mercredi 26 février 2025

LA MORT IMMINENTE (E.M.I.)



Il est essentiel de comprendre que le fait d'avoir survécu à une situation mortelle n'est pas synonyme de résurrection. Jamais une enquête sérieuse n'a indiqué qu'un expérimentateur de EMI était réellement mort, du moins dans l'acception du terme qui nous est familière. Il est probable, en revanche, que les rescapés ou les survivants aient gravi les premiers échelons du processus de la mort. En fait, ce point demande à être développé et il conviendra de se mettre d'accord sur une juste définition de la mort. Ce qui, contrairement aux idées reçues, n'a rien d'une évidence.

Notons tout d'abord deux traits majeurs unanimement cités.

Le premier est l'incommunicabilité de l'expérience : il s'agit d'une expérience ineffable. L'expérimentateur estime qu'il est impossible de décrire dans le langage habituel, du moins avec la meilleure précision, les événements vécus au cours d'une EMI, ainsi que leurs composantes émotionnelles. La difficulté quasi insurmontable de les commenter de manière intelligible est attribuée aux limites de notre champ sémantique - souvenons-nous que ce phénomène est vécu dans une dimension de la réalité inconnue de la majorité d'entre nous. Pour cette raison le recours à la métaphore est fréquent, bien que celle-ci ne traduise qu'imparfaitement la comparaison souhaitée.

L'autre appréciation que les expérimentateurs mettent régulièrement en avant est le fort sentiment de réalité qui se dégage de leur EMI. Ils affirment que ce n'est ni un rêve ni une hallucination. Il paraît important de signaler que face à la fréquente incrédulité de l'entourage, les expérimentateurs choisissent souvent de se taire. Mais lorsqu'ils acceptent de se confier le récit commence généralement par ce genre de préliminaires : « Vous n'allez pas me croire... Il n'existe pas de mots... C'est une histoire dingue... Ce qui m'est arrivé est incroyable... Je ne suis pas sûr que vous puissiez me comprendre... Il n'y a pas de comparaisons possibles... Je n'en ai jamais parlé à personne… »

1 - La perception de sa propre mort

L'annonce de son propre décès par un tiers est quelquefois entendue. Mais, hors d'une unité de soins, la probabilité d'entendre ce verdict funeste est évidemment assez réduite, sauf que l'un des témoins présents, un médecin le plus souvent, vienne à se prononcer en ce sens.

« Voici donc un homme qui meurt, et, tandis qu'il atteint le paroxysme de la détresse physique, il entend le médecin constater son décès... »

Le plus souvent c'est le sujet lui-même qui prend conscience de sa mort. Cette pensée ne manque pas de l'étonner, sans qu'il ressente une profonde affliction. Des témoignages montrent que la prise de conscience de sa propre mort n'est pas toujours instantanée, encore moins systématique : des personnes « décédées » choisissent tout d'abord de nier le fait, d'autres demeurent quelque temps dans le doute ou bien, plus rarement, n'ont à leur retour aucun souvenir d'avoir été mortes.

Une femme témoigne : « Parce que je n'ai pas compris tout de suite qu'il s'agissait de mon corps. Je ne pensais pas que j'étais mort. J'ai entendu l'infirmière annoncer : « Je ne trouve plus son pouls. Elle ne respire plus, elle y est passée. »
Je me sentais très détachée, très à l'aise. Je pensais en moi-même : qu'est-ce qui t'arrive ? Il y a quelque chose qui ne va pas, je le sais. Et alors, tout d'un coup j'ai pensé : Oh ! Je suis en train de mourir, c'est donc ça - et honnêtement j'en étais heureuse. Et alors je l'ai entendue (l'infirmière) crier : « Mon Dieu ! Elle est morte ». Et à travers cette obscurité j'entendis mon mari, comme s'il était très loin, s'écrier : Cette fois, c'est fini ! Et moi je pensais : Oui, il a raison, c'est fini ! J'ai même entendu le médecin dire à l'infirmière de ne plus s'occuper de moi, que j'étais quasiment morte. »

2 - Disparition de la douleur et sensation de paix

Une sensation de paix et de calme parfait accompagne la complète disparition de la douleur physique, y compris la douleur habituellement très intense chez les patients atteints de maladies graves ou chez les grands blessés. À ce stade prédomine un sentiment de légèreté et de bien-être... On évoque parfois une impression de ne plus être en union avec son corps, de ne plus le percevoir comme le support de sa propre pensée. L'idée d'un détachement corps/conscience est déjà sous-jacente. « Je me sentais paisible. Je me sentais calme... Je me souviens uniquement de cette sensation de beau absolu. De paix... et de bonheur ! Oh ! D'un si grand bonheur... le soulagement... La peur n'existait plus. Je ne ressentais absolument rien si ce n'est paix, réconfort, bien-être, un grand calme. J'avais l'impression que tous mes ennuis avaient cessé, et je me disais : Que c'est doux, que c'est paisible, je n'ai mal nulle part. C'était bien, je n'avais pas mal. En fait, je ne sentais rien du tout. Je pouvais voir, mais je ne pouvais pas avoir de sensations. » 

3 - Présence ou, au contraire, absence totale d'éléments sonores

A l'inverse du trait précédent, la présence d'éléments sonores est beaucoup moins fréquente. Lorsque c'est le cas, le sujet perçoit soudain un bruit plutôt désagréable : bourdonnement, violent son de cloches, sifflement aigu, sirènes, rafales de vent, craquements, grincements...

Quelquefois, à l'inverse, il s'agit d'une mélodie très plaisante, qualifiée de musique divine ou angélique. L'un des expérimentateur a certifié avoir entendu à ce moment-là une « musique vivaldienne ».

Une mélodie extraordinairement belle qu'il entendait pour la première fois et qu'il n'a jamais oubliée depuis... quarante quatre ans ! Par ailleurs, il est persuadé que cette musique n'a jamais été éditée ni même jouée par quiconque. Son jugement repose sur une parfaite connaissance du répertoire de Vivaldi auquel il s'intéressa à la suite de son EMI.

Si quelques rescapés évoquent un épisode sonore, la grande majorité, en revanche, ne remarque rien de particulier à ce propos. Certains affirment même n'avoir connu qu'un silence absolu, « grandiose » disent-ils parfois. Malgré cela, la présence sporadique des types de sonorités précédemment énumérés doit retenir l'attention. C'est un trait caractéristique dont l'irruption dans le processus d'une EMI est d'une remarquable constance chronologique. Jouant en quelque sorte un rôle charnière cette composante sonore précède toujours la décorporation ou la phase du tunnel. Sachant que l'ouïe est le dernier de nos sens à disparaître, on pourrait considérer cette ultime stimulation auditive, avant le « grand passage », comme une espèce de signal de la suspension de l'activité du système nerveux central. Dans la dynamique de l'EMI cette dernière audition, associée à la phase très symbolique du tunnel, représente un élément transitionnel notable vers une continuation marquée par la transcendance.

« La première chose dont je me souvienne c'est d'un formidable grondement. Il me semble avoir entendu comme une espèce de sirène. Une sirène et quelque chose qui ressemblait à un grand bruissement dans les arbres. Au souffle d'un grand vent dans les arbres. Je commençais à entendre une espèce de musique : une musique très belle, très majestueuse. Tout se passait dans un profond silence, le plus grand silence que j'aie connu. Il n'y avait pas un bruit. Je n'avais plus mal et le silence régnait. Mais ce n'était pas un silence inquiétant. C'était un silence apaisant. »

4 - Le phénomène autoscopique ou décorporation

Voici évoqué le phénomène qui heurte notre logique rationaliste, puisque l'expérimentateur prétend maintenant que sa conscience se situe à l'extérieur de son enveloppe physique. Il dit qu'elle s'en est extrait ou, plus souvent, qu'elle a été projetée hors de son corps. D'une façon ou d'une autre, la conscience s'élève puis se stabilise, généralement à une hauteur qui varie de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres. Elle « flotte » alors au-dessus du corps, un peu à la manière d'un astronaute dans le vide spatial. Le plus souvent elle est localisée au niveau du plafond, mais elle peut également se situer dans un endroit quelconque de la pièce ou de l'environnement immédiat du corps, voire à plus grande distance, de préférence en hauteur. De ce point d'observation privilégié elle suit le cours des événements qui se déroulent autour du corps avec lequel elle vivait précédemment en symbiose. Pour les cas recensés en milieu hospitalier ces événements concernent essentiellement les procédures de réanimation et les interventions chirurgicales, parfois aussi les visites effectuées par les proches.

Cette conscience dé-corporée jouit des facultés sensorielles ordinaires hormis le sens tactile. En effet, l'expérimentateur projeté hors de son corps ne peut toucher ce qu'il voit. Lorsqu'il s'y essaie il est étonné de traverser la matière, vivante ou non. Élément supplémentaire entravant la communication : il est évidemment dépourvu de la parole. Ses tentatives de communiquer avec l'entourage restent donc vaines. En revanche, l'acuité auditive et visuelle est d'une grande finesse : il entend et voit parfaitement. L'odorat et le goût peuvent être conservés puisque des témoignages, certes peu fréquents, en font état.

Les expérimentateurs ne signalent que très rarement l'existence d'un « corps spirituel » ayant une forme bien définie, qui serait le nouveau support de leur conscience. Lorsque c'est le cas ils lui concèdent tantôt un aspect humanoïde assez flou, tantôt le comparent à une masse informe (brouillard, nuage, halo...). Mais d'une manière générale, au cours de leur EMI, l'attention des expérimentateurs n'a pas été attirée par le « corps éthérique ».

À propos de ces descriptions rarissimes faites par certains expérimentateurs, il conviendrait sans doute de se poser la question du rôle de l'imaginaire et de l'influence des croyances antérieures. Car cette notion de « matérialisation » d'un corps éthérique (il existe une confusion de langage entre le périsprit des spirites, le corps éthérique et le corps astral) renvoie à une littérature d'une fertilité imaginative sans égal, et il est probable qu'il faille y voir la source de telles descriptions. Par contre, et en renfort de cette hypothèse, aucun des nombreux témoignages cités dans les études menées au cours des deux dernières décennies sur les EMI ne suggère la présence d'un lien, tel que décrit dans les ouvrages spirites et occultistes, rattachant ce supposé corps éthérique au corps physique. Le fait que ce lien subtil, appelé « corde d'argent ou cordon d'argent », ne soit jamais mentionné dans un témoignage d'EMI disqualifie ipso facto toutes les ratiocinations qui tentent d'en accréditer l'existence ou d'y associer le phénomène qui nous intéresse. (note : La corde d’argent ne se brise qu’en cas de mort définitive et non lors d’une expérience de mort imminente. L’auteur de cette étude révèle sa méconnaissance de l’anatomie occulte et son préjugé rationaliste : « ce qui ne se voit pas n’existe pas ». En effet, la mort fait simplement passer sur une autre dimension, mais ne rend pas pour autant conscient des dimensions supérieures. Certains aspects spirituels de l’être humain demeurent entièrement invisibles aux désincarnés)

En revanche, il vaut la peine de signaler le cas de certaines personnes handicapées ou mutilées dans leur existence terrestre. Celles-ci prétendent avoir récupéré, lors de leur décorporation, leur intégrité physique et des capacités fonctionnelles normales ; plus aucune infirmité ou handicap n'affligeait leur « nouveau corps ». On rapporte le cas d'une patiente de 70 ans, aveugle depuis l'âge de 18 ans, qui, après une crise cardiaque, a assisté de visu à sa propre réanimation. Par la suite elle a décrit très exactement les instruments qui ont été utilisés ainsi que leurs couleurs. Dans ce cas précis, il est remarquable que la plupart des instruments qu'elle a dépeints n'existaient pas cinquante ans plus tôt, avant qu'elle ne perde la vue. De recherches entreprises outre-Atlantique s'intéressent tout particulièrement aux EMI vécues par des aveugles.

