambassadeurs "thématiques". Tous ces placards dorés seront abordés ultérieurement.
Coût estimé du groupe
Cout annuel estimé des seuls cabinets ministériels : environ 165 M€ (hors retraites, logements, déplacements, et dépenses indirectes) .
Ce chiffre n’inclut pas les cabinets “fantômes” ou les conseillers détachés d’autres corps.
L'ORDRE DES PARLEMENTAIRES (à vie)
Effectifs :
– 577 députés à l’Assemblée nationale
– 348 sénateurs au Sénat
→ 925 élus au total, auxquels s’ajoutent des centaines d’anciens encore actifs dans les sphères d’influence.
Fonctions clés
Officiellement, les parlementaires élaborent, amendent et votent la loi, contrôlent l’action du gouvernement, examinent les budgets.
En réalité, une fraction d’entre eux exerce un pouvoir bien plus étendu :
– Concentration d’amendements fiscaux souvent rédigés par les lobbies,
– Négociation discrète des niches, dispositifs ou crédits à portée locale,
– Maniement du calendrier parlementaire, pour tuer ou accélérer un texte.
S’ils représentent « les citoyens », ils votent surtout leurs propres statuts, privilèges et immunités.
Privilèges structurants
Régime de retraite dérogatoire : cumulable avec d'autres pensions, acquis après un seul mandat.
Remboursements généreux : frais de transport (train 1ʳᵉ classe illimité, avion), hébergements, restauration.
Staff personnel : assistants parlementaires payés par l’État, parfois membres de la famille.
Accès à la réserve parlementaire locale (via lobbying indirect même après suppression officielle) pour soutenir « ses » collectivités ou associations.
Immunité pénale dans le cadre de leur mandat – une protection souvent élargie par complaisance.
Reproduction sociale
Dynasties électorales : enfants ou conjoints d’élus, de préfets, de magistrats.
Réseaux partisans verrouillés : seuls les candidats adoubés par l’appareil ou les investitures nationales accèdent aux scrutins.
Implantation locale étouffante : distribution de subventions, clientélisme, captation de mandats croisés (député + président de communauté, etc.).
Sociabilités maçonniques ou communautaires favorisant la cooptation et les échanges de services.
Rotation interne : un député battu devient sénateur, un sénateur devient député européen, ou membre du CESE.
Coût estimé du groupe
Sénat : ~388 M€ / an
→ Total direct : ~993 M€/an, sans compter les retraites, les logements de fonction (hôtels particuliers à Paris), ou les avantages différés.
Des millions annuels en coûts indirects via les cabinets de questure, les réserves cachées, ou les enveloppes régionales.
ORDRE DES SAGES DE LA CONSTITUTION
(Conseil Constitutionnel)
Effectifs :
– 9 membres nommés (3 par le Président de la République, 3 par le président du Sénat, 3 par le président de l’Assemblée nationale)
– + 3 membres de droit à vie : tous les anciens présidents de la République encore vivants
→ Soit jusqu’à 12 membres actifs qui jouissent d'une intouchabilité morale qui les exonère de toute critique.
Fonctions clés Le Conseil constitutionnel valide ou censure toute réforme majeure, selon :
– Le respect de la Constitution,
– Les "principes à valeur constitutionnelle",
– Les « objectifs de valeur constitutionnelle »,
– Et parfois des doctrines jurisprudentielles opaques, voire idéologiques.
Il intervient :
– Avant promulgation (contrôle a priori, souvent saisi par les parlementaires),
– Après promulgation (via la QPC, depuis 2010).
Ses décisions ne sont pas susceptibles de recours, même si elles engagent des pans entiers du droit fiscal, social, migratoire, énergétique, ou électoral.
Mandat de 9 ans non révocable, sans obligation de résultat, ni de présence régulière.
Logements de fonction, personnel dédié, voiture avec chauffeur.
Rémunération nette mensuelle élevée (≈ 13 500 €/mois nets pour le président, 12 000 € pour les membres).
Cumul discret de pensions : retraite parlementaire, ministérielle, haute fonction publique, parfois militaire.
Aucune obligation de transparence ou déclaration d’intérêts publique (hors effets d’annonce).
