lundi 27 octobre 2025

Esclaves sexuelles des lamas





Il est important de rappeler les principales écoles du bouddhisme tibétain : l’ordre Nyingma, le plus ancien ; l’ordre Sakya ; l’ordre Kagyu et ses karmapas ; et, enfin, l’école Gelug, qui a instauré la lignée des dalaï-lamas et des panchen-lamas. Pourquoi ? Parce que la société tibétaine conserve un fort caractère clanique.

Dans toutes les écoles du bouddhisme tibétain, deux règles prévalent en matière d’unions matrimoniales : obligation pour le plus jeune de deux frères de se marier pour entretenir la filiation et les lamas et les moines doivent faire vœu de célibat, excepté les nyingmapas et les sakyapas qui peuvent se marier. Cependant, il est courant que des moines quittent leur établissement monastique, fondent une famille, puis le réintègrent pour finir leur vie dans la prière et la méditation. Dans la famille du quatorzième dalaï-lama, Thubten Jigme Norbu, que nous avons vu abbé du monastère de Kumbum sous le nom de Taktser Rinpoché, a ainsi abandonné son statut de religieux pour se marier avec Phuntsok Tashi : le couple a eu deux enfants. De même Tenzin Choegyal, troisième réincarnation de la famille sous le nom de Ngari Rinpoché, s’est uni à Rinchen Khamdo : ils ont eu deux enfants aussi. Moins ordinaire est le mariage du quinzième karmapa Khachap Dordjé , le chef religieux de l’ordre Kagyu, pour raison de santé !

Plus près de nous, Reting Rinpoché, le premier précepteur de l’actuel dalaï-lama, a eu le privilège suprême de raser le crâne du petit garçon de Taktser dans le temple du Jokhang à Lhassa et de lui attribuer son nom religieux. Le 22 février 1940, Tenzin Gyatso est ainsi devenu officiellement le quatorzième dalaï-lama. Or Reting possédait la troisième structure économique du Tibet, gérée depuis ses appartements de l’avant-dernier étage du palais. En outre, d’aucuns lui attribuent des frasques nocturnes dans les bouges de Shol et une relation officielle avec une dame de Lhassa. Nous sommes alors dans les années 1940 et Reting use et abuse du Traité sur la Passion de Guendun Choephel. Or sa liaison fuite. « Le Kama-sutra au Potala !» dit-on, le scandale éclate. Et pour cause : la dame vit quasiment à demeure dans les appartements du régent. On s’en amuse beaucoup puisque à Lhassa des affiches, placardées tous les soirs sur les arbres, près du Jokhang et des autres temples de la capitale, se mirent à conter les galipettes de la dame et de son amant. Sept ans plus tard, le 17 avril 1947, Reting fut arrêté, jugé et emprisonné dans les geôles du Potala. Il mourra trois semaines plus tard, le 8 mai, dans sa cellule, ses organes génitaux broyés.

Un cas isolé ? Pas exactement puisque, depuis, de nombreuses affaires ont défrayé la chronique. Notamment l’une concernant la communauté américaine du bouddhisme et l’un de ses maîtres les plus en vue, Osel Tenzin. Reconnu pour apprécier les pratiques du Traité de Choephel, et pour son appétit sexuel, le lama avait fini par contracter le Sida dans les années 1980.

À la même époque, un lama réincarné surnommé "la sagesse folle" par ses pairs et ses disciples, était connu pour son alcoolisme et ses excentricités sexuelles et financières. Par ailleurs, un article de Jack Kornfeld dans le Yoga Journal révèle, sous le titre de "Sex and Lives of the Gurus" que, sur cinquante maîtres bouddhistes, hindous et Jaïns, trente-quatre ont eu des rapports sexuels avec leurs disciples.