D'autres phénomènes paranormaux surviennent parfois lors de cette phase autoscopique. Ainsi, certains expérimentateurs soutiennent avoir assisté à des événements qui se produisaient dans une autre pièce ou dans des endroits plus éloignés, voire dans leur vie future. Quelques-uns disent avoir lu dans la pensée des personnes qui se trouvaient en ces lieux. Peu fréquentes, ces aptitudes extraordinaires méritent tout de même d'être signalées tant elles s'avèrent déconcertantes lorsqu'elles sont vérifiées.

Malgré son côté extraordinaire, la décorporation demeure l'un des éléments d'une EMI susceptible d'offrir des bases d'étude intéressantes dans la mesure où certaines assertions, concernant au premier chef ces étonnantes perceptions paranormales, peuvent être soumises à vérification. Ceci étant, il demeure extrêmement malaisé de procéder à un tel contrôle, en raison de la relative rareté de ces perceptions à même d'être corroborées par des témoins. Des témoins eux-mêmes difficiles à retrouver par les enquêteurs qui, le plus souvent, prennent connaissance de ces éléments paranormaux longtemps après les faits.

Des expérimentateurs « décorporés » ont éprouvé des sentiments d'impuissance et de tristesse face au désespoir manifesté par des proches. Devant leurs lamentations ils auraient souhaité leur faire savoir qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter puisque pour eux tout allait pour le mieux.

« Ma mère et ma bonne criaient et pleuraient parce qu'elles pensaient que j'étais morte. Je me sentais vraiment navrée pour elles et pour mon corps. Juste une profonde, profonde tristesse. Je peux encore ressentir cette tristesse. Puis je me souviens que j'étais collé au plafond et je regardais les gens en dessous de moi qui s'occupaient de mon corps. Après quoi je me retrouvai en train de flotter à peu près à un mètre cinquante au-dessus du sol, à environ cinq mètres de la voiture. (À la suite d'un accident de la circulation ) Je m'élevais doucement en l'air, et pendant que je montais je vis d'autres infirmières pénétrer dans la chambre en courant. » « Alors j'ai voulu attraper les mains pour les empêcher de me triturer, mais en vain... (Au cours d'une intervention chirurgicale) Je ne sais pas si les miennes leur passaient au travers. Je ne sentais pas le contact de ces mains que j'essayais d'empoigner. J'avais l'impression d'avoir un autre corps. Il était très mince, très délicat. Très léger, très léger.

Ce n'était pas un corps : rien qu'un très léger brouillard, une vapeur. Cela ressemblait à ces nuages que produit la fumée des cigarettes lorsqu'ils s'éclairent en passant auprès d'une lampe. »

« Tandis que je sortais de mon corps, je les voyais très nettement. Je voyais également ma soeur qui est infirmière à l'hôpital X (où se trouvait hospitalisé le sujet). Je la voyais entrer dans l'hôpital pour travailler. Quelqu'un lui annonça ce qui se passait et elle se précipita en haut à toute vitesse. Je l'ai vue faire. Je l'ai vue monter par l'ascenseur, dire aux gens qu'ils ne pourraient pas sortir à leur étage - ce qu'elle m'a raconté ensuite et moi de même - parce qu'elle utilisait le dispositif d'urgence de l'ascenseur, et elle est montée droit à l'étage. »

5 - Le passage dans un lieu sombre

Dans une perspective chronologique, cette phase pourrait représenter une étape de transition offrant l'accès à un niveau supérieur, que l'on qualifiera ici de transcendantal. Si quelques rares témoins disent avoir eu l'impression de tomber dans un trou obscur ou dans un puits, la sensation de flotter dans un lieu sombre se poursuit le plus souvent par une progression ascendante. Certains récits de vision autoscopique montrent que leurs auteurs se trouvaient déjà entourés par les ténèbres à l'instant même de la sortie hors du corps. Mais, ici également, on rencontre quelques divergences puisque d'autres expérimentateurs font état d'un environnement initial d'une extrême luminosité. Il n'en reste pas moins que les lieux les plus fréquemment dépeints par ceux qui ont atteint ce stade de l'EMI ont pour caractéristique commune l'obscurité : tunnel, vallée, immense tuyau ou tube, couloir, entonnoir, espace vide et infini, etc.

Ce périple dans l'obscurité, d'ordinaire assez bref, s'effectue le plus souvent dans un silence total. Quelques témoignages relèvent toutefois la présence d'un accompagnement musical plutôt agréable. Si l'impression de sérénité prédomine, l'étrangeté de la situation éveille parfois une appréhension passagère. La rapidité du déplacement varie selon les récits : d'une allure modérée (escalator ou ascenseur) jusqu'à la vitesse de la lumière (fréquemment citée), en passant par la sensation d'aller très vite tout simplement. Quelques expérimentateurs déclarent avoir éprouvé le sentiment diffus d'une présence qui les aurait accompagnés et rassurés, alors que d'autres l'ont nettement identifiée à un ou des guides.

À la suite d'événements tragiques engendrant de nombreuses victimes (carambolages meurtriers, opérations de guerre, accidents technologiques, catastrophes naturelles, etc.), des rescapés affirment avoir parcouru cette obscurité - ou, selon, des lieux moins sombres - en compagnie d'autres consciences désincarnées. Ces présences ne sont pas nettement identifiées mais plutôt perçues intuitivement, quoiqu'une description plus précise puisse parfois être rapportée.

Dans un registre voisin, des expérimentateurs eurent une pensée attristée ou ressentirent un certain malaise en observant d'étranges silhouettes errant dans ces lieux plus ou moins obscurs. Ils en déduisirent s'être trouvés en présence « d'âmes pitoyables et totalement désorientées », à la recherche d'un guide ou d'une solution à des problèmes de leur vie terrestre qu'ils n'avaient pas conscience d'avoir quittée ; en quelque sorte des âmes fortement attachées à leur existence matérielle passée. Selon ces mêmes témoins beaucoup de ces ombres entr'aperçues là-bas auraient enfreint la règle en se suicidant, sans être parvenus pour autant à résoudre leurs problèmes terrestres.

« Ces âmes étaient-elles égarées ? Les personnages avaient un aspect plus humanisé mais aucun n'avait une forme tout à fait humaine comme nous. Dans cet endroit particulier tout était d'un gris terne, très triste. Ils paraissaient hésiter, ils regardaient en arrière. Ils avaient l'air de planer ; leur regard était toujours tourné vers le bas, jamais en haut. Ils avaient l'air abattu, accablé, gris. Extrêmement désorientés. »

« On les voyait en train d'essayer d'établir le contact (avec les vivants), mais personne ne se rendait compte de leur présence, personne ne faisait attention à eux. Ils essayaient de communiquer, mais ils n'y réussissaient jamais. Personne ne paraissait savoir qu'ils étaient là. »

« Je pouvais voir mon corps qui était couché là... J'ai vu tout le spectacle... Je montais lentement, comme si je flottais dans une sorte de couloir obscur ou semi-obscur...

Je me souviens avoir avancé dans un tunnel, un tunnel très obscur... il était très, très vaste.

Quand je dis tunnel, la seule chose qui me vienne à l'esprit, c'est... vous savez ces grosses canalisations qu'on met dans les égouts ? C'était cylindrique comme cela, mais énorme.

La première chose qui se produisit - tout a été très rapide - fut que je m'en allai à travers ce grand vide mais à une vitesse folle.

Cette musique divine continuait à m'accompagner et je montais. Je montais doucement dans une obscurité totale. »

6 - La rencontre avec des guides ou des défunts

Outre ces âmes en peine, très rarement signalées tout de même, d'autres personnages, auxquels est souvent attribué un rôle de guide ou de conseiller, vont se manifester. Ce sont des proches décédés : parents ou amis, anciens voisins ou relations, voire un animal familier aimé jadis, parfois aussi de parfaits inconnus. L'expérimentateur communique avec eux grâce à une sorte de langage télépathique qui autorise un échange de pensées et d'émotions instantané. Rappelons-nous cependant que le contact avec les « chers disparus », à l'instar d'autres éléments caractéristiques, peut avoir lieu à un moment quelconque des phases précédentes, voire se prolonger tout au long de l'EMI.

Jeanne Guesné, a expérimenté le phénomène de décorporation de façon consciente, lors d'exercices de méditation orientés en ce sens. La vision des « chers disparus » relèverait, pour elle, d'une projection mentale en relation avec un important investissement affectif : « Chaque fois ces gens retrouvent un parent ou des parents et amis morts, qui leur parlent, les entourent. C'est normal, cela appartient à leur mémoire mentale. C'est ainsi que je vis (une seule fois) mon père quelques instants, je vis surtout ses mains qui serraient les miennes, me disant qu'il lui fallait me quitter car il ne pouvait plus rester. Mais, très vite, je compris que c'était moi qui, en pensant à lui, provoquait son image incroyablement vivante. »

Remarquons toutefois l'appréciation de Jeanne Guesné est à considérer avec prudence, le contexte des phénomènes autoscopiques qu'elle a vécus n'ayant jamais été celui de l'approche de la mort.

Ces retrouvailles suscitent un vif sentiment de bonheur. Si le plaisir de ces rencontres est réciproque, il n'empêche que, au bout d'un certain laps de temps, les défunts retrouvés invitent généralement le visiteur à rebrousser chemin et à réintégrer son corps. Cependant, il n'y a pas lieu d'en faire une règle stricte car les récits qui mettent l'accent sur le désir de ces défunts de garder l'expérimentateur auprès d'eux ne sont pas rares. Par ailleurs, des narrations font état d'un vécu purement mystique. Les personnages rencontrés appartiennent alors au panthéon religieux de la confession de l'intéressé. Mais c'est plutôt là un élément spécifique de l'étape suivante.

« Je suis arrivé dans un endroit où il y avait toute ma famille, ma grand-mère, mon grand-père, mon père, mon oncle. Ils sont tous venus à ma rencontre et m'ont accueilli.

« Avec moi il y avait mon frère aîné qui était mort quand j'étais encore un gosse. Je ne pouvais pas le voir, mais je savais qu'il était tout près de moi, il m'a même tapé sur l'épaule en me disant : C'est vraiment comme tu veux... tu peux rester et je serai à tes côtés et tout ira bien. »

« Et ensuite il y a eu un autre moment où deux de mes tantes - qui sont mortes - assises sur une clôture d'une magnifique prairie se sont mises à m'appeler. « Avance, Giselle, me disaient-elles, avance ». Et j'étais très contente de les voir. Et même, quand j'ai entendu le médecin parler de ma mort, j'ai cru que j'allais reprendre connaissance. C'est à ce moment que je me suis aperçue de la présence d'un tas de monde, presqu'une foule, planant à la hauteur du plafond de ma chambre. Tous des gens que j'avais connus autrefois et qui étaient passés dans l'autre monde. Ils avaient tous l'air content, c'était une circonstance heureuse, et je savais qu'ils étaient venus pour me protéger ou pour me guider. Ce fut une minute magnifique, toute de splendeur. »

« Au cours de ce mois de mai, ma compagnie avait perdu quarante deux hommes (témoignage d'un GI gravement blessé lors d'une opération de guerre au Viêt-Nam). Les quarante deux gars étaient tous là. Ils n'avaient pas la forme sous laquelle nous percevons le corps humain, et je ne peux pas dire quelle allure ils avaient, parce que je ne le sais pas. Mais je sais qu'ils étaient là. Je sentais leur présence. Nous communiquions sans parler avec nos voix. »

7 - La perception de la lumière

C'est incontestablement l'aspect le mieux connu du grand public, mais aussi le plus brocardé par les détracteurs des expériences de mort imminente. Sans doute parce qu'il a été exploité à des fins douteuses par quelques talentueux affabulateurs et autres « messies des temps nouveaux ».

