Claude GILLIOT "la RELIGION des ORIGINES"
La Croix :
Cette tribune rend hommage au travail du père Claude Gilliot en tant qu’islamologue, sans lien avec l’affaire de la disparition du petit Émile dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans laquelle son nom est cité ces derniers jours.
L’islamologue dominicain Claude Gilliot est décédé le samedi 15 mars 2025, à l’âge de 85 ans, a annoncé l’ordre dominicain. Figure internationale de l’exégèse du Coran, il vécut une grande partie de sa vie au Moyen-Orient et a contribué, par ses centaines de publications, à changer notre compréhension de la formation du Coran dans son contexte socioculturel.
D’un tempérament paysan et entier, il ne se laissait jamais intimider par les risques que son travail scientifique ou ses prises de position lui faisaient souvent courir. Il fut pendant plus de cinquante ans tout autant à l’aise en habit dominicain dans les couloirs de l’université sunnite d’Al-Azhar (Caire), ou dans l’enceinte laïque de l’université d’Aix-Marseille, dont il était professeur émérite.
L’islam des sources
Formé en arabe principalement au Liban avec les pères jésuites, il conduisit ses recherches à Beyrouth et pendant une trentaine d’années au Caire, à l’Institut dominicain d’études orientales qui est le pendant pour l’islam de l’École biblique et archéologique de Jérusalem. Il y travailla notamment en tandem avec le père Georges Anawati (1905-1994), figure inspiratrice des lignes du concile Vatican II sur l’islam et de ses conséquences dans le dialogue interreligieux.
Dans le monde académique occidental comme auprès d’intellectuels musulmans, Claude Gilliot a permis d’éclaircir les mécanismes des chaînes de transmission des hadiths (aḥādīṯ) en islam pour remonter aux sources de la formation du Coran. Il établit, à partir uniquement de sources arabes, des aspects déterminants de la vie du Prophète ou comment les sections mecquoises du Coran ont été composées au sein d’un groupe judéo-chrétien. À partir d’un islam des origines mieux compris, il explicita le rôle crucial joué par l’exégèse du Coran dans l’institutionnalisation de l’islam.
Le « chercheur à l’ancienne »
Travailleur acharné, doté d’une dévotion monacale pour l’étude humble et méticuleuse, il se définissait comme « chercheur à l’ancienne ». Plusieurs contributions saillantes de son œuvre immense et érudite seront republiées en 2025 sous le titre Studia coranica (3 vol., édité par Mehdi Azaiez) chez Brill.
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