dimanche 29 décembre 2024

Des êtres sans âme parasitent l'humanité





Dans une vidéo rapidement censurée par YouTube, le journaliste retraité Verdi communiqua des enseignements métaphysiques sur la véritable personnalité des dirigeants actuels.


Verdi s’inspirait probablement du livre de Mouravieff, "Gnosis - Étude et commentaires sur l'orthodoxie orientale", qui révèle l'existence d'une "race" dépourvue d'âme.

"Nous avons déjà, écrit Mouravieff, dans le premier volume de « Gnôsis », fait allusion à plusieurs reprises à cette coexistence de deux races essentiellement différentes : celle des "Hommes" et celle des "Anthropoïdes", ce dernier terme n'emportant au sens ésotérique, insistons-y, aucune idée péjorative.

Constaté depuis des temps très reculés, ce fait, encore que déformé parce que généralement perçu sous un jour faux, a trouvé accès à la conscience nationale, sociale et juridique de plusieurs peuples, anciens et nouveaux : c'est ainsi que l'on retrouve son influence dans la notion "d'Intouchable" des Indiens, "d'Ilote" des Grecs, de "Gohi" des Juifs, "d'Os blancs" et "d'Os noirs" de l'Europe médiévale, "d'Untermensch" des Allemands nazis, etc.


Remarquons, incidemment, que la légende du sang bleu ne relève pas uniquement de la fantaisie : ce n'est pas, en effet, dans la conception du sang bleu comme phénomène psychosomatique qu'est l'erreur, mais dans la croyance simpliste, moyenâgeuse, que ce sang, dit aristocratique, passe automatiquement de père en fils à chaque génération, alors, qu'il ne peut être, pour des raisons que les lecteurs de « Gnôsis » n'auront nulle peine à comprendre, que l'attribut des êtres deux fois nés.

Observons également qu'à l'autre extrême, la conception égalitaire de la nature humaine, si chère aux théoriciens des révolutions démocratiques et sociales, est aussi erronée que la première : la seule égalité réelle des sujets de droit interne et international est l'égalité des possibilités car les hommes naissent inégaux.

Les Écritures contiennent plus d'une indication de la coexistence sur notre planète de ces deux humanités, actuellement semblables de forme mais dissemblables dans leur essence. On peut même dire que toute l'histoire dramatique de l'humanité, depuis la chute d'Adam jusqu'à nos jours et sans excepter la perspective de l’Ère Nouvelle, est placée sous le signe de la coexistence de ces deux races humaines dont la séparation ne doit intervenir qu'au Jugement Dernier.

C'est ce qu'a indiqué Jésus, en paraboles naturellement lorsqu'il s'adressait à la foule, mais en termes clairs à l'intention de ses disciples ; il y a notamment la parabole de "l'ivraie et de la bonne semence" que, sur la demande de ces derniers, il a ainsi commentée :

"Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme; le champ, c'est le monde; la bonne semence, ce sont les fils du royaume; l'ivraie, ce sont les fils du malin; l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable; la moisson, c'est la fin du monde."

Et Jésus a ajouté :

"Tout homme lettré instruit de ce qui regarde le royaume des deux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes."

La coexistence, ainsi confirmée, d'une race d'Anthropoïdes et d'une race d'Hommes, est nécessaire, du point de vue de la Loi Générale, pour que se maintienne sans interruption la stabilité dans le mouvement de la Vie organique sur la Terre ; elle l'est également en vertu du Principe d’Équilibre, la première race étant un contrepoids qui permet à celle des Hommes de poursuivre son évolution ésotérique. Cela aussi a été confirmé par Jésus, à propos de la Fin, dans les termes suivants :

"Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l'un sera pris et l'autre laissé; de deux femmes qui moudront à la meule, l'une sera prise et l'autre laissée."

Ces paroles appellent une observation :

L'ivraie pousse sans qu'on ait besoin de la cultiver. En revanche, la bonne semence exige, pour fructifier, un travail considérable : il faut labourer la terre, la nourrir d'engrais, l'ensemencer soigneusement, la herser, etc.; et si la récolte n'est pas moissonnée, mais laissée là où elle a poussé, on ne trouve plus au bout de quelques années aucun épi de froment, car l'ivraie, plante naturelle de la Terre, étouffe le froment et le seigle, fruits de la culture céleste.

L'ivraie humaine, c'est la race anthropoïde issue de l'humanité pré-adamique. La différence capitale — bien que non perçue par les sens — entre l'homme pré-adamique et l'homme adamique contemporains, c'est que, comme nous l'avons vu, le premier ne possède pas les centres supérieurs développés qui existent chez le second et qui, bien que coupés chez lui de la conscience de veille depuis la chute, lui offrent une possibilité réelle d'évolution ésotérique. A cela près, les deux races sont semblables : mêmes centres inférieurs et même structure de la Personnalité ; même corps physique, bien que souvent plus fort chez l'homme pré-adamique que chez l'homme adamique; et quant à la beauté, n'oublions pas que l'homme et la femme préadamiques avaient été créés par Dieu le sixième jour, à son image et à sa ressemblance et que les filles de cette race étaient particulièrement belles. [...]

(...) les deux humanités, issues de deux procédés de création différents, se mélangèrent ensuite sur le plan de la vie organique sur la Terre, placée sous l'autorité de l'Absolu. Dès lors, la coexistence de ces deux types humains et la compétition dont elle s'accompagna devinrent un fait pour ainsi dire normal. Or, comme les enfants de ce siècle sont plus habiles que ne le sont les enfants de lumière dans leur état postérieur à la chute, nous voyons tout au long de l'histoire, et encore de nos jours, les adamiques se trouver généralement en position d'infériorité par rapport aux pré-adamiques.

Cette situation, ses conséquences pratiques et les problèmes qui en découlent feront plus loin l'objet d'un examen plus approfondi, examen commandé par l'approche de l’Ère du Saint-Esprit au terme de laquelle se posera la question de la séparation de l'ivraie et de la bonne semence.

Pour l'instant, bornons-nous à répéter que l'homme adamique contemporain, ayant perdu le contact avec ses centres supérieurs, et par suite avec son Moi réel, apparaît pratiquement semblable à son homologue pré-adamique. Toutefois, à la différence de ce dernier, il a encore ses centres supérieurs, ce qui lui assure la possibilité de s'engager sur la voie de l'évolution ésotérique. De cette possibilité, le pré-adamique est actuellement privé, mais elle lui sera donnée dans l'éventualité d'une évolution heureuse de l'humanité adamique au cours de l’Ère du Saint-Esprit."

Télécharger gratuitement les 3 tomes de « Gnôsis » ICI.
Laura Knight-Jadczyk nomme les individus sans âme les "Portails organiques".


jeudi 26 décembre 2024

Pourquoi les Français élisent des menteurs




Piégé dans un canular russe, l’ancien président français François Hollande, croyant s'entretenir avec l’ancien président ukrainien Petro Porochenko, révèle :

- Les accords de Minsk n'étaient qu'une tromperie pour militariser l’Ukraine,

- Les nations occidentales ont renversé le gouvernement ukrainien démocratiquement élu en 2014,

- Il y a une participation à part entière de l’UE et de la France au conflit en Ukraine.





Pourquoi les Français élisent des menteurs et, dans le domaine spirituel, seraient incapables de véritable intériorité ?


La langue française est, parmi toutes les langues qui peuvent être apprises en Europe, celle qui, si je peux m’exprimer ainsi, pousse l’âme des hommes à la surface, à la surface la plus extrême de l’être humain. Elle serait celle qui peut conduire l’homme à mentir de la manière la plus honorable à la plus frivole. Elle se prête d’autant plus à cela qu’on peut y mentir de manière spontanée et loyale, parce qu’elle n’a plus aucun lien juste avec l’intériorité des hommes. Elle est parlée tout à fait à la surface de l’homme.

Ainsi de la langue française, et donc de l’être français, découle l’attitude psychique telle que l’âme est commandée par la langue française. Alors qu’en allemand, l’âme, dans la puissance de l’élément volontaire, a la configuration interne de la langue, et la forme plastique de l’être de la langue, la langue française rencontre un engourdissement, et c’est elle qui commande. C’est une langue tyrannisant l’âme et par là elle crée ce qui la conduit au vide, de sorte que la culture française tout entière est, sous l’influence de sa langue, une culture qui vide l’âme.

Celui qui a une sensibilité pour de telles choses peut toujours ressentir qu’aucune âme, réellement, ne parle à partir de l’Être français ; seule, une culture formelle et figée en émane. La différence est, à proprement parler, que l’on est conduit, en français, à se laisser commander par la langue. Cette liberté infinie que l’on a en allemand – et que l’on devrait revendiquer plus que cela n’est fait – de pouvoir placer le sujet à un endroit quelconque, en fonction de sa vie intérieure, cela, on ne l’a pas en français. [...]

Avec le latin, une logique instinctive est apportée aux hommes. Tel n’est pas le cas avec le français. Par le français, le langage déborde en pure phraséologie dénuée de tout fondement logique, de la phraséologie uniquement – les choses doivent être radicalement dites – de sorte que beaucoup de choses, certainement, seront aliénées dans l’âme des enfants par l’enseignement du français, et l’on souhaiterait déjà que l’enseignement du français disparaisse vraiment peu à peu des fondements intérieurs de l’être. [...]

Le français a acquis son rang et son estime dans l’enseignement des pays étrangers à la France, non par sa portée commerciale, mais par son usage comme langue de la diplomatie. On pourrait faire d’une pierre deux coups, si l’on en venait à bout par la force du combat et le nécessaire assaut : on atteindrait à la fois la diplomatie et le français dans leur décadence. On montrerait que la diplomatie est également décadente parce que dans la diplomatie, on doit mentir. […]

La diplomatie consiste en fait dans l’usage, à un autre niveau, des mêmes moyens qu’utilise la guerre dans la duperie de l’adversaire. Ce fut une grande erreur de Nietzsche quand il qualifia la langue allemande de langue de la tromperie. La langue française est cela ; non pas langue de tromperie, mais langue de l’étourdissement, ce qui, à vrai dire, conduit les hommes à sortir d’eux-mêmes. Il arrive à quelqu’un qui parle français avec enthousiasme, de ne pas être tout à fait en lui-même. Pas tout à fait en soi, celui qui parle le français avec enthousiasme ! Voilà qui est dit radicalement.

Rudolf Steiner


Macron et son daïmon Attali Cricket

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Ministre franc-maçon de l’Instruction Publique en 1879, Jules Ferry interdit de parler l'occitan et les autres langues régionales à l’école.

