17 octobre 2007, le Dalaï-lama recçoit la médaille d'or du Congrès américain des mains d'un criminel de guerre, le président américain George Bush. En effet, "un tribunal pour crimes de guerre, situé à Kuala Lumpur en Malaisie, a condamné l’ex-président George W. Bush, son vice-président Dick Cheney, et son secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, ainsi que cinq autres hauts responsables de l’administration US de l’époque, pour "crimes de guerre" en raison de leur rôle de décideurs dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan et dans les tortures et traitements inhumains pratiqués par les troupes US dans ces pays".
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Le Dalai Lama peut-il garder la main sur sa succession ?
par Bruno Guigue
À l’occasion de la célébration de ses 90 ans, le dirigeant séparatiste en exil vient de jeter un pavé dans la mare. Évoquant sa succession, le Dalai Lama a affirmé que seule l’organisation dont il est le chef de file est «habilitée à reconnaître la future réincarnation» et que «personne d’autre n’a le pouvoir d’interférer dans cette affaire». Autrement dit, la personnalité qui prétend exercer la direction du bouddhisme tibétain depuis l’étranger veut garder la main sur la désignation de son héritier. Mais cette prétention est-elle fondée ? De quelle légitimité peut-il se prévaloir, aussi bien du point de vue de la législation chinoise et du droit international que de la tradition ancestrale qui régit depuis des siècles la succession des titulaires de cette fonction sacerdotale ?
Examinons d’abord le fond de l’affaire d’un point de vue juridique, c’est-à-dire du point de vue des institutions de la République populaire de Chine. Le Dalai Lama a beau se réclamer d’une légitimité issue d’un long combat contre la prétendue oppression chinoise, on voit bien que cette rhétorique sonne creux. Il n’est pas plus un «chef d’État en exil» que n’importe quel chef de faction qui combat le gouvernement de son pays depuis l’étranger. En rompant avec la Chine, il s’est extrait de la communauté politique à laquelle il appartenait et il n’a aucun droit à intervenir dans ses affaires.
J’ajouterai ici une anecdote personnelle. Lorsque j’étais sous-préfet à Marseille en 1994, j’ai accueilli le Dalai Lama au nom du gouvernement lors de sa visite dans la ville portuaire. Quelques mois auparavant, nous avions reçu la visite du président de la République populaire de Chine. Quand je l’ai rencontré, le Dalai Lama m’a demandé s’il y avait eu des «manifestations pro-tibétaines» à cette occasion. Je lui ai répondu qu’il n’y avait pas eu de manifestations. Lorsqu’il m’a demandé pourquoi, je lui ai répondu que nous les avions interdites : pourquoi aurions-nous laissé des agitateurs perturber la visite officielle d’un chef d’État ?
En réalité, la légitimité politique du Dalai Lama ne repose sur rien. Il a définitivement quitté son pays en 1959, suite à l’échec de la tentative insurrectionnelle d’une aristocratie guerrière hostile aux réformes sociales menées par le parti communiste chinois et dont les troupes avaient été entraînées par la CIA dans les montagnes du Colorado. Au lieu de se désolidariser de ce combat d’arrière-garde, il a préféré se mettre au service d’intérêts étrangers et se faire le porte-parole itinérant d’une cause perdue.
En rompant les amarres avec la Chine en 1959, le Dalai Lama s’est placé hors la loi. Alors qu’il avait d’excellentes relations avec le PCC et Mao Zedong de 1951 à 1959, il a préféré renier les fruits de cette coopération exemplaire et jeter aux orties l’héritage de son action bénéfique en tant que vice-président de l’Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine. Ce reniement au profit d’intérêts étrangers a dissipé la légitimité qu’il avait acquise et l’a mis au ban de sa société d’origine, le Dalai Lama s’étant lui-même condamné à l’exil par un réflexe irrationnel de solidarité avec des émeutiers qui ne songeaient qu’à défendre leurs intérêts de classe.
