Monique Pinçon-Charlot
Les riches s’enrichissent tandis que les pauvres s’appauvrissent. En reprenant ce constat de plus en plus manifeste, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot poursuivent leur mission obstinée de sociologues de la bourgeoisie sous l’angle de ses relations avec les catégories populaires. Ils instruisent le dossier accablant d’un écart croissant qui exacerbe la violence de la domination. On ne s’enrichit pas de façon très conséquente sans prendre aux autres non seulement le travail mais aussi l’estime de soi.
Le sujet ne prête pas à l’humour — encore que les auteurs n’en soient pas dépourvus lorsqu’ils évoquent leurs pérégrinations dans les beaux quartiers —, et l’on risque la déprime tant une vive impression d’impuissance sociale sourd de ces pages écrites à l’encre de l’inéluctabilité. Pourtant, devant l’évocation de la vie des riches, on n’est pas si sûr de les envier : toujours soigner son allure, assister à d’ennuyeuses réunions de travail ou soirées mondaines, s’inquiéter de sa fortune… Misère sociale ! Qui ne peut être évidemment comparée au souci de survivre.
Alain Garrigou
Chronique d’une immense casse sociale
Mêlant enquêtes, portraits vécus et données chiffrées, les auteurs dressent le constat d'une grande agression sociale, d'un véritable pilonnage des classes populaires – un monde social fracassé, au bord de l'implosion.
Loin d'être l'œuvre d'un " adversaire sans visage ", cette violence de classe a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Les dirigeants politiques y ont une part écrasante de responsabilité. Les renoncements récents doivent ainsi être replacés dans la longue histoire des petites et grandes trahisons d'un socialisme de gouvernement qui a depuis longtemps choisi son camp.
À ceux qui taxent indistinctement de " populisme " toute opposition à ces politiques qui creusent la misère sociale et font grossir les grandes fortunes, les auteurs renvoient le compliment : il est grand temps de faire la critique du " bourgeoisisme ".