La langue occitane, encore parlée aujourd'hui, s'appelle aussi "lenga de la fin'amor" (la langue de l'amour courtois) ; langue abhorrée par les pervers, voire les pédocriminels, qui contrôlent la France.


mardi 24 décembre 2024

Le "corps" spirituel




Le double du moi ou le moi des profondeurs, c’est le « ka » des Egyptiens, le « Doppelgaenger » des traditions populaires allemandes, en tout cas une entité subjective, parallèle au moi, et l’élément dynamique de l’inconscient humain. […]

Dans la conception égyptienne, la personnalité était comprise comme double (à deux pôles), le moi n’en constituant que la moitié inférieure. L’autre moitié était le « ka ». Chez l’homme moderne, victime d’une certaine évolution régressive, il n’y a plus de contact télépathique entre moi et double, nous ressentons ce fait comme une amputation et nous nous cherchons nous-mêmes en poursuivant dans le monde extérieur, le reflet de notre double. […]
Les Egyptiens étaient encore conscients de l’existence parallèle de leur « ka », comme aussi les anciens Amérindiens – d’où les aspects surréels de leur civilisation, que nous n’interprétons plus. En cours d’évolution ou involution récente, des zones importantes du cerveau se sont endormies et notre civilisation est devenue extravertie. […] Ce n’est guère qu’à la mort que l’homme moderne découvre son double qu’il prend généralement pour son ange gardien, soit pour un parent ou ami décédé ; c’est pourtant à un autre lui-même qu’il est à ce moment confronté !

L’imagerie égyptienne montre le « ka », naissant en même temps que le moi : on voit deux bébés jumeaux, exactement semblables, bien qu’il s’agisse d’une seule personne. Dans les hiéroglyphes, le « ka » revêt l’aspect d’une silhouette en blanc, à cause du caractère surréel et spectral du double, bras levés ; ou encore, le signe figure deux bras aux mains levées – allusion à la nature magnétique du double. La force magnétique se capte en effet et se distribue par la pomme et les doigts, et cette activité est le propre du double, en nous.

Dans le sommeil réparateur, total, le moi se fond dans le double – et à la mort aussi ! A l’état de veille, il y a rupture de contact ; le double fonctionne alors en entité séparée, quoique logé dans le même corps, qu’il déborde par ses antennes ; il le déborde aussi, fréquemment, par un phénomène de semi-projection à distance : dans nos états d’«absence», de rêverie vague, le double se concentre pour son compte sur un objectif, par exemple un souci, à démêler. Les intuitifs pressentent l’approche d’une personne aimée (jusqu’à son parfum) comme si son double précédait la personne. Du reste, les parfums se situent sur le même plan parallèle que le double. En Egypte, le double figé des momies étaient nourri de fumigations et de parfums de fleurs ! On suppose par ailleurs que le double exhale un parfum – le parfum naturel de la personne – mais plus subtil que le parfum charnel. On suppose encore que, primitivement, hommes et femmes percevaient ce parfum en partie surréel ; quand leurs sens s’émoussèrent à ce propos, la civilisation inventa les essences parfumées pour remplacer le parfum du double, en somme refoulé.

Découvrir la vie secrète de son double, c’est découvrir sa propre nature profonde, astrologique, et son destin ; c’est découvrir aussi le seul allié vraiment valable dans la lutte pour la vie (et la survie). Fondamentalement, le double représente l’élément dynamique de l’inconscient – et l’erreur de la psychanalyse aura été de baser son système sur le moi, exclusivement.

La nuit, le double flotte horizontalement au-dessus du corps ou s’évade, emportant avec lui la somme magnétique que nous contenons, pour l’investir dans son action surréelle. Plus le sommeil sera profond, avec les yeux vides, plus le double sera détaché. Le moi, alors, flotte entre deux états, entre deux univers parallèles, ce qui le place dans une condition de fœtus : provisoirement mort sur le plan réel, il n’est pas né toutefois sur le plan surréel ; il rêve par conséquent. Le sommeil demeure lourd, non réparateur, quand le double ne parvient pas à s’extraire entièrement du corps endormi.

Le double participe à sa façon à la lutte de tous les jours, et son rôle sera bien celui d’un « ange gardien » : corriger les erreurs du jour ; maintenir son « jumeau » dans les lignes de son destin ou l’y ramener ; le soustraire à l’emprise des égrégores pour libérer sa chance… Il provoquera des faits d’apparent hasard, mais de portée fatale (au sens grec), surtout en période de crise mystique : rencontres décisives quant à l’évolution personnelle, découverte, au bon moment, d’un livre philosophique. Les rencontres clefs se préparent sur le plan des doubles, même l’amour ! Un travail préalable de réajustement de longueurs d’ondes à distance permettra le « coup de foudre », dès le premier contact direct. Le double use de télépathie, celle-ci ayant pour véhicule le magnétisme terrestre. De jour, le double agit immobile, dans le corps, comme indiqué, par un mécanisme qui est aussi de la télépathie ; il se fait le pont entre notre inconscient et celui d’autrui. La nuit, il peut voyager au loin, quoique au sein de sa dimension (où distance et temps n’ont déjà plus la même valeur). Les initiés capables de s’identifier consciemment à leur double, rejoignent des lieux surréels de réunion, périodiquement ; les sorciers voyagent de même, mais identifiés à leur ombre. Les doubles s’allient ou se combattent. Il y a des doubles voleurs qui prennent, par osmose, le magnétisme des dormeurs, mal garantis par leur ombre gardienne… (L’ombre, en égyptien « shout », est reliée au tellurisme. Le double se relie, lui, au magnétisme, force aérienne.)

D’autres savent récupérer le magnétisme des foules, gaspillé stupidement par celles-ci (elles l’investissent dans les jeux passionnels à grand spectacle, tel le sport). C’est que le magnétisme humain n’est pas mieux réparti que l’argent ! Tous les phénomènes d’attraction et de répulsion (sympathie, antipathie) concernent le magnétisme individuel, donc le double. Le sixième sens lui appartient, mais dans son aspect supérieur d’intuition, de prémonition. Pour ressentir l’intuition, il faut être le médium, au moins occasionnel, de son double, faculté qui est liée à la croissance de l’anima, chez l’homme, et de l’animus, chez la femme. […]

Le double apparaît, finalement, comme notre vraie personnalité (l’opinion des Egyptiens), la plus complète, la plus libre. Et, d’ailleurs, joie et souffrance sont plus intenses au niveau du double. Dans l’état de rêve profond, quand il y a fusion entre le moi et le double, nous ressentons avec une acuité paradisiaque toutes les émotions oniriques. Dans le tantrisme, la vie érotique passe progressivement sur le plan du double, au fur et à mesure que se développe l’introversion de la sexualité, jusqu’à se métamorphoser en ivresse dionysiaque (il s’agit d’une forme insolite d’orgasme généralisé).


Note :
Il va de soi que le vrai maître spirituel est le ka, il faut y insister. Mais, l'individu ne pouvant le contacter autrement que dans le rêve profond, ce ka se dédoublera pour se fixer sur le maître extérieur, le mécanisme étant déclenché par l'admiration. De rares personnages historiques, tels Socrate et le fameux Comte de Saint-Germain (époque de Louis XV) parvenaient par don naturel à capter les vibrations de leur ka en ultra ou infrasons. Socrate nommait son ka daïmon, c'est-à-dire génie.

Jean-Louis Bernard, « Les archives de l’insolite », 1978.

Autres livres de Jean-Louis Bernard :

- Mystères égyptiens
- Tout-Ankh-Amon ou l’Egypte sans Bandelettes, le Dauphin, 1967
- Le Démonologue, le Dauphin, 1968
- Le Tantrisme, yoga sexuel, Belfond, 1973
- Aux origines de l’Egypte, Laffont, 1976
- Apollonius de Tyane et Jésus, Laffont, 1977
- Histoire secrète de Lyon et du Lyonnais, Albin Michel, 1977


jeudi 19 décembre 2024

"A l’Est et au Nord-Est (Russie) : des nations se préparent à sortir d’une certaine léthargie"

 


"L'égoïsme universel émane de la race anglo-américaine."


A l’Est et au Nord-Est (Russie) : "Des nations se préparent à sortir d’une certaine léthargie, à susciter, sous forme de grandes et puissantes impulsions, une force spirituelle qui sera comme le pôle opposé de l’intellectualité."


Après la Guerre de tous contre tous


« [...] il y a un lieu à la surface de la terre qui présente la plus grande parenté avec ces forces [ahrimaniques]. Lorsque l’homme s’y rend, il entre dans leur domaine d’influence ; dès qu’il le quitte, il n’en est plus ainsi, car il s’agit de caractéristiques géographiques, non pas ethnographiques ou nationales, mais purement géographiques. La région où ce qui afflue depuis le bas exerce la plus grande influence sur le Double est la région de la terre où la plupart des montagnes ne sont pas orientées transversalement d’Ouest en Est, mais où les montagnes sont principalement orientées du Nord au Sud – car cela est également en lien avec ces forces – et où l’on est proche du pôle nord magnétique. C’est la région où, sous l’effet des conditions extérieures, se développe avant tout une parenté avec la nature méphistophélique ahrimanienne [satanique]. Et beaucoup, dans l’évolution de la terre qui poursuit sa marche en avant, est dû à cette parenté. L’homme n’est pas en droit, aujourd’hui, de passer par l’évolution de la terre en aveugle ; il doit percer à jour ces liens entre les choses. L’Europe ne pourra établir des rapports justes avec l’Amérique que si ces circonstances peuvent être percées à jour, que si l’on sait quelles limitations d’ordre géographique viennent de là-bas. Sinon, si l’Europe continue à rester aveugle à ce propos, il en ira de cette pauvre Europe comme il en alla de la Grèce par rapport à Rome.

Il ne faut pas que le monde soit géographiquement américanisé […] car les efforts de l'Amérique visent à tout mécaniser, à tout faire entrer dans le domaine du pure naturalisme, à effacer peu à peu de la surface de la terre la culture de l'Europe. [...]

L'égoïsme universel émane de la race anglo-américaine. Partant de là, l'égoïsme couvrira toute la Terre. Toutes les inventions qui recouvrent la Terre d'un réseau d'égoïsme viennent d'Angleterre et d'Amérique. A partir de là-bas donc, toute la Terre sera recouverte d'une toile d'égoïsme, de mal. Mais une petite colonie se formera à l'est comme la semence d'une vie nouvelle pour l'avenir. La culture anglo-américaine consume la culture de l'Europe [...] mais la race elle-même va à sa ruine. Elle porte en elle la disposition à être la race du Mal. [...]