En 1994, un autre lama se voit accusé, lui, d’avoir, sur une période de plusieurs années, abusé de son statut de réincarnation et de guide spirituel pour imposer des relations sexuelles à des jeunes femmes disciples. De médiation en médiation, le guru tibétain aurait versé plusieurs millions de dollars à ses victimes…

Le 10 février 1999, le journal américain The Independent annonce un autre scandale sexuel sous la plume de Paul Vallely : la philosophe écossaise June Campbell, traductrice officielle des lamas tibétains, affirme en effet avoir été « l’esclave sexuelle tantrique » de Kalou Rinpoché, un des lamas tibétains les plus vénérés au monde. On s’en doute, l’affaire fait grand bruit : « C’était, dit-elle, comme si j’avais accusé Sœur Teresa d’avoir joué dans des films porno. » Menacée de mort, l’Ecossaise a attendu onze ans avant de parler de cette histoire. Ses accusations furent vivement démenties par les proches de celui qu’elle dénonce.

Une autre fois, c’est à Samye Ling Centre, en Écosse, que le scandale éclate. Dans un article du Sunday du 10 septembre 2000, Robert Mendick raconte qu’un moine adulte de Samye Ling a abusé d’une jeune fille de quatorze ans. Or Samye Ling est un lieu considéré comme le poumon de la culture tibétaine en Occident, où l’on accueille les artistes amis du dalaï-lama, tels Richard Gere ou David Bowie.

Le 10 juin 2009, j’ai demandé au dalaï-lama de bien vouloir répondre à quelques questions, notamment sur le fait que, depuis un certain temps, des articles de presse et des livres évoquent les dérapages de lamas de renom, accusés d’agressions sexuelles et de viols ou encore d’avoir des « esclaves sexuelles tantriques ». Une vingtaine de jours plus tard, le 4 juillet, Sa Sainteté le quatorzième dalaï lama Tenzin Gyatso répondra, par l’intermédiaire de son secrétaire Chhime R. Chhoekyapa :

« Cher Monsieur Gilles Van Grasdorff,

Veuillez excuser notre retard à répondre à votre courrier électronique du 10 juin 2009, dans lequel vous demandiez des éclaircissements de la part de Sa Sainteté concernant le bouddhisme à certaines des questions soulevées dans votre lettre. Sa Sainteté a été très occupée ces dernières semaines, qui ont inclus de grands voyages. Nous n’avons donc pas été en mesure de répondre plus tôt. Nous espérons que vous comprendrez.

Dans le même temps, nous voudrions qu’il soit bien clair pour vous dès le départ que tout comportement non conventionnel n’est pas en accord avec les enseignements de Sa Sainteté et la pratique. Dans le bouddhisme tibétain aussi il y a des personnes qui s’égarent et si elles ne respectent pas leurs vœux, des mesures appropriées sont prises. Dans la mesure où nous en sommes conscients, ceux qui ne peuvent pas garder leurs vœux monastiques, etc. … quittent le monastère… »

Ces histoires de sexe dans les lamasseries et les monastères occidentaux peuvent choquer nos esprits occidentaux redevenus pudibonds mais il est important de souligner que les lamas tibétains n’ont jamais cessé d’utiliser des « esclaves sexuelles » dans les rites tantriques, dont le Kalachakra. Et ce au nom d’une tradition de pratiques secrètes qui remonte au VIIIe siècle, et à ce temps lointain où Padmasambha introduisait le bouddhisme au Tibet. Le fondateur de l’école Nyingma avait lui-même cinq « esclaves sexuelles tantriques » parmi ses disciples. Dès lors, on peut dire qu’en 2009, rien n’a vraiment changé au pays des lamas tibétains et que certains – des brebis galeuses – s’égarent. Si ce n’est que des femmes comme June Campbell et des chercheurs comme Victor et Victoria Trimondi osent briser la loi du silence imposée par les propagateurs du Tantra du Kalachakra.

Gilles van Grasdorff, "L’histoire secrète des dalaï-lamas". Flammarion, 2009.

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BONUS


Le Dalaï-lama avec le rabbin orthodoxe Shmuley Boteach. Ce rabbin a remporté un succès considérable avec son livre « Kosher Sex » ("le Sexe casher") en 1999 et sa suite en 2009 : « Kosher Lust » ("le désir casher").

Le rabbin s'est aussi lancé dans le commerce des sextoys avec sa fille Chana qui possède un sexshop à Tel-Aviv.