mercredi 23 juillet 2025

Le meurtre de l'esprit

 



La Psychose de Masse
Comment une population entière devient malade mentale


Texte du document vidéo « Le Meurtre de l'esprit » de l'Académie des idées. Traduite par Rémi Igor. Chaîne « After Skool » sur YouTube.


« Les masses n'ont jamais eu soif de vérité. Elles se détournent des évidences qui ne sont pas à leur goût et préfèrent glorifier l'erreur si l'erreur les séduit. Celui qui peut apporter l'illusion est facilement leur maître. Celui qui tente de détruire l'illusion est toujours leur victime ». Gustave le Bon (1841-1931).


Selon le psychologue Carl Jung, la plus grande menace pour la civilisation ne réside pas dans la force de la nature ni dans une quelconque maladie physique, mais dans notre incapacité à faire face aux forces de notre propre psyché (pulsions subconscientes et faiblesses). Nous sommes nous-mêmes notre pire ennemi ou comme le dit le proverbe latin « l'homme est un loup pour l'homme ».

Dans notre « civilisation en transition », Jung déclare que ce proverbe est une triste vérité éternelle et que dans une société c'est au moment de l'histoire où la maladie mentale devient la norme plutôt que l'exception que nos tendances de loup entrent le plus en jeu. Un état que Jung décrivait sous le terme « d'épidémie psychique ».

En effet, il devient de plus en plus évident que ce n'est pas la famine, les tremblements de terre, les microbes ou le cancer, mais bien l'homme qui est le plus grand danger pour lui-même pour la simple et bonne raison qu'il n'existe pas de protection efficace contre les épidémies psychiques qui sont plus infiniment plus dévastatrices que la pire des catastrophes naturelles. (Carl Jung : la vie symbolique).

Dans cette vidéo nous allons explorer la plus dangereuse de toutes les épidémies psychiques, la « psychose de masse ».

Une psychose de masse est une épidémie de folie et elle se produit quand une grande partie de la société perd le contact avec la réalité et sombre dans l'illusion. Un tel phénomène n'est pas une fiction.

Nous avons deux exemples de psychose de masse :

Les chasses aux sorcières du 16ième et du 17ième siècles en Amérique et en Europe et la montée du totalitarisme au 20ième siècle.

Au cours de la chasse aux sorcières, des milliers d'individus, principalement des femmes, ont été tués, non pas pour des crimes qu'ils avaient commis mais parce qu'ils étaient devenus des boucs émissaires d'une société devenue folle. Dans certains villages Suisse, il ne restait presque plus aucune femme en vie lorsque la folie cessa enfin, une illusion de satan.

Lorsqu'une psychose de masse survient, les résultats sont dévastateurs. Jung a étudié ce phénomène et a écrit que les individus qui composent une société infectée deviennent moralement et spirituellement inférieurs. Ils descendent inconsciemment à un niveau intellectuel plus bas. Ils deviennent plus déraisonnables, irresponsables, émotionnels, erratiques et peu fiables.

Et le pire de tout, les crimes que l'individu seul ne pourrait supporter sont librement commis par le groupe frappé par la folie.

Ce qui aggrave les choses, c'est que ceux qui souffrent d'une psychose de masse ne sont pas conscients de ce qui se passe, car de même qu'un individu devenu fou ne peut sortir de son esprit pour observer l'erreur qu'il commet, il n'y a pas de poussée d'Archimède pour permettre à ceux qui vivent une psychose de masse d'observer leur propre folie collective.

Mais qu'est-ce qui cause une psychose de masse ?

Pour répondre à cette question, il nous faut d'abord explorer ce qui rend un individu fou.

Bien qu'il existe de nombreux déclencheurs potentiels de la folie tels que la consommation excessive de drogues ou d'alcools, les lésions cérébrales et autres maladies, ces causes physiques ne nous concerneront pas, ici.

Nos préoccupations concerneront plutôt les déclencheurs psychologiques ou ce que l'on appelle les déclencheurs psychogènes car ce sont les responsables les plus courants de la psychose de masse.

La cause psychogène la plus répandue d'une psychose, c'est un flot d'émotions négatives tels que la peur ou l'anxiété qui plonge l'individu dans un état de panique. Lorsqu'il se retrouve dans cette panique, l'individu recherche naturellement un soulagement car c'est mentalement et physiquement trop épuisant pour subsister dans cet état hyper émotionnel.