Notre civilisation actuelle, purement cérébrale, glisse toujours plus, dans le présent, vers l’abîme de l’intellectualité – comme vous pouvez le constater dans n’importe quel domaine de la vie. Un temps lui succédera où l’homme sera l’esclave des créations de l’intellect, où la personnalité sombrera. Il n’y a aujourd’hui qu’un seul moyen de la préserver : c’est de la spiritualiser. Ceux qui savent développer en eux la vie spirituelle appartiendront au petit nombre d’êtres qui, issus de toutes les nations et de toutes les races, seront marqués du Sceau divin ; ils reviendront, vêtus de robes blanches, après la Guerre de tous contre tous.

Aujourd’hui déjà, nous commençons à concevoir, par la simple raison, par l’intelligence de notre époque, ce qu’est le monde spirituel. [...]


(...) les hommes utiliseront de plus en plus leurs forces spirituelles à satisfaire leurs besoins matériels, à se détruire les uns les autres, avant même la Guerre de tous contre tous. De nombreuses découvertes seront faites en vue de mieux faire la guerre ; une intelligence considérable sera mise en œuvre afin de contenter les instincts les plus bas.


Mais simultanément quelque chose se prépare à quoi certaines nations de l’Est, du Nord-Est (Russie) sont prédestinées. Des nations se préparent à sortir d’une certaine léthargie, à susciter, sous forme de grandes et puissantes impulsions, une force spirituelle qui sera comme le pôle opposé de l’intellectualité. Avant la sixième époque de civilisation, nous verrons se former une sorte de grande union de peuples, un mariage entre l’intelligence rationnelle et la spiritualité. Nous ne voyons poindre aujourd’hui que l’aurore de cette alliance, et il ne faudrait pas prendre ce que je viens de dire comme un chant de louange à l’adresse de notre temps. Car personne ne chante les louanges du soleil dès les premières lueurs de l’aurore. Certains phénomènes extraordinaires sont pourtant à remarquer lorsqu’on compare Est et Ouest, lorsqu’on plonge le regard dans ce qui fait le fondement de la vie des nations. Il ne s’agit pas d’un parti pris. Dans ces conférences nous cherchons à rester objectif et aussi loin que possible de toute partialité.

Mais vous pouvez comparer en toute objectivité la philosophie et la science telle qu’on les pratique à l’Ouest avec ce qui apparaît à l’Est, chez Tolstoï déjà. Sans être disciple de Tolstoï, on peut reconnaître que dans un livre tel que « Sur la vie » on trouve, lorsqu’on sait le lire, des pages qui valent des bibliothèques entières de l’Europe occidentale. On se dit alors : l’Europe occidentale possède une civilisation basée sur l’intellect, elle est capable de ciseler, d’agencer, d’assembler des détails de toutes sortes pour chercher à comprendre le monde. Sous ce rapport, la civilisation occidentale a si bien fait qu’aucune autre ne la surpassera. Mais ce que l’Europe occidentale dit en trente volumes vous le trouveriez résumé en une dizaine de lignes chez Tolstoï. C’est dit avec une force primitive, mais ces quelques lignes ont autant de portée qu’ailleurs les commentaires les plus détaillés. Il faut savoir distinguer entre ce qui vient des profondeurs de l’esprit, entre ce qui a un fondement dans l’esprit et ce qui n’en a pas.

Alors que les civilisations trop mûres ont quelque chose de desséchant, il y a dans les jeunes civilisations une nouvelle sève, une nouvelle impulsion. Tolstoï est la fleur précoce d’une civilisation de ce genre ; elle est apparue beaucoup trop tôt pour pouvoir s’épanouir dès maintenant ; aussi l’œuvre de Tolstoï a-t-elle tous les défauts de ce qui naît avant terme. La façon grotesque dont il parle de ce qui touche à l’Occident, les jugements absurdes qu’il émet montrent bien que si toute grande manifestation a les défauts de ses qualités, la plus grande intelligence a aussi la folie de sa sagesse. Ce n’est là qu’un exemple, le symptôme d’une époque à venir où la spiritualité de l’Est et l’intellectualité de l’Ouest viendront à s’unir. De cette union naîtra la communauté de Philadelphie.

Tous ceux qui accueillent dans leur âme l’impulsion du Christ participeront à cette union et formeront la grande communauté fraternelle qui survivra à la Guerre de tous contre tous. Ils auront des ennemis, ils subiront maintes persécutions ; mais ils assureront une base à la race du Bien. Lorsque la Guerre de tous contre tous aura provoqué l’apparition de l’animalité chez ceux qui en sont restés aux formes du passé, la race du Bien naîtra, elle aussi. Elle portera vers la future époque une civilisation plus élevée. Et nous verrons, entre le Déluge atlantéen et la Guerre de tous contre tous, se former à l’époque de Philadelphie une colonie qui n’émigrera
pas ; elle sera partout présente, de sorte qu’on pourra agir partout dans l’esprit de Philadelphie, dans l’esprit du Christ, dans l’esprit de la future communauté humaine. [...]

Après la Guerre de tous contre tous, il y aura deux courants parmi les hommes : d’une part le courant provenant de la civilisation de Philadelphie, porteur du principe de progrès, de liberté intérieure, d’amour fraternel. Ce petit groupe sera recruté dans toutes les races, dans toutes les nations. Et d’autre part, il y aura la grande masse de ceux qui seront alors les « tièdes », c’est-à-dire les descendants des « tièdes » de la civilisation de Laodicée. Après la Guerre de tous contre tous, il faudra que le courant de la bonté entraîne peu à peu celui du mal vers le Bien. Une des tâches principales consistera alors à sauver « tout ce qui peut être sauvé » parmi ceux qui n’ont pas d’autre but que de lutter les uns contre les autres, de manifester l’égoïsme exacerbé de leur Moi. Dans la sphère de l’occultisme, les choses ont toujours été prévues ainsi.

Ne considérez pas cela comme une rigueur dont on puisse demander compte aux esprits qui ont conçu le plan de la Création. L’humanité doit être divisée en deux groupes : ceux qui seront « à la droite » et ceux qui seront « à la gauche ».

C’est là au contraire une mesure infiniment sage dans le plan de la Création. Car le Bien sera d’autant plus puissant qu’il aura déployé plus de force pour anéantir le Mal. Après la Guerre de tous contre tous, un immense effort sera demandé aux bons pour attirer à eux les méchants pendant le temps où ce sera encore possible. Il ne s’agira plus d’une tâche d’éducateur, telle qu’on en accomplit encore de nos jours ; des forces occultes seront à l’œuvre, car pendant la prochaine grande ère, les hommes sauront mettre en jeu des forces de ce genre.

Les bons auront donc pour tâche d’agir sur leurs frères abandonnés au courant du Mal et tout cela est en préparation dans les courants occultes de l’univers. Mais le plus profond de tous ces courants occultes, c’est malheureusement celui qui est le plus mal compris. Or, il enseigne ceci : « Les hommes parlent du Bien et du Mal sans savoir que, dans le plan de l’univers, il est nécessaire que le Mal atteigne un point culminant, afin que ceux qui doivent le vaincre tirent de leur effort victorieux la force dont naîtra un plus grand Bien. » Car il faut qu’une élite parmi les hommes se prépare pour l’époque qui suivra la Guerre de tous contre tous, époque où ceux qui s’opposeront à cette élite porteront les marques du Mal sur leur visage. Il faut qu’elle s’y prépare en répandant dans l’humanité la force de faire le Bien. La possibilité existera encore pour des corps ayant gardé une certaine malléabilité après la Guerre de tous contre tous, d’être transformés sous l’influence des âmes élues, des âmes qui, même seulement dans cette dernière époque, auront été amenées au Bien. Ce sera déjà un grand pas en avant.

Le Bien ne serait pas si vigoureux s’il ne se fortifiait pas en luttant contre le Mal. L’amour ne serait pas si ardent s’il ne devait pas s’intensifier assez pour effacer la laideur sur le visage des méchants. Tout cela se prépare et il est dit aux disciples : « Ne croyez pas que le Mal ne soit pas prévu dans la Création. S’il existe, c’est afin qu’un jour naisse un plus grand Bien. » Ceux dont l’âme aura été préparée par des enseignements de ce genre, afin qu’ils aient dans l’avenir le pouvoir d’accomplir leur grande mission, ce sont les disciples du courant spirituel qu’on appelle le manichéisme, qui est généralement bien mal compris. Ce qu’on entend dire ou ce qu’on lit à ce sujet n’est que phraséologie. Les Manichéens, dit-on, croyaient que deux Principes existent depuis l’origine du monde : celui du Bien et celui du Mal. Or ce n’est pas exact : la doctrine manichéenne est celle que je viens de vous exposer.

Elle prendra des formes nouvelles dans l’avenir et ceux qui suivent cet enseignement seront préparés de façon à remplir la mission dont je parle, au cours de leurs futures incarnations.

Voilà ce qu’il faut entendre par manichéisme. Manès est une grande individualité qui se réincarne continuellement sur la Terre ; c’est l’Esprit-Guide de ceux qui ont pour mission de convertir le Mal en Bien. Quand on parle des grands Guides de l’humanité il faut aussi mentionner cet être extraordinaire qui s’est imposé cette tâche. Quoique le principe du manichéisme ait dû s’effacer de nos jours à l’arrière-plan parce que la spiritualité rencontre si peu de compréhension, il attirera pourtant, à mesure que nous irons vers une plus grande compréhension de la vie spirituelle, des disciples de plus en plus nombreux. »

Rudolf Steiner (1861-1925)



lundi 16 décembre 2024

La Crise du monde moderne



René Guénon, ‘Abd al-Wâhid Yahyâ, est né le 15 novembre 1886 à Blois en France et Mort le 7 janvier 1951 au Caire en Egypte.




« Tradition » a pour racine indo-européenne DÔ, transmettre la possession de … Cette racine a donné en latin : tradition, action de transmettre, tradere : transmettre, livrer. Le mot Tradition a deux sens : 1 – L’UN, caractérisant les transmissions des éléments AVEC articulation métaphysique des Voies authentiques Libératrices. 2 – L’autre, « profane », caractérisant la transmission d’éléments SANS articulation métaphysique. C’est à l’honneur de René Guénon d’avoir rétabli le premier sens, effacé par le modernisme, le sens profane ayant prévalu dans l’oubli du troisième composant de l’homme : l’articulation métaphysique, Prajñâ, Intuition métaphysique ou Connaissance transcendante.

