mercredi 12 juin 2024

Le parti unique (secte ?) au pouvoir en France




L’unanimisme politique sur des questions aussi vitales que la santé publique, le contrôle de la monnaie confisqué par l’Union européenne, la décision (prise à Washington au lieu de Paris) de désigner un ennemi (la Russie) et de déclencher contre lui une guerre en Ukraine, malgré l’existence de partis d’opposition présents au Parlement, nous conduisent à affirmer que nous sommes en présence d’un parti unique au pouvoir avec une aile gauche (LFI), une aile droite (RN, LR) et un centre de contrôle (Macron et son parti).

Ceci étant dit, il nous faut aller au-delà du constat et expliquer les tendances de fond qui ont mené à cette situation.

Jusque dans les années 1970 le système des partis – qui est né, comme l’a fait remarquer la philosophe Simone Weil (1909- 1943), durant la période de la Terreur ayant opposée les Jacobins et les Girondins – était structuré par une droite plus ou moins enracinée dans le catholicisme et une gauche dans le socialisme et sa variante communiste tenant lieu de contre-Église. En quelque sorte une thèse et son antithèse qui maintenaient l’échiquier politique français dans un état stable entretenu par une propension idéologique.

La mise en apesanteur idéologique du système politique français débute dans les années 1970 avec la décatholicisation sociologique de la droite ; droite privée de son garde-fou, l’Église, et qui sera absorbée idéologiquement par la gauche libérale, c’est-à-dire par la Révolution et les Lumières. Tandis que le parti communiste, qui existait en opposition au catholicisme et dont le matérialisme antireligieux faisait pièce à la spiritualité de l’Église, et qui exerçait une influence sur le parti socialiste, disparut avec le catholicisme de l’échiquier politique.

« Républicanisme, socialisme, communisme se sont en pratique définis contre un catholicisme résiduel, qui les structurait pour ainsi dire négativement. La mort de cette religion a tué comme par ricochet les idéologies modernes. C’est l’un des points nodaux de la crise qui, bien loin de n’affecter que la surface politique des choses, touche en réalité le socle métaphysique de la société, fonds de croyance irrationnelles et inconscientes venues d’une histoire très lointaine. » (E. Todd)

Logiquement, ce processus a amené la gauche et la droite à fusionner, étant privées de leurs «garde-fous» idéologico-politiques, respectivement le Parti communiste et l’Église. C’est ce qui explique pourquoi, en 2007, le candidat de la droite libérale, Nicolas Sarkozy, à peine élu, recrute des membres du Parti socialiste. C’est cette fusion, de ce qu’il convient d’appeler la droite et la gauche de l’oligarchie, qui a permis à Emmanuel Macron de débaucher tous azimut, à droite comme à gauche.

L’élection de « l’enfant soldat de David de Rothschild » n’a fait qu’acter la phase finale de cette fusion de la gauche et de la droite.

La mort des idéologies modernes a privé les partis politiques traditionnels de leur charpente. Cela a conduit à leur fragmentation en sous-partis ne défendant plus donc des idéologies ou idéaux mais de simples idées séparées les unes des autres dans une incohérence et un désordre complet.

Les évolutions de Mélenchon vers le wokisme et de celle du parti de Marine Le Pen, qui est favorable au mariage entre personnes du même sexe, sont des symptômes de la décomposition des idéologies modernes et de la convergence de la gauche et de la droite vers l’unité. Le vide religieux a produit à la fois une société atomisée et, avec un temps de retard, son reflet à l’échelle politique : un système des partis éclatés puis fondus en un seul.

C’est ce parti unique de l’oligarchie qui contrôle l’État, et c’est ce qui rend le pouvoir politique particulièrement dangereux.


Présentation du livre :

"Youssef Hindi a rassemblé là ce qui lui permet d'établir le récit d'une guerre permanente, vitale, économique, celle qui oppose les États-Unis à l'Europe. Cette guerre a une histoire, mais elle a aussi une généalogie, et pour la reconstituer, il faut remonter à Athènes et à son hégémonie maritime. 

Dans un second temps, l’auteur déplace le point de vue. Nous quittons la strate matérialiste de ce conflit pour nous déplacer vers le terrain de la « théologie politique ». Il nous faut nous demander le rapport qu'entretiennent l'élection divine et la « Destinée manifeste » des États-Unis. 

L’auteur poursuit sa réflexion en analysant la fin de l’État de droit, conséquence de la guerre que nous mène l’Amérique."