Bien que l'on puisse sortir d'un état de panique par des moyens adaptatifs comme affronter et vaincre la menace génératrice de la peur, une autre façon d'y échapper est d'entrer dans une crise psychotique. Une crise psychotique n'est pas, comme beaucoup le pensent, une descente dans un état de désordre plus profond mais une réorganisation de notre expérience du monde extérieur qui mêle faits et fictions, illusions et réalité, d'une manière qui aide à mettre fin au sentiment de panique.

Le psychiatre Silvano Arieti, une des principales autorité du 20ième siècle sur la schizophrénie, explique les états psychogènes qui mènent à la folie.

D'abord, il y a le phénomène de panique quand le patient commence à percevoir les choses d'une manière différente, en a peur, semble confus et ne sait pas comment expliquer les choses étranges qui se produisent.

L'étape suivante c'est ce que Arieti appelle « l'intégration psychotique » au cours de laquelle l'individu parvient à assembler les choses en conservant une manière pathologique de voir la réalité, ce qui lui permet d'expliquer ses expériences anormales. Le phénomène est appelé « intégration » car le patient voit enfin du sens et des liens dans ses expériences, mais cette « intégration » est psychotique parce qu'elle est basée sur des illusions et non sur des modes de relation adaptatifs et favorables à la vie devant les menaces qui ont engendré brusquement la panique. Les délires, en d'autres termes, permettent à l'individu paniqué d'échapper à un ras de marée des émotions négatives au prix d'une perte de contact avec la réalité.

Et c'est pour cette raison qu'Arieti dit qu'une rupture psychotique peut être considérée comme une manière anormale de faire face à un état d'anxiété extrême. Si un flot d'émotions négatives déclenchant la panique chez un individu faible et vulnérable peut causer une crise psychotique, alors une psychose de masse peut résulter du fait qu'une population d'individus faibles et vulnérables est plongée dans un état de panique par des menaces réelles, imaginaires ou fabriquées.

Comme les délires peuvent prendre de multiples formes et que la folie peut se manifester de nombreuses façons, la manière spécifique dont se déroule une psychose de masse, différera en fonction de ce contexte historique et culturel de la société infectée. Mais dans cette époque moderne, c'est la psychose de masse du totalitarisme qui apparaît comme la plus grande menace.

Le totalitarisme écrit Artur Versluis dans son livre « les nouvelles inquisitions » est le phénomène moderne du pouvoir total centralisé de l'état couplé au retrait des droits individuels de l'homme. Dans un état totalitaire il y a ceux qui (s)ont le pouvoir et il y a les masses soumises et objectivité des victimes.

Dans une société totalitaire, la population est divisée en deux groupes : les gouvernants et les gouvernés, et les deux groupes subissent une transformation pathologique. Les dirigeants sont élevés à un statut presque divin qui est diamétralement opposé à notre nature imparfaite, ce qui les rend facilement corruptibles par le pouvoir.

Les masses quant à elles deviennent dépendantes de ses dirigeants pathologiques et régressent psychologiquement jusqu'à un statut infantile.

Hannah Arendt, l'une des érudits les plus éminents du 20ième siècle sur cette forme de régime a qualifié le totalitarisme de tentative de transformation de la nature humaine, elle-même. Mais cette tentative de transformation ne fait que transformer des esprits sains en esprits malades car comme l'a écrit ce médecin néerlandais qui a étudié les effets du totalitarisme sur le mental, il y a en fait beaucoup de choses comparables entre d'une part les réactions étranges des citoyens soumis au totalitarisme et l'ensemble de sa culture et d'autre part les réactions du malade schizophrène – Joost Meerlot (le viol de l'esprit : the rape of the mind).

La transformation sociale qui s'établit sous le totalitarisme est construite et soutenue par des illusions. Car seuls les hommes et les femmes trompés régressent vers des statuts infantiles de sujets obéissants, se soumettent et remettent le contrôle complet de leurs vie aux politiciens et aux bureaucrates.

Seule une classe dirigeante illusionnée pensera posséder la connaissance, la sagesse et la perspicacité nécessaire pour contrôler complètement la société de manière descendante. Et ce n'est que sous le charme des illusions que quelqu'un pourrait croire qu'une société composée d'une part de dirigeants avides de pouvoir et d'autre part d'une population psychologiquement en régression puisse conduire à autre chose qu'à la souffrance des masses et à la ruine sociale.