Nirodha

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Les propos qui suivent viennent d’un exposé oral par un auteur lettré « Le Précepteur » qui connaît l’essentiel des écrits de René Guénon. D’une façon claire et pédagogique il nous informe de notions fondamentales retrouvées dans les principaux ouvrages de René Guénon, « notions » qui éclairent les événements politiques internationaux actuels, qui permettent d’en comprendre certaines causes profondes et qui démontrent la décadence de l’Occident :

« René Guénon est un auteur dont en entend beaucoup parler depuis les années 2000 alors même qu’il est mort en 1951. Et quand je dis qu’on en entend beaucoup parler, je parle du grand public, non pas des milieux universitaires. René Guénon est très peu étudié en cours de philosophie malgré l’influence qu’il exercera sur le monde intellectuel au 20ième siècle. Et l’une des raisons pour lesquelles on parle beaucoup de René Guénon c’est parce que c’est un intellectuel qui a prédit la fin du monde. Alors, dit ainsi, cela peut paraître un peu loufoque, même un peu grotesque ! Qu’est-ce que c’est que ces intellectuels qui parlent de fin du monde ? Cela ne fait pas très sérieux et pourtant vous allez voir que nous n’avons pas affaire à un illuminé qui prétendrait avoir reçu un message des anges, mais à quelqu’un qui s’est attaché tout au long de sa vie à étudier les doctrines spirituelles, surtout orientales, et qui considère qu’il y a dans ces doctrines des enseignements que nous, occidentaux modernes, avons perdu. Le combat de René Guénon fut un combat de la réhabilitation et de la réactivation des sagesses ancestrales de l’humanité, et nous allons voir à quoi a conduit selon lui la perte de ces sagesses ancestrales, à quoi a conduit l’éloignement de l’Occident vis-à-vis de la spiritualité, un éloignement qui serait la source et le symptôme de l’effondrement prochain de notre civilisation.

R. G. a vécu de la fin du 19ième siècle jusqu’au milieu du 20ième siècle, et déjà à son époque on observe que le monde est en crise ou plus exactement que le monde occidental est en crise : crise économique avec cette crise majeure qu’est ce crash boursier de 1929, la plus grande dépression économique qu’est connue le 20ième siècle, crise politique et militaire. René Guénon a vécu de près la 1ière guerre mondiale, l’une des plus sanglantes et traumatisantes que nous n’ayons jamais connue, crise écologique. Cela peut nous sembler surprenant mais dès 1927, Guénon parle du désastre écologique dont se rend coupable l’Occident à travers la pollution liée à l’hyper–industrialisation, crise de l’éducation, de la famille, des valeurs. Bref on croirait entendre parler de notre époque. Il ne manque plus que la crise sanitaire pour compléter le tableau.

Donc, ce qui caractérise la modernité, dit René Guénon, c’est la multiplication et l’intensification des crises qui, selon lui, participent toutes d’une seule et même crise globale qui est la crise de la modernité.

Alors, il faut tout de suite préciser que l’on parle de deux choses qu’il faut avoir à l’esprit pour comprendre ce que René Guénon veut nous dire :

1 – On parle d’un moment critique. Crise et critique, c’est la même racine ; on parle d’un dérèglement, d’une catastrophe, d’un bouleversement, voire d’un effondrement. Mais on parle aussi

2 – d’une refondation, d’une réforme. Autrement dit, une crise n’est pas que du négatif. C’est du négatif qui débouche vers du positif. On pourrait dire que c’est bien gentil, mais rien n’est jamais purement négatif. Oui, si tout s’effondre, ensuite cela ne pourra que repartir. Quand tout va mal, cela ne peut qu’aller mieux ! C’est cela l’idée. Mais ce que cela veut dire « au-delà » des mots, c’est que la crise est une phase transitionnelle. Une « crise » indique le passage d’un état à un autre.

Dans le langage courant on parle de « crise d’adolescence », le moment où l’enfant entame sa mû (pas sa mue), c’est-à-dire sa « mutation », sa transformation. On parle de « crise » de la quarantaine, ce moment où on a l’impression que notre vie stagne et qui nous pousse à tout envoyer valser, à revivre une dernière fois le frisson de la jeunesse pour entrer plus sereinement dans l’âge de la maturité. Donc, les « crises » sont non seulement utiles mais nécessaires au sens d’inévitables, au sens de non contournables. Donc, la « crise du monde moderne » c’est la crise que l’Occident traverse actuellement qui se manifeste par toute une série de crises dans tous les domaines de l’existence que nous ne pourrons pas empêcher, parce que cette « crise » a un caractère de nécessité. La « crise », on ne l’évitera pas, on n’y échappera pas ; on ne pourra que la surmonter et pour la surmonter il faudra l’affronter.

Donc, chez René Guénon ce n’est pas vraiment l’optimisme mais en même temps la « crise » est une condition pour des lendemains meilleurs. Et c’est où il faut aborder la « métaphysique » dont René Guénon se réclame. Il dit qu’il n’a pas créer la métaphysique mais il en a hérité pendant que les occidentaux modernes l’ont oublié.

Cette métaphysique est celle des cycles cosmiques. Qu’est-ce que cela veut dire ?

A notre époque on étudie les cycles cosmiques d’un point de vue scientifique, essentiellement d’un point de vue astronomique. Nous savons qu’il existe des cycles astronomiques réguliers : la révolution des planètes autour de leur astre, la rotation des galaxies, la précession des équinoxes. L’univers obéit à des cycles et ces cycles s’inscrivent dans une temporalité et définissent notre temporalité. « 1 » an n’est pas défini arbitrairement. « 1 » an c’est le temps que met la terre à faire le tour complet autour du soleil, d’où le lien étymologique entre « année » et « anneau », l’idée de cercle. Donc, l’univers obéit à des cycles. Ce que nous dit René Guénon et ce que nous disent les doctrines métaphysiques de la Tradition, c’est que l’humanité aussi obéit à des cycles, que la mentalité et la manière d’être des êtres humains obéissent également à ces cycles et donc que les événements qui se produisent sur terre se doivent d’avoir être compris comme des indicateurs de notre position dans le cycle et qu’actuellement nous sommes à la fin d’un cycle.

La fin du monde dont parle René Guénon c’est la fin d’un cycle cosmique dont nous sommes partie prenante et auquel succédera un nouveau cycle et ainsi de suite indéfiniment.

Pour René Guénon, contrairement à ce que pensent les modernes, nous sommes finalement peu de choses. Pour René Guénon, l’homme se caractérise par son égocentrisme, par sa haute conception de lui-même ; le « péché » de l’homme moderne selon René Guénon est d’avoir oublié que son existence s’inscrivait dans un cycle et dans un devenir infiniment supérieur à lui, le devenir universel qui s’impose à nous. L’erreur des modernes c’est d’avoir cru qu’ils étaient capables de dompter l’univers ; pour René Guénon c’est peine perdue !

Descartes illustre parfaitement le projet des modernes : « se rendre comme maître et possesseur de la nature », faire de la nature (en grec : PHUSIS), le monde physique, notre propriété. C’est très prétentieux ! L’humanisme est cette période de l’histoire occidentale moderne pendant laquelle les européens ont cherché à conquérir la nature pour la mettre au service de l’homme. L’humanisme s’inscrit dans une période que l’on appelle la « renaissance », le fait de naître à nouveau. Qui peut naître à nouveau si ce n’est Dieu lui-même, la figure du Christ ressuscité ? …

Donc, il y a dans l’humanisme de la « renaissance », dans ce projet de conquête de la nature, une aspiration à la « divinisation de l’homme » à remplacer l’Absolu divin par un absolu humain. Et cela pour René Guénon est un signe de la fin des temps parce que c’est un signe que nous avons oublié que les principes supérieurs nous régissent.

Pour en revenir à nos cycles cosmiques, René Guénon explique que l’humanité a connu 4 grandes périodes, 4 âges que l’on appelle dans la spiritualité Hindou des YUGAS. Il se trouve que ces 4 âges se retrouvent chez les Perses, les Grecs et les Romains.

- L’âge d’or, le satya-yuga,
- L’âge d’argent, le treta-yuga,
- L’âge de bronze, le dvarapa-yuga,
- L’âge de fer, le kali-yuga qui est l’âge sombre, celui des ténèbres.

Et comme vous l’avez compris nous nous trouvons actuellement dans l’ère du kali-yuga et même dans la phase terminale du kali-yuga, l’âge du désordre et du rejet des principes supérieurs. Pour ceux qui aiment les mathématiques, notez que la durée de chaque yuga décroit en suivant une progression arithmétique. Si on divise un MAHÂ-YUGA en 10 portions égales le Mahâ-yuga étant la totalité des yugas, l’âge d’or dure 4 portions, l’âge d’argent 3 portions, l’âge de bronze 2 portions, l’âge de fer 1 portion. 4, 3, 2, 1, rappelle le compte à rebours mais aussi le « tetractys » de pythagore, le nombre triangulaire, un symbole mystique bien connu des initiés. A la fin du kali-yuga, l’humanité connaîtra « l’apocalypse » qui signifie en grec « révélation ». Après, un nouveau Mahâ-Yuga s’enchainera et s’ouvrira sur un nouvel âge d’or pour redescendre lentement jusqu’au kali-yuga suivant.

Voyons ce que dit René Guénon au début de « la crise du monde moderne », son livre phare publié en 1927 :

Il nous dit que nous sommes arrivés à la fin du dogme du progrès. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que nous avons une vision ascensionnelle de l’histoire, on voit l’histoire humaine comme une marche vers l’amélioration de nos conditions d’existence, des savoirs, des relations humaines. Il est vrai que si on nous proposait de vivre au moyen-âge ou dans l’antiquité, sans électricité, sans téléphone, sans internet, nous serions très nombreux à refuser et cela indépendamment de nos conditions d’existence actuelle parce que « pour nous le passé est forcément dépassé », moins enviable que le présent ou le futur. C’est « cela » la traduction concrète de notre conception du progrès, l’idée qu’aujourd’hui est meilleur qu’hier !

René Guénon nous dit que c’est « seulement » sur le plan matériel qu’il y a un progrès. Oui, Louis XIV ne roulait pas en BMW, Jules César ne connaissait par Youtube … Mais ces avantages de la modernité n’en sont que pour ceux qui les possèdent déjà. Les gens du moyenâge ne souffraient pas de ne pas avoir internet. Les gens de l’antiquité ne souffraient pas de ne pas avoir l’électricité. Ces besoins sont apparus en même temps que sont apparus les moyens de les satisfaire. Donc, il n’y avait pas de manque, de frustrations de ne pas vivre dans la modernité. De même aujourd’hui, nous ne souffrons pas du manque d’objets qui n’ont pas été inventés.

Voilà pourquoi René Guénon refuse d’appeler « progrès » ce qui n’est en réalité qu’une création de besoins artificiels qui nous donne « l’illusion » du bonheur mais qui ne fait en réalité que creuser davantage le puit de nos désirs.

Même chose pour les relations humaines qui se sont certes pacifiées, mais se sont-elles améliorées ?! Sommes-nous réellement plus solidaires, plus disponibles, plus conviviaux ? Rien n’est moins sûr.