Aussi sa démarche est-elle dépourvue de toute légitimité du point de vue des institutions de son pays d’origine, la République populaire de Chine. Or il en va exactement de même au regard du droit international. La cause défendue par l’exilé volontaire a beau séduire ses partisans occidentaux, elle se résume en effet à une pure invention. Car le Xizang appartient de droit et de fait à la République populaire de Chine, et aucun État au monde ne conteste cette appartenance. Toute ingérence dans les relations entre la Chine et sa province tibétaine constitue par conséquent une violation de la souveraineté nationale de la Chine. Et lorsqu’elle émane d’un autre État, cette ingérence représente un manquement grave aux obligations imparties par la Charte des Nations unies.
Illégitime du point de vue des institutions de la République populaire de Chine, nulle et non avenue du point de vue du droit international, l’entreprise séparatiste incarnée par le Dalai Lama est-elle conforme aux traditions ancestrales qui régissent les rapports entre le bouddhisme tibétain et les autorités gouvernementales de la Chine ? Assurément non. De même qu’elle ne bénéficie d’aucune légitimité en politique intérieure et en droit international, la démarche du Dalai Lama n’en a pas davantage à l’égard des traditions religieuses. Lorsqu’il veut confier la désignation de son successeur à une association d’exilés, ce dernier s’affranchit en effet des usages ancestraux sacralisés par une très longue pratique, et il soulève de fortes interrogations sur le respect des traditions qu’il prétend défendre.
«La pratique de la réincarnation du Bouddha vivant se poursuit depuis plus de 700 ans, rappelle Xu Feihong, ambassadeur de Chine en Inde. Elle a donné naissance à des rituels religieux rigoureux et à des conventions historiques établies. La réincarnation du Dalai Lama doit passer par la procédure de loterie dite de «l’Urne d’Or», et les candidats sélectionnés doivent être soumis à l’approbation du gouvernement central chinois. C’est ainsi que le 14ème Dalai Lama lui-même a été désigné dans le strict respect des rituels religieux et des conventions historiques après le décès du 13ème Dalai Lama. Et il été intronisé après avoir obtenu une exemption de la loterie, avec l’approbation du gouvernement central de l’époque».
La notion de Bouddha vivant réincarné est une croyance originale apparue après la transmission du bouddhisme au Tibet. Selon la croyance bouddhiste, les individus connaissent des cycles de renaissance. Après la mort, l’âme poursuit son voyage en se réincarnant dans un nouveau corps. Lorsqu’un chef spirituel décède, un rituel est mis en œuvre pour identifier ses successeurs potentiels. Parmi ceux-ci, un enfant, après avoir été reconnu, est considéré comme la réincarnation du maître précédent et hérite du titre transmis par le défunt.
Sous la dynastie Yuan (1271-1368), le Tibet passe pour la première fois sous l’administration du gouvernement central chinois. Le 3ème Karmapa, Rangjung Dorje, né en 1284, est considéré comme le premier Bouddha vivant réincarné au Tibet. Sous la dynastie Ming (1368-1644), le 5ème Dalai Lama, considéré comme le plus puissant de l’histoire tibétaine, réussit à unifier le Tibet et à établir un gouvernement théocratique. Invité à Beijing par l’empereur Shunzhi en 1653, il y réside neuf mois et fait allégeance au souverain chinois. C’est à partir du 5ème Dalai Lama qu’est établi l’usage selon lequel la réincarnation du Dalai Lama doit recevoir l’approbation formelle du gouvernement central.
En raison d’irrégularités commises durant la procédure de réincarnation, comme le favoritisme envers des proches ou les transactions en coulisses, l’empereur Qianlong introduit en 1783 un système connu sous le nom de «Système de Tirage au Sort de l’Urne Dorée». Afin d’empêcher toute manipulation et de préserver le caractère sacré de la tradition, ce système exige que, lorsque plusieurs candidats sont identifiés, la sélection finale obéisse à un rituel de tirage au sort devant la statue du Bouddha. Cette opération doit être effectuée en présence de représentants du gouvernement central, garantissant ainsi transparence et légitimité.
