Cette scène rappelle que dans les monastères tibétains des enfants sont des "drombos" ou jouets sexuels de vieux lamas.
Dans son autobiographie, Tashi Tsering (1929-2014) rapporte qu’il était courant que ces enfants soient sexuellement abusés dans les monastères.
A l'âge de 10 ans, Tashi Tsering est désigné pour devenir jeune danseur de la troupe de danse traditionnelle du dalaï-lama, aussi appelée société de danse du gouvernement tibétain. Il s'agit d'une servitude due traditionnellement par son village et abhorrée de tous car elle revient quasiment, pour les parents, à perdre un fils. Le jeune Tashi, toutefois, n'est pas mécontent de cette situation, même si sa mère est désespérée : c'est en effet pour lui l'occasion d'apprendre à lire et à écrire, son vœu le plus cher.
À l'école de danse, la méthode employée par les maîtres pour stimuler les élèves est de les frapper à chaque faute commise, comme cela se fait depuis des siècles. Tashi porte encore les marques des corrections quasi-quotidiennes. À l'âge de 13 ans, il est fouetté devant toute la troupe pour avoir été absent à une représentation : sa peau se déchire, la douleur devient insupportable.
Le jeune danseur se fraye un chemin en devenant le drombo, littéralement l'« invité », c'est-à-dire, par euphémisme, le « compagnon homosexuel passif » et selon Goldstein « jouet sexuel » de Wangdu, un moine qui le traite avec douceur et favorise sa formation intellectuelle.
Il est cependant enlevé et séquestré quelques jours par un dob-dob et parvint à s'échapper, personne n'ayant rien put faire pour l'aider, ce dob-dob étant connu pour sa férocité avait toujours un poignard sur lui (selon Jean-Pierre Barou et Sylvie Crossman, ces moines-guerriers pouvaient aller jusqu'à se battre entre eux pour posséder les faveurs d'un mignon).
Tashi s'étonne que de tels comportements puissent être tolérés dans les monastères : « Quand je parlais des dob-dob aux autres moines et responsables monastiques, on haussait les épaules en disant simplement que c'était le cours des choses ».
Les mémoires de Tashi Tsering sont édités en 1997 sous le titre "The Struggle for Modern Tibet. The Autobiography of Tashi Tsering", sous la cosignature de Melvyn Goldstein, William Siebenschuh et Tashi Tsering.
À sa sortie, le livre est le seul texte de langue anglaise dont on puisse dire qu'il provient d'un Tibétain vivant au Tibet (et non en exil).