Il se pourrait que ce que nous appelons progrès n’est que celui de « l’individualisme », le progrès de la solitude, de la misère affective, de l’indifférence et que les progrès de la technologie matérielle aient eu pour effet de précipiter cet individualisme, de le renforcer … avec des écouteurs dans les oreilles, un écran devant les yeux, et voilà ce monde !

[Entendons ici que l’auteur parle de la solitude profane chez l’homme extérieur non éveillé. Il ne parle pas bien sûr de la solitude recherchée par l’ascète contemplatif, l’homme intérieur (selon maître Eckhart), qui étudie et pratique sa voie de Libération le plus souvent dans le silence mais sans jamais oublier ses frères et sœurs]

Bien sûr qu’il y a des avantages à la modernité, le nier serait malhonnête. Mais la question est de savoir :

Qu’est-ce que l’humanité y a gagné en bonheur ?
Est-ce que les progrès matériels peuvent raisonnablement constituer une finalité en soi ?
N’avons-nous pas été victime d’un mensonge du progrès ?

Ces questions posées, René Guénon pense que ce mensonge commence à se remarquer, à devenir visible. Rappelons que « apocalypse » signifie « révélation » comme se révèle un mensonge.

La crise du monde moderne, c’est à la fois le point culminant de ce mensonge du progrès en même temps que la prise de conscience de ce mensonge, parce qu’il faut que les choses atteignent leur point culminant pour pouvoir être constater par tous.

Donc, la crise du monde moderne a bien une issue positive qui est la prise de conscience du caractère mensonger du concept de progrès, prise de conscience qui débouchera à l’issue du kali-yuga sur une refondation et une rénovation.

Pour en finir sur la notion de progrès on pourrait dire que les modernes ont appelé progrès ce qui en fait devrait être appelé « développement » car développer c’est étendre, faire croitre. Comment appelle-t-on l’indicateur de prospérité économique des modernes ? : « la croissance » ! La modernité est cette époque à laquelle on identifie l’amélioration à l’augmentation. C’est cette époque à laquelle on identifie la qualité à la quantité. Pour René Guénon notre époque est « le règne de la quantité ». On pourrait avoir une vision un peu réductrice de ce que nous dit René Guénon. On pourrait dire qu’il inaugure ce que l’on appellera plus tard la critique de la société de consommation. Ce n’est pas faux mais il va beaucoup plus loin. Le règne de la quantité n’est pas simplement le désir de cumuler des biens matériels.

Pour le comprendre nous allons maintenant expliquer ce qui se produit selon la Tradition au cours d’un cycle cosmique.

Quand on parle de Tradition on ne parle pas de coutumes ni de conservatisme. René Guénon parle de Tradition primordiale avec un « T » majuscule. Il dit qu’il existerait une spiritualité commune à tous les anciens peuples et que cette Tradition se traduirait dans des formes culturelles particulières. Pour René Guénon la Tradition primordiale inclut aussi bien l’hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme, le christianisme comme l’islam mais dans leur version « ésotérique ». René Guénon considère qu’il y a une unité profonde dans toutes les doctrines métaphysiques traditionnelles et que leurs différences ne sont que des différences de formes liées au fait que chaque peuple est spécifique et qu’il faut donc un langage spécifique à chacun.

Qu’est-ce qui se produit au cours d’un cycle cosmique ?

Il se produit un éloignement progressif du principe spirituel. Est-ce que cela nous éclaire ? Oui, parce que cela veut dire que l’histoire de l’humanité c’est l’histoire de la matérialisation du monde, de la descente de l’humanité dans la matière et ses ténèbres.

Pour René Guénon un cycle cosmique se caractérise par la chute du pôle « essentiel » vers le pôle « substantiel », autrement dit du pôle « spirituel » vers le pôle « matériel ». Nous allons essayer de représenter cela par une image.

Imaginez une boule de lumière. Cette boule de lumière est l’origine spirituelle du monde. Imaginez qu’une parcelle de lumière soit éjectée de cette boule et qu’elle tombe dans les profondeurs ? Plus la parcelle de lumière tombe, plus elle s’obscurcie ; et sous l’effet de la gravité la parcelle de lumière accélère dans sa chute. Et plus elle accélère plus elle se refroidit et en se refroidissant elle se solidifie, elle devient matière. Cette image illustre notre éloignement progressif du principe spirituel qui est la boule de lumière d’origine divine. C’est l’âge d’or, l’unité des hommes avec Dieu [à noter que la racine sanskrite DYU signifie « ce qui brille »] et avec la nature, avec la faune et la flore.

L’éjection de la parcelle de lumière c’est la séparation initiale, l’entrée dans la « dualité », c’est l’expulsion d’Adam et Eve, la domestication des animaux et l’invention de l’agriculture, c’est l’âge d’argent.

La chute de la parcelle de lumière c’est la matérialisation, la création d’outils, la métallurgie qui allait permettre de conquérir la nature et de faire la guerre, c’est l’âge de bronze.

Arrive l’extinction de cette parcelle de lumière, la dissolution, c’est l’âge de fer, le kaliyuga qui met un terme au cycle.

Plus l’humanité avance dans le temps, plus elle s’éloigne du principe spirituel, plus elle le nie pour faire de la matière son unique préoccupation et son unique mode d’être. Remarquez que nous sommes passés au fil des âges d’une conception métaphysique du monde à une conception physique et matérielle du monde. Il ne s’agit pas de dire que c’est bien ou mal. Il s’agit d’observer l’évolution de la mentalité humaine.

Les cosmologies antiques étaient des cosmogonies, c’est-à-dire que l’on racontait la naissance de l’univers à partir d’un principe créateur lui-même non matériel, la cause du monde matériel n’était pas matérielle mais uniquement supra–matérielle, parce que dans le cas contraire cette cause matérielle aurait elle-même une cause qui la précède. Rien de secret dans le monde matériel. Tout n’est qu’agencement et réagencement. De la mythologie babylonienne à la genèse biblique, il y avait toujours un principe supra–matériel à l’origine de l’univers, un principe supra–matériel dont l’univers matériel n’était qu’une émanation dégradée. Hors, aujourd’hui, lorsque l’on parle de l’origine de l’univers, on ne parle pas d’un principe supra– matériel, on parle de Big-Bang, on parle de ce qu’il y avait avant le Big-Bang, du vide quantique, un vide pas totalement vide. On n’est donc en recherche d’un principe matériel à l’origine matérielle. Et d’ailleurs, quand des physiciens parlent d’univers, ils parlent de la matière qui constitue l’univers, des planètes, des galaxies, de ce que l’on appelle l’univers observable.

Donc, il y a bien une épistémologie matérialiste dans la science moderne.

En physique comme en médecine, aujourd’hui, on s’occupe de « corps », donc de matière. Quand les modernes pensent le monde, ils le pensent toujours sous l’angle de la matière. Et cela, René Guénon le met évidemment en lien avec ce qu’il appelle « le règne de la quantité ». Pourquoi ? Parce que la quantité c’est ce qui est mesurable. Un corps se mesure, sa longueur, sa largeur, sa masse. Voilà pourquoi les mathématiques ont un rôle central dans l’étude du monde physique. D’ailleurs, René Guénon fait remarquer qu’il y a une parenté étymologique entre le mot latin « matematicus » qui signifie « mesurer » et « materia » qui signifie « matière ».

[Note supplémentaire : le mot latin « matematicus » vient du grec « mathêma » par « manthanô = apprendre. En sanskrit « medhâvi, sumedho = le savant, l’intelligent » en passant par le grec qui a donné « mathématique »].

La matière c’est le mesurable, le quantifiable, mais la contrepartie c’est que tout ce qui n’est pas quantifiable échappe à la science moderne ! Un sentiment n’est pas quantifiable. Une idée n’est pas quantifiable. Une invention n’est pas quantifiable.

Le matérialisme moderne a besoin que tout soit quantifiable, quitte à rejeter ce qui ne l’est pas. Dans les composantes de la mentalité moderne il y a donc le matérialisme. Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi, et c’est lié, le « rationalisme » qui est le fait de considérer que seule la raison permet d’accéder à des connaissances fiables.

Le rationalisme est la prééminence de l’intellect. Alors on trouve déjà des traces de rationalisme dans l’antiquité avec Platon, le défenseur du logos, de la pensée rationnelle et logique, mais Platon considérait malgré tout que « l’Intuition » était un mode de Connaissance supérieur à la raison. L’Intuition c’est la saisie immédiate. C’est le stade supérieur de la raison.

Spinoza aussi croyait dans la puissance de l’Intuition et chez Spinoza aussi l’Intuition n’était pas la négation de la raison mais le dépassement de la raison.

C’est au 18ième siècle avec Emmanuel Kant que l’Intuition allait être battue en brèche parce que pour Kant, l’Intuition ne peut porter que sur des objets sensibles, pas sur des objets intellectuels. En clair, Kant pensait qu’il n’y avait pas de mode de connaissance supérieur à la raison et que la raison était fondamentalement limitée, l’entendement humain est limité. Il y a des concepts qui dépassent l’entendement comme le concept de Dieu. Pour Kant il est impossible de démontrer rationnellement l’existence de Dieu parce que Dieu se situe au-delà des frontières de la raison.

Et donc, c’est avec Kant que l’on rentre dans l’ère du rationalisme moderne, c’est-à-dire dans l’ère de la limitation de la connaissance.

Et d’ailleurs, vous remarquerez qu’aujourd’hui quand on dit que l’on sait quelque chose par Intuition, on vous regarde bizarrement parce que d’un point de vue moderne savoir par Intuition cela veut dire savoir sans savoir pourquoi. Dans la modernité, l’Intuition n’est pas considérée comme un mode de connaissance fiable. Ce qui est considéré comme un mode de connaissance fiable, c’est la raison. C’est cette partie de l’esprit humain qui décompose, qui dissocie, qui mesure, et là encore l’étymologie nous renseigne parce que l’étymologie du mot « raison » c’est « ratio » qui a donné rationnel et « ratio » veut dire « calcul », terme retrouvé en mathématique. Un « ratio » est un rapport entre 2 nombres. La raison fonctionne sur ce principe de mise en rapport. La raison quantifie, elle additionne, soustrait, divise, c’est le principe de la déduction, ce que l’on appelle le syllogisme, une opération logique, sauf que là encore René Guénon nous dit :

« La raison réduit le champ de la connaissance » parce que la raison reste sourde à certaines vérités qui ne sont pas d’ordre du raisonnement logique. Il y a des choses que l’on sait sans pouvoir expliquer pourquoi ni comment on le sait. Si vous parlez avec des mathématiciens, vous découvrirez que certains parviennent à résoudre des équations de manière intuitive, c’està-dire qu’ils voient le résultat sans voir la démonstration qui conduit à ce résultat. C’est cela l’Intuition, l’Intuition du vrai.

