dimanche 9 novembre 2025

Ils veulent nous conduire vers la guerre généralisée



Les straussiens prennent le contrôle des Nations Unies et de l’OTAN

Chassés de l’administration états-unienne, les straussiens, qui contrôlent déjà l’Ukraine et Israël, ont étendu leur influence à l’ONU et au Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine. Ils disposent désormais à la fois des moyens de faire la guerre et de paralyser les partisans de la paix.


On ne l’avait pas prévu, mais les partisans de la guerre généralisée, les straussiens, expulsés des instances dirigeantes des États-Unis, se sont regroupés dans des organisations intergouvernementales. À la surprise générale, ils sont certes présents dans l’Union européenne, mais surtout aux Nations Unies et dans le Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine. Des institutions dédiées à la paix ont été récupérées par les bellicistes.

Depuis près d’un an, le président Donald Trump remet de l’ordre aux États-Unis. Il a rétabli les principes d’égalité devant la loi et de promotion au mérite au détriment de ceux de diversité, équité et inclusion (DEI). Il a sabré dans les budgets fédéraux tout ce qui correspondait aux dépenses impériales et a tenté de rétablir la fonction première des armées, la défense de la patrie.

Simultanément, nous voyons tous comment il ne parvient pas à conclure les paix qu’il espérait en Ukraine et en Palestine. Il laisse les Européens se battre non pas pour l’Ukraine, mais contre la Russie et la coalition de Benyamin Netanyahou persister dans son programme d’un « Grand Israël », c’est-à-dire d’annexion de ses voisins.

Cependant, nous ne voyons pas le plus grave : les straussiens, qui tenaient la dragée haute sous les mandats de George Bush Jr, de Barack Obama et de Joe Biden ne sont toujours pas vaincus. Ils se sont repliés dans deux organisation intergouvernementales : l’OTAN et l’ONU.

En marge de l’OTAN, ils ont pris le contrôle du Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine (ex-Groupe de Ramstein) qui, depuis le 9 septembre, ne se réunit plus alternativement sur la base militaire états-unienne de Ramstein et au siège de l’OTAN à Mons-Bruxelles, mais désormais aussi à Londres.

Ce sont eux qui ont organisé, avec les services secrets ukrainiens, les vols de drones au-dessus des aéroports Ouest et Nord-européens. Puis, ils ont poussé à la livraison de batteries de missiles Patriot allemands à l’Ukraine, après avoir organisé en secret le transfert de premières batteries depuis Israël.

Ce sont toujours eux qui ont falsifié les rapports du secrétariat général des Nations unies sur les séances du 19 et du 26 septembre du conseil de Sécurité. Contrairement à ceux-ci — auxquels nous avons eu tort de faire foi —, le conseil de Sécurité n’a pas validé le retour des sanctions contre l’Iran. Il n’en avait d’ailleurs pas le pouvoir.

Cet été, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont adopté une étrange position commune sur le JCPoA, c’est-à-dire sur l’accord nucléaire signé lors des négociations 5+1 avec l’Iran. Pour rappel, les États-Unis avaient dirigé ces négociations prétendument pour mettre fin au programme nucléaire militaire iranien et empêcher ce pays de posséder la bombe atomique. Après un round de discussions, les réunions furent interrompues durant un an, le temps que Washington et Téhéran concluent un Protocole secret dont nous ne savons rien. Puis les négociations reprirent et furent immédiatement conclues par un Traité à Vienne. Il importe de rappeler aussi que la Chine et la Russie, qui participaient aux négociations, attestèrent, l’une et l’autre, qu’il n’y avait pas de programme militaire nucléaire iranien depuis 1988.

Le JCPoA a été validé par la résolution 2231 du conseil de Sécurité, le 20 juillet 2015. Par conséquent les sanctions que le conseil avait adoptées contre l’Iran ont été progressivement levées. Cependant, dès l’année suivante, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne remettaient en question l’accord au motif que l’Iran menait des recherches sur des missiles capables de transporter des bombes atomiques. En définitive, le 8 mai 2018, le président Donald Trump (dont c’est le premier mandat) décide de sortir de l’accord au motif qu’il n’a pas empêché l’Iran d’accroitre sa puissance militaire au Proche-Orient. Le 19 septembre 2020, Elliott Abrams, représentant du président Trump pour le Venezuela… et l’Iran, annonçait le rétablissement des sanctions états-uniennes prétendument en recourant au paragraphe 11 de la résolution (« mécanisme de snapback »). Or, ni Washington, ni Londres, ni Paris, ni Berlin n’ont jamais tenté de recourir au paragraphe 36 du JCPoA pour la simple et bonne raison qu’il leur aurait fallu admettre qu’ils ont tort.