La vision de la lumière est spécifique de l'accès à la phase transcendantale. Il s'agit maintenant d'une luminosité intense, l'expérimentateur approche d'une lumière dont il est difficile de rendre compte avec des mots : « mille fois plus puissante que le soleil » dira-t-il. L'extrême clarté envahit peu à peu tout l'espace sans que, paradoxalement, il en soit ébloui. Certains témoignages situent cette vision dès l'entrée dans l'espace sombre, sous forme d'un point lumineux qui s'agrandit au fur et à mesure de la progression du sujet. Selon d'autres descriptions, elle n'intervient qu'après la sortie de la zone d'obscurité, brutalement parfois. Les nuances relevées varient du blanc très brillant à l'orangé ou au doré, parfois au rougeoyant ou au bleuté, mais les descriptions s'attardent davantage sur son intensité et sur le rayonnement dont elle emplit tout l'espace.

« Au début, elle m'a paru un peu pâle, mais, tout à coup, il y a eu ce rayon intense. La luminosité était prodigieuse, rien à voir avec un éclair d'orage, une lumière insoutenable, voilà tout. »

« C'était d'un blanc étincelant, tirant un peu sur le jaune - mais surtout blanc. Cela éclairait tout alentour la salle d'opération, le docteur et les infirmiers, tout. J'y voyais très distinctement, sans être aveuglé. »

« J'ai de nouveau vu cette lumière. Quasiment la même que j'avais aperçue au bout du tunnel. Elle était du même doré vif, jaune. »

« Tout ce qu'il y avait, c'était une lumière éclatante qui brillait de plus en plus, mais ça ne vous faisait pas mal aux yeux. »

« Je flottais tout près du plafond. Je suis sortie dans le couloir et j'ai vu ma mère en train de pleurer (Il s'agit d'une petite fille en réanimation). Elle ne pouvait pas m'entendre. Alors une belle dame est arrivée parce qu'elle savait que j'avais peur. Elle m'a emmenée dans un tunnel et on est arrivé au ciel. Quand nous avons vu la lumière, j'ai été très contente. Pendant longtemps, j'ai voulu y retourner. Je veux toujours retourner à cette lumière quand je mourrai. La lumière était très brillante. »

« Là ce fut comme si des nuages, ou plutôt un brouillard rose, s'amassaient autour de moi et de là vers cette lumière de pur cristal, une lumière blanche qui rayonnait ; une lumière très belle, très brillante, irradiante. Mais elle ne faisait pas mal aux yeux. On ne peut comparer cette lumière à rien de ce qui existe sur terre. »

« Ce que je peux dire de la lumière - non, ce n'était pas une lumière mais l'absence d'obscurité, totale et absolue. Eh bien, quand vous pensez à la lumière, vous imaginez une grande lumière qui éclaire tout et qui fait des ombres, etc. Cette lumière était vraiment l'absence d'obscurité. Nous n'avons pas l'habitude de ce genre de concept. Mais cette lumière était tellement totale, tellement absolue que vous ne regardiez pas la lumière, vous étiez dans la lumière. »

8 - La fusion dans la lumière et le sentiment d'un amour inexprimable

Nous sommes là au cœur de la phase transcendantale. Bientôt une présence est associée à la lumière. De cette entité lumineuse se dégage une tendresse et une bonté infinies. Puis, soudain, c'est une onde d'amour d'une intensité inouïe qui submerge notre expérimentateur. Phyllis Atwater a elle-même vécu trois EMI différentes. Afin que nous en comprenions mieux la portée voici un bref extrait de son analyse :

« Il me paraît utile de redéfinir l'amour et, en particulier, l'amour inconditionnel: l'amour que nous rencontrons au moment de la mort n'a rien d'émotionnel. Il n'est lié à aucun sentiment. Nous avons beau sentir qu'il s'adresse à nous, il ne présente aucun caractère personnel. Il correspond davantage à un état, une façon d'exister. Un niveau de conscience, inimaginable et incompréhensible à la raison humaine. C'est un amour qui coule à travers vous. Il ne vient pas de vous et ne vous est pas personnellement destiné. On ne peut le posséder. Pour savoir à quoi il ressemble, il faut le donner et regarder ce qui se passe.

Cet amour, qui est l'amour véritable, n'appartient à personne et fait partie de chacun. Il n'existe que dans une liberté totale ; il ne demande rien et n'exige rien en retour. Il se fait accueillant à tous et n'exclut personne. C'est le ciment qui maintient l'univers et la création tout entière. Quand on vit dans un tel amour, les émotions, les sentiments, les besoins, tous les liens se dissipent. En revenant sur terre, l'expérimentateur flotte encore dans ce climat. Il lui faut du temps pour reprendre pied, pour se réimpliquer. »

Il est aisé de comprendre que beaucoup d'expérimentateurs fassent preuve d'une certaine pudeur à parler de ce flot d'amour infini qui les a submergés. La gêne qu'ils manifestent vient en partie de leur incapacité d'en exprimer le caractère extraordinaire, supra-ordinaire - l'aspect ineffable de l'expérience. Ils estiment alors que leur narration ne restituera que de façon médiocre ce qu'ils ont ressenti, puisqu'aucun qualificatif de notre vocabulaire ne parvient à le définir. De plus, certains craignent de passer pour de nouveaux prophètes ou pour des illuminés un peu naïfs.

Mais encore, il est probable que cet amour suprahumain ne corresponde pas aux conceptions antérieures de l'expérimentateurs. Et certainement pas au climat d'hostilité et de violence qui préside trop souvent aux relations entre les éphémères locataires de notre petite planète ; le choix d'une fraternité pacifiste y passant pour un gage de faiblesse ou pour une utopie. Ainsi cet expérimentateur se trouve-t-il fréquemment en décalage non seulement avec ses opinions passées, mais encore avec celles d'une majorité de ses contemporains. Enfin, sa réinsertion affective au sein de la famille et des proches, en raison de leur incompréhension de cette notion d'amour dont ils se sentent exclus, n'est pas la moindre difficulté qu'il lui faut surmonter. Garder le silence sur ce sentiment incommunicable, qu'il n'est donc pas en mesure de faire partager, est pour lui une manière de se préserver et de sauver les apparences.

Du faible pourcentage des expérimentateurs parvenus à ce stade de l'EMI quelques-uns estiment avoir été en symbiose avec tout l'univers, évoquant un sentiment de fusion avec le cosmos et de savoir universel. Ils ont connu un état d'expansion de la conscience difficile à décrire, là aussi, et disent avoir bénéficié alors d'une faculté de perception infiniment supérieure à celle de leur état habituel de conscience. Même s'ils ne gardent qu'un souvenir flou de leur « enseignement », ils affirment qu'à cet instant précis de leur expérience ils possédaient l'explication de toute chose. Si le bouleversement émotionnel alors ressenti est toujours parfaitement mémorisé, ce n'est pas le cas, hélas, de cette connaissance illimitée. D'autre part, beaucoup se plaisent à souligner l'impression de familiarité ressentie de « l'autre côté », comme s'ils étaient revenus chez eux après une brève absence.

Il est fréquent que l'entité lumineuse se voie attribuer une identité : Dieu, Jésus, Allah, Mahomet, Bouddha, la Vierge, un saint, un prophète, un messager divin ou quelque autre figure emblématique de la religion de l'intéressé.

Ces apparitions sont en relation directe avec la culture religieuse de l'expérimentateur, subjugué par le réalisme de ces représentations. C'est un élément culturel du même ordre qui préside sans aucun doute au choix des sites merveilleux qui accueillent le visiteur : cités étincelantes d'or et paysages paradisiaques. La vision de ces tableaux exprime un ravissement des sens, une extase.

Ce témoin mélomane, déjà cité, a carrément été enlevé de son lit d'hôpital par deux archanges vêtus de blanc qui restèrent à ses côtés le temps d'une lente et solennelle ascension. Ajoutez à cela un air de Vivaldi et vous aurez une meilleure idée de l'intensité émotionnelle de son vécu. D'autant que, par la suite, il s'est trouvé face à un personnage majestueux, vêtu d'une toge immaculée, assis sur un trône somptueux. Ses traits étaient en parfaite conformité avec l'iconographie chrétienne, cette vision anthropomorphique du Créateur telle que l'avait reproduite Michel-Ange dans les fresques de la chapelle Sixtine : beau visage de vieillard encadré d'une barbe blanche. Avec, ajoutera cet homme, « un regard qui pénètre jusqu'au tréfonds de l'âme ».

« Il y eut cette lumière brillante. Elle était de plus en plus brillante, et j'ai eu l'impression de la traverser. Et il y avait de la musique. Je me voyais dans un paysage de campagne, avec des ruisseaux, des arbres, des montagnes. Ce n'était pas vraiment des arbres, ni rien de connu. Ce qui m'a paru le plus étrange c'est qu'il y avait du monde ; pas sous un aspect physique, corporel : les gens étaient là, c'est tout. On éprouvait un sentiment de paix absolue et de bonheur. D'amour. Et j'avais l'impression de m'intégrer à tout ça. »

« J'apercevais une ville. Il y avait de grandes maisons, séparées les unes des autres, qui étincelaient. Ceux qui y habitaient étaient heureux. On voyait des sources jaillissantes, des fontaines. Une ville de lumière, voilà comment je serais tentée d'appeler cela. C'était splendide. Il y avait aussi de la belle musique. Tout resplendissait, merveilleux. » « Je faisais des efforts pour rejoindre cette lumière parce que j'avais le sentiment que c'était le Christ, et je voulais arriver jusqu'à Lui. Il n'y avait rien là d'effrayant ; c'était même plutôt agréable. »

« C'était la lumière qui me parlait, elle avait une voix. Et cependant, à partir du moment où elle a commencé à me parler, je me suis senti délicieusement bien, protégé et aimé. L'amour qui émanait de la lumière est inimaginable, indescriptible. Et par-dessus le marché elle dégageait de la gaîté ! Elle avait le sens de l'humour, je vous assure ! »

« La première chose que j'ai vue en me réveillant à l'hôpital était une fleur et j'ai pleuré. Croyez-le ou pas, je n'avais jamais vraiment regardé une fleur avant de revenir de la mort. Une des grandes choses que j'ai apprises quand je suis mort, c'est que nous faisons partie d'un grand tout, de l'univers vivant. Si nous pensons pouvoir faire du tort à une autre personne ou à une autre chose vivante sans nous faire du tort à nous-mêmes, nous nous trompons lourdement. »

« J'ai eu tout à coup la sensation de posséder la connaissance de toutes choses - de tout ce qui avait eu lieu depuis le commencement du monde et de tout ce qui allait avoir lieu indéfiniment. Cette science intégrale s'était comme ouverte devant moi. J'ai su que ma maladie durerait encore un certain temps et qu'il m'arriverait à nouveau de voir la mort de près (et en effet j'ai été plusieurs fois à deux doigts de mourir après cela). On m'a expliqué que c'était afin d'effacer cette connaissance universelle que j'avais reçue car j'avais pénétré les secrets de l'univers. »

9 - Le panorama de la vie et le jugement

C'est le plus souvent en présence de la lumière, et parfois en compagnie de ses guides, que l'intéressé se voit proposer le bilan de sa vie passée. Proposer est un euphémisme puisque, dans la plupart des cas, cette revue de la vie s'impose d'elle-même. Elle se déroule devant ses yeux sans qu'il lui soit demandé le moindre effort de mémoire. L'expérimentateur perçoit les menus détails de chaque scène et en ressent toutes les émotions ; les siennes tout autant que celles des autres protagonistes.