Pour en revenir au rationalisme : c’est l’application du règne de la quantité au domaine de la connaissance. La raison quantifie pour connaître. Elle sépare et dissocie mais elle demeure impuissante quand il s’agit de rassembler, quand il s’agit de synthétiser ; la raison voit les différences avant de voir les points communs.

Et donc, pour René Guénon, une connaissance uniquement fondée sur la raison ne peut être qu’une connaissance atrophiée, amputée.

Et c’est là que l’on arrive au 3ième pilier de la mentalité moderne après le « matérialisme » et le « rationalisme », à savoir « l’individualisme » qui est la conséquence logique et inéluctable du matérialisme et du rationalisme. Pourquoi ? Parce que le matérialisme et le rationalisme coupent l’individu de toute forme de Transcendance et nient l’existence de tout principe supérieur. En l’absence de principe supérieur, l’individu est privé de tout moyen d’élévation. Il devient son seul et unique référentiel. Que peut bien signifier s’élever s’il n’y a rien au-dessus de nous ? A quoi bon se conformer à des principes si ces principes n’engagent que ceux qui y croient ? C’est une perte de temps. Si la modernité est bel et bien la phase d’éloignement ultime du principe spirituel, c’est dans la mesure où la modernité a rendu absurde l’idée de se conformer à des principes supra-individuels, et là encore on retrouve le règne de la quantité.

Parce-que qu’est-ce qui compte quand aucun principe supérieur guide notre existence ?

La maximisation du plaisir, l’oubli de soi dans la seule sensation. La raison me dit que rien ne m’est accessible au-delà du monde de la matière. Donc, je ne suis qu’un corps et si je ne suis qu’un corps, je dois jouir de mon existence terrestre et donc ce que nous dit René Guénon c’est que la modernité c’est l’ère de l’oubli de l’être dans l’agir. « On agit pour ne pas avoir à être », pour s’agiter parce que l’agitation met notre corps en mouvement, remplit notre corps de sensations et ce faisant l’agitation rend le spirituel superflu.

Le kali-yuga c’est la matérialisation de l’homme, c’est l’agitation et l’accélération comme principes d’existence et c’est à terme la dissolution de l’être.

Citons maintenant René Guénon :

« C’est bien là, en effet, le caractère le plus visible de l’époque moderne : besoin d’agitation incessante, de changement continuel, de vitesse sans cesse croissante comme celle avec laquelle se déroulent les événements eux-mêmes. C’est la dispersion dans la multiplicité et dans une multiplicité qui n’est pas unifiée par la conscience d’aucun principe supérieur ; c’est dans le vie courante comme dans les conceptions scientifiques, l’analyse poussée à l’extrême, le morcellement indéfini, une véritable désagrégation de l’activité humaine dans tous les ordres où elle peut encore s’exercer ; et de là l’inaptitude à la synthèse et l’impossibilité de toute concentration, si frappantes aux yeux des orientaux. Ce sont les conséquences naturelles et inévitables d’une matérialisation de plus en plus accentuée, car la matière est essentiellement multiplicité et division ; et c’est pourquoi, disons-le en passant, tout ce qui en procède ne peut engendrer que des luttes et des conflits de toutes sortes entre les peuples comme entre les individus. Plus on s’enfonce dans la matière, plus les éléments de divisions et d’oppositions s’accentuent et s’amplifient ; inversement, plus on s’élève vers la spiritualité pure, plus on s’approche de l’unité qui ne peut être pleinement réalisée que par la conscience des principes universels. Ce qui est le plus étrange, c’est que le mouvement et le changement sont véritablement recherchés pour eux-mêmes et non en vue d’un but quelconque auquel ils peuvent conduire. Et ce fait résulte directement de l’absorption de toutes les facultés humaines par l’action extérieure dont nous signalions tout à l’heure le caractère momentané. C’est encore la dispersion envisagée sous un autre aspect ; et à un stade plus accentué : c’est, pourrait-on dire, comme une tendance à l’instantanéité, ayant pour limite un état de pur déséquilibre qui, s’il pouvait être atteint, coïnciderait avec la dissolution finale de ce monde ; Et c’est encore un des signes les plus nets de la dernière période du kali-yuga. Sous ce rapport aussi la même chose se produit dans l’ordre scientifique : c’est la recherche pour la recherche, beaucoup plus encore que pour les résultats partiels et fragmentaires auxquels elle aboutit ; c’est la succession de plus en plus de théories et d’hypothèses sans fondement, qui, à peine édifiées, s’écroulent pour être remplacées par d’autres qui dureront moins encore, véritable chaos au milieu duquel il serait vain de chercher quelques éléments définitivement acquis, si ce n’est une monstrueuse accumulation de faits et de détails qui ne peuvent rien prouver ni rien signifier. Nous parlons ici bien entendu de ce qui concerne le point de vue spéculatif, dans la mesure où il subsiste encore ; pour ce qui est des applications pratiques, il y a au contraire des résultats incontestables, et cela se comprend sans peine, puisque ces applications se rapportent immédiatement au domaine matériel et que ce domaine est précisément le seul où l’homme moderne puisse se vanter d’une réelle supériorité. Il faut donc s’attendre à ce que les découvertes ou plutôt les inventions mécaniques et industrielles aillent encore en se développant et en se multipliant de plus en plus vite elles aussi, jusqu’à la fin de l’âge actuel ; et qui sait si, avec les dangers de destruction qu’elles portent en elles-mêmes, elles ne seront pas un des principaux agents de l’ultime catastrophe, si les choses en viennent à un tel point que celle-ci ne puisse être évitée ?

Face à la crise que traverse le monde moderne, beaucoup s’interrogent, s’inquiètent. Comment éviter la catastrophe ? L’apocalypse ? Est-elle seulement évitable ? Que peuvent faire quelques être humains face aux lois cosmiques ? La fin du dogme du progrès entraine un peu partout des retours à la Tradition. On sent que la modernité est à bout de souffle, qu’elle ne tient plus ses promesses, qu’elle ne rend pas les gens heureux. Et donc on se replie dans les choses solides du passé. Le retour des religieux est un pur produit de la modernité, une réaction de défense face à un monde qui ne comble pas notre besoin de sens, notre besoin d’un au-delà du matériel, notre besoin de spiritualité. La modernité a fait croire à l’homme qu’il n’était qu’un corps doté d’une raison, que la spiritualité était une chose du passé, une chose dont ils pourraient se passer tant il est vrai que nous serions trop évolués pour porter du crédit à la spiritualité. C’est au nom du progrès que l’on a amputé l’être humain de sa dimension spirituelle et aujourd’hui on s’étonne que l’homme moderne soit partagé entre tourments et ressentiments, entre dépression et hystérie, entre addictions et inertie.

Priver un être humain de sens c’est comme priver une fleur de lumière. Alors, s’il y a la moindre chance que nous survivions à la modernité et qu’il nous faille bâtir le monde nouveau, ce ne sera pas en combattant l’inéluctable mais en le fécondant de notre lumière ».

Principaux ouvrages de René Guénon :

1. La crise du monde moderne. PDF gratuit ICI.
2. Le règne de la quantité et les signes des temps. PDF gratuit ICI.
3. L’homme et son devenir selon le Vedânta. PDF gratuit ICI.
4. Introduction générale à l’étude des Doctrines Hindoues. PDF gratuit ICI.
5. Orient et Occident. PDF gratuit ICI.
6. Autorité spirituelle et pouvoir temporel. PDF gratuit ICI.
7. Les états multiples de l’être. PDF gratuit ICI.
8. Les principes du calcul infinitésimal. PDF gratuit ICI.
9. La métaphysique orientale. PDF gratuit ICI.


dimanche 15 décembre 2024

"Un projet global de déconstruction spirituelle et culturelle orchestré par une élite mondiale"



L’incendie de Notre-Dame de Paris, tragédie du 15 avril 2019, ne serait pas un simple accident. Selon Ludovic Malot, il s’agit d’un événement planifié, inscrit dans un projet global de déconstruction spirituelle et culturelle orchestré par une élite mondiale. Ce symbole de la chrétienté européenne aurait été ciblé pour sa portée universelle, dans un cadre mêlant rituels occultes et stratégies d’influence psychologique. Une attaque contre l’identité profonde des nations et des peuples, utilisant des schémas précis de manipulation collective. 

Les pratiques occultes modernes, héritées d’Aleister Crowley et de cercles ésotériques comme l’Ordo Templi Orientis (OTO), auraient infiltré les sphères du pouvoir politique. Symboles cachés, dates significatives et rituels spécifiques marquent ces actes. En reliant l’incendie de Notre-Dame à des événements comme le 11 septembre 2001, on observe un usage systématique de la numérologie et des symboles par des sociétés secrètes, visant à manipuler les consciences. 

Ludovic Malot alerte sur l’émergence de nouveaux bouleversements majeurs en France avant fin 2024. Ces événements seraient une nouvelle étape dans une stratégie visant à affaiblir les structures traditionnelles pour renforcer l’influence d’une élite mondiale. Les masques tombent, mais les enjeux restent cachés. Et si tout ceci n’était qu’un début ? 

Ludovic Malot partage ses analyses dans une émission, animée par Raphaël Besliu, sur Géopolitique Profonde :

RÉVÉLATIONS EXPLOSIVES SUR LA CABALE SATANIQUE ET L’APOCALYPSE AVANT 2025 ?!



mercredi 11 décembre 2024

Happy Chaos

 


"(...) le monde peut être une épreuve bénéfique et même un « moyen habile » : « upâya » servant l’ascèse."


Happy Chaos est un personnage mystérieux de la série Guilty Gear qui a soudainement changé. Il porte désormais en lui tout l’espoir de vie de l’humanité.

Par-delà la souffrance

Les désinformations-confusions, les mensonges, les inversions accusatoires, les dystopies et dissonances cognitives, nourrissent la peur et la lâcheté dans l’esprit de troupeau. Ces armes, toujours utilisées par les ingénieries politiques, sociales et religieuses, sont les leviers de ces pouvoirs manipulateurs tant politiques que religieux non-éclairés et corrompus de leurs élites qui règnent, dominent le corps social et le maintiennent dans l’ignorance.

La solitude et le silence sont des luxes réservés à ceux qui sont sortis de la peur dans l’esprit de troupeau par le courage de réfléchir, et qui peuvent alors et seulement connaître et comprendre par abandon de toute ignorance cet adage métaphysique :

"Beata solitudo, sola beatitudo : Béatifique solitude, seule béatitude".

