samedi 2 décembre 2023

La France est-elle devenue un pays aligné sur la politique israélienne ?


Le Libre Entretien #35 avec Paul-Éric Blanrue : Palestine/Israël
https://odysee.com/@LeLibrePenseur.org:2/LLE35-Blanrue:e?r=7oXCyPK1m34kTXVZUGD76QyASTqNQRXn


Israël est devenu hors de portée du débat démocratique. 

Le sionisme est posé comme une évidence, imperméable à toute critique. Il s'est passé quelque chose, en France depuis l'élection de Nicolas Sarkozy.

Les temps ont changé depuis l'époque où le général de Gaulle, lors de sa conférence de presse du 27 novembre 1967, évoquait le « peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur» et annonçait que la « Ve République s'était dégagée, vis-à-vis d'Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet État et s'était appliquée au contraire à favoriser la détente dans le Moyen Orient ».
Accusant l'État juif d'organiser « sur les territoires qu'il a pris, l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions», l'ancien chef de la France libre avait même ajouté : « Il s'y manifeste une résistance qu'il qualifie à son tour de terrorisme ». Bien qu'admiratif de David Ben Gourion, le fondateur d'Israël, de Gaulle avait, dès son arrivée au pouvoir, cessé les « abusives pratiques de coopération» qui s'étaient établies entre le France et Israël sous la Ive République; il avait notamment mis fin à la coopération nucléaire. La guerre des Six Jours fut un tournant décisif dans les relations entre les deux pays.

Dénonçant le revirement stupéfiant de Nicolas Sarkozy, qui fut chef d'un parti naguère qualifié de gaulliste, Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand et ancien président du Conseil constitutionnel, ne put s'empêcher de s'indigner, le 8 janvier 2009, sur les ondes de Radio-Orient, de la façon dont la France réagissait au conflit se déroulant alors dans la bande de Gaza :

« Quand je vois l'attitude de M. Moubarak, avec son complice, le président de la République française, dit-il, qui consiste à laisser le temps de la discussion, par des allers-retours, à l'armée israélienne de faire son travail comme elle a l'habitude de le faire tous les deux ou trois ans, c'est-à-dire le nettoyage humain inadmissible s'accomplir, je trouve que c'est amuser la galerie bêtement, et ça n'ajoute rien à la recherche d'une solution ( ... ). [La diplomatie française] est complice (. .. ). Tout cela n'était fait que pour laisser le temps à l'armée israélienne d'accomplir son œuvre, qui n'est pas une œuvre grandiose (. .. ). Je trouve ça scandaleux du point de vue de la morale internationale ». [...]

La France est-elle devenue un pays aligné sur la politique israélienne, comme elle est en passe de l'être sur la politique américaine ? 

Manifestant un intérêt soutenu pour toute forme de désinformation passée et présente, auteur d'un article théorique sur le « souverainisme de libération » dans lequel je prône le maintien de l'indépendance nationale en tant qu'elle constitue un bastion contre l'entreprise d'homogénéisation mondiale, je note que la question se pose pour nombre de mes contemporains, quelles que soient leurs confessions et leurs orientations politiques. Mais manifestement, c'est un sujet qui n'a pas l'heur de plaire à l'Elysée, puisque Nicolas Sarkozy évite de présenter le problème en ces termes et choisit, sans jamais expliquer pourquoi, de rendre équivalents l'antisionisme et l'antisémitisme, une tactique peu coûteuse destinée à foudroyer ses adversaires, qui désormais tremblent de peur d'être rangés à vie dans une catégorie infamante lorsqu'ils critiquent New York ou Tel Aviv. Le sentiment de culpabilité tue les meilleures âmes.

Le piège est ainsi fait que risquent d'être soupçonnés d'antisémitisme (ou, selon la formule, d'être un « juif honteux » si l'intéressé est de confession juive) : l'historien qui rappelle qu'en 1933, des sionistes ont signé avec les nationaux-socialistes « un accord de coopération déterminant un transfert de population et de capital » ; celui qui souligne qu'en Israël, la Israël Land Authority (ILA) ne cède la terre qu'aux seuls juifs (« Pour cette raison, 93% des terres d'Israël ne sont pas accessibles aux non-juifs », écrit Lucas Catherine, spécialiste du monde arabe) ; le laïc qui critique l'existence d'un Etat confessionnel interdisant sur son sol les mariages entre juifs et membres d'autres religions ; l'humaniste qui rappelle que les Palestiniens bénéficient de la citoyenneté mais non de la nationalité israélienne; l'homme politique, qui, tel le prix Nobel de la paix et ancien président des États-Unis Jimmy Carter, qualifie Israël de pays d'apartheid; ou encore une organisation telle que l'ONU, qui, en 1975, déclara que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ».

En France, tout débat sur les relations avec Israël est devenu tabou.

L'évolution récente est une remise en cause de quarante ans de diplomatie française mesurée. Les citoyens devraient pourtant avoir le droit, au terme d'un débat démocratique loyal, au cours duquel la parole serait libre et les faits exposés avec franchise, de connaître le chemin qu'emprunte leur pays. Ils pourraient, ainsi, mesurer avec plus d'objectivité qu'à présent, les changements d'alliance en cours et prendre conscience des bouleversements qu'une telle évolution entraîne pour eux et leurs enfants.

Ont-ils conscience, ces Français, que l'image de la France dans le monde est sérieusement écornée ? 

Le voyageur, lui, en tout cas, s'en rend compte; il est témoin de la difficulté que les étrangers, à commencer par ceux des pays francophones, ont à reconnaître dans la France actuelle le pays dont ils appréciaient la politique extérieure équilibrée. « La France qui possédait naguère un formidable réseau mondial de coopération et d'action culturelle voit son influence diminuer de jour en jour», rapporte L'Humanité. Notre image s'est détériorée ces derniers temps : le gommage de l'héritage gaullien, jadis fort apprécié du Proche-Orient à Québec en passant par Cuba, en est, selon moi, l'une des causes principales.

Paul-Eric Blanrue, "Sarkozy, Israël et les Juifs". PDF gratuit ICI.




UN MENSONGE PAR JOUR !

"Soyons francs : quelles que soient les croyances et les idées qui les guident, les auteurs ayant apporté leur tribut à la rédaction de cet Almanach luttent tous, sans exception, contre l’antisémitisme. Désireux de mener à bien cette tâche difficile, ils ont choisi d’y contribuer avec sérieux, en désignant, après mûre réflexion, celui qu’ils considèrent être l’un des principaux agents - sinon le principal – de la haine antijuive : l’État d’Israël ! C’est lui, le coupable. C’est lui, l’anti-héros de ce livre. 

Dans cet Almanach, ils ont ainsi retenu 366 mensonges, parmi tous ceux qu’il profère, lui, ses vassaux, ses réseaux, ses rameaux, ses suppôts.

366 mensonges échantillon de tous ceux qu’un historien ou un journaliste peut relever dans le vaste panorama d’impostures et de tromperies s’étendant sur le monde de Theodor Herzl à Benjamin Netanyahou. 

366 mensonges, soit un mensonge par jour ! De quoi s’éduquer pas à pas, s’enrichir calmement mais sûrement, laisser les renseignements infuser son esprit, un peu, chaque jour, afin de ne pas laisser son cerveau retomber dans le formol qui s’écoule au quotidien de la fontaine médiatique, où l’information qui en chasse une autre finit, automatiquement, par chasser la véritable connaissance."

Paul-Éric Blanrue