Il n'est pas facile d'expliciter ce panorama de la vie car, dans certains récits, il est fait état de la perception simultanée de plusieurs scènes. D'un témoignage à l'autre, le déroulement chronologique peut suivre un axe opposé : de la naissance jusqu'à la période précédent l'EMI ou inversement. Mieux encore, de temps à autre s'intercalent des visions du futur, comme si ce bilan s'appliquait à la totalité de l'existence y compris à l’avenir.

Culpabilisante ou au contraire gratifiante, la revue des événements de la vie s'exprime sur un registre émotionnel relativement modéré, paradoxal parfois.

L'expérimentateur revit pourtant des pans entiers de son existence, oubliés la plupart du temps. Il se trouve aussi en situation de participer, au plan émotionnel, en lieu et place des autres personnes présentes. De cette façon il juge véritablement de l'effet de ses actes.

« L'Être de lumière », ainsi qu’on le désigne en écho aux paroles de nombreux témoins, se montre compréhensif et compatissant. Il se garde de tout jugement moral, laissant au sujet lui-même le soin de le faire. Il est intéressant de noter que bien des d'expérimentateurs estiment s'être livrés à une sorte d'auto-jugement, considérant l'Être de lumière comme l'émanation transcendée de leur propre conscience. Dans quelques récits, il est également fait mention d'une impression de moquerie amusée manifestée par la lumière, voire d'un humour plus ou moins sarcastique.

Différentes études tendent à indiquer que le bilan panoramique de la vie revient avec plus de fréquence dans les cas où l'imminence de la mort revêt un caractère inopiné (accident), tel que la victime ne peut manifestement pas s'être préparée à sa fin prochaine. Selon les mêmes sources, ces rescapés d'une mort imprévisible rapporteraient moins de récits d'apparitions lumineuses ; un constat qui ne trouve pas explication pour l'heure.

Nombre d'expérimentateurs parvenus à ce stade évoquent une question précise, émanant de la source lumineuse, qui semble introduire la phase du jugement : « Qu'as-tu fait de ta vie ? »

« Dès qu'il m'est apparu, l'Être de lumière m'a tout de suite demandé : Montre-moi ce que tu as fait de ta vie. Ou quelque chose d'approchant. Aussitôt les retours en arrière ont commencé. Il choisissait certains passages de mon existence et les faisait revivre devant moi pour me les remettre en mémoire. Il ne manquait pas une occasion pour me faire remarquer l'importance de l'amour. Il insistait beaucoup sur l'importance de la connaissance. » « Je suis tombé à la renverse et toute ma vie a défilé devant moi comme sur un ordinateur, et je pensais à toutes les choses que j'avais faites ou, peut-être, que je n'avais pas faites. »

« À l'instant de l'impact, ma vie a commencé à défiler devant moi ; cela remontait à l'époque où j'étais bébé, puis les images se sont mises à progresser dans le temps. Je me rappelais tout et tout était incroyablement vivant. Il n'y avait rien de pénible, j'y assistais sans regrets. La projection d'une série de diapositives, comme si quelqu'un faisait défiler les photos à toute vitesse. »

« J'ai eu peur parce que je voyais que le camion allait heurter le parapet du pont. Eh bien, pendant le court laps de temps pendant lequel le camion glissait, j'ai repensé à tout ce que j'avais fait. Je devais avoir deux ans, au moment d'aller à l'école. Chacune de mes années de classe, j'ai revu tous mes professeurs, et les faits marquant de chaque année. Et tout le reste jusqu'à l'heure présente. Cela n'a duré qu'une fraction de seconde. »

« Les pensées de mon enfance et ma vie entière m'attendaient au bout du tunnel, jaillissant devant moi. Je ne sais pas comment vous l'expliquer, mais tout était là, tout se trouvait là en même temps. Je pensais à mes parents et j'aurais tant voulu ne pas avoir fait les choses que j'avais faites, j'aurais voulu revenir en arrière pour les défaire. »

« Il s'est fait autour de moi une exposition, disons, où tout ce que j'avais fait dans ma vie se trouvait comme à l'étalage. J'étais dévoré de honte à cause d'un tas de choses que j'avais faites, parce que maintenant je voyais tout sous un jour différent ; la lumière me révélait ce qui était mal, ce en quoi j'avais mal agi. Et tout cela était très réel. C'était une espèce de jugement et il y eut un dialogue ; pas avec des mots, rien qu'avec les pensées. Je ne voyais pas seulement tout ce que j'avais fait, mais même les répercussions que mes actes avaient entraînées pour d'autres personnes, je ressentais tout ça, ça s'accompagnait de sentiment. Nos pensées ne se perdent jamais. »

10 - La frontière et le retour

Vient le moment où l'expérimentateur, même s'il n'a pas parcouru l'ensemble des phases précédentes, rencontre une sorte de frontière matérielle ou symbolique : barrière, grille, porte, fleuve, orée d'un bois, montagne, ravin, souvenir des proches laissés en arrière ou sentiment de responsabilité à leur égard (enfants), notion d'une œuvre, d'un destin ou d'une vie inachevés...

Dans certains témoignages, ce sont les défunts rencontrés par l'expérimentateur ou la présence ressentie dans la lumière qui lui demandent de s'en retourner. Citons une fois encore cet amateur de Vivaldi, envoyé Ad Patres par une grave infection, au chevet duquel veillait sa mère. Il fut « refusé à l'arrivée » et « réexpédié » à celle-ci lors d'une scène où Dieu, assis sur un trône somptueux, le désigna du doigt aux deux archanges qui l'encadraient en ordonnant, d'une voix puissante et sur un ton qui ne se discute pas : « Ramenez cet enfant à sa mère ! ». D'autres fois c'est de sa propre initiative que l'expérimentateur revient dans son corps, généralement parce qu'il pense que son rôle ici bas n'est pas achevé. Il estime le plus souvent, ainsi qu'il vient d'être dit, que ses proches, en particulier ses enfants, ont encore besoin de lui.

Cette dernière étape de l'EMI est fréquemment mal acceptée. A son grand regret, encore sous le coup des extraordinaires sentiments d'amour, de paix et de joie qu'il a connus, l'expérimentateur doit réintégrer une enveloppe charnelle souvent douloureuse et revenir à une vie qui lui semble, comparativement, triste et futile. L'état de conscience ordinaire lui devient instantanément synonyme de viscosité mentale. De fait, cette soudaine réduction du champ perceptif et des capacités intellectuelles, associée à la lourdeur du corps physique, sinon à la douleur, représente une rééducation fort déplaisante, bien que généralement brève. Il n'empêche que beaucoup, à la pensée de leur extraordinaire périple, restent longtemps affectés par une profonde nostalgie.

Si quelques récits de ce « retour à la vie » suggèrent l'idée d'enfiler une combinaison moulante, on relève dans d'autres témoignages que leurs narrateurs se sont sentis propulsés brutalement dans leur enveloppe physique. Mais ils sont nombreux à n'en posséder aucun souvenir précis, hormis de s'être éveillés brusquement dans leur corps, comme sur un claquement de doigts disent certains.

Le processus de retour a parfois été décrit avec la sensation de réintégrer le corps soit par le haut du crâne soit par les pieds. Sur ce point, plutôt accessoire, il est probable que les expérimentateurs qui disent être revenus dans leur corps par les pieds, signifiaient ainsi que c'étaient les pieds de leur supposé « corps spirituel » qui entraient les premiers en contact, au niveau de la tête, avec leur corps physique. C'est ce qu'indique, par exemple, le premier des témoignages ci-après ; les deux suivants évoquent également cet aspect précis.

« Je luttais contre les médecins qui tentaient de me ramener à la vie. Mais je me battais plus encore contre ces maudites machines (appareils d'assistance respiratoire, défibrillateur cardiaque, moniteurs divers). Ce sont les machines qui m'attiraient vers mon corps et je sentais ma résistance fléchir de plus en plus. Je les ai vus me donner des secousses électriques pour rétablir mon cœur et j'entendais que les bip des machines accéléraient. Si je considère que je possédais un autre corps, je dirais que j'étais attirée par les pieds de celui-ci vers mon corps physique. Car à mesure que je réintégrais, que je sentais que je ne gagnerais pas sur les machines, ma pensée, elle, était toujours à l'extérieur. »

« J'étais comme aspiré, et le point de départ de l'aspiration était dans ma tête, comme si je rentrais par la tête. L'instant d'avant je me trouvais à plusieurs mètres de mon corps, et d'un seul coup c'était fini. »

« J'ai dit : Non, je veux vivre, et ensuite, ce fut quasiment (avec un claquement de doigts) instantané. J'avais réintégré mon corps. Je n'hésiterai pas à dire que je pense être rentré dans mon corps en passant par la tête (avec une intonation étonnée). Mais j'ignore pourquoi. » « J'essayais d'arriver là mais il y avait quelque chose qui n'arrêtait pas de me repousser. J'ai commencé à être entraînée en arrière et je suis revenue en flottant et je suis redescendue vers mon corps. »

« J'ai décidé que j'allais revenir, et immédiatement, ça a été comme une secousse, une secousse qui me projetait dans mon corps ; et j'ai senti exactement à ce moment-là que je retournais à la vie. »

« Voilà que j'ai vu surgir mon oncle Charles, mort depuis des années. Il m'a barré le passage en disant : « Il faut t'en retourner, tu n'as pas achevé ton ouvrage sur la terre ; retourne sur tes pas maintenant. » Je n'avais aucune envie de repartir, mais je n'avais pas le choix. Dans l'instant même j'avais retrouvé mon corps, avec cette douleur affreuse dans la poitrine. Et j'entendais mon petit garçon qui pleurait en disant : Mon Dieu, fais que maman revienne ! »

« En revenant à moi, je n'ai pas arrêté de pleurer pendant toute une semaine parce qu'il me fallait continuer à vivre dans ce monde-ci après avoir entrevu l'autre. Je ne voulais pas revivre. »

« Le docteur avait constaté ma mort, mais je vivais toujours ; et l'expérience que j'ai traversée ne m'apportait que de la joie, aucune sensation désagréable. J'ai eu l'impression d'avoir été rappelée, je dirais presque aimantée, par la puissance de l'amour que me portaient ma sœur et mon mari. Depuis lors, j'ai toujours cru que l'on pouvait ranimer les autres par amour. »

11 - Des changements objectifs

Cette dernière caractéristique ne concerne pas une phase proprement dite de l'EMI, mais les répercussions de celle-ci sur le comportement ultérieur de l'expérimentateur. Ces répercussions se traduisent essentiellement par une profonde remise en cause des valeurs auxquelles il se référait précédemment. Il en vient par exemple à rejeter l'esprit de compétition et l'individualisme, références dominantes dans nos sociétés, pour leur préférer un modèle plus en harmonie avec ce qu'il vient de connaître : coopération et altruisme. Le sentiment d'unité avec le genre humain éprouvé pendant son EMI pourrait expliquer ce remaniement des valeurs qui le conduit également à pardonner plus facilement à ceux qui lui ont porté préjudice, ou simplement à relativiser celui-ci.