Il est donc quasi impossible à la grande majorité transformée en bétail humain assoiffé d’illusion, de discerner entre le vrai du faux pour Voir les choses telles qu’elles sont. En ce moment même, l’humanité est confrontée à un choc de civilisations, un affrontement qui s’affiche de jour en jour : d’une part une Russie qui cherche à maintenir ce qui lui reste encore de « Traditionnel et d’humain » sous tous les aspects, et on le comprend, de l’autre les USA et l’Europe qui lui est asservie avec ses aboiements pitoyables par ses petits « chiens de garde ».

La racine sanskrite « BUDH » signifie « éveil ». En Russe : Buddhilnik = réveil matin. Le Bouddha est « l’éveillé » et un de ses autres qualificatifs est « Muni » : « le silencieux », des Shâkya : Shâkyamuni qui connaissait par intuition métaphysique les fruits d’éveil irréversibles qui résultent aussi de la « Solitude » au cours d’une ascèse équilibrée et assidue. Seul « l’homme à l’intuition métaphysique fermement établie » est l’homme éveillé qui peut accéder alors à la « béatitude » ou « félicité », ce 5ième corps du Yoga : Ânandamayakâya.

Toute complaisance dans la servitude volontaire est-t-elle devenue une habitude toxique dans laquelle l’humain se vautre par avidité jamais satisfaite ?

Depuis la naissance, les conditionnements innés et acquis sont « tels » que la capacité à réfléchir, à investiguer, sans croyances délirantes, sans opinons délurées, sans préjugés absurdes, est devenue bien rare. A la croisée des deux chemins, l’habituel chemin au quotidien conduit à la mort stupide par ignorance, l’autre chemin « non-habituel » conduit vers l’abandon par la Libération des mirages et des illusions. Ne « rien faire » n’est pas du tout « faire rien ».

Ce qu’il faut d’emblée comprendre est qu’il est possible de vivre dans le monde tout en étant totalement « retiré du monde » des illusions, des mirages déterminés subconsciemment et qui entretiennent, tels des souteneurs de trottoirs déguisés en pervers-narcissiques, phantasmes, avidités, haines, stupidité. La souffrance est bien le fruit de l’ignorance.

Le « monos » est l’existence sortie des systèmes, « -ismes ». Ne cherchez plus de « métaphysique » en Occident, même au Collège de France. Il n’y en a plus. Seul l’Orient en garde encore la possibilité … La fin du kali Yuga sonne le glas d’un temporel. Le monde moderne et ses quantités monstrueuses signent sa fin inéluctable qui arrive au pas de course dans ce « grand parc à jouets » dans lequel les humains esclaves d’eux-mêmes et asservis aux autres, jouent avec leurs sens, s’y complaisent, se chamaillent, se battent, se déchirent, se torturent, pour obtenir les objets stupides de leurs désirs vains et illusoires. Le texte qui suit est de notre instructeur du Dharma.

Nirodha.

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Les conditions inhérentes à la vie moderne éloignent toujours plus de toute voie de Libération ou de Délivrance et empêchent d’accéder à une compréhension juste de tout enseignement traditionnel. Dans le cas précis du Dharma du Bouddha, nous nous contenterons de signaler quatre points fondamentaux sur lesquels la vision moderne des choses s’oppose radicalement à la vision bouddhique de la tradition primordiale :

Le moi

Le bouddhisme, qui est par excellence la doctrine du non-moi (anâtmaniya), nie toute réalité au moi empirique. Le monde moderne en général, et les sociétés occidentales en particulier, évoluent de plus en plus vers un véritable culte du moi et ce que certains ont déjà appelé une « civilisation du narcissisme ».

La mort

Le bouddhisme ne se lasse pas d’insister sur l’impermanence, l’évanescence des phénomènes et accorde par conséquent une grande importance à la « contemplatio mortis » qui est réservée aux ascètes éclairés ; la société moderne escamote la mort, en fait quelque chose dont il est malséant de parler, car pour elle rien n’est pire que la mort.

La liberté

Le bouddhisme qui pose un total déterminisme à bien comprendre et affirme que « l’homme ordinaire » (prthagjana) est entièrement lié, se présente non comme un idéal de liberté, mais comme une voie menant à la délivrance ou Libération, ce qui n’est pas du tout la même chose ; et en toute rigueur, un bouddhiste éclairé devrait s’interdire des phrases comme « je suis libre de faire ceci ou cela » ; le monde moderne fait de la liberté une valeur absolue, sans se rendre compte qu’un être esclave de lui-même mais voulant « tout et tout de suite » ne peut être qu’oppresseur et criminel : cas extrême : la « philosophie » du marquis de Sade et ses lointains épigones qui font l’apologie aveugle du « désir », en habituant les individus à mendier des apparences de liberté, (à l’état, à un parti, un syndicat, une secte, une croyance, une religion) au lieu de conquérir eux-mêmes la véritable liberté par la Libération.

Le silence

La sphère mentale authentique du bouddhisme est un « monde du silence », du recueillement, de la concentration, de la solitude active et consentie, de l’introspection. Le monde moderne est un univers d’agités, de bruit et de fureur, d’individus extravertis qui cherchent tous les subterfuges possibles pour échapper à un sentiment profond de dépendance et d’angoisse ; c’est un monde qui bannit toute « vie intérieure » authentique.

Nous décrirons certaines expressions du « culte du moi » qui font de notre société un univers narcissique difficilement perméable aux vérités bouddhiques.

Le narcissisme contemporain n’est évidemment que la conséquence logique, lointaine mais inévitable, de l’idée même qui est à la racine de la mentalité moderne : « l’individualisme », c’est-à-dire la négation de tout principe supra-individuel ou, pour reprendre une terminologie qui nous est plus familière, la négation ou la perte du troisième mode constitutif de l’homme, « le mode d’articulation métaphysique », seul capable d’accompagner et « d’adombrer » le mode physiologique et le mode psychologique. Et « l’individualisme moderne », bien loin d’être l’opposé de l’uniformisation des comportements, de la massification, de la dictature du collectif, en est au contraire la condition nécessaire et suffisante. Car c’est précisément quand le culte du moi a tout envahi, quand la société, de « communauté organique » qu’elle était (constituée d’individus adhérant tous, implicitement ou explicitement, à un même ensemble de valeurs transcendant l’existence de chacun) devient une « collectivité éclatée » qui n’est plus, effectivement, que la « somme absurde des individus qui la composent ».

Le mythe raconte que Narcisse, si beau que les filles et garçons étaient amoureux de lui, refusa la passion de la nymphe Echo, qui finit par dépérir, et qu’il fut puni de sa cruauté par Némésis, la déesse de la vengeance. Celle-ci le condamna à la contemplation de sa propre image. Plus Narcisse se regardait, plus il était amoureux de lui-même. Toujours penché sur l’eau pour admirer son reflet, il se consuma et mourut.

Y a–t-il allégorie plus parlante que celle-ci pour décrire la condition où commence à s’enfermer l’Occidental moyen ?

Nous vivons à l’heure des « foules solitaires », nous sommes dans un univers étrange où l’on est isolé ensemble. De l’automobile à la télévision, le processus technologique, en même temps qu’il fait communiquer apparemment, isole réellement : on est seul au volant de sa voiture, mais entouré par tous les autres dans les « bouchons » interminables, avec des voisins partout dans l’immeuble, mais seul devant le récepteur de télévision qui diffuse le monologue incessant du système. Exemple typique du narcissisme d’aujourd’hui, qu’il vaudrait mieux peut-être qualifier de « nombrilisme » : la mode foudroyante du « walkman » jusqu’au téléphone portable sans cesse de la main à l’oreille, comptera plus dans l’histoire que de soi-disant « grands événements » politiques. La période du repli général sur soi-même, de l’hédonisme médiocre, de l’idéal sénile du petit bonheur égoïste et frileux, de la philosophie pour gringalets efféminés et midinettes LGBT, s’instaurent sous nos yeux, en ce moment même.

Entouré de ses jeux électroniques, le casque d’écoute individuel collé à la tête, la tablette à portée de la main, l’occidental devient enfermé dans un univers complètement artificiel et faussement protecteur d’images et d’objets, lesquels ne lui renvoient désormais que les signes de sa propre aliénation. Consommateur toujours passif des stéréotypes à la mode, il croit qu’il vit « une époque formidable » qui a « inventé le bonheur », il se croit même libre et a des « droits » à ne plus savoir qu’en faire. Il ne comprend pas que si nous sommes dans une société où l’on peut, en effet, faire pratiquement tout, c’est parce que tout ce que l’on y dit ou fait ne sert à rien. Fondamentalement, nous sommes dans un univers immobile, perdu dans l’autocontemplation (opposée à la véritable voie contemplative). La succession rapide des modes éphémères, les découvertes incessantes, la poussière des non-événements, les semblants de révolte immédiatement récupérés, en somme la micro-instabilité dans le détail masque mal la macro-stabilité de l’ensemble. Beaucoup d’agitation en surface ; mais, tout au fond, le grand silence de cette « mort tiède » qui, selon Konrad Lorenz, guetterait aujourd’hui l’espèce humaine.

L’occidental moyen s‘imagine être libre. Mais la liberté ne se réduit pas au sentiment qu’on en a. L’esclave et le robot peuvent très bien se croire libres. Il suffit pour cela qu’ils aient perdu toute possibilité de se représenter ce que pourrait être véritablement leur liberté.

C’est l’âge du « bonheur programmé » par une société qui assure aux gens les moyens matériels d’existence, mais qui leur vole en même temps toute raison de vivre. La suppression de la liberté ne résultera pas de la répression physique, « mais d’une sécurité imposée », comme l’avait vu si prophétiquement George Orwell en écrivant son livre 1984, et Big Brother nous attend avec un grand sourire. N’est-ce pas ce que nous voyons ?

Le nombrilisme, l’avènement du moi comme la valeur absolue, se manifestent aussi de multiples simulacres de « libération ». Le moi s’étale et occupe le devant de la scène : les modes « psy » parce qu’il faut « assumer son vécu », les obsessions sexuelles platement énoncées dans le discours public, la frénésie des « expériences personnelles », la famille devenue avant tout un petit noyau de consommation, le mimétisme vis-à-vis des vedettes des différents écrans et du showbiz faussement incantatoire en sont autant de signes révélateurs.