Budget autonome, non soumis à la LOLF comme les autres institutions.
Nominations strictement politiques : aucun concours, aucune audition publique.
– 9 membres nommés (3 par le Président de la République, 3 par le président du Sénat, 3 par le président de l’Assemblée nationale)
– + 3 membres de droit à vie : tous les anciens présidents de la République encore vivants
→ Soit jusqu’à 12 membres actifs qui jouissent d'une intouchabilité morale qui les exonère de toute critique.
Fonctions clés Le Conseil constitutionnel valide ou censure toute réforme majeure, selon :
– Le respect de la Constitution,
– Les "principes à valeur constitutionnelle",
– Les « objectifs de valeur constitutionnelle »,
– Et parfois des doctrines jurisprudentielles opaques, voire idéologiques.
Il intervient :
– Avant promulgation (contrôle a priori, souvent saisi par les parlementaires),
– Après promulgation (via la QPC, depuis 2010).
Ses décisions ne sont pas susceptibles de recours, même si elles engagent des pans entiers du droit fiscal, social, migratoire, énergétique, ou électoral.
Privilèges structurants
Logements de fonction, personnel dédié, voiture avec chauffeur.
Rémunération nette mensuelle élevée (≈ 13 500 €/mois nets pour le président, 12 000 € pour les membres).
Cumul discret de pensions : retraite parlementaire, ministérielle, haute fonction publique, parfois militaire.
Aucune obligation de transparence ou déclaration d’intérêts publique (hors effets d’annonce).
Budget autonome, non soumis à la LOLF comme les autres institutions.
Reproduction sociale
Répartition des sièges par quotas implicites : droite / gauche / centristes / ex-élus…
Présence fréquente d’anciens ministres, anciens parlementaires, anciens hauts fonctionnaires.
Membres de droit : tout ancien président de la République est membre à vie s’il ne renonce pas à siéger — une bizarrerie juridique sans équivalent.
Cooptation déguisée : anciens membres deviennent ensuite… nommeurs (via leurs relais institutionnels).
Coût estimé du groupe
Budget officiel (2024) : environ 18 M€ / an
→ soit 1,5 M€ par membre, sans compter les retraites différées ni les avantages connexes (chauffeurs, appartements, collaborateurs).
À cela s’ajoute le coût symbolique : celui de valider ou bloquer des réformes de plusieurs milliards, sans responsabilité ni évaluation.
L'ORDRE DES COMMISSAIRES DU TRÉSOR
Effectifs estimés :
– Environ 700 magistrats de la Cour des comptes (dont 250 à la chambre nationale et 450 dans les chambres régionales),
– Environ 150 inspecteurs des finances (IGF) actifs, dont une vingtaine en position stratégique (têtes de corps, directions d’administration centrale, comités spéciaux).
→ Soit un noyau de ≈ 850 personnes, capables d’influer sur les finances publiques… et leur propre avenir.
Fonctions clés
– Le contrôle de la dépense publique,
– L’audit des ministères, des collectivités, des hôpitaux, des opérateurs d’État,
– La production de rapports publics censés éclairer le débat budgétaire, fiscal, social.
– À la tête de Bercy, l’IGF joue un rôle central dans la stratégie économique, les régulations bancaires, les réformes structurelles.
En pratique, ils :
– Norment l’État tout en s’exonérant de contrôle externe,
– Produisent des rapports à diffusion sélective,
– Et pantouflent ensuite dans les secteurs qu’ils ont régulés.
Privilèges structurants
Niches sociales : régime spécial de retraite, couverture santé renforcée, primes discrètes.
Pantouflage systémique : les plus hauts profils deviennent PDG de grandes entreprises, banquiers d’affaires, consultants, administrateurs de fonds.
Protection politique implicite : très peu de sanctions, aucune obligation de transparence.
Budget de fonctionnement “auto-contrôlé” : la Cour ne rend compte qu’à elle-même.
Reproduction sociale
Corps ultra-sélectif : seuls les 5 à 10 meilleurs élèves de l’ENA/INSP accèdent à l’Inspection chaque année.