Mais comme nous l'avons vu dans la vidéo précédente de cette série, qu'est-ce qui déclenche la psychose dans le totalitarisme ? La psychose de masse dans le totalitarisme commence par la classe dirigeante d'une société. Les individus qui composent cette classe, qu'il s'agisse de politiciens, de bureaucrates ou des acteurs du capitalisme, sont très enclins aux illusions qui augmentent leurs pouvoirs. Et aucune illusion n'est plus séduisante pour des personnes avides de pouvoir que l'illusion de pouvoir, de devoir dominer et contrôler la société. Par une idéologie politique de ce type, qu'il s'agisse du communisme, du fascisme ou de la technocratie, l'étape suivante consiste à amener la population à accepter son autorité en la contraignant avec la psychose de masse du totalitarisme. Cette psychose a été induite de nombreuses fois au cours de l'histoire, et comme l'explique Meerlot, il s'agit simplement de réorganiser et de manipuler les sentiments collectifs de la manière appropriée.

La méthode générale par laquelle les membres d'une élite dirigeante peuvent accomplir cette fin est appelée « MENTICIDE », l'étymologie de ce mot étant « le meurtre de l'esprit (ou du mental) ». Et, comme l'explique Meerlot, plus loin, le « menticide » est un vieux crime stratégique contre l'esprit humain qui est re-systématisé. C'est un système organisé d'interventions psychologiques et de perversions judiciaires par lesquels une classe dirigeante peut imprimer ses propres pensées opportunistes dans l'esprit de ceux qu'elle prévoit d'utiliser et de détruire.

Afin de préparer une population à ce crime de menticide, on commence par instaurer la peur. Lorsqu'un individu est submergé par des émotions négatives telles que la peur ou l'anxiété, il devient facilement enclin à sombrer dans les délires de la folie. Des menaces réelles, imaginaires ou inventées peuvent être utilisées pour semer la peur. Mais une technique particulièrement efficace consiste à utiliser des vagues de terreur. Selon cette technique, des vagues de peur sont échelonnées avec des périodes de calme. Mais chacune de ces périodes de calme est suivie par une nouvelle vague de peur encore plus intense et ainsi de suite.

Comme le décrit Meerlot, chaque vague de terreur crée ses effets plus facilement que celle d'avant parce qu'après une période de respiration, les gens sont encore plus perturbés par leur expérience précédente. La moralité devient de plus en plus basse et les effets psychologiques de chaque nouvelle campagne de propagande se renforcent. Elle atteint un public déjà affaibli. Alors que la peur prépare une population au « menticide », l'utilisation de la propagande pour diffuser des informations erronées et favoriser la confusion quant à la source des menaces et la nature de la crise, contribue à briser l'esprit des masses. Les responsables gouvernementaux et leurs alliés médiatiques peuvent utiliser des rapports contradictoires, des informations insensées, voire des mensonges flagrants cat plus ils sèment la confusion, moins la population sera en mesure de faire face à la crise et d'atténuer sa peur de manière rationnelle et adaptée. La confusion, en d'autres termes, augmente la prédisposition pour une descente dans le délire du totalitarisme ou comme l'explique Meerlot, on peut répondre à la logique par la logique mais pas à l'illogisme. Il embrouille ceux qui pensent correctement. Un grand mensonge et des absurdités répétées de façon monotones ont plus d'impact émotionnel que la logique et la raison. Pendant que les gens cherchent encore un contre argument rationnel au premier mensonge, les dirigeants totalitaires peuvent les agresser avec un autre mensonge. (le viol de l'esprit).

Jamais auparavant dans l'histoire, des moyens aussi efficaces n'avaient existé pour mener la société dans la psychose du totalitarisme. Les smartphones et les médias sociaux, la TV et internet, le tout associé à des algorithmes qui censurent rapidement le flux des informations indésirables et permettent aux détenteurs du pouvoir d'attaquer facilement l'esprit des masses. De plus, la nature addictive de ces technologies signifie que de nombreuses personnes se soumettent volontairement à la propagande de l'élite dirigeante avec une fréquence remarquable.

La technologie moderne explique Meerlot, éduque l'homme à prendre pour acquis le monde qu'il regarde. Il ne prend pas le temps de se retirer et de réfléchir. La technologie l'attire, l'entraîne dans les rouages de ses mouvements.

Pas de repos, pas de méditation, pas de réflexion, pas de conversation. Les sens sont continuellement surchargés de stimuli. L'homme n'apprend plus à questionner son monde. L'écran lui offre des réponses toutes faites.

Pour accroître la psychose totalitaire, il y a une étape supplémentaire que les prétendus dirigeants peuvent franchir, c'est d'isoler les victimes et perturber les interactions sociales normales de l'individu avec ses amis, sa famille et ses collègues car lorsqu'il est en isolement l'individu devient beaucoup plus susceptible aux idées délirantes pour plusieurs raisons.