Les noms des enfants sélectionnés, inscrits sur des bandelettes d’ivoire, sont tirés de l’Urne Dorée, et le nom choisi est transmis au gouvernement central pour approbation finale. Historiquement, les 9ème, 13ème et 14ème Dalai Lama ont été exemptés du tirage au sort par une autorisation spéciale du gouvernement central, tandis que les 10ème, 11ème et 12ème Dalai Lama ont été reconnus par la cérémonie du tirage au sort de l’urne d’or. Dans tous les cas, la confirmation finale est venue du gouvernement central. Et il n’y a jamais eu de cas où la décision ait été prise uniquement par l’individu devant se réincarner.
Même dans les cas où un seul candidat était identifié, l’exemption du tirage au sort nécessitait toujours l’approbation formelle des autorités centrales. Prédécesseur de l’actuel, le 13ème Dalai Lama avait sollicité le soutien des Britanniques et frôlé le séparatisme avec la complicité d’une puissance étrangère qui contrôlait encore le vaste Empire des Indes. Malgré ces antécédents douteux, la reconnaissance de son successeur, le 14ème Dalai Lama, fut néanmoins décidée, en 1940, par les représentants du gouvernement central chinois.
Pourtant, depuis plusieurs années, le 14ème Dalai Lama a multiplié les déclarations contradictoires concernant sa future réincarnation. Il a notamment déclaré que la prochaine réincarnation devrait se produire dans le «monde libre», qu’elle aurait peut-être lieu dans une femme, qu’elle pourrait aussi se présenter sous la forme d’une abeille, que ce système successoral serait éventuellement supprimé, et enfin que la réincarnation étant une affaire purement interne elle serait de toutes façons décidée par lui-même.
Or, selon Zhai Xiang, chercheur réputé et membre de l’Association nationale du patrimoine culturel de Chine, «ces remarques contredisent fondamentalement les rituels et les normes séculaires établis au sein du bouddhisme tibétain. La réincarnation ne le concerne pas personnellement : elle reflète une synthèse plus large de la souveraineté nationale, de l’autorité de l’État, de la tradition religieuse et de la confiance spirituelle du peuple tibétain».
C’est cette tradition ancestrale que le gouvernement de la République populaire de Chine entend faire appliquer. Respectueux des usages consacrés par la tradition, il mène une politique fondée sur la liberté religieuse, et il protège la coutume successorale des Bouddhas vivants. C’est pourquoi la prochaine réincarnation du Dalai Lama doit suivre un processus de recherche et d’identification sur le sol chinois, de tirage au sort dans l’Urne d’or, et enfin d’approbation par le gouvernement de la République populaire de Chine, conformément aux rituels religieux, aux conventions historiques et aux lois en vigueur sur le territoire chinois.
Bruno Guigue (Normale Sup, ENA, ex-haut fonctionnaire, Professeur invité à l'Université normale de la Chine du Sud).
https://substack.com/@brunoguigue
Examinons d’abord le fond de l’affaire d’un point de vue juridique, c’est-à-dire du point de vue des institutions de la République populaire de Chine. Le Dalai Lama a beau se réclamer d’une légitimité issue d’un long combat contre la prétendue oppression chinoise, on voit bien que cette rhétorique sonne creux. Il n’est pas plus un «chef d’État en exil» que n’importe quel chef de faction qui combat le gouvernement de son pays depuis l’étranger. En rompant avec la Chine, il s’est extrait de la communauté politique à laquelle il appartenait et il n’a aucun droit à intervenir dans ses affaires.
J’ajouterai ici une anecdote personnelle. Lorsque j’étais sous-préfet à Marseille en 1994, j’ai accueilli le Dalai Lama au nom du gouvernement lors de sa visite dans la ville portuaire. Quelques mois auparavant, nous avions reçu la visite du président de la République populaire de Chine. Quand je l’ai rencontré, le Dalai Lama m’a demandé s’il y avait eu des «manifestations pro-tibétaines» à cette occasion. Je lui ai répondu qu’il n’y avait pas eu de manifestations. Lorsqu’il m’a demandé pourquoi, je lui ai répondu que nous les avions interdites : pourquoi aurions-nous laissé des agitateurs perturber la visite officielle d’un chef d’État ?