Mais, et ceci est à souligner, cette mutation positive est loin d'être effective dans l'instant qui suit une EMI. Cette évolution ne s'amorce parfois que bien des années plus tard et l'ampleur des transformations reste le plus souvent très modeste. En fait, l'EMI est une aventure qui pour extraordinaire n'en concerne pas moins des êtres ordinaires. Selon leur personnalité, fruit d'un vécu antérieur unique, ils seront plus ou moins réceptifs au potentiel transformateur de leur EMI. Et on ne peut nier que beaucoup se montrent incapables d'en tirer le meilleur profit.

Cependant, si l'on s'en tient au schéma standard, idéal, on notera que les préoccupations matérielles ne constituent plus une priorité pour l'expérimentateur-type. Touché par la grâce, si l'on peut dire, celui-ci tente d'adopter une espèce de philosophie humaniste renforcée d'une conscience écologique responsable. Ces changements de repères influent sur la qualité de sa relation aux autres et n'échappent pas à son entourage.

A l'occasion, cet expérimentateur se découvre une soif de connaissances jusqu'alors inconnue, qui l'amènera à se replonger dans un cycle d'études jadis interrompu. La certitude d'avoir possédé, même un bref instant, la connaissance suprême n'est peut-être pas étrangère à ce nouveau goût pour l'étude. La plupart insistent sur la nécessité qu'il y a pour chacun d'acquérir non pas le plus grand savoir, mais le meilleur savoir possible ; l'ignorance ne pouvant que concourir au malheur des hommes. Dans l'ensemble ils se refusent toutefois à jouer les moralisateurs, faisant d'ailleurs preuve d'une grande méfiance à l'égard des modèles dogmatiques. À l'inverse de certains prédicateurs que motive le vedettariat, ils se gardent, hors de rares exceptions, de quelque forme de prosélytisme que ce soit.

Il arrive que des croyances religieuses se voient confortées. Mais ceci ne conduit pas obligatoirement, loin de là, à un renforcement de l'assiduité au culte, pas plus qu'à une adhésion à la doctrine officielle. Il est fréquent que l'expérimentateur manifeste une certaine indépendance à l'égard des clergés et de leurs liturgies. Les témoins qui ont vécu les expériences les plus profondes estiment que les religions ont été dénaturées par l'homme, du moins par ceux de ses représentants qui se déclarent les porte-parole de Dieu. D'après ces mêmes expérimentateur la rigidité des dogmes religieux, facteur d'intolérance, ne correspond absolument pas à une quelconque volonté divine. Si la croyance n'est pas remise en cause, la faveur va plutôt à un syncrétisme libéré des contraintes doctrinales.

Les expérimentateur restent à jamais marqués par leur EMI qui bouleverse leurs conceptions antérieures sur la mort, qu'ils ne redoutent définitivement plus, et donne un sens nouveau à leur vie. Les témoins que j'ai rencontrés m'ont unanimement fait part de la disparition de toute crainte de la mort, quelle que soit la qualité de leur cheminement spirituel ultérieur. La plupart n'ont pas manqué d'ajouter qu'ils ne feraient jamais rien pour précipiter le terme de leur vie, même s'ils conservent une profonde nostalgie de leur EMI et se réjouissent à l'idée de la revivre au dernier jour. Ils estiment que le suicide n'est pas la solution adéquate car le problème qui le motive, bien terrestre, ne sera pas résolu de l'autre côté. Cela étant, pour sortir un peu du schéma type, il faut préciser que les expérimentateurs ne sont pas à l'abri d'une telle extrémité, et que la nostalgie de ce paradis entrevu de trop brefs instants est parfois bien mauvaise conseillère. Reste que les cas de suicide ou les tentatives de suicide d'un expérimentateur de mort imminente sont tout à fait exceptionnels.

Les questions d'ordre métaphysique sont complètement remaniées : certitude d'un but à l'existence terrestre et d'une vie après la mort. Qu'ils aient été croyants, athées ou agnostiques, ils estiment désormais que la mort est une simple transition, une brève étape vers un plan d'existence différent. Quelques-uns se souviennent de mots, de formules ou de thèmes ramenés de leur expérience et s'interrogent longtemps parfois sur leur sens.

L'expérimentateur se soucie moins du superficiel, il attache plus d'importance au dedans des choses plutôt qu'à leur apparence. Pour autant, il ne méconnaît pas l'importance de certains détails. Ainsi apprécie-t-il davantage les menus événements du quotidien : un sourire, un regard, un mot agréable, le chant d'un oiseau, le parfum d'une fleur... En bref, il semble être devenu plus respectueux de la Vie, plus tolérant envers ses contemporains, jusqu'à la naïveté quelquefois, et plus attentif à leurs besoins.

Faut-il considérer ces changements comme les répercussions du seul phénomène EMI ou résultent-ils du sentiment d'avoir échappé à la mort ?

Tout porte à croire que c'est sur la base du premier élément que s'établissent les changements qui affectent l'expérimentateur. En effet, chez les sujets qui ont échappé à la mort sans avoir vécu d'EMI, les répercussions les plus remarquables diffèrent sensiblement de celles qui viennent d'être énumérées. Ceux-là tendent le plus souvent à se délecter des plaisirs immédiats que procurent les avantages matériels, profitant sans retenue de toutes les opportunités susceptibles de leur apporter une satisfaction dans l'instant. Ce qui est plutôt en opposition avec la philosophie adoptée par l'expérimentateur, davantage orientée vers une progression spirituelle, et pour lequel les considérations matérielles se révèlent secondaires.

Il ne faudrait pas en conclure que les expérimentateurs se muent en personnages austères ayant opté pour un mode de vie spartiate. Ce n'est pas du tout le cas. Eux aussi estiment être en sursis et sont loin de renoncer aux petits plaisirs du quotidien. S'ils évoluent davantage dans l'instant, dans le moment présent, ils les savourent de façon différente, sans boulimie, en gourmets. Car pour beaucoup d'entre eux, en effet, le moment présent est fondamental et ils ont souvent beaucoup de difficultés à se projeter dans l'avenir, tout autant qu'à faire émerger certains souvenirs de l'avant expérience de mort imminente.

Leur nouvelle façon de concevoir l'existence n'est pas pour faciliter celle des membres de leur entourage, pour lesquels tous ces changements ne sont pas faciles à accepter ni à gérer. On a évoqué plus haut la difficulté rencontrée par l'expérimentateur, étranger parmi les siens, à se remettre au niveau affectif de ses proches ; les séparations et divorces ne sont pas rares consécutivement à une EMI.

Par ailleurs, il ne met pas en doute la réalité de ce qu'il a vécu et ceci ne va pas sans poser d'autres problèmes encore. Au cours de son EMI, les repères les plus familiers de notre monde physique lui sont apparus sous un aspect totalement différent, insoupçonné. De là son étonnement à l'égard des concepts de temps et d'espace propres à son « voyage ». Les limites temporelles de son EMI lui restent incompréhensibles. Le temps ne peut s'y mesurer à l'aune d'une quelconque échelle humaine puisque les événements d'une vie entière s'y déroulent en quelques fractions de seconde. Tout ceci, il le sait, ne reflète guère la cohérence. De plus, si lors de son expérience la notion de durée a été singulièrement modifiée, les autres certitudes terriennes ont tout autant été chahutées. Le principe de causalité n'y est plus hégémonique et nombre de nos lois physiques y sont caduques : la gravitation n'a plus cours, l'air n'offre aucune résistance, pas plus que les solides d'ailleurs.

Et que dire de cette télépathie sans cesse évoquée ? La pensée amenant la conscience à destination de façon instantanée.

On comprend mieux, ainsi, que lorsque les expérimentateurs tentent de raconter cette incroyable odyssée hors de leur corps et hors de notre espace-temps, ils ne rencontrent, le plus souvent, qu'incrédulité, suspicion ou mépris. C'est pourquoi, très tôt, alors qu'ils brûlent d'envie de témoigner de l'existence d'une autre dimension de l'être, la plupart décident de ne pas se confier.

Mais il est probable que cet aspect tendra à s'amenuiser dans la mesure où le phénomène bénéficie d'une notoriété grandissante. Ce qui est déjà le cas aux Etats-Unis où, à l'inverse d'un vieux continent qui n'en finit pas d'exorciser ses démons moyenâgeux, les EMI y souffrent moins des préjugés qui ont cours de ce côté-ci de l'océan. Cela dit, comme on le constate bien souvent, les américains ne sont pas à l'abri des récupérations les plus opportunistes. (néo-spiritisme, new age…)

Il faut encore signaler la plus intrigante des répercussions d'une EMI. Il s'agit du développement soudain, plus ou moins notable, de ces facultés paranormales : télépathie, clairvoyance, précognition, ou pouvoir de guérison. À ce propos, l'exemple d'un guérisseur qui, dit-il, est passé par deux fois dans le tunnel, ayant vécu deux expériences de mort imminente, à quelques années de distance. Il affirme que celles-ci ont favorisé le développement de ses dons, mais n'en signale pas moins l'éventualité d'une origine héréditaire. En tout état de cause, bien des expérimentateurs affirment posséder un sixième sens beaucoup plus développé qu'avant leur EMI et être capables de jauger très rapidement leur interlocuteur. Quelques-uns s'étonnent de leur facilité à deviner une visite impromptue, un appel téléphonique inattendu, les répliques d'un tiers lors d'une conversation, etc.

Une forme de répercussion à connotation paranormale est plus rarement signalée. Il s'agit du sentiment, très réaliste parfois, d'expérimenter des épisodes autoscopiques à la suite d'une EMI.

Dans les cas les moins spectaculaires, certains sujets ont l'impression de n'avoir pas complètement réintégré leur corps, comme si une partie de leur conscience demeurait encore à l'extérieur de celui-ci ; cette impression peut persister de quelques jours à plusieurs années après l'EMI. Une double vie qui, on le conçoit facilement, rend assez problématique l'adaptation à la réalité quotidienne. Dans les cas extrêmes on a carrément affaire à des sorties intégrales de la conscience hors de l'enveloppe physique. Ce sont alors des phénomènes très réalistes, vécus de manière involontaire ou, plus exceptionnellement, de manière volontaire.

Ajoutons, pour conclure cette revue des répercussions d'une EMI, que dans les rapports humains, les expérimentateurs ont souvent une attitude conciliante et modératrice. À l'occasion d'un litige, il n'est pas rare que l'on fasse appel à leurs qualités de médiateur.

