jeudi 12 septembre 2024

Lamas tibétains et moutons de Panurge

 



"Les Dévots du bouddhisme", de Marion Dapsance, analyse l’attirance des Occidentaux pour une religion mal connue et fantasmée.

Comment des Occidentaux en quête de bien-être et de spiritualité en arrivent-ils à se prosterner devant des lamas au comportement douteux, à suivre des rituels complexes et obscurs, à consacrer temps et argent à une tradition qui leur est étrangère ? Sans concession mais sans agressivité, Marion Dapsance, docteure en anthropologie des religions, déchire le rideau de fumée qui entoure la mode du bouddhisme en Occident. Enseignante à l’université Columbia, elle nous explique comment le gouffre entre la réalité des pratiques du bouddhisme tibétain (il existe plusieurs écoles, y compris au sein du Tibet) et sa vision occidentale a commencé à se creuser au XIXe siècle. Des sociétés secrètes s’approprient alors le peu de connaissances disponibles sur les religions asiatiques et dissertent sur la sagesse ancienne de l’humanité que des "grands maîtres" (sur le modèle franc-maçon) cachés dans l’Himalaya détiendraient toujours.

 Imposteur

Une tradition littéraire en découle, écrite par des Européens n’ayant qu’une vague idée des pratiques en cours dans de lointaines vallées inaccessibles. Le filon prospère sur le fantasme selon lequel nos cultures auraient perdu toute morale tandis que l’Orient, resté proche de la nature et du divin, vivrait paisiblement, détaché des réalités matérielles. Le mouvement ne s’essouffle pas au XXe siècle, produit films et livres en quantité, comme le "Troisième Œil", de Lobsang Rampa, qui inspire le mouvement new age. Même si son auteur s’avère rapidement être un imposteur anglais n’ayant jamais mis les pieds au Tibet, ses ouvrages n’ont cessé de se vendre dans le monde entier, répandant le mythe des pouvoirs surnaturels des lamas. Une vision ésotérique qui, dans une entourloupe de l’histoire proche de celle concernant le yoga, est parfois récupérée par les Tibétains eux-mêmes et transformée en fonds de commerce. Présentée comme la panacée à tous les maux de la civilisation moderne, la méditation sert alors de produit d’appel, tout comme les "groupes de parole".

Après avoir posé les bases historiques du malentendu, la chercheuse entraîne les lecteurs dans la sphère de Sogyal Rinpoché, "maître de folle sagesse", à la tête d’un "empire commercial à échelle internationale". Se basant sur ses observations dans des centres bouddhiques français et sur des témoignages, l’auteure décrit l’univers désaxé d’un gourou qui, sous prétexte de divulguer son "enseignement", impose un culte de la personnalité démesuré et exige de ses disciples une soumission totale, voire un asservissement sexuel. 

Hiérarchie. 

Ses adeptes, venus là dans une démarche de "développement personnel", sont en général très critiques envers le catholicisme. Ils se retrouvent pourtant à suivre les préceptes d’une religion dont ils n’ont pas les clés, où les femmes sont considérées de naissance inférieure, où la hiérarchie est stricte, la liturgie complexe, où l’on adore des reliques et où l’on craint l’enfer. C’est ce décalage entre la réalité des pratiques et la "sagesse désincarnée et souriante décrite par Matthieu Ricard et Frédéric Lenoir dans leurs ouvrages à succès" que dénonce l’anthropologue. 

LAURENCE DEFRANOUX



Note :

L'article de Laurence Defranoux conclut les informations diffusées par Bouddhanar depuis 2006 pour dénoncer les sectes, les sociétés secrètes et leurs projets totalitaires.

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