En réalité, la légitimité politique du Dalai Lama ne repose sur rien. Il a définitivement quitté son pays en 1959, suite à l’échec de la tentative insurrectionnelle d’une aristocratie guerrière hostile aux réformes sociales menées par le parti communiste chinois et dont les troupes avaient été entraînées par la CIA dans les montagnes du Colorado. Au lieu de se désolidariser de ce combat d’arrière-garde, il a préféré se mettre au service d’intérêts étrangers et se faire le porte-parole itinérant d’une cause perdue.
En rompant les amarres avec la Chine en 1959, le Dalai Lama s’est placé hors la loi. Alors qu’il avait d’excellentes relations avec le PCC et Mao Zedong de 1951 à 1959, il a préféré renier les fruits de cette coopération exemplaire et jeter aux orties l’héritage de son action bénéfique en tant que vice-président de l’Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine. Ce reniement au profit d’intérêts étrangers a dissipé la légitimité qu’il avait acquise et l’a mis au ban de sa société d’origine, le Dalai Lama s’étant lui-même condamné à l’exil par un réflexe irrationnel de solidarité avec des émeutiers qui ne songeaient qu’à défendre leurs intérêts de classe.
Aussi sa démarche est-elle dépourvue de toute légitimité du point de vue des institutions de son pays d’origine, la République populaire de Chine. Or il en va exactement de même au regard du droit international. La cause défendue par l’exilé volontaire a beau séduire ses partisans occidentaux, elle se résume en effet à une pure invention. Car le Xizang appartient de droit et de fait à la République populaire de Chine, et aucun État au monde ne conteste cette appartenance. Toute ingérence dans les relations entre la Chine et sa province tibétaine constitue par conséquent une violation de la souveraineté nationale de la Chine. Et lorsqu’elle émane d’un autre État, cette ingérence représente un manquement grave aux obligations imparties par la Charte des Nations unies.
Illégitime du point de vue des institutions de la République populaire de Chine, nulle et non avenue du point de vue du droit international, l’entreprise séparatiste incarnée par le Dalai Lama est-elle conforme aux traditions ancestrales qui régissent les rapports entre le bouddhisme tibétain et les autorités gouvernementales de la Chine ? Assurément non. De même qu’elle ne bénéficie d’aucune légitimité en politique intérieure et en droit international, la démarche du Dalai Lama n’en a pas davantage à l’égard des traditions religieuses. Lorsqu’il veut confier la désignation de son successeur à une association d’exilés, ce dernier s’affranchit en effet des usages ancestraux sacralisés par une très longue pratique, et il soulève de fortes interrogations sur le respect des traditions qu’il prétend défendre.
«La pratique de la réincarnation du Bouddha vivant se poursuit depuis plus de 700 ans, rappelle Xu Feihong, ambassadeur de Chine en Inde. Elle a donné naissance à des rituels religieux rigoureux et à des conventions historiques établies. La réincarnation du Dalai Lama doit passer par la procédure de loterie dite de «l’Urne d’Or», et les candidats sélectionnés doivent être soumis à l’approbation du gouvernement central chinois. C’est ainsi que le 14ème Dalai Lama lui-même a été désigné dans le strict respect des rituels religieux et des conventions historiques après le décès du 13ème Dalai Lama. Et il été intronisé après avoir obtenu une exemption de la loterie, avec l’approbation du gouvernement central de l’époque».
La notion de Bouddha vivant réincarné est une croyance originale apparue après la transmission du bouddhisme au Tibet. Selon la croyance bouddhiste, les individus connaissent des cycles de renaissance. Après la mort, l’âme poursuit son voyage en se réincarnant dans un nouveau corps. Lorsqu’un chef spirituel décède, un rituel est mis en œuvre pour identifier ses successeurs potentiels. Parmi ceux-ci, un enfant, après avoir été reconnu, est considéré comme la réincarnation du maître précédent et hérite du titre transmis par le défunt.