« Depuis lors, on m'a souvent fait remarquer que je produisais un effet calmant sur les gens, agissant de façon immédiate lorsqu'ils se sentent soucieux. Et je me sens mieux accordée avec l'entourage, il me semble que j'arrive à deviner les gens beaucoup plus vite qu'avant. »

« Un don que je crois avoir reçu à la suite de ma « mort » est que j'arrive à deviner les besoins des autres. j'ai presque le sentiment de pouvoir lire leurs pensées sur leur visage. »

« C'était comme si... je voyais mon mari en même temps qu'une image de nous, cinq ans plus tard. Je nous voyais en compagnie de nos enfants. Et on aurait dit que je voyais et que je savais les enfants que j'allais avoir. Et j'ai eu deux garçons. J'avais vu deux enfants de dos. Et elles étaient très nettes (les scènes), pas du tout brouillées. »

« Depuis mon accident, j'ai souvent l'impression de déchiffrer les pensées et les vibrations qui émanent des gens ; je perçois aussi leurs ressentiments. J'ai souvent été capable de savoir d'avance ce que les gens allaient dire avant qu'ils n'ouvrent la bouche. »

« J'ignore vraiment combien de temps cela s'est poursuivi. Parfois, quand j'y réfléchis, j'ai l'impression que c'était une éternité. »

« Ce qu'il y a d'intéressant là-dedans, c'est que ça devait se passer en dehors du temps et de l'espace. C'est obligé, parce qu’on ne peut pas le classer dans un genre de chose temporel. On ne peut l'associer à aucune notion de temps. »

« Je n'ai plus peur de mourir, encore aujourd'hui même, la mort ne me fait plus peur et je me rends compte que ça (l'EMI) y est pour beaucoup. »

« Cette expérience a changé ma vie comme d'une simple pichenette. Je me faisais toujours du souci au sujet de la vie : comment la vivre, essayer de rendre la vie plus facile en travaillant plus dur pour gagner plus d'argent. J'ai arrêté de faire ça. J'ai vu la mort et cela ne me dérange pas. Je n'en ai pas peur. La mort n'est plus quelque chose qu'il faut subir. J'ai encore ma vie à vivre. J'en suis très heureux. »

« Pendant mes 56 premières années, j'ai vécu dans la peur constante de la mort. Je voulais avant tout éviter la mort qui m'apparaissait comme une chose épouvantable. Après cette expérience j'ai compris qu'en vivant dans cette crainte de la mort, je m'empêchais de profiter de la vie. »

« Vous savez, cette expérience se répercute sur votre vie de tous les jours, et pour toujours. Le seul fait de marcher dans la rue devient une expérience totalement différente, vous pouvez me croire. Avant, je marchais enfermé dans mon petit monde à moi tout en pensant à une foule de petits problèmes. Maintenant, quand je marche dans la rue, je me sens baigné dans un océan d'humanité. J'ai envie de connaître tous les gens que je croise et je suis sûr que, si je les connaissais, je les aimerais. »

« Avant ma crise cardiaque, je n'avais que mépris pour les intellectuels, j'ai toujours pensé que les professeurs n'étaient que des paresseux, c'est une expérience qui m'a rendu humble. Je ne méprise plus les professeurs. Le savoir est important. Maintenant, je lis tout ce qui me tombe sous la main, vraiment. Je suis heureux d'avoir le temps de m'instruire à présent. L'histoire, la science, la littérature, tout m'intéresse. »

« La chose la plus importante que m'a apprise cette expérience est que je suis responsable de tout ce que je fais. Les excuses et les échappatoires étaient impossibles quand j'étais avec lui en train de revoir ma vie. J'ai vu que la responsabilité n'était pas un mal, loin de là. Si nous savions ce que nous faisons aux gens quand nous agissons sans amour ! C'est un véritable défi, chaque jour de ma vie, de savoir qu'à ma mort je vais revoir chacun de mes actes et que je ressentirai enfin tout ce que j'ai provoqué chez les autres. C'est sûr que cela m'arrête et me fait réfléchir. Je n'en ai pas peur. Je m'en réjouis. » (Un ancien séminariste) « J'ai vu dans cette vision quel âne bâté j'étais avec toute cette théologie, à regarder de haut tous ceux qui n'appartenaient pas à la même religion que moi. Beaucoup de gens que je connais vont être surpris quand ils sauront que le Seigneur ne s'intéresse pas à la théologie. Apparemment, il trouve cela plutôt amusant, parce qu'il ne s'intéressait pas du tout à mon appartenance religieuse. Il voulait savoir ce que j'avais dans le cœur, pas dans la tête. »

« J'avais peur de la mort. Je me souviens que du temps où j'étais jeune femme, quand j'ai eu mes deux enfants, je me réveillais parfois au milieu de la nuit en pleurant, et que mon mari me prenait dans ses bras, parce que cela m'arrivait brusquement au milieu de la nuit. Mais j'avais toujours peur de la mort. C'était la première fois (au cours de son expérience de mort imminente) que je me trouvais face à face avec la mort et je n'avais pas peur. Je me souviens de cette sensation absolument merveilleuse. Et je n'ai depuis jamais plus eu peur de la mort. »

« Je crois vraiment que la mort n'est qu'une étape d'un long cycle continu. Je pense qu'au moment de la naissance, la conscience est introduite dans un corps. Et que l'on grandit, se développe et apprend. Et je crois que l'on essaye d'atteindre - que l'on en soit conscient ou non - de développer, un plus grand éveil à une conscience plus vaste. Je pense que chacune de nos morts est comme se dépouiller d'un vieux vêtement pour en revêtir un nouveau, afin que notre conscience progresse de plus en plus jusqu'à devenir une avec celle de Dieu, ou de la Création, ou de quoi que ce soit dont il s'agit. Quelle que soit cette chose immense. »

Undercover.

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BONUS

Nicole Dron a écrit un livre qui s'intitule "45 secondes d'éternité" où elle raconte son enfance et son EMI.



Mes souvenirs de l'au-delà

Cet ouvrage nous interroge sur l'origine de la conscience, la pluridimensionnalité de l'être humain, sa finalité et sa place dans l'univers. Il restitue l'Homme dans sa grandeur et sa dignité.

Voici un témoignage bouleversant d'authenticité et de sincérité, celui de Nicole Dron qui a vécu l'expérience la plus mystérieuse et la plus profonde qu'il soit donné à un être humain d'éprouver : la traversée des " Portes de la Mort ".

À 26 ans, au cours d'une opération chirurgicale, le cœur de Nicole s'arrête de battre. Tout semble terminé. Pourtant, commence pour elle " l'aventure " qui bouleversera toute sa vie. Au cœur de la Lumière, Nicole découvre qu'elle est éternelle et qu'il n'y a que la vie. Elle y goûte une paix et un amour infini qu'elle ne pourra jamais plus oublier.

Elle y retrouve, avec une émotion palpable, ce jeune frère parti trop tôt et découvre, avec un bonheur immense, que les liens d'amour ne meurent jamais...

Un Être de lumière lui pose cette question si exigeante : Comment as-tu aimé et qu'as-tu fait pour les autres ? Des révélations troublantes sur le futur de l'humanité lui sont accordées. Il lui est dit que seule, une transformation individuelle et globale de la conscience humaine pourra sauver notre terre.

Comment vit-on après une telle expérience ?



samedi 22 février 2025

"Māyānaise" indigeste


Māyā (माया illusion) : le bouddhisme originel évite les affirmations tranchées.

Anne Cardynale sur X :

"Poutine est bientôt mort et l'Ukraine va gagner la guerre contre la Russie, c'est sûr !

Florilège de nos "experts" et autres "analystes" de plateaux TV. De belles brochettes de russophobes échappés de l'asile et qui prenaient les Français pour des cons !"



"La langue française est, parmi toutes les langues qui peuvent être apprises en Europe, celle qui, si je peux m’exprimer ainsi, pousse l’âme des hommes à la surface, à la surface la plus extrême de l’être humain. Elle serait celle qui peut conduire l’homme à mentir de la manière la plus honorable à la plus frivole. Elle se prête d’autant plus à cela qu’on peut y mentir de manière spontanée et loyale, parce qu’elle n’a plus aucun lien juste avec l’intériorité des hommes. Elle est parlée tout à fait à la surface de l’homme." Rudolf Steiner.




vendredi 21 février 2025

Il teste la générosité des gens



"Un tiktokeur français teste la générosité des gens en leur demandant à manger. Dans la vidéo une femme algérienne propriétaire d'une boulangerie accepte sans hésiter et lui propose de prendre ce qu'il veut.

Selon lui, les plus généreux sont souvent Maghrébins ou Africains." Ibtisem sur X.




Dāna (Pali, Sanskrit: दान dāna ; tibétain : སྦྱིན་པ, Wylie : sbyin pa, jinpa) est un mot désignant une vertu et signifiant générosité, don, ou charité. Il est utilisé dans l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme.  (Wikipédia)


mercredi 19 février 2025

René Guénon et les juifs



Par Aaron


Après notre article sur Guénon « L’aporie démocratique », quelqu’un a cité ceci dans les commentaires :


« Le cas de Freud lui-même, le fondateur de la psychanalyse, est tout à fait typique à ce point de vue, car il n’a jamais cessé de se proclamer matérialiste. Une remarque en passant : pourquoi les principaux représentants des tendances nouvelles comme Einstein en physique, Bergson en philosophie, Freud en psychologie… sont-ils à peu près tous d’origine juive, sinon parce qu’il y a là quelque chose qui correspond exactement au côté « maléfique » et dissolvant du nomadisme dévié, lequel prédomine inévitablement chez les juifs détachés de leur tradition ? » (René Guénon, Le Règne de la quantité, p. 228, note de bas de pages 152.)



Dans Le Règne de la quantité, Guénon parle de différentes phases du cycle actuel : tout a commencé avec le mécanisme, où certains hommes s’imaginaient l’univers fonctionnant à la manière d’une montre bien réglée. Puis après cela il y eut le matérialisme, où la vision atomique du monde fait son apparition et où l’homme conçoit les êtres comme des systèmes fermés dont les limites sont celles de leur corps. Quoique la plupart des personnes ont entendu parler du « matérialisme », très peu sont ceux qui savent qu’il existe quelque chose d’autre : ce que Guénon a appelé la « dissolution ». Déjà à son époque Guénon avait remarqué qu’une autre manière de penser (ou une autre mentalité) avait fait son apparition.Elle est relativement aisée à décrire, puisque, de nos jours, elle s’est affirmée d’une manière extrême. Cette manière de penser à ceci de spécifique qu’elle est fortement liée à la sphère des émotions (nous expliquerons plus en détail par la suite). Le mécanisme et le matérialisme sont deux modes de penser rationnelles ; les personnes qui pensent ainsi (rationnellement) ont une tendance à penser de manière « séparative » (ou « discursive ») ; c’est-à-dire que l’homme qui pense de manière rationnelle sépare les êtres pour les envisager en eux-mêmes, séparés du reste de la Création. Mais lors de cette phase de « dissolution », la pensée se lie de manière plus étroite à la sphère émotionnelle, ce qui signifie que ce n’est plus la « raison » qui domine en l’homme, mais les émotions. Or c’est précisément cela, l’augmentation du caractère émotionnel de la société, qui explique la place grandissante occupée par les femmes, les juifs et même les enfants.

À l’inverse du matérialisme (qui admettait malgré tout les évidences qui lui tombaient sous les yeux, comme celles de la biologie), la « dissolution » se caractérise par la dispersion et l’instabilité (c’est pourquoi certaines personnes pensent pouvoir « changer de sexe » : car plus rien n’est considéré comme « fixe » et, par conséquent, tout est soumis au changement). Il importe de noter que la « dissolution » décrit avant tout un phénomène mental, et pas seulement un état de la société. D’un point de vue psychologique, ce sont les émotions qui ont ce caractère instable, qui est typique de la « dissolution » ; car nos émotions changent d’un moment à l’autre, et ce sont elles qui, en faisant fluctuer le rythme cardiaque, génère cette instabilité si caractéristique de l’époque actuelle et dont le symptôme le plus typique est l’anxiété. C’est pourquoi la « dissolution » s’accompagne nécessairement d’une augmentation de l’émotivité : car, dans les facultés de l’âme (pensée, volonté et émotion), l’émotion prend une place prépondérante, ce qui signifie que l’homme tend à s’identifier avec son ressenti : je me sens femme et donc je suis femme. Il s’« identifie » à son ressenti car le ressenti prend une grande place dans sa constitution psychique.