La « permissivité », dont l’Occident s’est fait un drapeau, loin de libérer, isole et accentue l’angoisse. Privé du cadre éducatif et des institutions « héritées des ancêtres », l’individu ne sait plus comment se comporter. Il s’en remet alors aux injonctions passagères que lui distillent les médias, la publicité, les « manuels » d’éducation sexuelle et les charlatans du sanitaire. Les conseils intéressés des magazines et de la télévision se substituent à l’expérience intériorisée de la tradition familiale ou communautaire. Nous sommes dans un monde qui aime tellement l’ersatz, qui préfère tellement l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, que les gens en sont réduits à demander à des livres comment il faut faire l’amour ou élever des enfants. Aucune liberté authentique n’est à l’œuvre ici, et le cas des pays scandinaves, qui furent à la pointe du « progrès », en reste la preuve : à la morale puritaine des pasteurs protestants a succédé une autre morale, permissive celle-là ; dans un cas : « il ne faut pas jouir », dans l’autre : » il faut jouir ». Dans les deux cas : « une totale absence de liberté », car dès qu’on dit « il faut » ou « tu dois », c’est que la liberté est déjà au tombeau. Les choses sont donc des « problèmes » : pour le pasteur protestant, un problème à éviter, pour les émancipés, un problème à résoudre. Mais jamais quelque chose de sain, de normal, qu’il faut accepter avec aussi peu de « surimpositions » que possible.

Ce n’est pas par hasard si la « culture du nombrilisme » se développe essentiellement parmi les jeunes. Car si la jeunesse peut être l’âge de la générosité, du désintéressement, du don de soi, elle est aussi – surtout aujourd’hui – l’âge de l’infatuation, de la prétention imbécile, des « opinions » à n’en plus finir. Il n’est que trop facile de se croire immortel quand on a le visage agréable à regarder, sur lequel les ans n’ont pas encore imprimé leur marque. Mais, en réalité, on ne voue aujourd’hui à la jeunesse un véritable culte que parce que les valeurs qui lui sont propres – le goût du risque, l’aventure, le courage, la disponibilité – ont été enterrées, après avoir été jugées « anachroniques ». Les marchands du temple flattent d’autant plus la jeunesse qu’ils sont en train d’en faire un immense marché de consommateurs précocement séniles. De nos jours, en se repliant égoïstement avec tous ses gadgets sur sa petite sphère psychique, on prend mentalement sa retraite à vingt ans.

Dans les temps traditionnels, l’homme, même analphabète, avait des savoirs, notamment pour tout ce qui touchait aux cycles naturels. A notre époque, grâce « aux méfaits immenses de l’instruction obligatoire » – idée chimérique qui amène à penser que tous les hommes sont aptes à recevoir le même enseignement et que les mêmes méthodes sont valables pour tous indistinctement –, chaque année qui passe apporte son contingent d’individus gorgés « d’opinions » sur tout et sur rien. Comme pour confirmer ce que disait julien Benda dans « la trahison des clercs » : « un imbécile n’est jamais aussi parfait que lorsqu’il est un peu cultivé », tandis qu’un autre français avait pu écrire, à peu près à la même période : « Le drame de notre époque, c’est que la bêtise se soit mise à penser ».

Le premier devoir d’un chercheur qui chemine sur une Voie de Libération, c’est évidemment la lucidité. Lucidité sur lui-même, bien sûr, mais aussi lucidité sur ce qui l’entoure. Tant qu’on nourrit encore certaines illusions, tant qu’on prend les vessies pour des lanternes, les Vues Justes ne peuvent éclore.

En faisant cette analyse, nous n’avons pas voulu peindre le diable sur les murs, pour en conclure ensuite trop aisément au côté « satanique » du monde moderne, ni non plus voulu peindre en rose les sociétés traditionnelles et de les voir d’un regard naïf, admiratif et béat. Il s’agit beaucoup mieux de constater la loi implacable de la causalité et de la comprendre.

« Il n’y a pas de civilisation qui soit supérieure aux autres sous tous les aspects, parce qu’il n’est pas possible à l’homme d’appliquer également, et à la fois, son activité dans toutes les directions, et parce qu’il y a des développements qui apparaissent comme véritablement incompatibles » écrira René Guénon à la page 9 de son livre « Orient et Occident ».

Il est notable que pour une écrasante majorité des humains, le monde actuel ne présente pas des conditions favorables au cheminement sur une voie de Libération, MAIS …

1 - … Pour les âmes fortes, pour ceux qui sont capables de rester « droits dans ce qui est courbe », de se tenir fermement « au-delà du supporté, au-delà du non-supporté », le monde peut être une épreuve bénéfique et même un « moyen habile » : « upâya » servant l’ascèse.

2 – Pour ceux qui sont las des grands mots qu’on écrit en majuscule, des idéaux, des croyances, pour ceux qui ont connu un genre particulier de déception, notre époque de dissolution des formes peut aider à se pénétrer chaque jour un peu plus des vérités enseignées par le Bouddha, vérités qui ont parfois l’apparence de truismes mais que nous ne voyons pas précisément parce qu’elles nous crèvent les yeux.

C’est pourquoi, la voie de celui « qui peut ne faire fond sur rien » se passe volontiers d’un ordre traditionnel extérieur. Au contraire, elle puise sa force dans le dénuement, voire même dans l’adversité apparente d’un monde en dissolution. La désagrégation formelle générale l’oblige, salutairement, à « se concentrer sur l’essentiel ».


samedi 7 décembre 2024

Cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris


Les costumes sont de Jean-Charles de Castelbajac.



BFM-TV : "Olivier Latry, organiste, va réveiller les quelques 8.000 tuyaux de l'orgue lors de la réouverture de la cathédrale..."

Effectivement, ça réveille :







vendredi 6 décembre 2024

"Énergie libre", le Thorium



Jean-Christophe de Mestral, physicien, est un fervent défenseur de ce qui pourrait être une révolution énergétique : l'énergie nucléaire issue du Thorium. Conscient des enjeux technologiques et économiques, il s'engage pour que tous les acteurs du secteur disposent d'une information complète pour un véritable débat sur le nucléaire. Il est également membre fondateur de l'international Thorium Energy Committee dont le siège est à Genève. Vidéo sur YouTube.


Les centrales au thorium seraient-elles candidates au titre d'option moralement souhaitable ? 
En effet, les diverses variantes de réacteurs possèdent des caractéristiques tout à fait extraordinaires : 

- Sécurité : les particularités des réacteurs examinés plus loin dans ce livre démontrent des qualités de sécurité intrinsèques exceptionnelles, que ce soit par leur forte capacité autorégulatrice, leurs systèmes de sécurité passive, la facilité des arrêts d'urgence, l'absence de risque d'explosion et de fonte du réacteur ainsi que par la possibilité de recourir à la convection naturelle pour l'extraction de la chaleur. 

- Abondance : le thorium est quatre à cinq fois plus abondant que l'uranium dans la croûte terrestre. En tenant compte du fait que 100% du thorium extrait du sol est utilisable dans un réacteur (comparé à 0,5% de l'uranium dans un réacteur à eau légère), il a une densité énergétique 200 fois supérieure par kilogramme. Nous disposons de réserves mondiales, réparties sur tous les continents, pour 10'000 ans au moins, de quoi voir venir une troisième ère. L'uranium, quant à lui, devrait être épuisé dans 80 ans. 

- Durée de vie des déchets : elle n'est plus de plusieurs centaines de milliers d'années, mais de 300 à 500 ans. La combustion du thorium ne produit qu'une infime partie des actinides mineurs fabriqués par la combustion de l'uranium. La radioactivité diminue beaucoup plus vite. De plus, le volume des déchets issus du thorium est 250 fois moindre que celui issu de la combustion de l'uranium. Aujourd'hui, on sait très bien construire des petits dépôts qui peuvent durer 500 ans, mais on ne sait toujours pas construire des grands dépôts qui doivent abriter des déchets pendant 100 000 ans. 

- Non-prolifération : en se basant sur le combustible ou ce que l'on peut en extraire d'un réacteur, il est quasiment impossible de fabriquer une arme atomique. La manipulation des déchets issus du thorium présente des difficultés techniques très difficiles à surmonter, aujourd'hui à la portée d'un petit nombre de nations seulement. En ajoutant à cela la volonté de construire un nombre très limité de centrales de retraitement afin de ne pas disséminer la technique, on réduit considérablement le risque de prolifération tout en permettant à d'autres nations de bénéficier de cette source d'énergie. 

- Élimination des déchets actuels : on a pu lire qu'il fallait être pro-nucléaire pour se réjouir du fait que ces centrales génèrent des déchets qui ne dureront «que» 500 ans. Mais ce n'est pas vrai. Car ces centrales viennent aussi avec la capacité de faire disparaître les déchets encombrants et dangereux actuels en les incinérant, technique applicable également aux stocks de plutonium issus de la démilitarisation de l'Est et de l'Ouest. L'incinération permet de réduire la durée de vie de ces déchets et produit en plus de 1'électricité. Sans incinérateur, nous sommes condamnés à vivre avec des déchets longue durée. Avec les centrales au thorium, nous pouvons répondre au critère moral de préservation de l'environnement des générations à venir. Les écologistes devraient voir cela comme du pain bénit.

On peut encore ajouter qu'il est possible d'utiliser du thorium à la place de l'uranium dans plusieurs types de centrales actuelles, sans modifications majeures et que le thorium, contrairement à l'uranium, n'a pas besoin d'être enrichi avant d'être utilisé dans un réacteur. C'est une installation de moins, une procédure en moins et des coûts en moins. [...]

Les réacteurs au thorium démontrent des qualités de sécurité intrinsèques exceptionnelles, que ce soit par leur forte capacité autorégulatrice, la facilité des arrêts d'urgence, l'absence de risque d'explosion et de fonte du réacteur. Avec une densité énergétique au kilogramme 200 fois supérieure à celle de l'uranium, nous disposons de réserves mondiales de thorium, réparties sur tous les continents, pour 10 000 ans au moins. La durée de vie des déchets se compte en centaines d'années, et non en centaines de milliers d'années, et leur volume est considérablement inférieur. Les caractéristiques du thorium rendent la fabrication d'une bombe atomique pratiquement inaccessible et, cerise sur le gâteau, les déchets actuels et le plutonium militaire peuvent être incinérés dans le cœur des centrales au thorium.

Plusieurs gouvernements s'y intéressent de près. L'Inde et la Chine ont entrepris de développer des centrales au thorium à l'échelle industrielle. Si cette technologie est encore méconnue du grand public, il est cependant indispensable qu'elle soit intégrée au débat. Elle présente trop d'avantages pour être ignorée. Il est indispensable que les politiciens, tout comme les citoyens, aient connaissance de cette technologie.

Jean-Christophe de Mestral, "L'atome vert". PDF gratuit ICI.

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"Pour ce qui concerne l'énergie nucléaire (issue de l'uranium), d'une part la radioactivité accroît la nervosité et, d'autre part, elle doit créer une sorte de barrière contre des influx cosmiques jugés dangereux pour les intérêts des loges planétaires qui se protègent ainsi d'influences supérieures tout en nous affaiblissant. Je veux dire qu'ils connaissent la science des rayonnements cosmiques, et qu'ils sont en guerre contre quelque chose de supérieur à eux et, sans doute, de beaucoup plus puissant." J L.