Endogamie socioprofessionnelle : surreprésentation des grandes familles parisiennes, diplômés d’HEC + Sciences Po.
Solidarité de corps : anciens IGF recasés dans le privé « rappellent » leurs camarades dans les cercles décisionnels.
Des nominations discrétionnaires pleuvent chaque année sur sur décision de leur présidence avec l'aval des décideurs politiques.
Coût estimé du groupe
Cour des comptes (budget 2024) : ≈ 255 M€ / an, dont une partie pour les chambres régionales.
IGF : intégrée au ministère de l’Économie (programme 218), estimée à 30–40 M€ / an tout compris.
→ ≈ 300 M€ / an pour un corps non productif en flux mais prescripteur en amont, avec un pouvoir d'influence systémique sur 300 à 500 milliards € de dépenses publiques.
ORDRE DES SEIGNEURS DU DROIT
– Conseil d’État : environ 230 membres (dont 120 conseillers en service ordinaire, 80 maîtres des requêtes, et une trentaine d’auditeurs de première classe).
– Cour de cassation : environ 200 magistrats (présidents de chambre, conseillers, avocats généraux), tous nommés à vie par décret.
→ Soit un total d’environ 430 magistrats suprêmes qui disent et figent le droit en dernier ressort.
Fonctions clés
Ces deux juridictions suprêmes incarnent la bouche du droit en France :
– Le Conseil d’État est à la fois conseiller du gouvernement (avis sur les projets de loi, ordonnances) et juge suprême de l’ordre administratif (litiges avec l’État, les collectivités, les hôpitaux, les universités…).
– La Cour de cassation est le juge de dernier ressort en matière civile, commerciale, sociale et pénale : elle fixe la jurisprudence.
En pratique, ces magistrats :
– Peuvent enterrer discrètement des recours sensibles,
– Neutralisent des contre-pouvoirs locaux ou citoyens via leur contrôle strict du contentieux,
– Et interviennent parfois dans des fonctions politiques ou diplomatiques (Conseil constitutionnel, comités de bioéthique, postes d’ambassadeur…).
Privilèges structurants
Logements de fonction (notamment au Conseil d’État, sis au Palais-Royal), Chauffeurs, bureaux de prestige, collaborateurs.
Régime spécial de retraite, indemnités d’éloignement, de résidence, de jury, etc.
Total anonymat public : leur pouvoir est immense, leur notoriété quasi nulle.
Inamovibilité et quasi-absence de sanction disciplinaire.
Reproduction sociale
Recrutement verrouillé :
– au Conseil d’État, via la très étroite voie ENA/INSP (top 3) ou par "tour extérieur" pour les anciens ministres, préfets, etc.,
– à la Cour de cassation, via la nomination sur proposition du CSM, mais essentiellement parmi les hauts magistrats du corps judiciaire.
Reproduction endogame :
– Nombreux profils fils/filles de magistrats, de préfets ou de conseillers d’État,
– Circuits communs (Sciences Po Paris + école de la magistrature ou concours interne très sélectif),
– Appartenance à des cercles très fermés (loges, clubs juridiques, réseaux de concours).
Mobilité protégée :
– Possibilité de "détachement" dans des institutions prestigieuses (OCDE, ministères, ambassades),
– Et retour garanti dans leur juridiction d'origine, avec reclassement automatique.
Coût estimé du groupe
Cour de cassation (part magistrature suprême) : ~ 140 M€ / an
→ ≈ 720 M€/an au total, pour des juridictions aux effectifs réduits mais à influence démesurée sur les grands arbitrages publics (contentieux fiscal, social, écologique, électoral, etc.).
Ces plus de 2 milliards d’euros de dépenses directes annuelles pour à peine 3 000 membres du Haut-Commandement reviennent à plus de 650 000 € par personne et par an. Ce total ne tient pas compte des rémunérations différées comme les retraites ou les indemnités de fin de fonction. Il exclut également les avantages en nature (logements, chauffeurs, frais de représentation) ainsi que les recasages discrets dans des postes dorés : PDG d’entreprise publique, ambassadeur hors cadre, membre du CESE, etc.
Gabriel de Varenne.