Or si la « dissolution » tend à faire sombrer l’homme dans un monde d’émotions incessantes, les individus possédant ce caractère (c’est-à-dire les personnes les plus émotionnelles) viendront à prendre plus de place dans la société, puisque ce sont précisément ces individus qui « impulseront » ce mouvement consistant à faire sombrer la société dans le désordre permanent. C’est ici qu’interviennent les femmes et, surtout, les juifs, deux types d’êtres dans la constitution psychique desquels les émotions ont un grand poids.

Les juifs constituent un peuple nomade, et la mentalité des nomades se caractérise par le mouvement (c’est pourquoi on désigne certains nomades comme « gens du voyage ») ; or la « dissolution » est essentiellement une forme d’instabilité, c’est-à-dire un état de mouvement permanent où tout change sans cesse et où, par conséquent, il n’existe plus aucun repère, puisqu’on on ne peut « repérer » (ou fixer mentalement) une chose que si elle reste ce qu’elle est durant un temps déterminé. Or seuls certains individus (comme les nomades), dont l’être même est caractérisé par le mouvement, peuvent faire advenir cet état d’instabilité caractéristique de la « dissolution ». De là le rôle des théoriciens juifs cités par Guénon, comme Freud, Einstein et Bergson ; et on pourrait en ajouter bien d’autres, comme Judith Butler ou encore Noam Chomsky. Mais la « dissolution » se retrouve aussi sur le plan géopolitique avec, notamment, le rôle des juifs en Occident (par exemple les néoconservateurs américains) et le rôle destructeur d’Israël dans le monde. Si les choses doivent se dérouler ainsi, c’est parce que la « fin des temps », c’est aussi l’unification de l’espace – temps et espace étant liés, la fin de l’un signifie nécessairement la plénitude de l’autre, ou son expansion la plus totale. Or le monde ne peut devenir un que s’il est d’abord envisagé ainsi, et c’est justement ainsi qu’il est envisagé par le nomade : comme un immense champ dans lequel il peut déployer son être :

« […] les peuples nomades et pasteurs n’édifient rien de durable, et ne travaillent pas en vue d’un avenir qui leur échappe ; mais ils ont devant eux l’espace, qui ne leur oppose aucune limitation, mais leur ouvre au contraire constamment de nouvelles possibilités […]. » (Le Règne de la quantité, p. 106)

C’est pourquoi être français vous rattache à une terre alors qu’être juif vous rattache à un peuple, c’est-à-dire à quelque chose qui n’est pas circonscrit à un territoire quelconque. Voilà pourquoi, avec l’avènement des juifs sur la scène internationale (conséquence de la chute du catholicisme, entre autres), la nation tend à s’effacer et le monde tend à devenir un vaste champ unifié où tout est soumis à la loi du marché et où le catholicisme disparaît, comme le veulent les écrits du rabbinisme – car il y a aussi quelque chose de théologique là-dedans. Il y a là une sorte de logique, pour qui peut la saisir, et qui veut que celui qui domine impose son être au monde.

Avant d’achever cet article, on notera qu’en plus de cette forte influence du ressenti sur la personnalité qui définit la subjectivité à proprement parler, le nomade a comme caractéristique une tendance à la « discursivité ». C’est pourquoi il a souvent tendance à se perdre dans toutes sortes de propos longs, de circonlocutions, à élaborer des phrases avec tout un ensemble de déductions avec des néologismes qui rendent la compréhension pénible. C’est une tendance qu’on retrouve chez Freud, avec son vocabulaire spécial (stade « anal », « phallique », etc., lorsqu’il parle du développement infantile), et, aussi, chez Judith Butler avec ses spéculations interminables sur le genre. C’est ici qu’on retrouve quelque chose du « nomadisme dévié » dont parle Guénon. Cette manière de procéder (par un discours incessant et difficile d’accès) a quelque chose de particulièrement dissolvant sur la personnalité de celui qui s’intéresse à ce genre de travaux, notamment sur les jeunes, c’est-à-dire ceux dont la personnalité ne s’est pas encore forgée. Nous nous souvenons d’un philosophe juif du nom de Jacques Derrida qui disait que même le contexte ne suffisait pas pour connaître le sens exact d’un mot, ce qui signifie qu’on ne pouvait – selon lui – jamais connaître le sens exact d’un mot, ce qui ne l’a pas empêché d’écrire en pensant pouvoir être compris... Il est aisé de retrouver cette tendance chez Michel Foucault et Roland Barthes (tous deux homosexuels par ailleurs), dans cette manière compliquée qu’ils ont de s’exprimer, surtout le premier. Cette tendance à la discursivité-subjectivité se retrouve chez la plupart des pseudo-intellectuels modernes, ce qui montre bien que, en réalité, tous ces individus ne font que servir de « support » à une influence maléfique et subversive qui s’exerce à travers eux. Lorsqu’on s’intéresse à la personnalité de tous ces littérateurs et pseudo-intellectuels modernes, on constate qu’ils sont souvent juif, ou homosexuel, ou bisexuel, voire tout en même temps (comme Hirschfeld, le pionnier de la « sexologie » moderne qui a inspiré le mouvement LGBT). Et il convient de mentionner, à ce propos, que Tel-Aviv est la ville dans le monde avec la plus grande quantité d’hommes homosexuels. Or ce que voulait dire René Guénon lorsqu’il parlait des juifs, c’est qu’il y avait quelque chose qui faisait que, lorsqu’ils n’étaient plus religieux, ils étaient beaucoup plus susceptibles de jouer ce rôle de « support » à l’activité des forces de subversion modernes, ou, pour le dire autrement, le juif détaché de sa tradition se comporte (selon Guénon) comme un parfait outil du « Nouvel Ordre mondial ».


Approfondissez la question avec La Crise du monde moderne et
Le Règne de la quantité et les signes des temps


Source :


mardi 18 février 2025

Le plus grand pèlerinage du monde, la Kumbh Mela




Organisé tous les douze ans, le festival de la Kumbh Mela se déroule du 13 janvier au 26 février dans le nord de l’Inde. Lors de ce rendez-vous hors norme, les pèlerins hindous se plongent dans les eaux froides des fleuves sacrés pour se purifier de leurs péchés.

Le plus grand rassemblement humain de tous les temps. Du 13 janvier au 26 février, la ville de Prayagraj, au nord de l’Inde, accueille le méga-festival hindou de la Kumbh Mela. Organisé tous les douze ans, ce pèlerinage s’annonce cette année, comme celui de tous les records.

En effet, près de 400 millions de personnes sont attendues, soit l’équivalent de toute la population des États-Unis et du Canada réunie. À titre de comparaison, le grand pèlerinage musulman annuel de La Mecque (Arabie saoudite) n'a rassemblé en 2024 que 1,8 million de fidèles.

Lire la suite, CNEWS.



lundi 17 février 2025

L’instruction moderne : une fabrique de conformisme ?





par Serge Van Cutsem


L’éducation a toujours été un pilier du progrès et de l’émancipation intellectuelle. Pourtant, de plus en plus de penseurs et d’analystes dissidents dénoncent l’évolution du système scolaire contemporain. Plutôt que de former des esprits curieux et critiques, l’école moderne tend à produire des individus conformistes, conditionnés à suivre un cadre rigide plutôt qu’à explorer librement la connaissance.

Un système qui bride la pensée critique

L’un des constats les plus préoccupants est que l’école enseigne davantage à répéter qu’à penser. La pensée critique, pourtant essentielle à toute démarche scientifique et philosophique, est peu encouragée, voire réprimée. L’obsession des examens et des diplômes pousse les élèves à ingurgiter des informations sans nécessairement les comprendre ni les questionner. Les pédagogies actuelles privilégient les évaluations standardisées (comme les QCM) qui favorisent la mémorisation brute au détriment de l’analyse et de la réflexion critique. Or, cette dernière est essentielle, tant pour la démarche scientifique que pour l’esprit philosophique. Pourtant, elle est de moins en moins encouragée et parfois même réprimée, notamment lorsqu’elle entre en contradiction avec des dogmes institutionnels. La standardisation des programmes et des méthodes pédagogiques conduit à la formation de générations formatées, acceptant les récits dominants sans les remettre en question. Ces étudiants finissent trop souvent leur cursus en étant atteint de psittacisme, cette répétition mécanique de notions sans véritable compréhension. En privilégiant la restitution fidèle d’un savoir préformaté plutôt que son appropriation critique, l’école forme des élèves capables de réciter des réponses attendues mais incapables d’analyser, d’argumenter ou de remettre en question les discours dominants.

Concernant les QCM (Questions à Choix Multiples), ils sont devenus une méthode d’évaluation omniprésente dans l’enseignement moderne. Présentés comme un moyen objectif et rapide de mesurer les connaissances, ils souffrent pourtant d’un biais fondamental : l’intégration du facteur chance dans l’évaluation. Dans un test classique, une mauvaise réponse est due à un manque de connaissance ou à une erreur de raisonnement. Mais dans un QCM, le simple fait de cocher une réponse au hasard peut aboutir à une note acceptable, voire supérieure à celle d’un élève ayant réellement réfléchi mais en hésitant entre plusieurs options plausibles.

Le QCM illustre à lui seul la standardisation de la pensée dans le système éducatif moderne. Son utilisation massive reflète une volonté d’uniformiser les connaissances, de limiter les interprétations et de réduire l’éducation à une grille d’évaluation binaire : vrai ou faux, bon ou mauvais, sans nuances possibles, sans oublier que l’élève perd l’habitude de s’exprimer, oralement ou par écrit, pour développer son raisonnement, mais n’est-ce pas précisément le raisonnement qu’on tente de réduire ?

Vers une évaluation plus intelligente ?

Plutôt que d’encourager ces méthodes biaisées, il serait pertinent de repenser l’évaluation en favorisant :

- Des questions ouvertes qui obligent à formuler une réflexion personnelle.

- Des études de cas où l’élève applique son savoir à une situation concrète.

- Des évaluations basées sur la capacité à argumenter plutôt qu’à deviner.

L’enjeu est de réhabiliter l’esprit critique et la capacité d’analyse, au lieu de formater les élèves à cocher des cases. Car si l’éducation moderne continue à favoriser des outils qui privilégient la chance sur la réflexion, elle ne produira que des individus conditionnés à suivre des options imposées plutôt qu’à créer leurs propres solutions, mais n’est-ce pas l’objectif réel de l’enseignement occidental moderne ?

Ce phénomène s’accélère, car les nouvelles générations de parents et d’enseignants ont elles-mêmes été formées par ce système. Chaque cycle renforce un peu plus cette tendance, laissant entrevoir un avenir où l’école pourrait ne plus être un lieu d’émancipation intellectuelle, mais une simple matrice de conditionnement social.