Premièrement, il perd le contact avec la force correctrice positive. En effet, tout le monde n'est pas dupe des machinations de l'élite dirigeante, et les individus qui voient à travers la propagande peuvent aider à libérer les autres des assauts menticides. Lorsque l'isolement est imposé, l'action de ces exemples positifs diminue considérablement.

Mais une autre raison pour laquelle l'isolement augmente l'efficacité du « menticide », c'est que comme pour de nombreuses autres espèces les êtres humains sont plus facilement conditionnés à de nouveaux schémas de pensée et de comportements lorsqu'ils sont isolés.

Et comme l'explique Meerlot à propos des travaux du psychologue Ilan Pavlof sur le conditionnement comportemental, Pavlof a fait une autre découverte importante : « le réflexe conditionné » peut être développé plus facilement dans un laboratoire tranquille avec peu de stimuli dérangeants. Tout bon dresseur d'animaux le sait par expérience. L'isolement et la répétition patiente des stimuli sont nécessaires pour apprivoiser des animaux sauvages.

Les régimes totalitaires suivent cette règle.

Ils savent qu'ils peuvent conditionner les victimes politiques plus rapidement dès lors qu'elles sont maintenues en isolement.

Seul, désorienté et malmené par les vagues de terreur, une population victime d'un assaut de « mendicide » sombre dans un état désespéré et vulnérable. Le flot incessant de propagande transforme les esprits autrefois capables de pensée rationnelle en un théâtre de forces irrationnelles.

Et alors que le chaos règne partout en eux et autour d'eux, les masses aspirent à un retour vers un monde plus ordonné. Les prétendus dirigeants totalitaires peuvent maintenant faire le pas décisif. Ils peuvent offrir une issue et un retour à l'ordre, à un monde qui semble évoluer rapidement dans le sens opposé. Mais tout cela a un prix. Les masses doivent renoncer à leurs libertés et céder le contrôle de tous les aspects de leur vie à l'élite dirigeante. Elles doivent renoncer à leur capacité d'être des individus autonomes et responsables de leur vie et devenir des sujets soumis et obéissants. En d'autres termes, elle doit sombrer dans les illusions de la psychose totalitaire.

Les systèmes totalitaires du 20ième siècle représentent une sorte de psychose collective. Que ce soit graduellement ou soudainement, le sens commun et la décence humaines ne sont plus possibles dans un tel système. Il n'y a plus qu'une atmosphère omniprésente de terreur et la projection d'un ennemi imaginé être parmi nous.

Ainsi, la société se retourne contre elle-même, poussée par les autorités dirigeantes. Mais l'ordre d'un monde totalitaire est un ordre pathologique. En imposant une stricte conformité et en exigeant une obéissance aveugle de la part des citoyens, le totalitarisme prive le monde de sa spontanéité qui produit les joies de la vie et la créativité qui fait avancer la société.

Le contrôle total de cette forme de gouvernance quel que soit son nom, qu'il soit exercé par des scientifiques, des médecins, des politiciens, des bureaucrates ou une dictature, engendre la stagnation, la destruction et la mort à grande échelle.

C'est pourquoi, la question la plus importante à laquelle le monde est confronté est sans doute la suivante :

Comment le totalitarisme peut-il être empêché ? Et, si une société a été poussée au premier stade de sa psychose de masse, les effets peuvent-ils être encore renversés ?

Bien qu'on ne puisse jamais être sûr du pronostic réel d'une folie collective, il existe des mesures qui peuvent être prises pour contribuer à une guérison.

Cette tâche cependant nécessite une multitudes d'approches différentes de la part de nombreuses personnes toutes aussi différentes, car tout comme le « menticide » est varié, la contre-attaque dot l'être aussi.

Selon Carl Jung, pour ceux d'entre nous qui souhaiteraient aider à retrouver la raison dans un monde insensé, la première étape consiste à mettre de l'ordre dans son propre esprit et de vivre d'une manière qui serve d'inspiration pour les autres.

Ce n'est pas pour rien que notre époque fie à la personnalité rédemptrice, à celle qui peut s'émanciper de l'empire de la psychose collective et sauver au moins sa propre âme, celle qui allume une lueur d'espoir pour les autres, proclamant qu'il y a au moins un homme qui s'est extirpé de l'identité fatale de la psyché du groupe. Mais en supposant que l'on vive sans être sous l'emprise de la psychose, d'autres mesures peuvent être prises. Les informations qui contredisent la propagande doivent être diffusées aussi loin et aussi largement que possible, car la vérité est plus puissante que la fiction et les mensonges colportés par les prétendus dirigeants totalitaires. En effet, leur succès dépend en partie de leur capacité à censurer le libre flux d'informations.