Sous la dynastie Yuan (1271-1368), le Tibet passe pour la première fois sous l’administration du gouvernement central chinois. Le 3ème Karmapa, Rangjung Dorje, né en 1284, est considéré comme le premier Bouddha vivant réincarné au Tibet. Sous la dynastie Ming (1368-1644), le 5ème Dalai Lama, considéré comme le plus puissant de l’histoire tibétaine, réussit à unifier le Tibet et à établir un gouvernement théocratique. Invité à Beijing par l’empereur Shunzhi en 1653, il y réside neuf mois et fait allégeance au souverain chinois. C’est à partir du 5ème Dalai Lama qu’est établi l’usage selon lequel la réincarnation du Dalai Lama doit recevoir l’approbation formelle du gouvernement central.
En raison d’irrégularités commises durant la procédure de réincarnation, comme le favoritisme envers des proches ou les transactions en coulisses, l’empereur Qianlong introduit en 1783 un système connu sous le nom de «Système de Tirage au Sort de l’Urne Dorée». Afin d’empêcher toute manipulation et de préserver le caractère sacré de la tradition, ce système exige que, lorsque plusieurs candidats sont identifiés, la sélection finale obéisse à un rituel de tirage au sort devant la statue du Bouddha. Cette opération doit être effectuée en présence de représentants du gouvernement central, garantissant ainsi transparence et légitimité.
Les noms des enfants sélectionnés, inscrits sur des bandelettes d’ivoire, sont tirés de l’Urne Dorée, et le nom choisi est transmis au gouvernement central pour approbation finale. Historiquement, les 9ème, 13ème et 14ème Dalai Lama ont été exemptés du tirage au sort par une autorisation spéciale du gouvernement central, tandis que les 10ème, 11ème et 12ème Dalai Lama ont été reconnus par la cérémonie du tirage au sort de l’urne d’or. Dans tous les cas, la confirmation finale est venue du gouvernement central. Et il n’y a jamais eu de cas où la décision ait été prise uniquement par l’individu devant se réincarner.
Même dans les cas où un seul candidat était identifié, l’exemption du tirage au sort nécessitait toujours l’approbation formelle des autorités centrales. Prédécesseur de l’actuel, le 13ème Dalai Lama avait sollicité le soutien des Britanniques et frôlé le séparatisme avec la complicité d’une puissance étrangère qui contrôlait encore le vaste Empire des Indes. Malgré ces antécédents douteux, la reconnaissance de son successeur, le 14ème Dalai Lama, fut néanmoins décidée, en 1940, par les représentants du gouvernement central chinois.
Pourtant, depuis plusieurs années, le 14ème Dalai Lama a multiplié les déclarations contradictoires concernant sa future réincarnation. Il a notamment déclaré que la prochaine réincarnation devrait se produire dans le «monde libre», qu’elle aurait peut-être lieu dans une femme, qu’elle pourrait aussi se présenter sous la forme d’une abeille, que ce système successoral serait éventuellement supprimé, et enfin que la réincarnation étant une affaire purement interne elle serait de toutes façons décidée par lui-même.
Or, selon Zhai Xiang, chercheur réputé et membre de l’Association nationale du patrimoine culturel de Chine, «ces remarques contredisent fondamentalement les rituels et les normes séculaires établis au sein du bouddhisme tibétain. La réincarnation ne le concerne pas personnellement : elle reflète une synthèse plus large de la souveraineté nationale, de l’autorité de l’État, de la tradition religieuse et de la confiance spirituelle du peuple tibétain».
C’est cette tradition ancestrale que le gouvernement de la République populaire de Chine entend faire appliquer. Respectueux des usages consacrés par la tradition, il mène une politique fondée sur la liberté religieuse, et il protège la coutume successorale des Bouddhas vivants. C’est pourquoi la prochaine réincarnation du Dalai Lama doit suivre un processus de recherche et d’identification sur le sol chinois, de tirage au sort dans l’Urne d’or, et enfin d’approbation par le gouvernement de la République populaire de Chine, conformément aux rituels religieux, aux conventions historiques et aux lois en vigueur sur le territoire chinois.
Bruno Guigue (Normale Sup, ENA, ex-haut fonctionnaire, Professeur invité à l'Université normale de la Chine du Sud).
https://substack.com/@brunoguigue