Une déconnexion avec le monde réel

L’un des principaux problèmes du système éducatif contemporain réside dans sa rupture avec la réalité qui consiste à immerger les étudiants dans un récit, un narratif imposé et indiscutable, alors que le monde technologique et économique évolue à une vitesse vertigineuse, les programmes scolaires restent figés et souvent obsolètes.

Des domaines d’avenir comme l’intelligence artificielle, la blockchain, les énergies renouvelables ou l’entrepreneuriat numérique sont encore très peu intégrés dans les cursus classiques. Pourtant, ces secteurs redéfinissent déjà le monde du travail et l’économie globale. Cette inertie institutionnelle a pour conséquence de laisser le terrain libre aux autodidactes et aux entrepreneurs, qui acquièrent un savoir par nécessité et par expérience, bien plus que par le cadre académique.

Un exemple frappant est celui de l’intelligence artificielle, qui transforme en profondeur des métiers entiers. Pourtant, l’école peine à préparer les jeunes à cette révolution, laissant une fracture se creuser entre ceux qui comprennent et maîtrisent ces outils et ceux qui en subissent l’impact sans y être préparés.

De l’école officielle et publique à l’école du marché

L’une des explications de cette dérive réside dans l’évolution du modèle économique dominant. Pendant des décennies, le capitalisme industriel, malgré ses défauts incontestables, a favorisé l’innovation, la production et la constitution d’une classe moyenne éduquée et prospère. Or, ce modèle a progressivement été remplacé par un capitalisme financier où la richesse ne repose plus sur le travail ni sur la production, mais sur la spéculation et la rente.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que le système éducatif ait suivi cette tendance. Former des individus capables de penser par eux-mêmes ne constitue plus une priorité. Au contraire, un savoir trop critique risquerait de remettre en cause les structures de pouvoir actuelles. L’école moderne apparaît ainsi moins préoccupée par l’émancipation intellectuelle que par la formation de travailleurs dociles, adaptés à une société de consommation et peu enclins à interroger le système qui les gouverne.

Néanmoins, certaines écoles privées, onéreuses et très sélectives, accueillent et forment les enfants de nos dirigeants afin de pérenniser la ploutocratie qui gouverne et manipule les classes populaires.

La revanche et l’essor des autodidactes et des modèles alternatifs

Face à ces lacunes, une nouvelle dynamique émerge : celle des autodidactes et des écoles alternatives. Contraints d’apprendre en dehors des circuits traditionnels, ces esprits curieux développent une autonomie intellectuelle et une capacité d’adaptation souvent supérieures à celles des diplômés classiques.

Certains élèves catalogués comme HPI (le nouvel acronyme pour surdoué) échouent parfois dans l’enseignement traditionnel mais du fait qu’ils passent généralement le reste de leur vie à s’auto-instruire sans relâche et sans pression, le résultat est souvent supérieur au niveau atteint par les diplômés qui, une fois ce précieux document obtenu, ne jugent plus nécessaire de persévérer dans l’apprentissage et l’instruction, convaincus qu’ils sont les sachants forcément supérieurs au vulgum pecus.

Des figures comme Idriss Aberkane, bien qu’issu du monde académique, critiquent vivement l’instruction institutionnalisée, qu’ils jugent trop rigide pour permettre l’épanouissement de la véritable intelligence. De plus en plus d’entreprises commencent à valoriser le savoir-faire et l’expérience réelle, avec raison, plutôt que les seuls diplômes. Ce changement de paradigme pourrait s’amplifier dans les années à venir.

Elon Musk a plusieurs fois affirmé privilégier les autodidactes compétents aux diplômés académiques sans réalisations concrètes. Il considère que les diplômes ne sont pas une garantie d’intelligence ni de capacité à résoudre des problèmes complexes et on peut difficilement douter de la valeur de son jugement quand on voit ce qu’il a réalisé. Lors d’une interview, il a donné cet exemple : «Si quelqu’un a réussi des choses exceptionnelles, même s’il n’a pas de diplôme, c’est la preuve qu’il est capable d’accomplir quelque chose de grand».

Quelles alternatives pour un renouveau éducatif ?

Si l’on veut redonner à l’éducation son rôle fondamental – former des esprits libres, créatifs et adaptables –, plusieurs pistes méritent d’être explorées :

- L’apprentissage par projet et par expérience : Plutôt que de se limiter à des savoirs théoriques, développer des pédagogies qui poussent les élèves à résoudre des problèmes concrets, en interaction avec le monde réel.

- Une flexibilité des parcours : Offrir aux jeunes la possibilité de personnaliser leur apprentissage en fonction de leurs centres d’intérêt et de leur curiosité, plutôt que de les enfermer dans des programmes rigides.

- L’intégration des technologies modernes : Adapter l’enseignement aux transformations du monde du travail en intégrant des matières comme l’intelligence artificielle, l’entrepreneuriat ou les nouvelles formes de communication.

- Le développement de modèles éducatifs alternatifs : S’inspirer d’expériences réussies comme les écoles Montessori, les lycées expérimentaux, ou encore les initiatives basées sur l’apprentissage en autonomie, qui placent l’élève au centre du processus éducatif.

Si ces évolutions ne sont pas mises en œuvre rapidement, la fracture entre les esprits libres et les masses conformistes continuera de s’agrandir. Ce fossé pourrait devenir irréversible, accentuant la domination de ceux qui maîtrisent l’information sur ceux qui ne font que la subir.

Conclusion

Loin d’être une simple question académique, l’avenir de l’éducation touche au cœur de notre société. Former des individus capables de comprendre, d’analyser et de questionner le monde qui les entoure est un enjeu fondamental pour la démocratie et la liberté.

Si nous laissons l’instruction se réduire à un simple formatage intellectuel, nous courons le risque de produire non pas des générations éclairées, mais des populations serviles, privées des outils nécessaires pour penser par elles-mêmes.

L’école doit-elle rester une fabrique de conformisme ou redevenir un espace d’éveil et d’émancipation ? La réponse à cette question déterminera l’avenir de nos sociétés.



vendredi 14 février 2025

Le vrai visage de l’USAID


Trump démantèle l'USAID (l'Agence des Nations Unies pour le développement international)



Le vrai visage de l’USAID

Pendant des années, les médias nous ont rabâché que la Russie manipule les élections, qu’elle finance des campagnes de désinformation en France et partout le monde…

Mais qui finance les ONG occidentales, les journalistes, les laboratoires, les coups d’État ?

Voici le vrai visage de l’USAID, ses liens avec BigPharma, Bill Gates, George Soros et le WEF (Forum Economique Mondial de Davos) :

Dans les années 1990, 300.000 femmes indigènes ont été stérilisées sans leur consentement dans le cadre d’un programme de contrôle démographique au Pérou. Qui finançait ? L’USAID. Et pire encore : les fonds étaient alloués en fonction du nombre d’opérations pratiquées.

Entre 2013 et 2019, 122 millions de dollars d’aide alimentaire envoyée en Syrie ont été détournés par Mahmoud Al Hafyan au profit de groupes affiliés à Al-Qaïda. 9 millions de dollars ont été directement versés à des terroristes.

Alors est-ce une perte de contrôle de l’USAID ou un financement déguisé du chaos ?

La suite permet d’avoir de sérieux doutes.

En 2017, l’ONG Children of God Relief Institute est accusée d’avoir couvert des abus sexuels sur des enfants. Son principal bailleur de fonds ? L’USAID, avec 29,3 millions de dollars. Encore une horreur sans nom dans laquelle l’USAID trempe…

En 2022, l’ambassade des Etats-Unis a alloué 10.000 dollars au Festival Queer Lisboa pour promouvoir des films à thématique incestueuse. Un scandale dénoncé par Marco Rubio, mais totalement passé sous silence par les médias. On se demande bien pourquoi.

L’USAID, c’est 6 200 journalistes et 707 médias financés en 2023 dans 30 pays. En Ukraine, 9 médias sur 10 dépendent de ces subventions. En clair : 800 millions d’auditeurs minimum ont été trompés par une information biaisée et tronquée. Parmi les médias touchés :

- Politico a reçu 44 000$ en “frais d’abonnement” entre 2023 et 2024.

- BBC Media Action (différent de BBC News) a obtenu 3,2 millions de dollars pour des “projets éducatifs”.

Mais l’USAID ne se contente pas de financer, elle formate :

279 ONG ont été formées aux “bonnes pratiques journalistiques”, notamment au fact-checking pro-occidental en Géorgie et en Ukraine.

Et la France dans tout ça ?

L’USAID a accordé 778 millions de dollars à Internews entre 2015 et 2025.

L’AFP n’apparaît pas dans les subventions directes, mais elle bénéficie des fonds USAID via des services d’information mutualisés dont Internews.

Mieux encore : des journalistes AFP ont été formés par l’USAID aux ateliers de “fact-checking”.

Résultat ?

L’Agence France Presse a publié 12 articles en 2024 démentant des "fake news" sur l'USAID, dont une vérification des paiements à des célébrités.

Mais ce n’est pas tout :

L’USAID, c’est aussi la grande alliée de la Fondation Bill & Melinda Gates, via Gavi, l’Alliance du vaccin.

Entre 2021 et 2025, l’agence américaine a injecté 1,58 milliard de dollars dans Gavi, ce qui en fait le 2ᵉ plus gros contributeur après le Royaume-Uni.

En 2021, elle a aussi versé 4 milliards de dollars à COVAX (Gavi) pour financer les vaccins COVID, soit un tiers du budget total.
Et qui décide des priorités de Gavi ? Bill Gates en personne, qui siège aux comités stratégiques et coupe les financements quand ça ne rapporte plus assez. Mais un autre nom revient souvent dans ces financements : George Soros, via le Balkan Media Network.

L’USAID a attribué 270 millions de dollars à l’East-West Management Institute, un satellite d’Open Society. Cet argent a servi à financer :

• Les révolutions de couleur en Ukraine (Maïdan 2014), Géorgie (2003) et Kirghizstan (2005).

• Les techniques de mobilisation citoyenne du printemps arabe et en Biélorussie (2020).

• 5 milliards de dollars injectés dans des ONG locales en Ukraine entre 1991 et 2014. Sûrement son attachement inconditionnel aux valeurs démocratiques ?

L’USAID ne finance pas uniquement les médias et des labos pharmaceutiques. Elle est aussi un acteur clé du Forum Économique Mondial (WEF). 68,3 millions de dollars versés directement au WEF entre 2015 et 2022 pour des projets comme l’Alliance Globale pour la Facilitation des Échanges. Un accord de 52 millions de dollars signé dès 2013 pour des programmes en Afrique et en Asie. Et plus inquiétant encore, en 2023, au sommet de Davos, l’USAID a lancé le EDGE Fund, un fonds de 50 millions de dollars destiné à privatiser les ressources africaines. On trouve aussi des projets tels que la Barbados Blue-Green Bank, une initiative “climatique”. On n’en attendait pas moins du labo de la Grande Réinitialisation.

Derrière l’humanitaire, on retrouve toujours les mêmes mécanismes de soft power :

- Détournements massifs vers des groupes armés ;

- Ingérences électorales sous couvert de “démocratie” ;

- Financements culturels et médiatiques imposant une vision idéologique ;

- Collusion entre ONG et grandes entreprises privées. Et bien pire encore, dont nous apprendrons probablement bientôt les détails…

L’USAID n’est que l’arbre qui cache la forêt. Derrière ces scandales se cache une stratégie globale : manipulation des peuples, contrôle des ressources, domination par le “soft power”...


Franck Pengam, Fondateur de Géopolitique Profonde.