Une autre tactique consiste à utiliser l'humour et le ridicule pour délégitimer l'élite au pouvoir, ou comme l'explique Meerlot, nous devons apprendre à traiter le démagogue et les aspirants dictateurs parmi nous avec l'arme du ridicule. Le démagogue lui-même est presque incapable d'humour d'aucune sorte, et si nous le traitons avec dérision, il commencera à s'effondrer.

Une tactique recommandée par Vaclav Havel, un dissident politique sous le régime soviétique, qui devint plus tard le président de la Tchécoslovaquie, est la mise en place de ce que l'on appelle des structures parallèles. Une structure parallèle c'est une forme d'organisation, d'entreprise, d'institution, de technologie ou d'activité créative qui existe physiquement dans une société totalitaire mais normalement en dehors de celle-ci. Dans la Tchécoslovaquie communiste, Havel avait constaté que ces structures parallèles étaient plus efficaces pour combattre le totalitarisme que l'action politique. En outre, lorsque suffisamment de structures parallèles sont créées, une deuxième culture ou une société parallèle se forme spontanément et fonctionne comme une enclave de liberté et de bon sens, dans un monde totalitaire. Ou comme Havel l'explique dans son livre : « le pouvoir des sans-pouvoirs » qu'est-ce que les structures parallèles sinon que des espaces où l'on peut vivre une vie différente, une vie qui est en harmonie avec ses propres objectifs, et qui à son tour se structure en harmonie avec ses objectifs.

Que sont ces initiatives d'auto-organisations sociales sinon l'effort d'une certaine partie de la société pour s'affranchir des aspects qui entretiennent le totalitarisme et par conséquent la volonté de s'extraire radicalement de son implication dans le système totalitaire.

Mais ce qu'il faut avant-tout pour empêcher une descente complète au sein de la folie totalitaire, c'est l'action du plus grand nombre de personnes possibles.

De même que l'élite dirigeante ne reste pas passive mais prend des mesures délibérées pour accroître son pouvoir, les efforts engagés et concertés doivent être faits pour amener le monde vers une délivrance. Cela peut être un immense défit pour un monde tombé dans le délire du totalitarisme.

Thomas Paine dans son livre "La crise Américaine" :

« La tyrannie comme l'enfer n'est pas facile à vaincre. Pourtant nous avons cette consolation avec nous que plus le conflit est dur et plus le triomphe sera glorieux ».

Transcription réalisée par Patrick.


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BONUS


GOUVERNER SANS CONVAINCRE 

la fabrication du consentement européen à l’ère du choc permanent



Il serait naïf de croire que Macron, Starmer, von der Leyen ou Scholz s’imposent par charisme, vision ou exemplarité. Leur pouvoir repose sur trois piliers.

D’abord, l’ingénierie de la sidération. Depuis 2020, les Européens subissent des chocs incessants, pandémie, confinement, inflation, guerre, climat, terrorisme, intelligence artificielle. Ce chaos politique réinitialise le cadre mental, empêche la stabilité émotionnelle et maintient la dépendance cognitive envers l’autorité. L’esprit n’analyse plus, il obéit.

Ensuite, l’annulation du réel par des récits. Ces dirigeants créent des narrations binaires, démocratie contre barbarie, Europe contre Russie, vaccin contre obscurantisme, inclusion contre haine. Ce dualisme simpliste neutralise la complexité, criminalise la nuance et transforme la politique en morale spectaculaire. Le réel devient secondaire, seule l’adhésion émotionnelle compte.

Enfin, la désactivation des contre-pouvoirs. Médias uniformisés, justice alignée, opposition neutralisée, experts sélectionnés, le pluralisme est vidé de substance. Ce modèle, liquide et algorithmique, ne réprime pas, il marginalise. La dissidence devient une erreur de code.

La population n’est pas naïve. L’architecture cognitive qui l’enferme rend la pensée critique illisible. Gouverner, c’est saturer, détourner, dissocier, anesthésier. Ces dirigeants, apparemment faibles, gèrent lucidement une matrice psychopolitique où 450 millions d’Européens vivent sans le savoir.

Quand vous les observez sur cette image, à quoi cela vous fait-il penser et quelle est, selon vous, leur perception de vous ?



Un regard d’ailleurs, Aleksandr Afanasiev.