Depuis deux décennies, le monde occidental se présente en défenseur des droits de l’homme, tout en trahissant une hypocrisie criante. Comme l’a montré Abou Ragheb Amani dans son article dans le Kabul Times «Deux poids, deux mesures à l’échelle mondiale : les puissances mondiales protègent Israël et punissent l’Afghanistan», les États-Unis et l’Union européenne appliquent le droit international de façon sélective, protégeant Israël malgré ses crimes et punissant l’Afghanistan pour son indépendance. De son côté, Ghulam Reza Omidi, dans son article dans le Kabul Times «Modèles étrangers vs valeurs locales ; pourquoi la démocratie occidentale n’a pas pu s’enraciner en Afghanistan», démontre l’échec d’une démocratie imposée, étrangère aux réalités locales. C’est dans cette logique que la 80ème Assemblée générale de l’ONU s’est réduite à une mise en scène creuse, où Washington, juge déchu, mais toujours autoproclamé, piétine sans vergogne le droit international qu’il brandit comme vitrine, tandis que la France, championne de l’hypocrisie, prêche la solution à deux États tout en approvisionnant Israël en armes. À travers une analyse diachronique et sociométrique, cet article met en lumière, d’une part, le cynisme du double standard pratiqué par l’Occident, et d’autre part, l’effondrement du projet démocratique imposé à l’Afghanistan.
Israël protégé, l’Afghanistan étranglé : la démonstration cynique du double standard occidental
À l’inverse, l’Afghanistan post-2021, qui a osé chasser l’occupant américain après vingt ans de guerre, est puni avec un sadisme économique qui ferait rougir un bourreau médiéval : avoirs gelés (9,5 milliards de dollars confisqués par la Réserve fédérale en 2021), sanctions bancaires, isolement diplomatique. Tout cela alors même que Kaboul propose dialogue, non-ingérence et coopération régionale. Autrement dit, plus un État massacre avec la bénédiction américaine, plus il est protégé ; plus un peuple ose s’émanciper de la tutelle occidentale, plus il est étranglé.
Ce mécanisme n’est pas un accident, mais une architecture consciente. Il révèle que les «valeurs universelles» brandies par Biden hier, et aujourd’hui par Trump, von der Leyen ou Macron ne sont que des slogans publicitaires pour cacher une vérité crue : l’Occident collectif ne défend pas le droit, mais ses privilèges. En 2025 comme en 2001, il n’existe pas de «communauté internationale» stricto sensu, seulement un cartel politico-financier qui distribue l’impunité à ses alliés criminels et la misère à ses adversaires indépendants.
L’échec de la démocratie imposée : quand Kaboul ridiculise Washington
Cet effondrement n’est pas seulement militaire : il est civilisationnel. L’ingénierie sociale occidentale – imposition de valeurs libérales, constitution copiée sur Washington, élections vitrines – s’est fracassée contre la réalité afghane : une société conservatrice, islamique, farouchement attachée à son autonomie historique. Les Américains ont cru qu’un peuple qui a mis en échec les Britanniques (1842, 1880, 1919) allait se plier à leurs fantasmes de «nation-building». Résultat : l’Émirat islamique est revenu plus fort, tandis que la «démocratie made in USA» est devenue le plus grand fiasco idéologique du XXIe siècle.
C’est précisément au moment où Washington et Bruxelles prétendent défendre la démocratie en Ukraine et ailleurs que leur modèle s’effondre le plus spectaculairement. L’Afghanistan est un miroir cruel qui expose l’Occident : sa rhétorique est creuse, sa puissance militaire impuissante, son projet civilisationnel illégitime. L’échec de Kaboul démontre que l’Occident n’exporte pas la démocratie, il exporte le chaos, la dépendance et, à terme, sa propre décrédibilisation.
En filigrane, toutes ces démonstrations prouvent que l’Afghanistan et Israël révèlent ensemble une vérité nue : l’Occident collectif ne croit ni à la justice ni à la démocratie. Il croit au rapport de force, à l’impunité de ses alliés et à l’écrasement de ses opposants. Mais à chaque fois que Kaboul ou Gaza survivent, c’est une gifle infligée au mythe occidental, une preuve supplémentaire que le Sud global, en s’alliant à Moscou, Pékin et ses propres traditions, écrit déjà la page du monde post-occidental.
Mohamed Lamine Kaba
source : New Eastern Outlook via RI