Or, comme n’ont cessé de le répéter depuis cinq ans, l’Iran la Chine et la Russie, le JCPoA a été inclus dans la résolution 2231. Par conséquent, il n’est pas possible d’actionner le paragraphe 11 de la résolution sans tenir compte des engagements signés dans le JCPoA. Et ceux-ci ont d’abord été violés par les Européens et les États-uniens. La Chine a déclaré : « Les États-Unis ont rétabli et n’ont cessé de durcir les sanctions unilatérales contre l’Iran, et ont adopté des mesures de pression maximale. En conséquence, l’Iran n’a pas pu bénéficier des avantages économiques découlant du PAGC et a été amené à ne plus respecter une partie de ses obligations au titre du Plan d’action. » En droit international, il ne fait aucun doute que le mécanisme de retour aux sanctions doit être considéré comme une punition unilatérale contre l’Iran et comme une mesure injuste.

Ces considérations juridiques ne sont pas des arguties. Leur respect est essentiel au droit international. Il existe une hiérarchie des normes et l’on ne peut pas actionner une disposition d’un texte sans actionner au préalable celle d’un texte antérieur qui lui est lié.

Le fait que l’administration des Nations unies ait falsifié les comptes rendus de deux réunions du conseil de Sécurité, comme l’atteste le verbatim de ces réunions, ne laisse pas de doute. Cette administration n’est plus impartiale, mais fait le jeu des adversaires de la paix au Moyen-Orient.

N’imaginez pas que les partisans de la guerre ne tiennent que le service de presse des Nations unies. Le lendemain de la publication des résumés falsifiés des réunions du conseil de Sécurité, le secrétariat général a rédigé une « note verbale » (référence : DPPA/SCAD/SCA/4/25 instituant des sanctions contre l’Iran comme si elles avaient été approuvées. L’ambassadeur Vassily Nebenzia , représentant permanent de la Russie, a manqué de s’étouffer. Il a immédiatement rédigé une lettre au secrétaire général (référence S/2025/610) qu’il a fait distribuer au conseil de Sécurité.

Nous traversons une situation où le secrétariat général, abandonnant l’impartialité de sa fonction et les principes du droit international, s’est alignée sur l’interprétation juridique de deux États, membres permanents du conseil, la France et du Royaume-Uni.

On se souvient, qu’en 2016, durant la guerre contre la Syrie, le numéro 2 de l’ONU, l’États-unien Jeffrey Feltman, et son assistant, l’Allemand Volker Perthes, avaient rédigé dans leur bureau de New York non pas un plan de paix, mais de capitulation de la Syrie. J’avais commenté ce document que j’avais analysé pour le président Bachar el-Assad dans mon livre Sous nos yeux. Interloqués par son contenu, la plupart des historiens sont restés circonspects. La République arabe syrienne ayant été renversée par le Royaume-Uni et la Türkiye. Ce document secret sera divulgué à l’occasion de la parution de ce livre en allemand.

En 2016, les Nations unies, formées en 1948 pour « préserver les générations futures du fléau de la guerre », ont pu, au contraire de leur but officiel, agir pour renverser la République arabe syrienne. Elles ont appliqué le plan A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm (Une rupture nette : une nouvelle stratégie pour sécuriser le Royaume [d’Israël]), rédigé par les straussiens pour Benyamin Netanyahou, en 1996. Elles peuvent donc, à nouveau, agir pour la guerre.

Il est probable que c’est à cela que le président Donald Trump a fait allusion dans son discours devant la 80° session de l’Assemblée générale, le 23 septembre. En effet, lors de cette intervention, il n’avait pas critiqué l’ONU au nom de « l’exceptionnalisme américain » comme d’autres présidents des États-Unis avant lui, mais parce qu’elle n’est pas intervenue dans ses efforts de paix sur différents continents, dans sept conflits différents.

Nous devons comprendre ce qui se passe aujourd’hui : l’ennemi n’est plus l’Oncle Sam, ce sont toujours les straussiens, désormais au sein des Nations unies et du Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine. Ils souhaitent toujours nous conduire vers la guerre généralisée. Ils s’appuient désormais sur les sionistes révisionnistes israéliens et sur les nationalistes intégraux ukrainiens.

Thierry Meyssan.